MEMOIRE DE FIN D'ETUDE POUR L'OBTENTION D'UN
DIPLOME D'ADMINISTRATEUR DES SERVICES FINANCIERS
THEME :
LES ENTRAVES AU DEVELOPPEMENT DU COMMRECE ENTRE LES
ETATS MEMBRES DE LA CEDEAO
Présenté et soutenu publiquement par
SANA Abdoul Aziz,
Macro-économiste au Ministère de
l'économie et des finance du Burkina Faso
Email :
mon.azizsana@yahoo.fr
Tel : (00226) 76 40 08 31
Mars 2008
AOF : Afrique Occidentale Française
ASYSCUDA : Système d'Analyse Informatique et
Douanière BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
BIDC : Banque d'Investissement et de Développement de la
CEDEAO BRIC : Banque Régionale et d'Investissement de la BCEAO
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest CEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CEE : Communauté Economique Européenne
CFA : Communauté Financière Africaine
FCCD : Fonds de Coopération, de Compensation et de
Développement FCD : Fonds Communautaire de Développement
FOSIDEC : Fonds de Solidarité et d'Investissement pour le
Développement de la
Communauté.
FMI : Fonds Monétaire International
FRDC : Fonds Régional d'Investissement de la BCEAO TPC :
Taxe Préférentielle Communautaire
MRU: Manu Rive Union
OCCGE : Organisation Commune Contre la Grande Endémie OOAS
: Organisation Ouest Africaine de Santé
PMA : Pays les Moins Avancés
TCR : Taxe de Coopération Régionale
TEC : Tarif Extérieur Commun
UCAO : Unité de Compte de l'Afrique de l'Ouest
UDEAO : Union Douanière des Etats de l'Afrique de l'Ouest
UEMAO : Union Economique et Monétaire Ouest Africain WAHC : West African
Heath Community
SOMMAIRE
DEDICACE
REMERCIEMENT
SIGLES ET ABREVIATIONS
INTRODUCTION P 5
PARTIE I : La coopération commerciale
organisée par le Traité Révisé de la
CEDEAO
P 9
Chapitre I : Généralité sur la
CEDEAO P 12
Section I : la genèse P 12
Section II. Les buts et objectifs de la
communauté P 16
Section III : Les principes de fonctionnement de
la Communauté P 17
Section IV. Les institutions de la
Communauté et leur fonction P 18
Section V : L'état d'intégration
de la Communauté P 23
Chapitre II : l'organisation des
échanges commerciaux intracommunautaires et extracommunautaires
P 25
Section I .Le régime de libre
échange entre les Etats Membres P 25
Section II. Le régime de
libéralisation progressive entre les Etats Membres de la
Communauté P 28
Section III. Le Fonds de Coopération, de
Compensation et de Développement P 33
Section IV. L'organisation des échanges
avec les pays tiers : le Tarif Extérieur P 34 Commun
PARTIE II : Les entraves à la
libéralisation des échanges Intra-communautaires P
40 Chapitre I : Les entraves résultant de la violation
des dispositions
conventionnelles et assimilées P 41
Section I. Les obstacles tarifaires P 41
Section II. Les obstacles non tarifaires P 45
Chapitre II : Les autres entraves P54
Section I. Les entraves exogènes P 54
Section II. Les entraves endogènes P
65
CONCLUSION P 72
BIBLIOGRAPHIE P 76
TABLE DE MATIERES P 80
INTRODUCTION
L'histoire de notre continent fut émaillée depuis
la fin du 15ème siècle par l'entrée massive
d'esclavagistes puis de colons au 1 9ème siècle.
En effet, depuis la découverte de l'Amérique par
Christophe Colomb en 1492 qui s'est suivie d'un besoin énorme en main
d'oeuvre pour la construction de la novelle Amérique, l'Afrique fut un
des piliers dans le système de commerce appelé commerce
triangulaire par la traite des noirs qui y a sévi durant 4
siècles. Après l'abolition officielle dudit esclavage au
19ème siècle, les occidentaux
réfléchirent à un autre moyen d'exploiter les richesses de
l'Afrique. Et la réponse à leur boulimie d'intérêt
et de capitalisme a été de « coloniser l'Afrique ».
C'est ainsi que l'on a assisté à la balkanisation de l'Afrique en
de petits Etats qui ne constituent même pas des entités
économiques viables.
Se logeant dans ce contexte, les africains ont jugé
nécessaire d'orchestrer des regroupements pour mieux affronter les
défis de l'économie mondiale et en s'y consacrant naquirent
plusieurs organisations dont la CEDEAO.
Il faut faire remarquer qu'aujourd'hui, le commerce est devenu un
élément essentiel dans le développement économique
d'un pays, d'une organisation. C'est pourquoi le penseur Walter Raleigh disait
« celui qui commande le commerce, commande la richesse du monde
donc le monde lui même ». C'est dans ce sens que la CEDEAO
dans son Traité Révisé a mis l'accent sur les
échanges commerciaux.
Le tiers monde1 a vu sa part dans le commerce
international diminuée depuis 1950, dès lors, ce fut
l'impossibilité pour la plupart des Etats en voie de
développement, d'accélérer notablement le rythme de leur
économie sur la base de modes traditionnels d'organisation des
échanges. Cette situation les a conduit à la recherche de
nouveaux types de rapports économiques internationaux, et une tendance
au regroupement régional. Le regroupement aura donc pour effet de
résoudre dans un premier temps, l'exiguïté des
marchés locaux et des déficiences structurelles des Etats en voie
de développement avant de s'atteler dans un second temps à
promouvoir une production. Ainsi à la différence des Etats
développés qui se regroupent pour rationaliser une production
déjà existante, la création de la Communauté
1 Classique économique II dans la nomenclature
des nations unies
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) le 28 mai
1975 et son entrée en vigueur en mai 1975 se situe dans ce contexte.
Plus de trente ans après l'entrée en vigueur de
cette organisation, nous pouvons nous permettre d'analyser les résultats
actuels. C'est ce à quoi nous nous attèlerons au fur et à
mesure de la progression de notre travail. Existe-il des entraves qui endiguent
et inhibent le développement du commerce entre les Etats Membres de la
CEDEAO ? La réponse à cette question gouvernera la substance de
notre travail.
Sept (7) instruments ont été élaborés
pour réaliser l'intégration économique
sous-régionale : V' la Taxe Préférentielle Communautaire
(TPC) ;
V' le Fonds de Coopération, de Compensation et de
Développement (FCCD) ; V' le Prélèvement Communautaire
(PC) ;
V' la Redevance Statistique (RS) ;
V' le Droit de Douane (DD) ;
V' La Taxe Intérieure Spécifique ad Valorem (la
taxe sur la valeur ajoutée et le droit d'accises frappant les produits
identiques ou similaires, fabriqués localement ou importés ne
sont pas concernés)
Avant d'examiner le thème même de ce
mémoire qui est « les entraves au développement du
commerce entre les Etats Membres de la Communauté de la CEDEAO
», il convient de connaître l'organisation du commerce de
la communauté et d'étudier les instruments (les deux premiers
ci-dessus cités) que la CEDEAO a mis en place dans le but de «
promouvoir le développement économique des Etats Membres en vue
d'améliorer le niveau de vie de ses populations ». Ces instruments
sont surtout des moyens d'incitation à l'intensification des
échanges commerciaux entre les Etats Membres. Après avoir
élucidé la porté de ces instruments, nous toucherons
ensuite du doigt le thème de notre étude. Il s'agira pour nous de
traiter du commerce intracommunautaire (une voie de salut pour les Etats sous
développés) notamment les obstacles qui le jalonnent. Ceci ne
devra pas cependant nous amener à écarter les relations
extracommunautaires car elles nous serviront à certains points de
référence.
L'organisation du commerce régional entre les Etats
sous-développés est assez difficile. La structure de leur
commerce extérieur en est la cause (supra). Les Etats de la
Communauté se sont engagés dans cette voie, fort de
l'expérience de l'UDEAO et de la CEDEAO première
version2. Cela a produit une certaine
originalité dans le système retenu. Les Etats Membres ont fait
preuve de beaucoup de prudence. Au lieu de proclamer une union douanière
dès sa création, ils ont opté d'abord pour une zone de
libre échange.
