§ 2 : Le règlement du sinistre
Le règlement du sinistre ou indemnisation produit au
bénéficiaire le bénéfice de l'assurance. C'est donc
celui-ci qui a intérêt à déclencher la
procédure. Une demande d'indemnisation est introduite à cet effet
(A) qui met en branle le mécanisme de l'indemnisation proprement dite
(A).
A - La demande de règlement
Les demandes de règlement sont préparées
sur des fiches élaborées par la ligue. La demande d'indemnisation
est remplie par le Directeur ou le comptable de la caisse qui la signe et la
fait signer par le président du conseil d'administration. Une fiche de
contrôle est également remplie et signée du
président du conseil d'administration et de « l'inspecteur »
de la ligue responsable de cette caisse.
En cas de décès, ces deux fiches remplies et
cachetées sont transmises à la ligue avec de nombreux documents.
Une copie de la carte d'identité informatisée du défunt
est ainsi jointe au dossier. Elle devrait encore être valable au moment
du décès. En l'absence de la CNI, sa famille devra obtenir une
attestation de perte et la soumettre en lieu et place de la CNI. Au regard des
difficultés souvent rencontrées avec ce document, il est
recommandé aux caisses d'exiger une copie de la CNI du membre au moment
de son adhésion ou au cours d'une transaction pour les anciens membres
ou pour ceux dont la CNI est arrivée à expiration.
La famille du défunt doit aussi apporter à la
caisse populaire un certificat de décès délivrés
par un officier d'état civil. La déclaration de
décès délivrée par l'autorité
médicale n'est pas acceptée à la place du certificat de
décès. La caisse populaire et l'inspecteur de la ligue s'assurent
que toute surcharge sur le certificat de décès est
certifiée par le cachet de l'officier d'état civil.
Le livret de compte du défunt fait également
partie des pièces composant le dossier de demande d'indemnisation. La
caisse doit s'abstenir de délivrer un nouveau livret au nom du membre si
celui qu'il utilisait jusqu'à sa mort est introuvable par sa famille.
Dans ce cas, une lettre est jointe au dossier qui précise que le livret
du membre y manque.
Toutes les fiches individuelles du membre depuis son
adhésion jusqu'à son décès accompagnent le dossier.
Pour les COOPEC informatisées du réseau, les copies
imprimées du relevé de compte du de cujus doivent faire partie du
dossier. Le solde de clôture du compte n'est pas pris en compte, si
notamment le montant est élevé, en l'absence des fiches
individuelles ou du relevé de compte.
La demande d'adhésion du défunt membre
dûment approuvée par le conseil d'administration, signée du
membre et désignant le bénéficiaire de l'indemnité
fait partie du dossier. Dans certains cas, cette fiche peut s'avérer
introuvable. C'est le cas à la suite
des opérations de fusion et scission. Dans ce cas, le
registre des membres contenant les informations nécessaires et la
signature du membre fait foi.
Au cas où le défunt n'avait pas
désigné son bénéficiaire lors de son
adhésion, la famille doit produire une copie du jugement
d'hérédité désignant le(s) héritier(s) du de
cujus. Si le bénéficiaire ou l'héritier
décède ab intestat, et avant le traitement de la
demande, l'indemnité sera payée à l'administrateur de ses
biens. Les bénéficiaires désignés par les conseils
de famille ou leur chef ne sont pas acceptés.
Un certificat d'individualité accompagne enfin la demande
d'indemnisation si les noms portés sur les différents documents
du de cujus ne sont pas identiques.
Dans le cas de l'invalidité complète, deux
documents viennent se substituer à ceux exigés dans le cadre du
décès et qui sont relatifs justement à la preuve du
décès du membre. Un certificat médical est ainsi
exigé. Ce certificat signé d'un médecin officiant dans une
institution hospitalière autorisée doit préciser la cause
et le degré d'invalidité du membre. Si le membre était
employé, sa lettre de licenciement doit également être
jointe, précisant la raison du licenciement.
La demande d'indemnisation est au demeurant un
véritable dossier qui expose les dirigeants de la COOPEC aux
détails des procédures et actes d'état civil. C'est la
famille du défunt qui bénéficie le plus de cet effet
éducatif. En plus, au moins pour les raisons du programme de gestion des
risques, elle suivra l'ensemble des procédures liés à
l'ouverture de la succession du de cujus, ce qui évite dans bien des cas
les querelles toujours plus nombreuses en l'absence de l'accomplissement formel
de ses procédures.
