Conclusion
Les objectifs assignés à cette étude
étaient d'abord de mesurer le degré d'information des
pêcheurs sur les mutations biologiques du milieu marin et côtier,
de procéder ensuite à une revue des mécanismes de gestion
appliqués pour faire face aux problèmes induits et de voir le
niveau de perception des pêcheurs sur les mesures de gestion mises en
oeuvre.
Les enquêtes menées à Joal et à
Mbour, nous ont permis de rassembler une série d'informations et de
tenter de fournir quelques éléments de réponses par
rapport à ces objectifs.
L'ensemble des pêcheurs interrogés ont reconnu
que leur milieu de travail est soumis à des mutations telle qu'on peut
parler actuellement de surexploitation halieutique. Trois critères
fondent cet état. Il s'agit de:
> La diminution de la taille des espèces et de la
menace d'extinction qui pèse sur certaines d'entre elles comme les
ressources démersales côtières comme le cymbium,
les mérous, les badéches, le pageot, etc.,
> La chute des volumes de débarquement,
> La durée de pêche de plus en plus longue
causée par la rareté de la ressource et l'éloignement des
zones de pêche.
Cependant, il est apparu que ce ne sont pas forcément
les plus anciens pêcheurs qui sont les mieux informés des
problèmes liés à ces mutations.
Les raisons évoquées par les pêcheurs pour
expliquer ces problèmes biologiques, sont le chalutage de fond
effectué par les bateaux industriels, le non respect de la
réglementation avec l'utilisation d'engins de pêche
prohibés comme les monofilemments ainsi que la violation des zones de
pêche et l'accès libre à la ressource par la pêche
artisanale qui reste pour eux l'un des motifs majeurs d'appauvrissement.
Les problèmes induits par la surexploitation des
ressources halieutiques ont des incidences socioéconomiques. L'ensemble
des pêcheurs concernés par cette étude ont, en effet, vu
leurs revenus baissés et certains d'entre eux sont devenus pauvres.
Aujourd'hui, les acteurs de la pêche sont conscients du
fait que les ressources de l'écosystème sont épuisables.
C'est pourquoi en plus des stratégies déroulées à
l'échelle nationale, ils tentent de mettre des dispositifs
d'autogestion.
Parmi les stratégies officielles de gestion des
ressources halieutiques, celle qui retient le plus l' attention est le permis
ou la licence de pêche artisanale qui suppose désormais que les
pêcheurs artisans payent d'abord pour avoir un droit d'accès
à la ressource.
A Mbour et à Joal, le permis est positivement accueilli
par les acteurs, car il constitue selon eux un moyen de réguler
l'accès à la profession.
En ce qui concerne le code de la pêche maritime, il est
apparu une sorte de désintéressement de la part des
pêcheurs dont la majeure partie avoue ne pas être au courant de son
existence.
La perception du repos biologique du poulpe par les
pêcheurs n'est pas tout à fait positive. Pour eux, c'est la
période de repos en elle-même (du 20 mars au 30 avril 2005) qui
pose problème et qui a fait que la campagne du poulpe de cette
année ait été un échec.
Concernant les mesures d'autogestion, l'initiative de Mbour
qui consiste en la mise en place d'un code de conduite local basé sur le
consensus et le projet d'aménagement de l' Aire Marine
Protégée (AMP) de Joal soutenu par le WWF, montrent que les
acteurs sont bien conscients de la responsabilité de la pêche
artisanale dans la surexploitation des ressources halieutiques.
En définitive, les pêcheurs ont bien
approuvé la mise en oeuvre de ces mesures de gestion comme
l'instauration du permis de pêche qui demeure selon eux un
véritable moyen de réguler l'accès à la profession.
Cependant ils semblent ne pas être totalement en phase avec certaines
méthodes de gestion comme le repos biologiques et le code de la
pêche qui restreignent leurs capacités de captures.
Toutefois, la perception de ces stratégies de gestion
par les pêcheurs laisse apparaître un sentiment qui montre que
ceux-ci ne sont pas réellement convaincus par toutes les options prises
pour une meilleure gestion des ressources halieutiques.
|