Université Cheikh Anta DIOP de Dakar Organisation
des Nations Unies
Faculté des Lettres et Sciences Humaines pour
l'Education, la Science et la
Département de Géographie
Culture
DEA Chaire UNESCO / UCAD
« Gestion intégrée et
développement durable des régions côtières et des
petites îles »
Mémoire de DEA
Pêche et environnement : Perceptions de
la
surexploitation halieutique et des
stratégies
de gestion par les pêcheurs
artisans
de Mbour et de Joal.
Présenté par : Sous la direction de :
M. Mamadou Diakhaté LÔ M. Amadou Tahirou
DIAW,
Maître de Conférence de Géographie (UCAD)
M. Amadou Abdoul SOW,
Maître-assistant de Géographie (UCAD).
Sigles et acronymes
AMP : Aire Marine Protégée
BAD : Banque Africaine de
Développement
BU : Bibliothèque Universitaire
CCM : Centre Communautaire Multimédia
CLP : Conseil Local de Pêche
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal
CNPS : Collectif National des Pêcheurs du
Sénégal
CONIPAS : Conseil National Interprofessionnel de
la Pêche Artisanale du Sénégal
CRODT : Centre de Recherche
Océanographique Dakar / Thiaroye
DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies
DPM : Direction de la Pêche Maritime
DPS : Direction de la Prévision et de la
Statistique
ENDA Diapol : ONG Enda Tiers Monde Prospective
et Dialogues Politiques
ENEA : Ecole Nationale d' Economie
Appliquée
FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture
et l'Alimentation
FENAGIE : Fédération Nationale des
Groupements d'intérêt Economique de pêcheurs
FENAMS : Fédération Nationale des
Mareyeurs du Sénégal
FENATRANS : Fédération Nationale
des Transformateurs du Sénégal
GAIPES : Groupement des Armateurs et Industriels
de la Pêche au Sénégal
GIE : Groupement d'intérêt
Economique
GIRMaC : Gestion Intégrée des
Ressources Marines et Côtières
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
MARP : Méthode Active de Recherche
Participative
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAPA SUD : Programme d' Appui à la
Pêche Artisanale
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUE : Programme des Nations Unies pour
l'Environnement
TER : Travail d'Etude et de Recherche
TIC : Technologie de l'Information et de la
Communication
UGB : Université Gaston Berger
UICN : Union Mondiale Pour la Nature
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de
Dakar
UAGIEMS : Union Nationale des GIE de Mareyeurs
du Sénégal
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
WWF: Fonds Mondial pour la Nature (World Fund
Nature)
ZEE : Zone Economique Exclusive
Sommaire
Sigles et acronymes
Sommaire
Avant propos Problématique Méthodologie
Cadre conceptuel
Introduction
Première partie : Physionomie de la pêche
artisanale à Mbour et à Joal
Chapitre I : Les fondements de la pêche Chapitre II
: Les activités annexes de la pêche
Deuxième partie : Modes d'exploitation et
perception de la surexploitation halieutique par les pêcheurs
Chapitre I : Modes d'exploitation des ressources
halieutiques
Chapitre II : Perception de la surexploitation
halieutique par les pêcheurs et étude des impacts
socioéconomiques
Troisième partie : Perception des
stratégies de gestion par les pêcheurs
Chapitre I : Les stratégies de gestion des
ressources halieutiques Chapitre II : Perception des stratégies de
gestion par les pêcheurs
Conclusion
Avant propos
Cette étude de perceptions s'inscrit dans le cadre
général de l'aménagement et de la gestion des pêches
au Sénégal.
A travers l'exemple des sites de pêche de Mbour et de
Joal, nous tentons d'abord de voir comment les pêcheurs perçoivent
les mutations biologiques auxquelles le milieu marin est soumis actuellement,
ensuite nous essayons de faire une revue des stratégies de gestion des
ressources halieutiques avant de faire ressortir la perception des acteurs sur
ces mesures de gestion.