B - L'indemnisation
A la réception des demandes d'indemnisation, le
service de gestion des risques fait les vérifications d'usage. Elle
vérifie notamment le respect de la procédure et des dispositions
substantielles de la police. Pour le crédit, le solde du crédit
du membre inférieur ou égal à FCFA 2.500.000 est
remboursé à la COOPEC. Pour les parts sociales / épargne,
une fiche analytique permet de faire le calcul du montant de
l'indemnité. Le calcul est fait par rapport aux parts sociales /
épargne et à l'âge du membre au moment de son
décès sur la base de la méthode comptable FIFO. Les taux
sont soit progressifs soit dégressifs, et appliqués comme suit
:
Age
|
Taux de majoration des parts sociales /
épargne
|
0 - 6 mois
|
25%
|
6 mois - 55 ans
|
100%
|
55 - 60 ans
|
75%
|
60 - 65 ans
|
50%
|
65 - 70 ans
|
25%
|
70 ans et plus
|
5%
|
|
Les taux sont gradués. L'exemple suivant est
généralement présenté par le service de gestion des
risques pour l'illustrer :
M. X est décédé en 2006. Il était
membre de la Caisse Populaire Coopérative de Z depuis 2000 à
l'âge de 50 ans.
Année
|
Age
|
Parts sociales / épargne
|
Différence en P / E
|
Indemnité
|
|
Montant
|
2005
|
55 ans
|
100.000
|
|
100.000*100%
|
100.000
|
2006
|
56 ans
|
120.000
|
20.000
|
20.000*75%
|
15.000
|
|
|
|
|
TOTAL
|
115.000
|
|
En réalité ce mécanisme est plus
complexe qu'il n'y paraît. Il faut s'intéresser à un solde
inférieur à celui de la tranche précédente au
moment du décès du membre. Concrètement,
considérons que le membre ait eu FCFA 120.000 en compte en 2005 et FCFA
100.000 en 2006 au moment de son décès. Dans ce cas, 75% des FCFA
100.000 seront payés au titre de l'indemnité de gestion des
risques. Il s'agit ici de l'application de la méthode comptable de
« gestion des stocks » FIFO.
compte dépôts de gestion des risques de la
COOPEC à la ligue. Un avis de crédit est adressé à
la COOPEC concernée. Dès réception de l'avis de
crédit, le prêt du membre est soldé à son
crédit par le débit du compte dépôts de gestion des
risques. 65% de l'indemnité d'épargne/parts sociales sont
versés au compte d'épargne du défunt et 35% de la
même indemnité appropriée par la COOPEC de base comme
revenus de gestion des risques. Une fois ces écritures passées,
le bénéficiaire est contacté pour le paiement de
l'indemnité. La totalité de la provision en compte
d'épargne du de cujus (provision en compte d'épargne existante +
indemnité sur parts sociales / épargne) lui est payée. Si
le bénéficiaire est membre de la même COOPEC de base, le
solde du compte d'épargne du de cujus est transféré
à son compte. La COOPEC encourage les bénéficiaires non
membres à devenir membre et donc à faire héberger le
produit de l'indemnité dans leur compte.
Lorsque le bénéficiaire est mineur de 18 ans,
un compte est ouvert en son nom et la totalité de l'épargne qui
lui est due est versée dans ce compte. Ce compte est strictement
contrôlé par le conseil d'administration et un dossier est ouvert
pour enregistrer toutes les transactions effectuées au nom du mineur par
son tuteur ou l'administrateur de ses biens. Tout paiement requis sur ce
dernier ne doit être effectué que sur présentation de
reçus dont une copie est classée dans le dossier indiqué.
Ces reçus doivent faire la preuve que la transaction est faite au profit
du mineur et que les sommes retirées ne constituent pas le remboursement
de dépenses de luxe. Les exemples de frais de scolarité et de
santé sont cités comme faisant partie des dépenses pouvant
être imputées au compte du mineur bénéficiaire.