Lorsque la CEDEAO aura adopté son Tarif
extérieur commun, on se trouvera en présence d'une union
douanière. Dans son évolution, elle pourra donner lieu à
un marché commun, voire une union économique (si l'on reste
optimiste). Nous pouvons dire que l'étape actuelle de l'organisation des
échanges intracommunautaires est la zone de libre échange .Mais
le schéma de libéralisation ne connaît pas une application
parfaite comme ce fut le cas de l'UDEAO. Si des solutions adéquates ne
sont pas trouvées, la CEDEAO risque de connaître le même
sort que ses devancières. Voyons donc comment est organisé le
commerce de la Communauté.
2 C'est le traité de création qui fut
révisé en 1993
PARTIE I : LA COOPERATION COMMERCIALE ORGANISEE
PAR LE TRAITE REVISE DE LA CEDEAO
La coopération commerciale dans le cadre de la CEDEAO
est régie principalement par le chapitre VIII du Traité
intitulé « coopération dans le domaine du commerce, des
douanes, des statistiques, de la monnaie et des paiements » notamment les
articles 35, 36 et 37.
En effet l'article 35 dudit Traité dispose qu' «
à partir du 1er janvier 1990, il est progressivement
établi au cours d'une période de 10 ans, une Union
douanière entre les Etats Membres de la Communauté. Au sein de
cette Union douanière, les droits de douanes et les autres taxes
d'effets équivalents frappant les importations des pays originaires de
la Communauté sont éliminés. Les restrictions
quantitatives ou similaires de nature contingentaire ainsi que les obstacles
administratifs au commerce entre les Etats Membres sont éliminés.
En outre, il est instauré et mis à jour un tarif extérieur
commun en ce qui concerne tous les produits importés dans les Etats
Membres en provenance des pays tiers ».
Quant à l'article 36, il dispose que «
les produits du cru et de l'artisanat traditionnel originaires des
Etats membres de la Communauté ne sont soumis à aucun droit
à l'importation et à aucune restriction quantitative au sein de
la région. L'importation de ces produits à l'intérieur de
la Communauté ne fait pas l'objet d'une compensation pour perte de
recette. Les Etats Membres s'engagent à éliminer les droits
à l'importation des produits admis au régime du tarif
préférentiel conformément aux décisions de la
Conférence des Chefs d'Etats et du Gouvernement et du Conseil des
Ministres relatives à la libéralisation des échanges
intracommunautaires des produits industriels ».
Enfin l'article 37 précise que « les Etats
conviennent de l'établissement progressif d'un tarif extérieur
commun en ce qui concerne les produits importés dans les Etats Membres
et en provenance des pays tiers, conformément au calendrier
proposé par la commission commerce, douane , fiscalité,
statistique, monnaie et paiements . Les Etats Membres s'engagent à
supprimer, conformément au programme devant être recommandé
par la Commission commerce ,douane , fiscalité, statistique, monnaie et
paiements, les différences qui existent entre les tarifs douaniers
extérieurs. Les Etats Membres s'engagent à appliquer la
nomenclature douanière et statistique comme adoptée par le
Conseil ».
Un projet d'harmonisation des tarifs des droits et taxes
à l'importation des Etats Membres a été
préparé pour le Conseil par le Secrétariat
Général prévu à l'article 80 du Traité
Révisé et proposé au Conseil des ministres.
Comme on le voit, l'organisation du commerce
intracommunautaire est fondée sur une dualité de régimes,
les auteurs du Traité « étant convaincus qu'une
volonté commune s'incarnant dans des institutions et des
mécanismes soigneusement étudiés peut leur permettre de
surmonter des difficultés passées ».
Ainsi, il a été prévu une
élimination de toutes les barrières pour deux catégories
de produits à savoir les produits du cru et les produits de l'artisanat
traditionnel originaires des Etats Membres ; et un régime tarifaire
préférentiel spécial pour les produits industriels
originaires des pays membres. Dans les relations des Etats de la
Communauté avec des pays tiers, il est aussi prévu la mise en
place dans les 10 ans au maximum d'un tarif extérieur commun (TEC) et
d'une union économique dans les 15 ans à partir de l'adoption du
schéma de libéralisation, si l'on se réfère
à l'article 54 du Traité Révisé et la
Décision A/DEC/1 /83 du 30 mai 1983.
Afin de mieux cerner la suite de notre propos, il nous parait
adéquat de définir la CEDEAO. C'est ainsi que dans un premier
chapitre, nous nous attèlerons à faire un exposé sur la
genèse, les buts et objectifs, les principes fondamentaux, les
institutions et l'état d'intégration de la Communauté.
Nous examinerons ensuite l'organisation des échanges entre les Etats
Membres avant d'aborder les mécanismes du TEC qui régi les
échanges avec le reste du monde et en tirer les conséquences.
CHAPITRE I : LES GENERALITES SUR LA CEDEAO
Instituée le 28 mai 1975 à Lagos au Nigeria, la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, comptait
à sa création quinze (15) Etats3 , rejoignis plus tard
par le Cap Vert en 1977. Ces Etats présentent les
caractéristiques communes suivantes:
y' il s'agit d'anciennes colonies des pays d'Europe hormis le
Liberia 4 ; y' ils n'ont que des produits de base à proposer sur le
marché ;
y' ils ont un fort pourcentage de leur population active dans
d'agriculture (65% des actifs de la région dont plus de la moitié
sont des femmes travaillent dans le secteur agricole).
La CEDEAO est un vaste marché de près de deux
cent quarante millions ( 240.000.000) d'habitants et d'une superficie de six
millions cent quarante mille cent quatre vingt quinze kilomètres
carrés ( 6.140.195 km2). Il faut préciser que seuls
trois des pays membres n'ont pas une façade maritime (le Burkina, le
Mali et le Niger). Son siège se trouve à Abuja, au Nigeria.
Dans ce chapitre, il convient d'examiner respectivement la
genèse de la CEDEAO qui émane d'une longue et pénible
gestation de recherche d'une politique adéquate pour le succès
des pays de l'Afrique de l'Ouest, les buts et objectifs de cette organisation,
les principes fondamentaux, les institutions et l'état
d'intégration.
3 Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire,
Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie,
Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Léone et Togo
4 Trois types de colonisateurs ont existé dans
cette région : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire,
La Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo furent
des colonies françaises. La Gambie, le Ghana, le Nigeria et la sierra
Leone furent des colonies Britanniques. La Guinée Bissau et le Cap Vert
furent des colonies portugaises.
SECTION I : LA GENESE
Le commerce entre les pays de l'Afrique de l'Ouest a connu un
passé florissant du temps des colporteurs qui sillonnaient toute la
région. Ce commerce rudimentaire s'est intensifié grâce
à la présence d'un même dominateur qui a utilisé les
circuits traditionnels pour organiser un commerce à son profit. Ce n'est
qu'aux indépendances que les africains reprirent en mains l'organisation
de leurs échanges commerciaux.
A- De la convention de 1959 à celle de 1966
L'histoire récente de la CEDEAO remonte à
l'époque coloniale de la dislocation de l'Afrique Occidentale
Française (AOF). La fin de la domination coloniale et l'accession
à la souveraineté nationale des Etats francophones de l'Afrique
de l'Ouest, consacrait la rupture du pouvoir central et celle des
mécanismes commerciaux organisés par la puissance de tutelle.
Seule l'unité monétaire a été conservée pour
assurer le maintien en état des mécanismes de dépendance
et d'extraversion des économies de ces pays vis-à-vis de la
métropole française.
C'est dans ces conditions que la Côte d'Ivoire, le
Dahomey (actuel Bénin), la Haute Volta (actuel Burkina Faso), la
Mauritanie, le Niger,et la Fédération du Mali ( République
du Mali et le Sénégal) ont signé à Paris le 09 juin
1959 une convention dont l'objectif, selon l'article 1er est « d'instituer
entre les Etats signataires une union douanière totale qui
s'étend aux droits d'entrée et de sortie perçus sur les
produits et marchandises en provenance ou à destination desdits Etats
». Ce texte ajoute « qu'aucun droit fiscal ou douanier ne saurait
être établi sur les échanges entre les Etats signataires et
que seuls les droits fiscaux existant au 31 mars 1959 sur les échanges
avec les Etats non signataires subsistent. La modification ou la
création de nouveaux droits fiscaux seront faites d'un commun accord
».