Nous remercions toutes les personnes qui nous ont aidé
à réaliser ce travail. Parmi celles-ci, nous citons
particulièrement :
> Monsieur Amadou Tahirou Diaw, Maître de
Conférence de Géographie, pour avoir accepté d'assurer la
direction scientifique de ce TER,
> Monsieur Amadou Abdoul Sow, Maître-assistant de
Géographie. Ses remarques et ses suggestions nous ont toujours
été d'un grand apport,
> L'UNESCO qui nous a accordé une subvention,
> Messieurs Mamadou Ndao et Samba Sarr, respectivement chefs
des postes des pêches maritimes de Joal et de Mbour ainsi que tout le
personnel,
> Monsieur Badou Ndoye et Amet Fall, respectivement
président et secrétaire général du comité de
gestion du quai de pêche de Mbour,
> L'ensemble des acteurs de la pêche à Mbour et
à Joal,
> Notre camarade Khalifa Seck ainsi que toute sa famille pour
l'hébergement et l'
accueil très chaleureux à Joal,
> Mon père, mes frères et soeurs ainsi que tout
le reste de ma famille pour le soutien matériel et moral qu'ils n'ont
jamais cessé de m'apporter,
> Mes amis et camarades de promotion pour leurs
encouragements : Serigne Saliou Léye, Ibou Thiam, El hadji Ibrahima
Thiam, Ibrahima Sylla, Idy Guiro, Aminata Mengue, Mamadou Mbengue, Seynabou
Ndiaye, Masseye Séye.
Je remercie tous ceux qui de prés ou de loin ont
participé à la réalisation de ce mémoire.
Problématique
L'élan de solidarité dont fait montre la
communauté internationale depuis la fin de la seconde guerre mondiale
sur les questions cruciales qui interpellent l'humanité, n'a pas
épargné la problématique de la conservation de la
biodiversité marine et côtière.
De l'adoption de la convention des Nations Unies sur le droit
de la mer en 1982 jusqu'au sommet de la Terre à Durban (Afrique du Sud)
en 2002, en passant par l'adoption de la convention sur la diversité
biologique en 1992 et celle du code de conduite pour une pêche
responsable élaboré par la FAO en 1995, la volonté
politique de promouvoir une meilleure utilisation des ressources marines et
côtières se précise de plus en plus.
Cette grande mobilisation des décideurs s'explique par
le fait que notre planète est confrontée à une
sérieuse crise des pêches qui risque de compromettre la survie des
communautés littorales. En effet, les problèmes de la pêche
ne se posent plus seulement en terme économique. Ils intègrent
dorénavant la dimension environnementale en raison de la
dégradation des ressources halieutiques qui s'accentue sous l'effet
combiné de l'accroissement rapide de la population, de la croissance
économique et des moyens technologiques.
En Afrique, la pêche en mer a beaucoup progressé
au cours de ces 30 dernières années, et la plupart des stocks
démerseaux seraient pleinement exploités (PNUE, 2003).
Par contre au Sénégal, les captures ont
baissé de plus de 10% depuis 1997 et n'ont atteint que 375000 tonnes sur
l'ensemble du pays en 2003 selon la DPM. Des prévisions annoncent une
baisse de production de poisson par habitant de 34,8 kg à 23,9 kg / an
entre 1995 et 2010. Aujourd'hui, la situation suscite beaucoup
d'inquiétudes compte tenu du rôle social, économique et
nutritionnel que joue la pêche dans notre pays.
Le secteur de la pêche emploie prés de 600 000
personnes, soit le quart de la population active du pays. Il contribue à
lui seul pour 30% des exportations et génère d'importantes
entrées de devises (200 milliards de FCFA). Ses contributions au secteur
primaire et au PIB total sont respectivement estimées à 12 et 2,5
%. Sur le plan nutritionnel, les produits halieutiques sont une grande source
de protéines animales (75 %) pour les sénégalais (Source :
DPM, 2003).
