PII : Les canaux de diffusion
technologique :
L'IDE est un vecteur de transmission internationale
de technologie pour les pays en voie de développement, qui sont
technologiquement retardés. Cette transmission est
véhiculée à travers plusieurs canaux, notamment par le
marché du travail et de la formation, la sous-tratence, et le
partenariat et les brevets.
1) Le marché du travail et de la
formation :
la formation assurée par
les firmes multinationales aux compétences locales peut constituer un
canal de diffusion de connaissance très efficace dans l'économie
d'un pays d'accueil, car en quittant l'entreprise étrangère, ces
travailleurs transmettent leur compétence à d'autre unités
de production nationale, ce qui contribuerait à l'élargissement
de la capacité d'absorption technologique du pays d'accueil.
2) La sous-traitence :
La sous-traitence peut constituer
un canal de diffusion technologique dans la mesure où des informations
techniques peuvent êtres transférables ou communicables au cours
du processus de sous-traitence. Le sous-traitent est ainsi doté d'un
nouveau savoir-faire ou d'une aide technique.
3) Le partenariat :
Le partenariat crée un lien de
communication et d'échange biculturels . Il assure une
fluidité des informations, garantit ainsi un apprentissage collectif qui
influence à son tour la vitesse d'assimilation des connaissances
transférées.
4) Les brevets :
Le brevet est un facteur de coordination entre
les firmes pour la conduite de leur politique de recherche. Il permet la
diffusion de la technologie grâce aux mouvements du personnel, aux
rencontres professionnelles et aux communications avec les clients ou les
fournisseurs.
Cependant, il faut noter que la transmission du
progrès technique via l'IDE ne peut s'effectuer que dans la mesure
où le pays d'accueil peut disposer des conditions favorables à la
mobilisation de ce progrès.ces sont les préalables au transfert
technologique.
PIII :Les préalables au
transfert technologique :
1) Revue de la littérature :
On peut considérer le transfert technologique
un transfert de connaissance qui dépend de l'offre de la technologie par
les multinationales et de l'appropriation effective par les firmes locales, ses
connaissances s'accumulent sous forme de technologie (selon ROMER 1990) ou sous
forme de capital humain (selon LUCAS 1988). Leur niveau est
intégré à la main d'oeuvre pour s'associer au concept de
progrès technique.
On peut aussi le considérer comme une vente
des techniques, du savoir faire, qui aide à la formation de la main
d'oeuvre qu'il s'agissait d'une vente au filiale (transfert interne) ou aux
entreprises étrangères (transfert externe).
En matière de transfert, une importance
caractéristique des firmes multinationales se manifeste par le fait que
la majorité d'entre elles peuvent avoir la capacité de fournir la
totalité des éléments de technologie qui doivent
êtres captés par les espaces récepteurs d'IDE.
Mieux le pays récepteur est doté d'un
stock de capital humain et plus la distance technologique par rapport au pays
d'origine de la multinationales soit réduite plus le pays d'accueil a de
la chance pour bénéficier d'un transfert technologique.
Cela ne se concrétise qu'à la
présence d'un avantage technologique c'est-à-dire une base
technologique caractérisant le pays d'accueil dans le passé. Et
cela ne peut être réalisable qu'avec des investissements
destinés à renforcer les capacités des pays d accueil
en matière d'apprentissage et l'amélioration des pratiques
locales. Cela donne l'importance au rôle des capacités
d'apprentissage des receveurs dans le succès du transfert.
Ce dernier est de deux types ; verticale
lorsque les procédures de fabrication et les équipements sont
importés du pays d'origine. Ou bien horizontale, si les
équipements proviennent d'une autre filiale du groupe. L'essentiel de
transfert technologique se réalise au sein de la firme multinationale
qui développe sa technologie dans le pays d'origine dans le but
d'exploiter son avantage à l'étranger par le biais de la
délocalisation.
Pour ce fait, les firmes multinationales
constituent un espace scientifique, économique et technique
intégré dont, la filiale délocalisée faisant
partie. Ces firmes ont le choix entre deux types de transfert technologique
soit le transfert direct, par création de filiales ou unité de
production locale, soit le transfert indirect par la simple exportation de
marchandise, cession de licence, ou autre forme d'alliance avec des entreprises
locales (joint-venture, piggy back, etc.).
La structure organisationnelle adoptée par
les firmes multinationales prédétermine les relations de la
filiale et la maison-mère. Cette structure met une limite à
l'autonomie de la filiale et par conséquent une bonne circulation
interne de la technologie aura lieu.