Cette première convention se singularise par son
caractère succinct. En effet, la convention ne compte que sept (7)
articles qui indiquent sommairement les principes du mécanisme mis en
place :
y' liberté totale dans la circulation des produits entre
les Etats Membres de l'Union ;
y' tarif unique à l'entrée des produits dans
l'Union perçu puis reparti entre les Etats Membres de l'union par les
instances de l'Union.
Le mécanisme mis en place s'est avéré
inefficace car une Union douanière totale ne peut se fonder sur des
bases floues et entre les Etats en construction. Cette convention n'a donc
jamais connu une application réelle car les entraves à la libre
circulation des marchandises furent fréquentes et les nombreuses
violations ont fini par rendre inopérant l'article 1er de
cette convention.
Après sept (7) années de fonctionnement, les
Etats Membres de l'UDEAO ne pouvaient que constater la baisse de leur
coopération économique. Ils décidèrent alors le 06
juin 1966 à Abidjan de remplacer la convention UDEAO par une autre
convention UDEAO. Cette UDEAO «new look» innove par:
y' la création de nouvelles structures dont le
Secrétariat Général, le Comité des Experts et le
Conseil des Ministres ;
y' La mise en place d'un système de
préférence tarifaire qui ne taxe les marchandises
originaires de l'UDEAO qu'à concurrence de 50% du taux
global de la fiscalité la
plus favorable, appliqué à un produit similaire
importé d'un pays tiers ; y' La définition des produits
originaires de l'UDEAO.
Bien que mieux élaborée que la convention de
1959, la convention du 06 juin 1966 ne connaîtra pas un sort meilleur et
l'insuffisance de ses dispositions conduira à des pratiques
anti-unionistes en matière douanière.
En effet, le système de préférence
tarifaire mis au point pour intensifier les échanges entre les Etats
membres a produit un effet contraire à celui espéré car
les recettes baissèrent considérablement .Or,
précisément ces recettes constituent l'essentiel de leur budget.
Il apparaît donc paradoxal que plus les Etats achètent au sein de
l'Union et moins les recettes douanières sont importantes du fait de
l'absence d'un mécanisme de compensation. La conséquence a
été qu'en 1969, le commerce entre les Etats de l'UDEAO
évalué à 22 milliards de francs CFA ne représente
qu'à peine 10% du commerce extérieur de ces Etats estimé
à 233,6 milliards. Certes la convention du 06 juin 1966 a
considérablement amélioré le cadre technique, mais ses
résultats n'ont pas apporté les espoirs et les équilibres
recherchés.
Les signataires, nouvellement sortis d'une déception et
pressés de s'unir n'ont pas entrepris les études
nécessaires et préalables à la mise en place d'un
système de coopération économique plus adapté
à leur réalité, de sorte qu'une fois encore, la
volonté politique a supplanté à la réalité
économique. Des tensions apparaissent dans l'Union et les Etats n'ont pu
les contourner qu'au travers des moyens d'accords bilatéraux et ce fut
progressivement la désaffectation du mécanisme. Les Etats ont
commencé à manipuler de manière autonome leurs tarifs
douaniers et leurs réglementations fiscales.
Face à cette déconfiture du début des
années 1970, certains Etats membres de l'Union douanière, en
collaboration avec la Communauté Economique Européenne (CEE), ont
entrepris de promouvoir une nouvelle organisation qui prend en compte non
seulement les aspects commerciaux de la spécialisation régionale
du travail, mais également les aspects relatifs au développement
économique régional. Le constat est qu'au bout d'une
décennie, les Etats de l'Afrique de l'Ouest ne sont pas parvenus
à jeter les bases d'une coopération efficace pour le
développement économique.
B - L'émergence de la CEAO
C'est l'expérience tirée de la convention du 09
juin 1959 et celle du 06 juin 1966 qui a permis d'asseoir les fondations d'une
expérience de regroupement, la Communauté Economique de l'Afrique
de l'ouest (CEAO). Elle se distingue de l'UDEAO par sa configuration, ses
objectifs et ses moyens d'action.
La CEAO regroupe des Etats de l'Afrique de l'Ouest qui en 1972
à Bamako et en 1973 à Abidjan, ont signé respectivement
les protocoles d'application instituant une zone harmonisée
d'échanges commerciaux et d'intégration économique. Il
s'agit d'un regroupement de six (6) Etats à savoir la Côte
d'Ivoire, la Haute Volta , le Mali, la Mauritanie, le Niger, le
Sénégal, liés par l'histoire, la géographie, la
langue officielle, la monnaie ( sauf la Mauritanie) . Le Traité de la
CEAO signé le 17 Avril 1973 et entré en vigueur le 1er
janvier 1974, est fondé d'une part, sur « une volonté
politique consciente et réfléchie des Chefs d'Etats qui se sont
engagés dans une solidarité de destin et, d'autre part, une
organisation bien structurée, caractérisée par des
instances fonctionnelles et permanentes ».
Les objectifs de la CEAO apparaissent ambitieux et nobles,
mais difficiles à la fois, car la plupart des Etats membres
appartiennent à la catégorie des pays les moins avancés
(PMA), et à une exception près la Côte d'Ivoire, tous les
Etats font partie de la zone sahélienne dont les difficultés sont
connues et communes à tous les Etats membres. Les objectifs sont
clairement énoncés dans le traité à l'article 3 qui
dispose que « la Communauté a pour mission de favoriser le
développement harmonisé et équilibré des
activités économiques des Etats membres en vue de parvenir
à une amélioration aussi rapide que possible du niveau de vie de
leur population ». L'article 30 du Traité crée 4
institutions pour la réalisation de ses objectifs :
9 des institutions exécutives à savoir la
Conférence des Chefs d'Etats et le
Conseil des Ministres dont les décisions sont prises
à l'unanimité ;
9 une institution de gestion dont le Secrétariat
Général auquel sont rattachés
tous les services et organismes techniques et administratifs
;
9 une institution arbitrale chargée de régler tous
les différends relatifs à l'interprétation et à
l'application du Traité et de ses protocoles annexes.
S'il est vrai que la CEAO s'est dotée d'institutions
devant lui permettre d'atteindre ses objectifs, il et nécessaire de
savoir si elle s'est donnée les moyens de ces ambitions. Trois
instruments ont été élaborés pour réaliser
l'intégration économique :
9 la Taxe de Coopération Régionale (TCR) ;
9 le Fonds Communautaire de Développement (FCD) ;
9 le Fonds de Solidarité et d'Investissement pour le
Développement de la Communauté (FOSIDEC).
En 1974, la Manu Rives Union (MRU) sera créée
par les Etats du Liberia, de la Sierra Léone et de la Guinée pour
envisager leur développement économique. Or, les Etats membres de
la CEAO avaient la conviction que la nécessité d'un bloc
économique plus grand et plus fort s'imposait. C'est dans ce contexte
qu'une nouvelle organisation économique africaine, la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) fut créée
par le Traité du 28 mai 1975 à Lagos, au Nigeria. La CEDEAO
constitue une oeuvre importante et esquisse un cadre élargi de
coopération entre les pays de l'Afrique de l'Ouest. Son Traité de
création a connu une révision le 24 juillet 1993.
En effet la CEDEAO regroupait tous les pays de l'Afrique de
l'Ouest. La Mauritanie ne l'a quittée qu'en 2000. Lors de la
révision de son Traité, les Hautes Parties Contractantes ont
affirmé ou réaffirmé un certain nombre de buts et
objectifs que vise la Communauté.
SECTION II : LES BUTS ET LES OBJECTIFS DE LA
COMMUNAUTE
Selon l'article 3 du Traité Révisé, la
Communauté vise d'une part, à promouvoir la coopération et
l'intégration dans la perspective d'une Union Economique de l'Afrique de
l'Ouest en vue d'améliorer le niveau de vie de ses peuples, maintenir et
accroître la stabilité économique et d'autre part renforcer
les relations entre les Etats Membres et de contribuer au progrès et au
développement du continent africain.