On comprend dés lors pourquoi l'Etat du
Sénégal et des ONG telles que le WWF ou Océanium ainsi que
certaines organisations communautaires locales s'emploient à
accroître les efforts de gestion de l'écosystème marin
sénégalais dans une perspective de durabilité; et ceci,
sous plusieurs formes :
> La mise en place par le gouvernement d'un code de la
pêche (loi N° 98-32 du 14 avril 1998) applicable sur toute la ZEE
dont les principaux axes s'articulent autour de la délimitation des
zones de pêche (industrielle et artisanale), la réglementation du
maillage des filets, la prohibition d'engins de pêche destructeurs comme
les monofilemments, etc.,
> La signature d'accords de pêche pour sauvegarder les
ressources,
> La surveillance des activités de pêche dans la
ZEE avec la mise en place d'un réseau de salles de surveillance
côtière équipées de matériels
sophistiqués,
> L'aménagement d'une AMP à Bamboung et
bientôt de 4 autres à Abéné (Ziguinchor), à
Kayar, à Joal-Fadiouth et à Saint-Louis,
> La réglementation de l'accès à la
ressource : attribution de permis de pêche aux pêcheurs artisanaux
moyennant une redevance annuell. Ce qui signifierait l'arrêt du
régime de l'accès libre à la ressource,
> L'instauration du repos biologique dans les
pêcheries artisanales et industrielles pour limiter la mortalité
par pêche et permettre la régénération des
espèces comme le poulpe ou le Cymbium (yet),
> La mise en place d'un programme national de gestion
intégrée dénommé GIRMaC dont l'objectif global est
de promouvoir « la croissance de la pêche du Sénégal
tout en préservant les habitats naturels importants pour la
biodiversité et la satisfaction des besoins socio-économiques des
secteurs concernés, particulièrement les communautés
locales », etc.
Autant d'efforts fournis qui devraient permettre
d'espérer des lendemains meilleurs surtout pour la pêche
artisanale où l'accès libre à la ressource constitue l'une
des principales causes de diminution des ressources halieutiques.
Mais au-delà de la description de l'état actuel
des ressources marines et de l'appréciation que nous venons de porter
sur ces stratégies de gestion, il serait intéressant de faire
ressortir le niveau de perception des acteurs à la base.
Autrement dit, les pêcheurs sont-ils suffisamment
sensibles aux modifications biologiques de leur milieu de travail et aux
efforts de gestion ? Quelles appréciations en font-ils ? Quelles mesures
préconisent-ils pour renforcer les mécanismes de gestion des
ressources halieutiques ?
Pour réaliser cette étude, nous avons choisi de
nous limiter aux centres de pêche de Mbour et de Joal qui fournissent
prés de 40% de la production nationale de la pêche artisanale
(source : DPS, 2003).
Le choix porté sur ces sites se justifie pour deux raisons
fondamentales :
D'une part, Mbour et Joal appartiennent à la Petite
Côte identifiée aujourd'hui comme la zone la plus touchée
par la diminution des ressources halieutiques causée surtout par
l'importance de la pêche aux juvéniles.
D'autre part, ces centres de pêche sont le lieu de
beaucoup d'interventions en matière de gestion des ressources marines et
côtières avec notamment des organismes internationaux tels que le
WWF ou l'UICN.
Les objectifs de ce travail sont les suivants :
· Apprécier le niveau de connaissance des
pêcheurs sur les mutations auxquelles le milieu marin est soumis ainsi
que leurs conséquences environnementales et socioéconomiques,
· Etudier les différentes pratiques et
stratégies de gestion des ressources marines initiées afin de
minimiser les effets indésirables de la surexploitation halieutique,
· Chercher à avoir une idée de la perception
des méthodes de gestion par les acteurs.
Les hypothèses posées sont :
+ Face à certaines pratiques de pêche non durables,
des risques d'épuisement des stocks existent.
+ Les pêcheurs sont convaincus de la
nécessité de l'application de mesures de gestion efficaces.
+ Leur perception des mesures de gestion n'est pas
entièrement positive.
Méthodologie générale
Cette étude s'articule autour de trois étapes : la
revue de la bibliographie, les études de terrain et le traitement des
informations.