Le transfert technologique a été
analysé par plusieurs économistes.La diffusion technologique
selon Mansfield (1961),est insuffisante en tant que cadre de
référence à l'analyse de transfert technologique via des
IDE .Ce qui emmène cet économiste à laisser entendre une
adoption mécanique de la technologie par ses utilisateurs. Selon le
modèle de Mansfield ,qui est basé sur le
phénomène de contagion épidémique ,il est à
noter que l'assimilation des technologies présuppose des
préalables (capital humain, formation, apprentissage, rôle des
institutions, aptitude technologiques).
S'inspirant de ce modèle, Findlay (1978)
remarque que l'adoption d'une technologie est nécessairement tributaire
des propres aptitudes des pays receveurs. Ce qui nous emmène à
comprendre que le phénomène de contagion épidémique
met à l'ombre tout le processus d'apprentissage social qui doit
accompagner l'adoption d'une innovation ou d'une technologie .Selon Bellonger
(1995), il est à noter qu'il ne suffit pas d'importer une technologie
mais, le plus dur, reste à savoir la diffuser entre les
déférents organes qui constituent le tissu industriel nationale
.L'analyse du transfert technologique par l'IDE n'a d'ailleurs rompu avec la
vision mécaniciste du transfert technologique que très tard. Pour
ce fait Findlay(1961), a conçu un modèle où il a
combiné les hypothèses de retard avec celles de contagion
épidémique de Mansfield(1961). Le but étant de rendre
endogène le taux de diffusion technologique et de déterminer
l'écart technologique d'équilibre entre un pays avancé et
un pays retardataire.
Ce modèle reste critiquable sur l'irréalisme de
certains de ses hypothèses. Ce qui emmène Wong (1990) à la
mise à jour de ce modèle, en supposant que l'IDE est plutôt
attiré par un pays où prévaut une forte rentabilité
du capital, qui est doté d'une main d'oeuvre qualifié et qui
dispose d'un système d'innovation développé et
structuré. Il a montré que l'IDE favorise à son tour
l'accumulation du capital humain dans le pays d'accueil et fait donc augmenter
le taux de croissance économique à long terme.
2) Les systèmes nationaux
d'innovation :
Le transfert technologique se compose de deux
effets ; effet d'apprentissage et effet d'innovation. D'où,
l'intensité du transfert technologique se trouve directement en
corrélation avec le dynamisme des systèmes d'innovation propre
à chaque récepteur d'IDE. Ce système se caractérise
par son ouverture et par des formes de partenariat qui font naitre la
dynamique d'apprentissage et de transfert technologique.
La concentration d'IDE à teneur technologique
dans les espaces économiques de la triade (État unis, Europe,
Japon), où les systèmes d'innovation sont performants impose une
mise en évidence du rôle que jouent ces systèmes dans
l'attrait des IDE et dans le transfert technologique (Laubier1995).En
particulier, il s'agissait d'observer leurs caractéristiques
technologiques et organisationnelles qui favorisent le transfert
technologique.
L'organisation de transfert technologique dans les
pays de la triade s'appuie sur des systèmes d'innovation dans lesquels
les entités accomplissent un effort d'apprentissage tacite qu'elles
complètent en interagissant entre elles.
Ces systèmes d'innovation sont certes différents
dans leur fonctionnement d'un pays ou d'un espace à un autre. Les
différences peuvent être expliquées par des raisons
socioculturelles et politiques.
D'une part la hiérarchie est plus pressentie dans le
système américain (Nelson 1988) et dans une moindre mesure dans
le système européen (Bellon et Niosi 1994), alors que les
rapports horizontaux confèrent au système japonais une
spécificité (Free Man 1988).
D'autre part, les institutions et organismes publics
interviennent différemment d'un système à un autre pour
garantir l'échange d'informations et de connaissances servant aux
projets technologiques.
Au delà de ces différences de forme
et du choix stratégique, se dégagent des traits communs aux
systèmes d'innovation des pays développés au niveau des
rapports de partenariat technologique qui les caractérisent et qui
complètent leur effort d'apprentissage individuel :
- les interactions entre entreprises et universités qui
se matérialisent par les échanges des informations technologiques
entre les laboratoires publics et privés et les unités de R&D
des firmes (utilisé par le système américain).
- Les partenariats inter firmes associant des
compétences technologiques de part et d'autre et réunissant
autour d'intérêts précis, des entités disposant de
capacités organisationnelles suffisant développées.
Partant de ces traits communs, à la
comparaison des systèmes d'innovation entre pays
développés et PVD, on peut remarquer que cette comparaison ne
devrait pas bien évidemment se focaliser sur des
« évidences » (comme l'intensité de la
R&D). D'ailleurs le problème de PED ne réside pas
exclusivement dans l'insuffisance de ressources consacrées à la
R&D.
Il réside aussi dans le manque
d'échange d'information entre les entreprises et les universités
et entre les entreprises elles mêmes. Prenons comme modèle de
référence des PED le cas des pays de Sud Est de l'Asie, qui
offrent un exemple de système d'innovation dont le fonctionnement
favorise et stimule le transfert technologique.
