Etude retrospective sur le traitement de l'asthme chez l'adulte au centre hospitalier universitaire de Butare( Télécharger le fichier original )par Claudien HABUMUREMYI Université nationale du Rwanda - Pharmacie (A0) 2007 |
CHAPITRE 1. REVUE DE LA LITTERATURECe chapitre a pour but de décrire la théorie existante sur la maladie de l'asthme. Nous allons passer en revue des généralités sur l'asthme, les médicaments utilisés pour son contrôle et ceux dont l'association avec ces derniers nécessitent l'attention. 1.1. Asthme 1.1.1. Définition de l'asthme L'asthme est un désordre inflammatoire des voies aériennes; cette inflammation est secondaire à un infiltrat inflammatoire polymorphe, comprenant des mastocytes et des éosinophiles. Sur un terrain particulier, cette inflammation entraîne des symptômes qui sont en général en rapport avec une obstruction bronchique diffuse et variable, réversible spontanément ou sous l'effet du traitement. Par ailleurs, cette inflammation est la cause d'une hyperréactivité bronchique à de nombreux stimuli (Godard et al., 1996). 1.1.2. Signes et manifestations clin ques de l'asthme Les signes caractéristiques de l'asthme sont les suivants : > L'essoufflement anormal ou dyspnée : la personne a des difficultés à respirer ; > La toux : le plus souvent sèche, elle survient la nuit ou lors d'un exercice ; > Les sifflements: l'air a du mal à passer à cause du rétrécissement des bronches ; > L'oppression thoracique: sentiment d'avoir un poids sur les poumons ; > Les réveils nocturnes: l'asthme survient surtout la nuit ( www.asthmeacademy.com/asthmeacademy/prevention.htm). A. La crise d'asthme : en l'absence d'un traitement adapté, l'asthme se manifeste par la survenue de crises d'asthme répétées, dont la gravité et la fréquence varient selon la personne et les situations. La crise d'asthme correspond à l'aggravation des signes. Elle se manifeste par la survenue rapide ou brutale d'une gêne respiratoire, d'une oppression des poumons ou d'un essoufflement avec des sifflements et une toux (GINA, 2002).
Le DEP est le débit expiratoire maximal atteint lors d'une expiration forcée maximale, après une inspiration également maximale. Ce test permet d'apprécier globalement la fonction respiratoire. Sa valeur moyenne chez l'adulte est de 10 l/seconde (600 l/min). La dispersion autour de la valeur de référence est de 15-20 %. La variabilité du DEP (en %) est la différence entre la valeur la plus haute (en soirée) et la valeur la plus basse (le matin) de la journée divisé par la moyenne de ces valeurs, multipliée par cent ( www.mediflux.fr/fiche-mini-wright.html). DEPsoir - DEPmatin Variabilité (en%) = × 100 1 (DEPsoir + DEPmatin) 2 On notera une instabilité si la variabilité est supérieure ou égale à 20% Le DEP varie avec l'âge, il est plus bas chez les enfants que chez les adultes et il est plus élevé chez le jeune adulte que chez l'adulte âgé. Le DEP est proportionnel à la taille. Enfin, l'homme a un débit expiratoire plus élevé que la femme à taille et âge égaux. Chez l'enfant le DEP ne dépend que de la taille ( www.mediflux.fr/fiche-mini-wright.html).