Le manuel de procédure de gestion des risques ne dit
pas quel est le sort des dépôts du de cujus et ceci est de bonne
procédure. En effet, le manuel des procédures des COOPEC de base
prévoit que lorsqu'un membre décède, ses
dépôts et son épargne sont mis ensemble dans un compte de
la catégorie des comptes d'épargne des membres
décédés. Ainsi ils font partie de l'indemnité
payée au bénéficiaire.
Le programme de gestion des risques du réseau CamCCUL
est donc un mécanisme de garantie éprouvé et plus ou moins
maîtrisé. Il constitue une assurance très atypique. Il
associe le risque de décès à celui d'invalidité
complète et propose en même temps une double couverture du
crédit et des parts sociales / épargne. Le rôle ou le
statut des parties est encore plus singulier. L'acteur principal du programme
est la COOPEC de base qui met
en relation ses membres et la ligue. La COOPEC de base joue
à la fois le rôle de souscripteur, d'assuré et de
bénéficiaire ; encore qu'en payant le bénéficiaire
désigné par le membre décédé, elle
apparaît (dans l'imaginaire du bénéficiaire à tout
le moins) comme l'assureur ! Le programme de gestion des risques est hautement
apprécié dans le réseau CamCCUL. Il s'agit pour les
caisses de base d'un produit d'assurance contre les impayés pour cause
de décès ou d'invalidité. Outre la couverture contre ces
risques, il offre le précieux avantage de produire des revenus pour la
COOPEC, ce que ne fait pas une assurance plus classique à l'égard
du souscripteur lorsque existe un autre bénéficiaire. Pour les
membres des COOPEC, il s'agit d'un produit de microassurance dont ils ne
supportent pas directement les charges ; ils restent assurés ou
bénéficiaires. C'est l'un des attraits fondamentaux des caisses
populaires du réseau CamCCUL que ces dernières et la ligue
utilisent volontiers comme argument marketing pour augmenter leur
sociétariat. A la ligue, l'enjeu est d'abord financier. Le programme de
gestion des risques rapporte des revenus financiers qui permettent à la
ligue de réduire sa dépendance aux contributions des
affiliés. En effet, la moitié des excédents
dégagés annuellement par le programme sont appropriés
comme revenus financiers tandis que la moitié restante est dotée
comme fonds de gestion des risques. L'enjeu est ensuite celui de la
solidarité et de l'homogénéité du réseau.
Grâce au programme de gestion des risques, la ligue réalise la
mutualisation des risques visés entre ses affiliés. L'enjeu est
enfin celui du contrôle des caisses du réseau. En effet, le
programme de gestion des risques et les opérations de crédit
apparaissent à l'examen comme deux activités parmi celles les
plus efficaces en matière de contrôle et d'analyse de la situation
financière des affiliés. Ceci est dû au fait que les
services en charge de ces opérations ont développé des
supports additionnels aux états financiers qui leur permettent de
réaliser des analyses spécifiques.
Le mécanisme du programme de gestion des risques est
plus classique. Les fiches de couvertures sont préparées tous les
mois et les primes payées par les COOPEC de base. A la survenance du
sinistre, celui-ci est déclaré à la ligue qui fait les
vérifications d'usage et indemnise la COOPEC et le
bénéficiaire désigné par le membre.
Le succès de ce programme et sa singularité
depuis de nombreuses décennies font cependant ombrage au
développement d'autres produits de microassurance104. Il est
à cet
104 Après de nombreuses études de
faisabilité et de marché, la ligue a lancé au milieu de
l'année 2007 un fonds de protection des dépôts,
microassurance au bénéfice de ses affiliés contre les
risques d'incendie, de vol, braquage, risques affectant les espèces
monétaires constituées essentiellement des dépôts
des membres. Il s'agit là d'une des nombreuses réponses
apportées au problème d'insécurité, les EMF du
réseau ayant fait
égard étonnant qu'un fonds de garantie
spécialement affecté au risque d'impayé des crédits
avec contribution directe des emprunteurs ne soit pas mis en place dans un
réseau aussi vaste que la CamCCUL. Sans doute la mise à
contribution actuelle des garanties liées aux mécanismes de
paiement participe également à reléguer au calendre la
mise en place de ce fonds de garantie.
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