Afin de réaliser les buts énoncés au
paragraphe ci-dessus, l'action de la Communauté portera sur les
étapes suivantes :
a) l'harmonisation et la coordination des politiques
nationales et la promotion de programmes, de projets et d'activités,
notamment dans les domaines de l'agriculture et des ressources naturelles, de
l'industrie, des transports , des communications, de l'énergie, du
commerce, de la monnaie et des finances , de la fiscalité, des
réformes économiques, des ressources humaines, de
l'éducation, de l'information, de la culture, de la science , de la
technologie, des services , de la santé, du tourisme et de la justice
;
b) l'harmonisation et la coordination des politiques en vue de
la protection de l'environnement ;
c) la promotion et la création d'entreprises conjointes
de production ;
d) la création d'une union économique par
l'adoption de politiques communes dans le domaine de l'économie, des
finances, des affaires sociales et culturelles et la réalisation d'une
union douanière ;
e) la promotion d'entreprises communes par l'organisation du
secteur privé et autres opérateurs économiques notamment
avec la conclusion d'un accord régional sur les investissements
trans-frontaliers.
Dans l'optique de poursuivre les objectifs, les Hautes parties
contractantes ont convenu de certains principes fondamentaux.
SECTION III : LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA
CEDEAO
Le Traité Révisé de la CEDEAO en son article
4 s'étale sur les principes à observer au sein de la
communauté. Il s'agit de:
a) l'égalité et l'interdépendance des Etats
Membres ;
b) la solidarité et l'autosuffisance collective ;
c) la coopération inter Etats, l'harmonisation des
politiques et l'intégration des programmes ;
d) la non agression entre les Etats Membres ;
e) le maintien de la paix, de la sécurité et de la
stabilité régionale pour la promotion et le renforcement des
bonnes relations.
Partant du constat qu'il est impossible de promouvoir une
quelconque coopération économique sans prendre en
considération l'état de balkanisation des Etats de l'Afrique de
l'Ouest, les auteurs du Traité CEDEAO ont mis en place des institutions
permettant d'éviter toute immixtion dans les affaires relevant de la
souveraineté nationale des Etats Membres sans l'assentiment des pouvoirs
exécutifs. C'est pourquoi l'autorité suprême de la
Communauté est la Conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement.
SECTION IV : LES INSTITUTIONS DE LA COMMUNAUTE ET
LEURS FONCTIONS
A - les institutions
Les institutions varient constamment car la Conférence
des Chefs d'Etats et de Gouvernement les adapte selon les
réalités du moment. Ainsi au jour d'aujourd'hui, elles ne sont
pas totalement les mêmes que stipule l'article 6 du Traité
Révisé. Cet article à son alinéa 9, donne la
possibilité à la Conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement pour une éventuelle
modification des institutions. On distingue actuellement huit
principales institutions scindable en organe de décision et ceux
exécutifs, en organes de contrôle et autres organes consultatifs
et techniques.
En ce qui concerne les organes de décisions et/ou
d'exécution on a la Conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement, le Conseil des Ministres et la Commission. Lors du sommet d'Abuja
le 14 juin 2006, les Chefs d'Etats et de Gouvernement de la CEDEAO ont
approuvé une modification des institutions de l'organisation. Le
Secrétariat Général est remplacé par une Commission
de neuf (9) commissaires, issus à tour de rôle des pays membres.
Le mandat des premiers commissaires est de quatre ans et il sont issus du
Burkina, de Côte d'Ivoire, du Ghana, du Mali, du Niger, du
Sénégal, de la Sierra Leone et du Togo. Le dit Mandat a
débuté en janvier 2007 et le Ghana assure la présidence de
la Commission et le Burkina Faso en assure la vice
présidence5.
Pour ce qui est des organes de contrôle, il faut citer deux
institutions à savoir le parlement et la cour de justice.
Pour ce qui concerne enfin les organes consultatifs ou
techniques, on a le Conseil Economique et Social, la Banque d'Investissement et
de Développement de la CEDEAO (BIDC), l'Organisation Ouest Africaine de
Santé (OOAS). Hormis ces institutions la CEDEAO dispose d'autres organes
financiers comme la Banque Régionale et d'Investissement de la BCEAO
(BRIC) et le Fonds Régional d'Investissement de la BCEAO (FRDC), des
Agences comme l'Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO),
l'Institution Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (IMAO), l'Unité
des Ministres de la Jeunesse et des Sports (CMJS), l'Unité de
Coordination des Ressources en Eau (UCRE), et des organes associés au
secteur privé à savoir ECObank, ECOmarine, Carte brune CEDEAO.
La CEDEAO à travers l'article 22 du Traité
créé aussi des commissions techniques spécialisées
telles que celles du commerce, de l'agriculture, de l'industrie, du transport,
de l'environnement, des affaires sociales et des finances. Pour la transparence
dans les différentes activités, chaque organe est
accompagné de fonctions précises.
5 Selon le rapport du conseil des ministres
adoptés le 23 mars 2006, signé par la présidente S.E
Aichatou Mindaoudou.
B - Les attributions des institutions
Le Traité Révisé de la CEDEAO dans son
chapitre III intitulé « institutions de la Communauté :
création, composition, et fonctionnement » prévoit les
attributions des institutions.
1. La Conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement
C'est l'institution suprême de la Communauté.
Constituée des chefs d'Etat des pays membres, la présidence
(annuelle) de la Conférence est traditionnellement assurée par le
Chef de l'Etat ou de Gouvernement élu (c'est le système de la
rotation ou présidence tournante). La conférence est
chargée d'assurer la direction et le contrôle
général de la Communauté et de prendre toutes mesures
nécessaires en vue du développement progressif de celle-ci et de
la réalisation de ses objectifs.
L'article 9 du Traité Révisé dispose que
les décisions appelées « Actes » , sauf dispositions
contraires du présent Traité ou d'un protocole, sont prises selon
les matières à l'unanimité, par consensus , à la
majorité des deux tiers des membres .
2. Le Conseil des ministres
Il est subordonné à la précédente
et est formé par les ministres chargés des affaires de la CEDEAO
ou de tout autre ministre de chacun des pays membres. Le Conseil est
chargé d'assurer le bon fonctionnement et le développement de la
Communauté. A cet effet, le Conseil formule des recommandations à
l'intention de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement sur
toutes actions visant à la réalisation de ses objectifs, sauf
dispositions contraires du Traité ou d'un protocole, comme le souligne
l'article 10 du Traité Révisé. Il nomme les fonctionnaires
statutaires et se réunit deux fois par an.
Le Conseil est aussi un organe de décision et
d'exécution. Ses décisions sont prises, sauf disposition
contraire de l'actuel Traité par consensus ou à la
majorité des deux tiers. Ses décisions sont
dénommées « décisions du Conseil de ministres
».
3. Le Parlement
Il est chargé de voter les lois de la
Communauté. Il est composé de différents
députés des Etats Membres selon le critère de population.
Son bureau est composé de 5 membres au minimum et de 10 au maximum dont
un président et quatre vices présidents. Ses
plénières sont guidées par les dispositions du
Traité, les protocoles, les décisions et les règlements de
la Communauté6.
4. Le Conseil Economique et Social
L'article 14 du Traité Révisé dispose
que le conseil Economique et Social a un rôle consultatif et est
composé des représentants des différentes
catégories d'activités économiques et sociales. Les
organes de décisions et d'exécution peuvent consulter cet
organe.
5. La Cour de la Justice de la
Communauté
Dans l'exercice de ses fonctions, la Cour de Justice est
indépendante des Etats membres et des institutions de la
Communauté. Elle a pour rôle d'assurer le respect du droit et
principe d'équité dans l'interprétation et l'application
de ladite Communauté, ainsi que le protocole et les conventions annexes.
Elle est chargée a cet effet de régler tous différends
pouvant lui être soumis conformément aux dispositions de l'article
2 du Traité, ainsi que les différends pouvant surgir entre Etats
membres ou institutions de la Communauté7. Son statut, sa
composition, ses compétences et sa procédure sont définis
par le protocole AP, 1 /7/1991 relatifs à la Cour de Justice de la
CEDEAO.
Les arrêts de la cour ont force obligatoire à
l'égard des Etats membres, des institutions et les ressortissants de la
Communauté8.
6 Selon le rapport du Conseil des ministres
adoptés le 23 mars 2006, signé par la présidente S.E
Aichatou Mindaoudou
7 Journal l'indépendant du Mali N° 1572 du
10 Octobre 2006.
8 Confère article 15 du Traité.
6. La Commission
Cheville ouvrière de l'organisation, la Commission est
chargée de la préparation et de l'exécution de la
Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement et du Conseil des
Ministres. Dirigée par un président nommé pour un mandat
de quatre ans, assisté d'un vice président et de 9 commissaires,
elle prépare et assure le secrétariat des Conférences et
des Conseils. Elle peut créer toute commission ad hoc composée
des nationaux des Etats membres afin d'étudier des problèmes
d'intérêt commun. Elle dresse un rapport annuel sur le
fonctionnement de l'institution qu'elle présente au Conseil des
Ministres qui le transmet à la Conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement avec ses observations.