1.2. Physiopathologie de l'asthme La physiopathologie de l'asthme est la clé permettant de mettre en place tous les éléments de la stratégie thérapeutique. Elle implique trois phénomènes complexes à savoir le bronchospasme, la réaction inflammatoire de la muqueuse bronchique et l'hypersécrétion des glandes à mucus (Pein et al., 1992 ; Radenne et al., 2003). 1.2.1. L'obstruction bronchique Lorsque les voies aériennes sont exposées à divers stimuli ou facteurs déclenchants, elles deviennent obstruées et le reflux d'air est limité par une bronchoconstriction, des bouchons muqueux et une augmentation de l'inflammation (Pein et al., 1992). La contraction du muscle lisse bronchique est responsable d'un trouble ventilatoire obstructif diffus, d'intensité variable selon le degré de réponse du muscle au stimulus. Elle est réversible soit spontanément soit sous l'effet de drogues comme les â2- sympthicomimétiques, la théophylline et ses dérivés. L'obstruction bronchique se manifeste par les crises d'asthme et son instabilité est définie par la variabilité du DEP (Godard et al., 1996). 1.2.2. L 'hyperréactivité bronchique non spécifique L'hyperréactivité bronchique non spécifique (HRB) ou hyperexcitabilité bronchique non spécifique, se définit comme une constriction anormale des muscles lisses bronchiques se traduisant par un bronchospasme (Molinier, 1999). Cette bronchoconstriction apparaît chez certains individus lors de l'exposition à des stimuli naturels tels le froid et l'exercice ou à des agents agonistes tels l'acétylcholine, la méthacholine ou l'histamine (Colloque et al., 1980). Ce muscle lisse est sous la commande du système nerveux autonome ; parasympathique d'action constrictive ayant pour médiateur l'acétylcholine et pour inhibiteur l'atropine et le système sympathique dont l'action est dilatatrice (Lebeau, 1994). Le paramètre fonctionnel le plus communément utilisé pour la mesure de l'hyperréactivité bronchique est le volume expiratoire maximal en une seconde (VEMS). Une chute de 20% est considère comme la réponse seuil. La mesure de l'HRB permet de faire une évaluation indirecte de la sévérité de l'asthme et d'évaluer l'effet de certains médicaments (Savoy et Junod, 1998). 1.2.3. L'inflammation Il s'agit d'une réaction inflammatoire au niveau de la muqueuse bronchique, riche en mastocytes et en éosinophiles. Cette réaction entraîne un oedème de la muqueuse et une hypersécrétion bronchique (Molinier, 1999). Selon Lebeau (1994), ces cellules libèrent des médiateurs chimiques inducteurs du bronchospasme par une double réaction : * directe sur la muqueuse bronchique elle-même, avec création d'un état inflammatoire ; * indirecte par la stimulation des récepteurs parasympathiques. Quelques médiateurs de l'inflammation impliqués dans l'asthme sont les suivants :
Les prostaglandines et tromboxanes sont synthétisées par la voie de la cyclo-oxygénase. PGD2 et PGF2 á sont bronchoconstricteurs alors que PGE2 est bronchodilatateur et augmente la perméabilité vasculaire. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens inhibent la cyclo-oxygénase (Godard et al., 1996).
1.3. Etiologie 1.3.1. Les facteurs déclenchants Les facteurs habituels de déclenchement de l'asthme ou facteurs qui aggravent l'asthme sont : les allergènes tels que les acariens de la poussière de maison, les animaux à fourrure, les blattes, les pollens et les moisissures, les irritants du milieu professionnel, la fumée de cigarette, la pollution de l'air, les infections virales, l'exercice physique, de fortes émotions, des médicaments (aspirine et bêtabloquants) et des agents chimiques irritants (Porth et al., 1994). Chaque asthmatique doit bien connaître les facteurs déclenchants auxquels il est sensible, pour pouvoir les éviter au maximum et limiter les risques de crises ( www.asthmeacademy.com/asthmeacademy/prevention.htm). 1.3.2. Les facteurs favorisants La composante génétique est indiscutable dans l'asthme. Il est bien connu qu'il existe des familles d'asthmatiques (Israël et al., 1980 ; Godard et al., 1996). 1.4. L'asthme aux différentes étapes de la vie Pendant l'enfance, l'asthme est un peu plus fréquent chez le garçon, mais les filles pourraient être plus sensibles, en particulier aux allergènes. Cette différence pourrait être liée au fait que le calibre des bronches est plus petit chez le jeune garçon que chez la fille de même âge. Au contraire, c'est à partir de l'adolescence que l'asthme devient plus fréquent chez la femme que chez l'homme ( www.remcomp.com/asmanet/asthme/ai27). 