1. La revue de la bibliographie
Elle nous a mené dans divers centres de documentation
répartis entre les institutions universitaires, organismes de recherche
et services publics (BU-UCAD, IRD, ENEA, DPM, CSE, CRODT, etc.). Elle nous
permet de comprendre les différents aspects de la pêche artisanale
au Sénégal et sa contribution dans l'économie ainsi que
les problèmes auxquels elle est confrontée. Nos principales
sources d'informations proviennent de plusieurs ouvrages
spécialisés, de textes et rapports, d'articles de journaux ainsi
que des sites web des organismes spécialisés sur les questions de
recherches liées à la pêche et à l'environnement
marin et côtier.
Pour l'essentiel, les documents peuvent être
classés en trois catégories : les ouvrages d'ordre
général, ceux spécifiques portant sur la
problématique de la gestion des ressources halieutiques et les
études faites sur les communes de Mbour et de Joal.
Les travaux de Van Chi Bonardel (1967), Domain F. (1976),
Llrés B. (1986), Diop O. (2000) ont mis en évidence l'importance
de la pêche artisanale au Sénégal et de ses
activités annexes. Ils ont d'une part retracé son
évolution et son intégration dans l' économie et d'autre
part analysé les conditions naturelles et sociologiques de son
développement.
A leur suite, Mbaye A. (2003) a tenté de mettre en
évidence les conditions qui influent sur les options techniques des
groupes de pêcheurs dans l'exploitation des ressources halieutiques. Il
s'est aperçu que « plus une technique représente des
caractéristiques qui sont en adéquation avec les conditions
(structures sociales) dans lesquelles vivent les pêcheurs plus elle est
adaptée et inversement ».
Les documents spécifiques portant sur la
problématique de la gestion des ressources halieutiques sont plus
récents et concernent des études réalisées pour la
plupart par des organismes privés ou internationaux.
Le PNUE, ENDA DiaPol et le CRODT ont dans une étude
intitulée « Impacts socioéconomiques et
environnementaux de la libéralisation du commerce sur la gestion durable
des ressources
naturelles : Etude de cas sur le secteur de la
pêche au Sénégal » et achevé en 2000,
fait ressortir les rapports entre l'environnement, le commerce et une gestion
durable des ressources. Ils ont notamment tenté de cerner les facteurs
de crise de la pêche qui sont surtout liés au choix d'appliquer
« une politique commerciale résolument tournée vers
l'extérieur ».
Le rapport de 2004 publié par le PNUE a
proposé, en collaboration avec le Ministère de l'Economie
Maritime et les organisations communautaires de base, un système de
régulation de l'accès à la ressource pour les embarcations
artisanales dont le noeud est le paiement de droits d'accès.
Les études faites sur les zones étudiées
(Mbour et Joal) sont abondantes et ont trait pour la plupart à la
géomorphologie (Benga-1985; Dieng-1992; Faye-1995), aux questions
d'aménagement et d'urbanisme (Diéne- 1993; Diack-2000) et au
secteur de la pêche.
Parmi les travaux réalisés dans le secteur de
la pêche, on peut citer pour la zone de Joal, ceux de Bâ O. (1985)
qui a étudié les systèmes d'exploitation et de
distribution des produits de la mer avant d'esquisser les problèmes
urbains induits par le développement des activités de
pêche. Sagne E. (2004) a réfléchi sur les problèmes
d'accès au crédit lié notamment à son
caractère aléatoire. Aussi, préconise-t-il le
développement de réseaux sociaux et la mise en place d'un
système d'assurance par l'Etat pour sécuriser les
financements.
La dernière étude sur la commune de Joal est
faite par Diouf M. B. L. (2005). Elle a tenté d'expliquer le
problème de la diminution des ressources halieutiques par la dynamique
marine actuelle de la Petite côte et les interventions de l'homme sur la
ressource. Par ailleurs, les différentes actions entreprises pour une
bonne gestion des ressource ont été analysées.
Pour la zone de Mbour, nous retiendrons deux études
principalement.
Celle de Diop K. (2001) a essayé de cerner l'espace
polarisé par le centre de pêche de Mbour en identifiant les
différentes formes de distribution que sont le mareyage et la
commercialisation des produits transformés. Aussi a-t-elle
constaté que l'aire de desserte ne se limite pas au marché
national et qu'elle s'étend dans la sous-région.