7. la Banque d'Investissement et de
Développement
La Banque d'Investissement et de Développement de la
CEDEAO (BIDC) est une société holding qui détient des
participations majoritaires dans ses deux filiales originelles à savoir
la Banque Régionale et d'Investissement de la BCEAO (BRIC) et le Fonds
Régional d'Investissement de la BCEAO (FRDC). Issue de la transformation
du fonds de la BCEAO (FCCD) en 1999, la BIDC a pour vocation de financer
l'intégration et le développement économique des 15 Etats
de l'Afrique de l'Ouest dans les secteurs tels que les infrastructures, le
développement économique mais aussi le domaine social,
l'éducation, la santé, la bonne gouvernance, les conseils en
matière de négociation avec les bailleurs de fonds... tout en
impliquant le secteur privé, d'où l'importance d'innovation
apportée à la banque.
8. l'Organisation Ouest Africaine de
Santé
L'Organisation Ouest Africaine de Santé (OOAS) qui
regroupe les 15 pays de l'Afrique de l'Ouest est née de la fusion de
deux anciennes structures sanitaires régionales que sont :
l'Organisation Commune de la Lutte Contre la Grande Endémie (OCCGE) et
le West African Heath Community (WAHC). La nutrition a été
adoptée comme étant un des piliers sur lesquels reposeront les
programmes de cette nouvelle organisation. Une décision de la CEDEAO
datant de 1987 et la révision du Traité datant de 1993 ont
lancé un appel en faveur de la fusion des structures sanitaires
régionales, notamment l'OCCGE et le « WAHC » qui
regroupe le Nigeria, le Ghana, la Sierra Leone et la Gambie
pour créer l'OOAS. La nutrition a joué un rôle premier dans
la réalisation effective de cette fusion. C'est un protocole y relatif
de juillet 1997 adopté par la Conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement qui marqua la création de cette organisation.
SECTION V : L'ETAT D'INTEGRATION DE LA COMMUNAUTE
Selon le rapport annuel de 2006, l'ex-secrétaire
exécutif de la CEDEAO, actuel président de la Commission, Ibn
Chambas, les échanges intracommunautaires restent faibles du fait des
barrières tarifaires et non tarifaires très importantes.
Nonobstant le fait que le bilan de la CEDEAO ne soit pas reluisant,
l'Organisation a tout de même déjà parcouru du chemin et
compte à son actif quelques succès. On peut citer la
création d'Ecobank, la création de la Force Communautaire de
Défenses (Ecomog), la mise en place d'un fonds de coopération et
de développement destiné au financement des projets dans les pays
membres les plus démunis.
On peut également citer la mise en place du programme
de système d'analyse informatique et douanières (ASYSCUDA), le
système de compensation pour perte de revenu résultant de la
suppression des tarifs et enfin l'abolition entre les Etats membres des visas
et autorisations d'entrée pour leurs citoyens, même si à de
nombreux postes de contrôle existent des entraves. Les tracasseries
administratives se manifestent souvent par des extorsions de fonds ou des
exactions de tout genre.
Toujours au compte des réussites, il faut relever la
libéralisation des échanges à travers celle des produits
du cru et de l'artisanat traditionnel et celle des produits originaires de
l'espace communautaire, la mise en oeuvre d'un programme de
télécommunication et l'engagement des pays membres de la CEDEAO
à promouvoir et à développer les infrastructures
énergétiques.
L'un des succès les plus remarquables est
l'instauration des chèques de voyages, conçus pour faciliter les
échanges commerciaux et touristiques au sein de la CEDEAO. Le projet des
chèques de voyage a été évoqué pour la
première fois en 1984. Mais ce n'est qu'en 1995 qu'une réunion a
été organisée pour examiner les modalités
pratiques. Au total onze (11) années se sont écoulées
entre l'évocation du projet et une réflexion profonde sur la
question.
C'est dire, par ailleurs que la BCEAO, bien que soutenant le
projet, avait subordonné sa participation a deux conditions
préalables : l'apurement intégral des arriérés de
paiements accumulés dans le cadre du système de compensation et
la mise en place d'un fonds de crédit et de garantie viable.
En dépit de ce parcours jalonné
d'embûches, les chèques de voyages libellés en Unité
de Compte de l'Afrique de l'Ouest (UCAO), équivalent au droit de tirage
spécial du FMI sont, depuis trois ans en circulation.
En dépit de ses relatifs succès, la CEDEAO est
loin d'avoir atteint son objectif principal, celle de la création d'un
vaste marché commun Ouest Africain et la création d'une union
monétaire.
CHAPITRE II : L'ORGANISATION DES
ECHANGES EXTRACOMMUNAUTAIRES
Le commerce extracommunautaire est celui qui organise le commerce
entre les Etats membres de la Communauté et les Etats tiers.
L'organisation des échanges commerciaux est conçue de
manière à libérer la circulation d'une catégorie de
produits (agricole, artisanat, minier, foret, pêcherie) d'une part, et
à favoriser le commerce des produits industriels, d'autre part.
SECTION I : LE REGIME DE LIBRE ECHANGE ENTRE LES ETATS
MEMBRES
Le chapitre VIII intitulé « la coopération
dans le domaine du commerce, des douanes, de la fiscalité, des
statistiques, de la monnaie et des paiements » dispose en son article 36
que les produits du cru et de l'artisanat traditionnel originaire des Etats
membres de la Communauté ne sont soumis à aucun droit à
l'importation et à aucune restriction quantitative au sein de la
région. L'importation de ces produits à l'intérieur de la
Communauté ne fait pas l'objet d'une compensation pour perte de
recette.
Pour étayer cette volonté communautaire, le
protocole de la Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement sur la
libre circulation des marchandises dispose que « l'objectif du programme
de libération des échanges commerciaux de la CEDEAO est
d'établir progressivement au cours d'une période de 15 ans,
à partir de sa mise en place c'est-à-dire le 1er janvier 1990 une
union douanière entre les Etats membres de la Communauté. Cette
Union douanière implique l'élimination totale des droits et taxes
d'effets équivalents, des obstacles non tarifaires et
l'établissement d'un tarif extérieur commun ».
C'est pourquoi dès sa création, la CEDEAO a
opté pour une libéralisation totale des produits du cru et de
l'artisanat traditionnel. Dans cette optique, les produits du cru et de
l'artisanat
traditionnel doivent circuler librement entre les Etats
membres en franchise de tous droits et taxes d'effets équivalents sans
restriction quantitative ou administrative. Pour obtenir la franchise, les
produits du cru et de l'artisanat traditionnel doivent remplir les conditions
suivantes :
y' être originaires d'un Etats Membres ;
y' être repris dans la liste des produits annexés
aux décisions portant libéralisation de ces produits ;
y' être accompagnés d'un certificat d'origine et
d'une déclaration d'exportation9.
Le commerce de ces produits est libéré de toutes
entraves tarifaires ou non à leur entrée dans un Etat membre.
Cette mesure s'explique par l'importance de ces produits, notamment ceux
agricoles, dans la vie des populations ; les mettre au même pied
d'égalité que les productions intérieures de même
espèce devrait permettre aux populations de la zone sahélienne de
pouvoir disposer, à des prix relativement moins élevés des
produits alimentaires en provenance des côtes.
Mais ces dispositions importantes ont-elles produits l'effet
escompté ?
Les statistiques officielles de la CEDEAO laissent
apparaître que 10 à 15 % des échanges des pays membres sont
réalisés à l'intérieur de l'espace de la CEDEAO. Ce
taux reste faible mais donne un peu d'espoir par rapport au fait qu'il
était à peine de 2% à sa création. A l'heure
actuelle, selon William AMPONSAH, professeur associé de commerce
international et de développement à l'Université d'Etat de
la Caroline du Nord, « les accords régionaux se
caractérisant par des échanges restreints, dépendent des
produits primaires et représentent un commerce limité entre pays
membres ». Cela s'explique par le fait que la plupart des pays exportent
des matières premières et non des produits finis10 si
bien que les importations africaines les intéressent peu.
