Limites
Une liberté apparaît, tout est actualisable,
modifiable, repensable.
Récemment, des protocoles et des limites sont mis en
place pour nous permettre de naviguer, de surfer, de se perdre dans ces
illusions conscientes.
Cette virtualité se présente le plus souvent
sous forme d'espace et de lumière ; seule la matière est absente.
Ce manque est de plus en plus comblé par des capteurs, des senseurs, des
retours de force qui simulent la matière.
Une architecture virtuelle peut-elle générer un
espace réel ?
Un espace virtuel doit-il être produit par une
architecture réelle ?
Les réponses sont positives et les exemples ne manquent
pas.
L'architecture virtuelle n'est pas qu'une architecture
imaginaire. C'est avant tout une architecture dynamique, au sens où elle
n'est pas figée mais au contraire, liquide. Elle définit des
options possible, soit dans le présent, soit dans le futur. Sa
capacité à pouvoir devenir architecture l'oblige à
posséder une certaine souplesse formelle. Cette flexibilité
repousse les limites même si le support reste un disque dur.
Le support qui est d'ailleurs une sorte de
matérialisation des données à travers un objet.
Ce support qui est limité, comme l'est parfois
l'architecture numérique, à force d'effets et
d'exagérations diverses, le concept de base est
dénaturé.
Certains films hollywoodiens privilégient les effets
spéciaux au détriment du scénario.
David Noël - Virtus / Limites
« Il est facile de copier en changeant simplement un
des paramètres sans qu'il y ait une réflexion sur l'insertion,
sans qu'il y ait la moindre invention poétique du terme. L'architecture
clonée ou génétiquement modifiée est le grand
danger. »
Jean Nouvel
Le virtuel n'est pas déterminé, par
conséquent il est imprévisible, il répond à une
multitude de paramètres. Le virtuel n'est pas irréel dans la
mesure où il n'est pas concret, tangible, il fait juste partie du
réel.
Le reflet d'un miroir est virtuel mais aussi réel dans le
sens ou il est là, même si personne ne l'observe. Il n'attend pas
une actualisation. Les rayons réfléchis sont bien
réels.
Le miroir est une curiosité expérimentale pour
tenter de définir ce qui fait partie de notre réalité
tangible. Nous pensons deviner les limites de notre réalité
sensorielle, mais les artistes ouvrent de nouveaux horizons, de nouvelles
perspectives.
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David Noël - Virtus / Perspectives
Perspectives
L'informatique permet une énorme flexibilité
qu'elle n'offrait pas auparavant. Les techniques de constructions du
passé sont remplacées par des formes
générées, pilotées par ordinateurs. Le projet
trans-port de Kas Oosterhuis illustre cette innovation.
« La structure pneumatique est pilotée par
données. Cette plus grande caractéristique du pavillon
trans-port, est que pour la première fois dans l'histoire,
l'architecture n'est plus fixe ni statique. Par la programmabilité
complète de sa forme et de son contenu d'information le bâti
devient le véhicule souple et flexible qui s'ouvre à une
multiplicité d'usages. »
Kas Oosterhuis
L'importance consacrée à l'interactivité
dans les projets d'architecture résulte de la complexité et de
l'évolution des techniques. Ces techniques apportent des nouvelles
questions et tentent de répondre à d'autres . Ces nouvelles
questions concernent de nombreux milieux relatifs à l'architecture. Des
notions de simulation, d'immersion, d'hybridation, d'interconnexion propres
à l'art numérique sont au coeur des grandes réflexions
actuelles.
L'architecture ouvre des pistes de réflexions et c'est
là que réside son rôle dans la découverte et la
construction de mondes virtuels.
L'informatique tant redoutée par les architectes rentre
de plus en plus dans la pratique. Le musée Guggenheim de Bilbao
prouve la confiance qui est faite aux machines.
Il n'y pas, ou peu, de perte de matière et aucune perte
de liberté créative.
Le dessin original est directement mis en relation avec l'aspect
économique, ce qui permet de
David Noël - Virtus / Perspectives
respecter le parti pris et le budget.
Cette oeuvre est une révolution dans l'expression
numérique.
« Un artiste utilisant les technologies nouvelles,
c'est celui qui non seulement poursuit consciemment ou inconsciemment, une
finalité esthétique avec une certaine persévérance,
mais c'est aussi celui qui choisit de faire la part belle à la
pensée rationnelle et au calcul mathématique »
Franck Popper
Le processus de conception en architecture demande à
être dévoilé et apprécié, ce n'est plus le
résultat final ou la matérialisation qui sont jugées. Les
artistes sont de plus en plus sensibles à cette démarche.
Dans l'enseignement artistique, des cours et des options
spécialisées apparaissent, celles- ci confirment le besoin
grandissant d'informations sur la conception et la représentation
numérique.
« Au lieu de cristalliser son attention sur des
modèles historiques figés, ou des modes passagères,
l'enseignement doit insister sur l'évolution même du concept
d'art, le changement du statut de l'art dans sa relation à la
société, en faire prendre conscience aux étudiants en
démontrer les mécanismes, en nous expliquant comment nous passons
de l'objet fini tel qu'il était pensé hier, aux notions de
processus, de transformation, de dématérialisation, de flux, de
fluidité, de réseaux... »
Fred Forest
David Noël - Virtus / Perspectives
De plus, les architectes et artistes contemporains
évitent la linéarité du discours et du processus au profit
de l'interactivité et de l'interdisciplinarité.
Des nouvelles formes apparaissent, notamment sur internet, qui
résultent de ce changement.
La participation du spectateur ou du visiteur est devenue
essentielle dans la réalisation complète d'un projet
d'architecture ou d'une oeuvre artistique numérique. Certains en font un
vecteur de composition, de conception, de création.
« On remarque aussi qu'avec l'évolution des
techniques interactives qui franchissent un second niveau de complexité,
l'art numérique s'oriente de plus en plus vers les arts du spectacle. Un
véritable retour au corps est en train de s'effectuer. Interactif,
conversationnel, participatif, collaboratif, le numérique bouleverse non
seulement les rapports traditionnels entre l'auteur, l'oeuvre et le spectateur,
mais les mécanismes mêmes de la circulation de l'art, sa
contribution à la culture. Pour résumer, l'art numérique
apparaît comme un art de l'hybridation, un art paradoxal dans la mesure
où il est à la fois spécifique et transversal aux autres
arts. »
Couchot Edmond
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David Noël - Virtus / Liens
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