L'étude de Diouf P. M. (2004) a établi les
relations entre la pêche et l' insertion urbaine à Mbour. Pour
lui, grâce à son pouvoir attractif et à la diversité
de ses maillons, la pêche permet une insertion facile aux migrants qui
viennent de divers horizons.
Cette littérature est loin d'être exhaustive.
Mais elle nous permet de voir que de nombreux aspects liés au milieu
physique et à l'économie maritime ont été
différemment abordés. Cependant, il faut regretter le fait que
les problèmes environnementaux de la pêche n'aient pas
été suffisamment abordés.
Nous savons que les communes de Mbour et de Joal constituent
des centres économiques très actifs du fait de leur position
littorale et par conséquent de leurs énormes potentialités
en ressources maritimes dont l'exploitation attire en effet les populations des
autres régions. Ce qui ne manque pas d'avoir des incidences sur
l'environnement et en particulier marin et côtier. D'où les
interventions croissantes de l'Etat et de certains organismes pour minimiser
les effets induits.
Aussi, notre étude se propose t-il dans un premier
temps de faire une analyse de la perception des modifications et risques
induits par les activités anthropiques sur l'écosystème
marin, ensuite de faire une revue globale des stratégies de gestion des
ressources marines et enfin de voir le niveau de perception de ces
mécanismes de gestion par les acteurs de la pêche.
2. Les études de terrain
Elles se sont déroulées du 20 août au 15
septembre 2005 et nous ont permis de recueillir des informations utiles
grâce à deux techniques d'enquêtes : les enquêtes
quantitatives et les enquêtes qualitatives.
a. Les enquêtes quantitatives
Elles se résument à l'interview directe faite
à l'aide d'un questionnaire administré aux capitaines- piroguiers
(voir en annexes).
C'est pour être sûr de rencontrer de
véritables professionnels de la pêche que nous avons choisi d'
interroger les capitanes-piroguiers en raison de leur connaissance du milieu
marin et de leur ancienneté dans le métier.
Le capitaine-piroguier est le responsable de la pirogue et des
pêcheurs à bord. Il est chargé de mener les
opérations de pêche et de cibler les espèces à
capturer.
La méthode statistique d'échantillonnage
utilisée pour interroger ces personnes est le choix raisonné.
Nous avons pris un échantillon de 40 individus, sur chaque site,
répartis selon les techniques de pêche pratiquées sur place
et leur importance. Pour la zone de Joal, nous nous sommes appuyé sur le
dernier rapport annuel (2004) établi par le poste de contrôle des
pêches maritimes. Cependant à Mbour nous n'avons pu disposer de
rapport officiel. C'est pourquoi nous avons procédé directement
à l'échantillonnage en tenant compte de l'importance de chacun
des types de pêche sur la base de l'observation directe.
Nous présentons l'échantillon dans le tableau
1.
Tableau 1 : Présentation de
l'échantillon
Types de pêche
|
Zones d'étude
|
|
Mbour
|
LPG
|
12
|
8
|
LM
|
12
|
7
|
FD
|
5
|
12
|
FMF
|
4
|
4
|
ST
|
4
|
6
|
SP
|
3
|
3
|
Total
|
40
|
40
|
|
Source : Poste de contrôle de Joal et enquêtes
personnelles, 2005.
SP : Senne de Plage, ST: Senne Tournante, FMF : Filet Maillant
de Fond, FD : Filet Dormant, LM : Ligne Motorisée, LPG : Ligne Pirogue
Glacière.
L'échantillon comprend globalement 80 pêcheurs
soit 40 individus interrogés à Mbour et 40 à Joal. Nous
avons nous-même administré le questionnaire.
Pour nous assurer de rencontrer chaque individu une seule
fois, nous avons consacré une journée voire deux pour chaque type
de pêche. Ainsi, sur chacun des deux sites visités, les
enquêtes quantitatives ont duré au maximum huit jours.
b. Les enquêtes qualitatives
Elles concernent uniquement les entretiens
semi-structurés et les focus group.