Selon la Banque Mondiale, trois quarts des exportations
intracommunautaires proviennent de trois (3) pays que sont la Cote d'Ivoire,
le Ghana et le Nigeria. Il s'agit surtout de produits primaires. Le
pétrole représente à lui seul 30% de ces échanges
et le coton, le bétail sur pied,
9 Se référer au protocole n°
A/DEC/1 5/5/1980 sur la libre circulation de marchandises signé par la
conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement
10 Voir supra sur les entraves au développement
du commerce, p 48
le maïs et le cacao 18%. Dans une moindre mesure, le
poisson frais, les légumes, le thé et le sucre sont aussi
exportés. Les produits manufacturés représentent 15% de
ces échanges. D'après une étude récente de la
Banque Mondiale intitulée `'que s'agit-il du fil médicament, du
fer et de l'acier, des produits chimiques et machines-outils ? `', la
majorité des exportations d'un pays membres vers les autres membres de
la Communauté se limite souvent à quelques produits de base.
Il apparaît donc que la part des produits du cru dans le
commerce intracommunautaire, bien que leur circulation soit libre, est
relativement faible par rapport à l'ensemble des échanges. Il
faut remarquer donc qu'un des objectifs fondamentaux de la Communauté
cités à l'article 3 du Traité sur le développement
des échanges des produits agricoles reste encore incertain.
En effet, les statistiques évoquées montrent
qu'il n'y a pas eu développement des échanges de nouveaux
produits agricoles, mais libéralisation pour des produits dont le
commerce est ancestral. Ceci peut s'expliquer par le fait que la nature a
spécialisé chaque Etat dans la production des produits primaires,
ce qui limite fortement la circulation des produits alimentaires auxquels les
populations ne sont pas encore habituées. Des campagnes nationales
d'informations pourraient conduire à une variation des habitudes
alimentaires et intensifier la demande d'un certain nombre de produits. De
telles campagnes sont d'autant plus urgentes que depuis trois (3)
décennies déjà, les pays du sahel n'arrivent plus à
nourrir leurs populations avec leurs productions traditionnelles (mil, sorgho,
mais...)
Conformément aux dispositions de l'article
A/DEC/15/5/80 des Chefs d'Etats et de Gouvernement et l'article 7 du
Règlement C/REG/3 /4/02 portant immatriculations des entreprises, l'on
considère comme originaires, les produits du cru extraits de la mer par
des bâteaux immatriculés dans un Etat Membre. Cette disposition
parait en contradiction avec la notion d'origine communautaire qui se
dégage de la production ou l'obtention du produit originaire de la
Communauté.
Cet article A/DEC/. 15/5/80 permet aux chalutiers des
multinationales de se faire immatriculer dans un Etat membre et de
déverser leurs récoltes marines, à peu de frais, dans un
Etat membre de la CEDEAO au détriment des petites unités
industrielles ou artisanales de pêche existantes dans les pays
côtiers. Les rédacteurs du Traité ont voulu promouvoir des
produits primaires ou artisanaux pour la production desquels il n'y a pas eu de
transformation
industrielle. C'est pourquoi sans distinction, la farine de
manioc, le bois scié, le café tonifié, produits
nécessitant une forte valeur ajoutée, ont été
confondus avec le miel naturel, le tabac brut .... Cette conception devait
permettre d'englober le maximum de produits afin de libérer leur
circulation. Malheureusement les statistiques évoquées ci-dessus
montrent que seuls quelques produits de la longue liste intéressent les
opérateurs économiques encore imprégnés de
l'organisation coloniale des échanges ouest africains.
En conclusion, on peut retenir que si la volonté
d'intensifier les échanges des produits du cru et de l'artisanat
traditionnel est clairement exprimée dans le Traité par la
liberté totale de leur circulation, on constate dans la pratique que ces
échanges restent encore faibles et se limitent à quelques
produits dont la nécessité dans la situation actuelle n'est pas
toujours évidente (noix de cola par exemple).
Dans la perspective d'une meilleure utilisation des ressources
des sols et du sous-sol de la sous région, une politique de
coopération dans le domaine des produits primaires, devrait
privilégier l'autosuffisance alimentaire des populations de la
Communauté. La Communauté étant bâtie sur la
solidarité, il convient d'utiliser au maximum les potentialités
agricoles, quel que soit le lieu où elles se trouvent, pour encourager
le développement de la production agricole, vivrière en
particulier, car l'expérience des puissances occidentales montre que ce
sont également des puissances agricoles. Le développement
industriel des Etats de la CEDEAO ne pourra pas se faire sans leur
développement agricole.
Pendant longtemps, les pays sous-développés ont
pensé qu'il leur suffisait d'accélérer leur
développement industriel pour rattraper leur « retard » sur
les pays développés. Les Etats de la CEDEAO n'ont pas
échappé à cette conception et ont conçu un
mécanisme qui devait favoriser l'essor industriel de ses membres. C'est
le régime préférentiel appliqué par le moyen de la
Taxe Préférentielle Communautaire (TPC).
SECTION II : LE REGIME DE LIBERALISATION PROGRESSIVE
ENTRE LES ETATS MEMBRES DE LA COMMUNAUTE
Un des objectifs fondamentaux du Traité instituant la
CEDEAO est de développer les échanges des produits agricoles
et industriels entre les Etats membres dans une zone de libre
échange. Nous venons d'examiner le mécanisme
institué pour développer les échanges des produits
agricoles ; il convient d'examiner maintenant le régime
préférentiel spécial en étudiant successivement le
fonctionnement du mécanisme, la procédure d'agrément et
les effets de la Taxe Préférentielle Communautaire (TPC).
A- LES OBJECTIFS ET LE FONCTIONNEMENT DU REGIME
PREFERENTIEL
Le régime préférentiel spécial
matérialisé par la Taxe Préférentielle
Communautaire (TPC) est considéré comme la pierre angulaire du
système de coopération institué par la CEDEAO pour le
développement des échanges des produits industriels. Le commerce
de ces produits est régi par les chapitres VIII et suivants du
Traité Révisé, complété par les dispositions
de la décision A/DEC/1 5/5/80 du 28 mai 1980 relative à la
libéralisation des échanges.
Le chapitre VIII et la décision A/DEC/1 5/5/80 du 28
mai 1980 posent le principe du régime préférentiel
spécial. En effet, les produits industriels originaires peuvent
bénéficier pour les exportations dans les autres Etats membres,
d'un régime préférentiel reposant sur la substitution
d'une taxe dite « Taxe de Préférence Communautaire »
à l'ensemble des droits et taxes d'effets équivalents
perçus à l'importation dans chaque Etat membre.
Les produits industriels pour bénéficier du
traitement préférentiel doivent remplir les conditions suivantes
:
V' être originaires d'un Etat membre ;
V' être agréés ;
V' être accompagnés d'un certificat d'originaire et
d'une déclaration d'exportation.
La Taxe de Préférence Communautaire est
liquidée et perçue dans l'Etat membre importateur au lieu et
place des droits et taxes d'entrées auxquels elle se substitue. Les
objectifs de la TPC peuvent se résumer comme suit :
V' intensifier les échanges intracommunautaires des
produits industriels ; V' accélérer l'industrialisation des pays
membres ;
V' protéger les industries naissantes dans chaque Etat
membre.
Pour l'application de cette préférence
spéciale, la notion de produits originaires est fondamentale. Le
protocole A/P1/03 du 25 novembre 2005 de Dakar relatif à la
définition de produits originaires dispose que « sont
considérés comme produits originaires des Etats Membres,
a)les produits de l'agriculture, de
l'élevage, de la pêche, de la forêt, de l'usine, de
l'énergie entièrement obtenus dans l'espace communautaire. Par
ailleurs les marchandises fabriquées en zone franche ou sous
régime économique particulier entraînant la suspension ou
l'exonération partielle ou totale des droits d'entrée ne doivent
pas bénéficier de la qualité originaire.
b)les produits entièrement obtenus
dans l'espace communautaire, les non entièrement ayant subis une
transformation ou une ouvraison substantielle qui peut se mesurer par le
changement de position tarifaire ou le critère de la valeur
ajoutée, à savoir que dans la fabrication de ces produits, les
matières utilisées ont reçu une valeur ajoutée d'au
moins 30% du prix de revient ex-usine hors taxe ; les produits industriels
obtenus à partir de matières premières d'origine
étrangères dont la valeur ajoutée est égale au
moins à 30% du prix de revient ex-usine hors taxe de produits ».
