II.2- Les IMF : efficacité et rationnement de
crédit
Au niveau des pays en voie de développement, il y a un
faible niveau d'approfondissement financier entraînant d'après Mc
KINNON et SHAW(1973), un faible niveau de développement
économique. Dans la plupart des pays africains par exemple,
l'accès au service financier classique demeure restreinte à une
certaine couche sociale et constitue un handicap au développement et
à la diversification de la case productive. La réduction de la
pauvreté dans les pays à faible revenu passe
nécessairement par la promotion des activités
génératrices de revenus pour les classes
défavorisées. Toute action visant à trouver les voies et
moyens aux agents économiques défavorisées
d'accéder à des sources alternatives de financement est un apport
important, c'est dans ces contexte que sont nées les IMF.
La microfinance est un réseau de distribution de
service financier et non financer de petite taille. Ces services sont
essentiellement le micro crédit, la micro finance, la microassurance, la
formation et l'éducation. Cette définition de la microfinance
laisse apparaître trois aspects : la taille de la transaction est faible,
la nature plus institutionnelle qui voit dans la microfinance des
modalités d'économie fondée sur la proximité et la
solidarité au-delà des frontières strictes de finance et
un aspect normatif qui conçoit les IMF comme les alternatives ou
échu du marché dans le domaine spécifique du financement
des petites et microactivités productives.
Au fur et à mesure que le service financier formel se
perfectionnent et se développe, il réduit les niches
occupées par la micro finance (S. SOULAMA 2000).
C'est d'ailleurs ce qui explique dans les pays
développés avec un fort niveau de développement et
d'approfondissement financier, il y a peu de place pour les institution de
microfinance
Dans les pays en voie de développement, le système
financier est essentiellement caractérisé par trois secteurs
financiers à savoir : le formel, le semi formel et l'informel.
Le système formel est celui des banques et
intermédiaires financiers agréés qui s'adressent
principalement aux grosses unités de production et aux salariés
à travers des crédits de court terme.
Le système financier semi-formel est constitué
d'intermédiaires financiers égaux et formalisés parfois
établis comme établissement financier à part
entière, collectant de l'épargne et /ou faisant du crédit
aux micro entreprises et aux ménages exclus du service formel.
Quant à la finance informelle, elle est définie
comme un ensemble d'activité financière qui se déroule en
dehors de toute réglementation des autorités monétaires et
financières (LELARD 1990). Les deux derniers systèmes de
financement forment ensemble la microfinance
On y trouve deux logiques essentiels à savoir la
logique dite de crédit solidaire et celle du crédit mutuel ou
coopératif, en référence au notion `' d'argent froid-
d'argent chaud» de P. Hugo(1990), quand il traite de la nature
exogène ou endogène des ressources servant à
l'intermédiation financière.
En effet les débats sur l'efficacité des
Impôts sur les IMF ont opposés dans un passé récent
les deux logiques ; les uns soutenaient que `' l'argent- froid»
équivaudrait à un financement qui vient de loin et qui
s'insère dans un tissu social distendu et moins contraignant en cas de
non remboursement, alors que `'l'argent-chaud» renvoierait a contrario
à un processus de distribution de ressources locales qui repose sur un
réseau social de proximité et socialement contraignant.
Alors, la question qui se dégage est de savoir s'il
faut exiger une garantie préalable à tout crédit pour une
population pauvre ou s'il faut octroyer le crédit afin de créer
des possibilités d'épargne ; et cette fusion est en rapport
direct avec le problème de non remboursement et la
pérennité des IMF , ces institutions ne sont pas des structures
concurrentiellles, à ce titre principal comme toutes les structures du
tiers secteur, association à but non lucratif ou OCTC, elles ont la
préférence pour l'accessibilité du produit aux acteurs
plutôt que la maximisation du profit total. Par ailleurs, la
microépargne, le microcrédit, la microassurance sont des
activités jugées risquées par la banque et les
institutions financières formelles qui, en prêtant ni de garanties
matérielles, ni d'informations sur la qualité des emprunteurs et
des projets à financier encore moins d'assurance pour les risques de non
remboursement, surtout à une clientèle qui n'est pas obliger de
révéler ses préférences.
Dans ces conditions d'asymétries d'information, les
institutions de l'économie sociale sont une réponse plus
appropriée à un problème que l'échange marchand ne
peut résoudre.
En outre, un nombre croissant d'organisation de microfinance
privilégie désormais les activités rentables
génératrices de revenus en reconnaissant que le financement de
telle activité représente la clé pour assurer une
autosuffisance financière.
On s'achemine alors vers un schéma où l'on voit
clairement les IMF préfèrent travailler avec les segments de la
population moins vulnérable et moins difficile.
Cette évolution est surtout observable au niveau des
systèmes coopératifs (le FCPB) compte tenu de l'épargne
préalable exigée, ces systèmes s'adressent
généralement aux classes moyennes et ont tendance à
exclure les plus démunis notamment les femmes. Ce comportement peut-il
s'apparenter au rationnement de type Stiglitz et Weiss ?
Absolument, car l'objectif est d'éviter une faillite et
de pérenniser leur existence (Faturunimi). Les mouvements de retraite
collectifs observables en cas de faillite bancaire sont aussi pour les IMF, qui
collecte la petite épargne pour la redistribuer et ce problème
sera d'autant plus important que les coopératifs d'épargne et de
crédit sont plus représentatifs dans l'espace de la micro
finance
Au Burkina Faso, les coopératives et les mutuelles
d'épargne et de crédit distribuent plus de 71% de micro
crédit et réunissent plus de 78% de tous les crédits des
IMF.
Si ce système s'effondre donc, l'économie toute
entière sera inévitablement affectée, d'où la
nécessité de rationner le crédit.
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