En effet, ces pays ont pu développer en un
temps record, leurs compétences technologiques après avoir
instauré un processus d'apprentissage et de formation continue. Et cela
a été fait en concentrant leur effort sur des secteurs
d'activité sélectionnés préalablement selon des
critères bien étudiés et en encourageant la constitution
des groupes industriels puissants capables d'être compétitif sur
des marchés mondiaux.
En plus, ces pays ont pu créer des
institutions publiques et privées dont l'objectif est d'organiser la
diffusion de l'information technologique.
Toutes ces données et ces analyses nous
montrent l'importance du rôle joué par les systèmes
d'innovation dans le transfert technologique. Cela nous emmène à
étudier les fondements des bases de ce système qui est l'effort
d'apprentissage.
3) L'apprentissage et le savoir
faire :
a) L'apprentissage :
L'investissement dans l'apprentissage
technologique et organisationnel a permis aux pays Sud Est Asiatique non
seulement de minimiser l'écart technologique qui les sépare des
pays de la triade, mais aussi de disposer des aptitudes qui leurs ont permis de
transférer la technologie, de la maîtriser et de vendre leur
propre innovations par la suite.
Cela nous permet de voir le rôle de l'effort
d'apprentissage qui a permis de recréer et de consolider les bases de
système d'innovation des pays Asiatiques. L'apprentissage constitue le
vecteur clé pour les systèmes d'innovation en
général et pour le transfert technologique en particulier.
L'action que doit mener les pays à retard
technologique est de développer leurs capacités d'apprentissage
non pas uniquement pour le transfert technologique par l'IDE, mais aussi pour
susciter l'intérêt des investisseurs étrangers.
Selon Bellon (1997) le développement de
capacité d'apprentissage des pays et des firmes doit, d'ores et
déjà, être conçu comme un avantage construit pour
l'IDE et pour le transfert technologique.
Concernant le développement de
capacité d'apprentissage, on peut dire qu'il est long et
extrêmement coûteux,
L'investissement en apprentissage induit en fait des
coûts spécifiques élevés qui sont engagés
très en amont par rapport au retour sur cet investissement..
En se référant aux alliances
technologiques Nord Sud, le degré des connaissances nouvellement
créé dépend toujours de la capacité d'absorption de
partenaire du Sud. Cette capacité d'absorption se compose de deux
dimensions : La première renvoie à la capacité
d'assimiler les technologies transférées (qualité de
l'équipement, normes de plan).
La deuxième correspond à la capacité
d'assimiler les compétences managériales organisationnelles
(qualification de la main d'oeuvre, la langue, taux d'encadrement)
Cette capacité d'absorption doit
générer des connaissances nouvelles. On va prendre un exemple de
transfert de compétence techno organisationnelle d'après le
graphique suivant :
Grapique3 Transfert de compétences techno-
organisationnelle après alliances
![](Multinationales-et-Developpement-local-cas-de-cablage-automobile-dans-la-region-de-Sousse4.png)
source : Les déterminants des alliances
industrielles stratégiques Nord-Sud : Quelques enseignements
tirées des alliances euro-méditerranéennes
Adel BEN YOUSSE, Anne PLUNKET et Bertrand BELLON,
b) Le savoir faire :
Dans ce passage, on ne peut pas négliger le
savoir faire dans les efforts d'apprentissage. En effet, l'effort
d'apprentissage nécessite de savoir faire développé ;
les pays hôtes doivent disposer d'abord d'un stock minimal de savoir
faire donc d'un minimum d'avantage construit qui prend la forme d'aptitude
technologique et organisationnel permettant l'assimilation de technologie
étrangère.
Le simple échange de connaissance entre les
firmes n'est d'ailleurs pas une condition suffisante pour amorcer un processus
d'apprentissage dynamique et permettre le transfert de connaissance.
Enfin, avec l'échange devrait se
constituer un marché interne où s'échangent les savoirs
technologiques « un espace de cohérence » (Favreau
1989). C'est-à-dire un cadre organisationnel dans lequel, sans mise en
conformité, les règles et les procédures de travail sont
établies, des plans de travail sont mis en communs, et les codifications
sont harmonisées.
L'interrogation sur les possibilités de
transfert de technologie par l'IDE devient ainsi secondaire car il s'agit,
désormais, d'envisager ce transfert par un apprentissage centré
sur les intérêts des investisseurs étrangers.
En définitive, les systèmes
d'innovation et d'apprentissage en particulier, sont au coeur de tout processus
de transfert technologique. Le développement des capacités
d'apprentissage des pays à retard technologique devient non seulement un
véritable atout pour ces pays, mais aussi un préalable
nécessaire à des transferts technologiques via des
investissements.
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