La TPC est un régime douanier
préférentiel spécial qui permet aux produits industriels
originaires de bénéficier d'un taux d'importation plus faible que
celui appliqué aux produits similaires importés des pays tiers ou
même de la Communauté, mais qui n'ont pas été
agréés à ce régime. Le taux de la TPC dans certains
cas est nul. C'est aussi une taxe fiscale, quant il n'est pas nul, permettant
aux Etats membres importateurs de se procurer des recettes budgétaires
par la perception directe de la taxe sur les produits entrant dans leur
territoire.
La TPC présente également d'autres
caractéristiques :
y' son taux n'est pas unique ; selon le protocole A/DEC/15/5/1980
à Lomé relatif à la libéralisation « le taux
est fixé dans chaque cas par la décision d'agrément du
produit concerné ». Le taux varie donc en fonction des
préférences tarifaires que les Etats membres décident de
s'accorder mutuellement ; il peut ainsi être différent d'un
produit à un autre, d'une entreprise à l'autre ; le principe de
la réciprocité ne joue donc pas, tout comme la clause de la
Nation la plus favorisée.
y' le régime de la TPC n'est pas accordé de
façon définitive : l'agrément peut être simplement
assorti d'un délai pendant lequel il ne peut faire l'objet de
révision.
y' la décision d'agrément peut accorder une clause
d'exclusivité pendant la
durée de laquelle les produits similaires fabriqués
dans un Etats membre ne pourraient être agréés.
y' l'agrément ne peut être retiré que par
le Conseil des Ministres sur demande motivée d'un Etat membre. Pour
prétendre ou bénéficier de la TPC, le demandeur de
l'agrément doit remplir les conditions de forme et de fond
prévues au Traité.
B - La décision d'octroi de l'agrément
Les articles de 1er à 8 de la
Décision C /DEC/3/6/88 portant définition de la procédure
d'agrément des produits industriels et entreprises issues de la
Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement du 21 juin 1988 à
Lomé dispose : « les entreprises qui désirent
bénéficier de la préférence communautaire doivent
présenter une demande d'agrément à leurs autorités
compétentes qui la transmettent au Secrétariat
Général de la CEDEAO( aujourd'hui présidence de la
Commission CEDEAO), après avoir été retenu comme produit
qui répond au critère d'origine et devant
bénéficier de l'avantage. Cette demande est établie sous
la forme d'un dossier type qui reprend tous les renseignements successibles de
permettre de reconnaître si le produit dont l'agrément est
sollicité peut être considéré comme originaire de la
Communauté. La présidence de la Commission CEDEAO procède
au dépouillement et à l'étude des ces dossiers en vue de
leur soumission à la commission commerce, des douanes, de l'immigration,
des questions monétaires et des paiements lors de ses réunions de
mai / juin aux fins d'examen et de recommandation au Conseil des ministres qui
décide de l'octroi de l'agrément ; dans le cas contraire, le
dossier est renvoyé à l'entreprise par l'intermédiaire des
autorités compétentes ».
La condition essentielle pour l'octroi du
bénéfice du régime préférentiel, est celle
de l'origine communautaire des produits. L'origine communautaire n'est
reconnue, au niveau des experts, que dans les conditions, déjà
citée et prévues à l'article 8 de la décision du
protocole relatif à la définition de la procédure de
l'agrément. L'agrément est accordé pour un taux de TPC
déterminé .Ce taux est déterminé en fonction de
plusieurs critères ; il sera tenu compte notamment :
y' du montant de la fiscalité applicable, dans chacun des
Etats membres, à des produits similaires importés de pays tiers
;
y' de l'utilisation ou non de matières premières
communautaires ;
y' de l'existence ou non, dans la zone, de plusieurs entreprises
opérant des fabrications similaires ;
y' La nécessité d'assurer aux industries des
pays enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger) une certaine
préférence par rapport aux industries similaires des Etats
côtiers, celles-ci bénéficiant d'avantage en matière
d'infrastructures économiques.
c - Les effets de l'agrément au régime de
la TPC
L'application d'un régime préférentiel
conduit à d'importantes pertes fiscales pour l'Etat importateur. En
effet, la perception par un pays de droit d'entrée sur la plupart des
produits importés, plus qu'une mesure protectionniste, est un moyen
parmi d'autres d'accroître les recettes budgétaires.
La convention UDEAO du 06 juin 1966 préconisait de ne
taxer les produits originaires que de moitié, ce qui entraînait
une perte équivalente de recettes budgétaires pour les Etats.
Avec le régime de la TPC, les pays importateurs accroissent leurs
recettes car non seulement ils perçoivent immédiatement la taxe
d'entrée (TPC), mais aussi le mécanisme de compensation leur
permet de toucher la totalité des recettes qu'ils auraient normalement
perçues s'ils appliquaient la fiscalité de droit commun. La
fiscalité de porte étant plus faible que celle du droit commun,
les consommateurs des Etats importateurs devraient bénéficier
d'un prix de vente plus avantageux que celui d'un produit similaire
importé d'un pays tiers.
Pour les pays exportateurs, les effets de l'application du
régime de la TPC sont multiples. Pour l'Etat, plus il exporte dans la
Communauté des produits agréés, plus ses charges
budgétaires sont importantes car sa contribution au Fonds Communautaire
de Coopération, de Compensation et de Développement dépend
du rapport entre ses exportations et l'ensemble des exportations dans la
Communauté. Cette charge peut être compensée par
l'accroissement et le développement de la production dus à
l'ouverture des marchés de la CEDEAO, ce qui aboutit à des
économies d'échelle.
L'originalité du système institué par le
Traité pour favoriser le développement des échanges
intra-communautaires de produits industriels, réside dans le Fonds de
Coopération, de Compensation et de Développement.
SECTION III : LE FONDS DE COOPERATION, DE COMPENSATION
ET DE DEVELOPPEMENT (FCCD)
Le Fonds de Coopération, de Compensation et de
Développement a été créé par le
Traité Révisé en son article 21 pour compenser la perte de
recettes subie par les Etats membres du fait de l'application du Traité.
La Décision A/1 9/5/80 de la Conférence des Chefs d'Etats et de
Gouvernement de la CEDEAO du 28 mai 1980 à Lomé relative à
l'application de la procédure de compensation des pertes de recettes
subies par les Etats membres du fait de la libéralisation des
échanges intracommunautaires en donne une idée exacte : « la
perte de recettes est constituée par l'ensemble des moins values
enregistrées par cet Etat en raison de la libéralisation des
échanges intérieurs de la Communauté. Elle est
égale à la différence entre le revenu qui aurait
été perçu en appliquant le taux de la nation la plus
favorisée ou le taux général, consolidé au 28 mai
1979 et le revenu actuel perçu en utilisant le taux de taxation
préférentielle découlant du programme de
libéralisation tel que décidé par le Conseil des Ministres
».
Sa transformation en 1999 donna la BRIC et la FRDC. Le FCCD
est destiné au financement de projets dans les pays membres les plus
démunis. Son secrétariat est chargé avec la Commission de
la CEDEAO de la mise en oeuvre des politiques, de la poursuite d'un certain
nombre de programmes et de l'exploitation de projets de développement
dans les Etats membres. Parmi ces projets sont inscrits, les constructions de
routes intracommunautaires, la télécommunication et le
développement des ressources agricoles, énergétiques et
hydrauliques.
L'article 9 de la Décision A/DEC/19/5/80 dispose que le
Fonds est alimenté par la contribution de chaque Etat membre
proportionnellement à la valeur des exportations de produits industriels
qu'il réalise dans l'espace économique communautaire. Ainsi c'est
les Etats membres les plus exportateurs de produits industriels qui sont
appelés à alimenter le fonds. Aussi, si les Etats membres qui
sont actuellement les principaux bailleurs de fonds du
FCCD veulent diminuer leur charge financière, il leur
appartient d'acheter plus à leurs partenaires de la CEDEAO des produits
industriels fabriqués dans ces Etats.
Les pertes de recettes subies du fait de la taxation
préférentielle seront intégralement compensées.