1.5. Classification de la sévérité de l'asthme La sévérité de l'asthme peut se modifier avec le temps. Certains asthmes sont déclenchés occasionnellement dans des conditions bien précises : lieux de travail, contact avec un animal, promenade à la campagne au moment où les pollens sont dans l'air. Il s'agit d'un asthme intermittent. Dans d'autres cas l'asthme est présent tout au long de l'année. Il est alors persistant ( www.asmanet.com/asthme/quest-ce.html). L'asthme peut être intermittent, persistant léger, persistant modéré ou persistant sévère. La sévérité de l'asthme varie selon les individus, elle n'est pas nécessairement associée à la fréquence ou la sévérité des symptômes, et, elle peut changer chez un même individu avec le temps. Les décisions d'un traitement sont prises sur la base de la sévérité de l'asthme. La classification se fait selon une évaluation associant les symptômes et les mesures de la fonction respiratoire. Lorsque le patient reçoit un traitement lors de l'évaluation de la sévérité, la classification de cette dernière doit être basée sur les caractéristiques cliniques et le traitement administré au patient le jour de l'évaluation (GINA, 2002). Tableau 1. Classification de la sévérité de l'asthme selon le Global Initiative for Asthma (2002)
La présence de l'une des caractéristiques de sévérité suffit à placer un patient dans cette catégorie. Les patients à n'importe quel niveau de sévérité, même en cas d'asthme intermittent, peuvent présenter des crises graves. 1.6. Traitement de l'asthme Selon le GINA (2002), on utilise un approche par palier pour la classification de l'asthme en fonction de la gravité et pour établir un guide de traitement. Le nombre et la fréquence de prises de médicament augmentent (augmentation de la thérapeutique : palier supérieur) lorsque c'est nécessaire en fonction de la sévérité, ils diminuent (diminution de la thérapeutique : palier inférieur) lorsque l'asthme est sous contrôle. Un asthme persistant est contrôlé plus efficacement par un traitement au long cours, pour supprimer et faire rétrocéder l'inflammation qu'en administrant un traitement pour réduire seulement une bronchoconstriction aiguë et les symptômes associés. Les médicaments anti-inflammatoires, en particulier les corticoïdes inhalés, sont généralement les traitements préventifs les plus efficaces à long terme et sont efficaces pour réduire les crises d'asthme (GINA, 2002). 1.6.1. Les objectifs du traitement de l'asthme Le but du traitement d'après le GINA (2002) est le contrôle de l'asthme justifié par :
A. Les bronchodilatateurs
Ces effets sont dépendant de la concentration sérique avec un intervalle thérapeutique qui se situe entre 10 et 20 ug, puisque des concentrations plus élevées entraînent assez souvent des effets secondaires. Il s'agit de nausées, d'arythmies cardiaques et de convulsions. La mesure des concentrations plasmatiques des xanthines est donc nécessaire pour vérifier qu'on se situe dans l'intervalle thérapeutique (Page et al., 1999). Les interactions médicamenteuses sont une question importante, car les concentrations sériques de la théophylline peuvent être augmentées, ou diminuées, par une variété des médicaments (Page et al., 1999). Tableau 2. Facteurs qui influencent la clairance de la théophylline
A.3. Les atropiniques de synthèse (anticholinergiques) Ils exercent un effet bronchodilatateur en se fixant sur les récepteurs muscariniques du muscle lisse bronchique et en antagonisant ainsi l'acétylcholine libérée par les nerfs parasympathiques (Jordan, 2002). Ces médicaments ne préviennent pas tous les types de bronchospasmes, mais sont particulièrement efficaces sur les modifications de la fonction respiratoire induites par les stimuli irritants. De plus ils diminuent la sécrétion du mucus (Page et al., 1999). Cette classe est surtout efficace chez le bronchitique chronique ; chez l'asthmatique elle est proposée dans certaines préparations en association avec les mimétiques (Bérodual® ou Bronchodual®) (Godard et al., 1996). La voie d'administration est essentiellement orale : sous forme de sirop, d'utilisation simple chez le petit enfant; de comprimés, en particulier les formes à libération prolongée intéressantes dans le