Chapitre II : Les activités annexes de la
pêche à Mbour et à Joal
Les activités annexes de la pêche sur les quais de
Mbour et de Joal sont principalement de deux ordres : le mareyage en frais et
la transformation artisanale des produits halieutiques
II.1. Le mareyage en frais
C'est le sous-secteur de la distribution et de la
commercialisation des produits frais. Ses acteurs sont de deux
catégories : les grands mareyeurs et les micro-mareyeurs.
> Les grands mareyeurs écoulent les captures sur le
marché national. Ils disposent de camions frigorifiques à cet
effet. Ce sont eux qui écoulent, pour la plupart, les espèces
dites nobles en raison de leur valeur commerciale élevée (thiof,
poulpe, seiche, crevettes, etc.).
> Les petits mareyeurs écoulent leurs produits sur le
marché local et les zones environnantes. C'est dans cette
catégorie qu'on retrouve les femmes.
Les mareyeurs sont souvent regroupés en GIE. A Mbour, ils
sont au nombre de 113 et à Joal 29. Ces GIE sont pour la plupart
affiliés à la FENAMS ou à l'UNAGIEMS.
Les mareyeurs souffrent beaucoup de la rareté des
ressources comme le poulpe qui depuis l'ouverture de sa pêche, à
la suite du repos biologique, n'est pris que rarement par les pêcheurs
même en période de campagne (juillet, août et septembre).
C'est pourquoi il est fréquent actuellement (au cours de nos
séjours à Mbour et à Joal) de voir les mareyeurs se
rabattre unilatéralement sur les sardinelles (voir photo 1).
Les produits mareyés aussi bien à Joal
qu'à Mbour sont convoyés vers toutes les régions du
Sénégal. A Joal, en 2004, 3 3,8% de ces produits ont
été convoyés en direction de Dakar qui demeure ainsi la
première région desservie. Elle est suivie de Thiès et de
Diourbel. Matam et Ziguinchor sont les dernières à être
desservies avec respectivement 0,66 et 0,09 % de l'effectif total qui est de
81839,408 tonnes.
La suprématie de Dakar s'explique par le fait qu'elle
dispose de grands marchés capables d'absorber une grande quantité
de produits en plus de la concentration de l'essentiel des entreprises de
mareyage et de transformation.
Photo 1 : Des groupes de sardinelles
conditionnées pour être convoyées à partir de
Mbour
Cliché : M. D.LO, 2005
II.2. La transformation artisanale
II.2.1.A Mbour
Il n'existe qu'un seul site officiel de transformation : c'est
celui de Mballing situé à prés de 3 km au Sud du quai de
pêche.
A l'origine, les activités de transformation des
produits halieutiques se faisaient sur la plage à côté de
la zone de débarquement. C'est la construction du quai qui a
entraîné son déplacement vers Mballing où existaient
déjà des activités de transformation.
Sur le site de Mballing, nous avons dénombré
prés d'une cinquantaine de fours et prés de 120 claies de
séchage fonctionnels ainsi que de nombreux puits pour le lavage des
produits. Actuellement, dans le cadre de l'exécution du PAPA SUD,
d'autres infrastructures sont en phase d'être livrées. Il s'agit
essentiellement des aires de repos, des magasins de stockage, de 5 ateliers de
travail, des latrines, etc. L'électricité n'est pas encore
accessible sur le site.
Les produits qu'on peut obtenir à Mballing sont le
kétiah, le guedj tambadiang ou kong, le
yet, etc.
Sur le plan de la dynamique organisationnelle, 45 GIE
s'activent pour la promotion des acteurs. Parmi ces groupements, 2 sont
contrôlés par des hommes et 25 sont fédérés
et portent le nom de « Mbolo liguey Mballing »
affilié à la FENATRANS.
Les principales contraintes du secteur évoquées,
sont en rapport avec l'accès au financement ou à son retard et
à la concurrence des mareyeurs pour obtenir certaines espèces
auprès des pêcheurs.
II.2.2. A Joal
Le secteur de la transformation artisanale des produits
halieutiques n'est plus exclusivement réservé aux femmes. A Joal,
on retrouve une présence masculine de plus en plus importante dans les
aires de transformation. Diouf M. B. L. (2005) a dénombré sur le
site de Khelcom 178 hommes dont 20 étrangers pour la plupart des
burkinabé regroupés en GIE. Sur le site des tannes, 229 hommes
ont été dénombrés. Ceux-ci sont souvent
employés par les femmes ou travaillent pour leur propre compte.
Il existe deux sites de transformation à Joal : le site
des tannes et celui de Khelcom. Le site de Khelcom est situé à
prés de 3 km à l'Est du quai de pêche.
Sa superficie est estimée à 66368 km2
(Diouf, 2005) et dispose de nombreux équipements. Il s'agit de 130
claies de séchage, 165 fours, de magasins de stockage, de puits, d'aires
de repos, etc. Sa construction a été achevée en 1995. Il
est le fruit de la coopération entre le Sénégal et la BAD.
Mais depuis quelques mois de nouvelles installations sont en cours par le biais
du projet PAPA SUD.
On y produit principalement du kétiah
(sardinelles et ethmaloses fumées et séchées sur des
claies de séchage), du tambadieng (ethmaloses ou requins
salés, séchés ou fermentés), guedi (ma
choirons fendus, fermentés et séchés sur des claies), du
yet (Cymbium)
Photos 2 et 3 : Fours et magasins de stockage sur le
site de Khelcom
Clichés : M. D. LO, 2005
Le site des tannes se trouve pour sa part derrière le bras
de mer. Il est très mal aménagé et l'accès y est
difficile. Ici le kétiah est le principal produit obtenu.
En ce qui concerne la vente des produits transformés,
leur aire de distribution ne se limite pas seulement au marché national.
Elle s'étend aussi sur la sous-région avec comme principales
destinations les pays suivants: Gambie, Guinée Bissau, Mali, Côte
d'Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Togo, RDC, Ghana.
L'extension de l'aire de distribution s'explique surtout par le
fait que le secteur de la transformation à Joal accueille de nombreux
étrangers, principaux convoyeurs vers l'extérieur.
DEUXIEME PARTIE :
MODES D'EXPLOITATION
ET PERCEPTION DE LA
SUREXPLOITATION
HALIEUTIQUE PAR LES
PECHEURS ARTISANS
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