Nous avons consulté des personnes ressources (chefs de
postes de contrôle des pêches maritimes, présidents de GIE,
femmes transformatrices, mareyeurs, etc.) avec qui nous avons eu des entretiens
sur la rareté des ressources halieutiques, les méthodes
d'aménagement et la nouvelle réglementation de l'accès
à la ressource.
Nous avons aussi organisé des focus group sur
les plages. Nos cibles principales étaient les jeunes pêcheurs et
ceux en retraite.
3. Le traitement et l'analyse des
informations
Les données recueillies sur le terrain ont
été dépouillées manuellement avant traitement. Les
résultats obtenus sont répartis en trois grandes parties de deux
chapitres chacune.
+ Première partie : Physionomie de la pêche
artisanale à Mbour et à Joal.
+ Deuxième partie : Modes d'exploitation et
perception de la surexploitation halieutique par les pêcheurs
artisans.
+ Troisième partie : Perception des stratégies
de gestion des ressources halieutiques par les pêcheurs artisans.
Cadre conceptuel
Plusieurs concepts sont utilisés dans cette étude.
Voici le sens que chacun de ces concepts indique.
Démersale * : Qualifie les
espèces vivant au fond des mers sans en être totalement
dépendantes. Au Sénégal, les principales espèces
démersales qu'on retrouve sont : les mérous (principalement le
thiof), les machoirons, les badéches, les dorades, les soles, les
requins, les seiches, le poulpes, le Cymbium, etc.
Gestion des ressources : C'est l'utilisation
rationnelle, prudente et planifiée des ressources disponibles dans une
perspective de durabilité.
Juvéniles : Ce sont de jeunes poissons
immatures, c'est-à-dire qui n'ont pas encore atteint leur taille et
âge de maturité.
Mille nautique (ou mille marin) : C'est
l'unité utilisée en navigation maritime et aérienne. 1
mille est égale à 1 852 mètres.
Pêche responsable : C'est un concept
qui prend en charge la question de l'utilisation et de la conservation des
ressources marines et de l'écosystème. En termes plus techniques,
il indique que la mortalité totale par pêche, permet le maintien
du rendement équilibré à long terme, que l'environnement
marin est préservé et que la biodiversité de
l'écosystème n'est pas menacée (FAO,
1995).
Pêcherie : C'est l'ensemble des
ressources halieutiques (crevettes par exemple) d'une zone exploitée par
une flottille donnée ou un type de pêche.
Pélagique * : Ce concept qualifie les
espèces vivant en pleine eau, sans rapport apparent avec le fond marin
(sardines, anchois, harengs, etc.). Les petits pélagiques vivent en
bancs (sardines, maquereaux, etc.).
Perception : Le sens que nous donnons
à cette notion, dans le cadre de cette étude, ne se limite pas
simplement à une représentation des choses. Ici sa manipulation
est beaucoup plus étendue et nous permet de pouvoir recueillir les
positions et les avis d'une catégorie de personnes afin de pouvoir
définir l'attitude de celle-ci par rapport à un problème
donné : la question de la gestion des ressources halieutiques.
Ressources halieutiques : Elles correspondent
aux stocks d'animaux aquatiques exploitables.
Sélectivité * : C'est l'aptitude
d'un engin de pêche à laisser s'échapper les poissons de
petite taille.
Stock de poissons * : Population (ou partie
de population) localisée dans une zone géographique
déterminée, n'entretenant aucun échange avec les stocks
voisins de la même espèce. Cette notion de stock n'est pas un
concept biologique mais une unité théorique de gestion.
Surexploitation halieutique : On parle de
surexploitation halieutique ou d'overfishing quand l'effort de
pêche dépasse le niveau supportable par le stock de poissons
ciblé.
Zone côtière : C'est l'interface
entre la bande de terre et l'espace marin adjacent où les processus de
productions et d'échanges se produisent de façon intense.
* Le sens donné à ce concept a
été entièrement emprunté au livre «
Pêcher pour vivre » de Alain LE SANN dont
le résumé et le glossaire ont été publiés
sur Internet à l'adresse suivante :
http://pechedev.free.fr/livre.htm.
Nous n'avons pu disposer de toutes les références
bibliographiques. C'est pourquoi cet ouvrage ne figure pas dans la
bibliographie.
|