traitement au long cours. L'utilisation de la forme injectable est devenue rare et reste réservée à l'usage hospitalier ( www.documentation.ledamed.org/IMG/html/doc-10618). B. Les médicaments anti-inflammatoires et prophylactiques Les médicaments anti-inflammatoires résorbent l'inflammation bronchique existante et/ou préviennent, dans l'asthme, l'inflammation ultérieure. La plupart des anti- inflammatoires sont classés parmi les médicaments prophylactiques, car ils préviennent le développement de la réaction inflammatoire. Mais ils ne sont pas bronchodilatateurs et ne sont donc pas recommandés dans le traitement des crises d'asthme (Page et al., 1999). B. 1. Les corticoïdes Ils ont été utilisés pour la première fois au début des années 1950. Les corticoïdes sont un des traitements majeurs de l'asthme. Ils doivent être utilisés largement car ils sont très efficaces. Mais il faut respecter au moins quatre règles importantes : * le choix du corticoïde doit tenir compte d'un compromis entre l'effet anti- inflammatoire et les effets secondaires ; * il faut apprécier leur efficacité le plus précisément possible ; lors d'un traitement au long cours, il convient toujours de rechercher la posologie minimale efficace ; * les corticoïdes inhalés sont préférables pour les traitements au long cours ; * en cas de traitement par les â2-mimétiques à longue action, ils doivent être prescrits en association (Godard et al., 1996). Ils inhibent l'infiltration cellulaire inflammatoire dans les bronches et diminuent la formation d'oedème en agissant sur l'endothélium vasculaire (Bertram, 2001 ; Jordan, 2002). La voie d'administration peut être: locale: corticothérapie inhalée, dont l'efficacité peut être améliorée par l'utilisation d'une chambre d'inhalation ; orale: en cure courte en traitement d'attaque (moins de 1 5jours), ou en traitement de long cours (prise matinale de préférence); intraveineuse: réservée au traitement d'urgence ( www.documentation.ledamed.org/IMG/html/doc-10618).
Le kétotifène appartient au groupe des
molécules du type benzocycloheptathiophène. Il a tels que les leucotriènes et histamine par les basophiles, les mastocytes et les neutrophiles (Savoy et Junod, 1998). N.B : les anti-inflammatoires non stéroïdiens n'ont pas d'indication dans le traitement de l'asthme. En effet, Il a été supposé que le déclenchement d'une crise d'asthme par les anti-inflammatoires non stéroïdiens a était lié à l'inhibition de la cyclo-oxygènase avec synthèse massive de leucotriènes au niveau des voies aériennes (Porth et al., 1994 ; Godard et al., 1996 ; GINA, 2002). Tableau 3. Les médicaments utilisés dans l'asthme selon le Global Initiative for Asthma (2002)
Les â2-mimétiques inhalés à action brève, les â2-mimétiques par voie orale à action brève, la théophylline à courte durée d'action et les anticholinergiques inhalés sont destinés à soulager les crises. 1.6.6. Traitement par paliers de l'asthme chez l'adulte recommandé par le Global Initiative for Asthma Selon les recommandations du GINA (2002), à tous les niveaux de sévérité en plus du traitement de fond, les â2-mimétiques inhalés à action rapide peuvent être administrés en fonction des symptômes, sans dépasser 3 à 4 prises. Lorsque le contrôle de l'asthme est obtenu et maintenu pendant au moins 3 mois, une réduction progressive du traitement de fond doit être tentée pour obtenir le traitement jusqu'à la dose nécessaire au maintien du contrôle. Ces recommandations sont les suivantes : Palier 1 : Asthme intermittent Pour ce palier, le traitement de fond n'est pas nécessaire. Palier 2 : Asthme persistant léger
Palier 3 : Asthme persistant modéré
â2- mimétique longue action par voie orale ;
Palier 4 : Asthme persistant sévère ~ Traitement de fond journalier au long terme : corticoïde inhalé (>1000 ug de béclométhasone ou équivalent) plus â2- mimétique inhalé longue action plus un des traitements suivants si nécessaire :
N.B : Les doses de glucocorticoïdes sont proposées pour la béclométhasone. Les autres molécules ont un effet comparable, mais il faut ajuster les doses car les glucocorticoïdes n'ont pas un effet équivalent par ug ou par bouffée (GINA, 2002). 1.6.7. Interactions des antiasthmatiques avec d'autres médicaments Les interactions des antiasthmatiques avec d'autres médicaments selon vidal (1999) sont les suivantes : |
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