Cependant dans un esprit de solidarité, les 1/5 de compensation des
pertes subies par quatre Etats (le Nigeria, la Côte d'Ivoire, le Ghana et
le Sénégal) fera l'objet de répartition suivante : pendant
les 5 premières années de la libéralisation, ce 1/5 sera
mis à la disposition des Etats les moins industriellement avancés
proportionnellement à l'inverse de leur contribution au budget
communautaire. Après ces 5 années, il sera mis à
disposition des 15 Etats sur la base ci-dessus.
En conséquence, on constate selon les statistiques
officielles établies par la Direction d'Etude Commerciale, une
évolution des échanges des produis agréés à
la TPC. Ainsi entre 1975 et 2004, 1486 entreprises ont été
agréées à la TPC, le commerce intracommunautaire a
progressé de 148% entre 1976 et 2004, passant de 8930 millions de FCFA
à environ 990 milliards de FCFA en 2004. Les échanges de produits
communautaires qui ne représentaient que 14,8 % de l'ensemble des
échanges dans la CEDEAO en 1976 ont progressé pour atteindre 48
%. Cette évolution est significative au regard des échanges intra
africains relevés dans la région ouest Africain.
Comme on peut le remarquer, les instruments des
échanges intra CEDEAO semblent avoir bien joués leur rôle.
Mais la grande faiblesse de la part des échanges entre les pays membres,
comparée aux pays tiers notamment avec l'Occident montre que de gros
efforts sont encore à faire pour intensifier les échanges
commerciaux entre les pays africains.
SECTION IV : L'ORGANISATION DES ECHANGES AVEC LES PAYS
TIERS : LE TARIF EXTERIEUR COMMUN
A- LA REGULATION DES ECHANGES AVEC LE RESTE DU MONDE
Le Tarif Extérieur Commun est l'instrument permettant
d'organiser les relations commerciales entre les Etats membres de la CEDEAO et
les pays tiers. Il est précisé à l'article 37 du
Traité Révisé que « les Etats membres conviennent de
l'établissement d'un
Tarif Extérieur Commun caractérisé notamment
par la mise en place d'un tarif douanier et fiscal d'entrée commun dans
les 10 ans à compter de la date d'entrée en vigueur du
schéma de libéralisation ». De même l'article 37
indique que « les Etats membres s'engagent à supprimer,
conformément au programme devant être recommandé par la
commission commerce, douane, statistique, monnaie et paiement, les
différences qui existent entre leur tarif douanier extérieur.
Depuis les indépendances, les leaders africains n'ont
cessé d'affirmer leur volonté de parvenir à une
intégration régionale à moyen terme. Ce principe a
été réaffirmé à l'article 78 du
Traité Révisé de la CEDEAO à savoir « les
Etats Membres s'engagent à faciliter l'harmonisation et la coordination
des politiques et programmes de la Communauté avec ceux de la
Communauté Economique Africaine ». Le TEC CEDEAO constitue un
élément décisif de la jonction des deux Communauté
en matière d'échanges commerciaux
Relativement aux articles 81 à 84 du Traité
Révisé, les Etats Membres de la CEDEAO pourront par le biais du
TEC coopérer, conclure des accords à caractères
économiques, techniques ou culturels avec les organisations non
gouvernementales, régionales, les organisations et associations
socio-économiques régionales, les pays tiers, les organisations
internationales.
Le TEC tendrait à uniformiser les politiques fiscales
extérieures des pays membres et à éviter les comportements
anarchiques. Le TEC est un corollaire direct de l'Union douanière
envisagée. La réalisation d'une zone de libre échange sans
politique douanière extérieure commune a pour inconvénient
majeur de laisser subsister des distorsions dans le système douanier des
différents Etats Membres. Dans la mesure où des
détournements de trafics seront possibles car certaines entreprises
pourraient être tentées d'exploiter les différences de taux
douanier en important des produits d'un Etat dans un autre Etat membre ayant
des tarifs douaniers bas pour ensuite les revendre dans un Etat ayant des
tarifs douaniers élevés. C'est un des déséquilibres
que s'efforce de prévenir le TEC.
Alors que les auteurs du Traité appellent à la
réalisation, entre les Etats d'une zone de libre échange, et la
mise en oeuvre d'une politique active de coopération économique,
le Tarif extérieur commun tendrait à instituer une Union
douanière, dix (10) ans après l'entrée en vigueur du
Traité Révisé, soit en 2003.
La nature juridique de la CEDEAO sera t-elle une union
douanière à ce moment là ? Dans une union
douanière, le commerce entre les pays est libre, sans aucune entrave
tarifaire, le commerce entre ces Etats et le reste du monde s'effectue suivant
les mêmes règles tarifaires. Le protocole A/DEC/1 5/5/80 du 28 mai
1980 relatif à la libéralisation prévoyant la TPC institue
celle-ci comme permanent même si la TPC peut être un taux nul, on
ne peut considérer que le régime préférentiel
organise un commerce libre des produits agréés entre les Etats
membres.
Il paraîtrait donc contradictoire de parler d'union
douanière au sens classique dans le cadre de l'organisation de la CEDEAO
que le Traité définit comme une zone de libre échange.
Cette disposition originale permet aux Etats d'échapper
aux contraintes de modèles préétablis. Le souci des
auteurs du Traité a été de trouver les voies et moyens de
coopération souple permettant tout à la fois de sauvegarder la
souveraineté des Etats. Selon l'article 3 du Traité
Révisé, la Communauté vise à promouvoir la
coopération et l'intégration dans la perspective d'une Union
Economique de l'Afrique de l'Ouest en vue d'améliorer le niveau de vie
de ses peuples, de maintenir et d'accroître la stabilité
économique ; de renforcer les relations entre les Etats Membres et
contribuer au progrès et au développement du continent Africain
et de faciliter leur intégration économique.
B. La phase actuelle de négociation du TEC
Plus de 30 ans après la signature du Traité et
14 ans après la date fixée à l'origine pour la mise en
place du tarif extérieur commun, les 15 pays de la CEDEAO sont
maintenant entrées dans la phase finale de négociation de ce
tarif, selon l'article rédigé par Daniel j. Plunket «
Associâtes for international Ressources and Developemnt
»1 1 . Mais des divergences apparaissent en ce qui concerne le
taux douanier à appliquer pour certains produits de premières
importances. La présidence de la Commission de la CEDEAO espère
parvenir d'ici fin 2008 à un accord sur l'ensemble des taux de droit de
douane à inscrire définitivement au TEC
11 Site: dplun kett A aird .com
Le TEC de la CEDEAO s'appliquera à toutes marchandises
provenant de l'extérieur de la région qui entreront sur le
territoire douanier de la CEDEAO ; les importations de cette sorte se montaient
en 2004 à 1605 milliards de dollars. Le TEC comprend le niveau des
droits de douanes ayant fait l'objet d'un accord et en outre le
prélèvement communautaire CEDEAO de 0,5%, ainsi que la taxe
statistique de chacun des pays (généralement 1 %). Le TEC
prévoit également la possibilité d'appliquer trois
nouvelles mesures CEDEAO visant à résoudre certaines
difficultés de commerce extérieur (deux mesures de sauvegarde des
importations et un prélèvement de compensation).
Les quatre taux de droits de douane inscrits au TEC CEDEAO
sont 0% ; 5% ; 10% ; 20% s'appliquant selon le degré de transformation
du produit ainsi que d'autres considérations. Ainsi donc on aura la
1ère catégorie (0% de droit : denrées de
1ère nécessité, services publics,
médicaments, machineries et équipements industriels) ; la
2ème catégorie (5% de droit : matières
premières) ; la 3ème catégorie (10 % de droit :
produits intermédiaires) ; la 4ème catégorie (20% de droit
: produits finis). La CEDEAO a décidé le niveau de droit de
douane aux frontières de la sous région en adoptant les principes
et nomenclature du TEC de l'UEMOA. Cette Union économique
organisée autour de l'espace francs CFA représentant la
moitié des pays de la CEDEAO a été déterminant. Les
quatre niveaux de droit de douane actuels de l'UEMOA ont été
retenus. Mais durant la période de transition du 1er janvier
2006 au 31 décembre 2007, les Etats Membres ont toute fois la
possibilité de placer certains produits sur la liste d'exception : Les
exceptions »de type A» permettent d'appliquer d'autres niveaux de
droits de douane pendant la phase de transition avant de se mettre en
conformité avec le TEC. Les exceptions de » type B» permettent
de contester le niveau de droits de douane au-delà de la période
de transition. Le débat au niveau de la liste de type B semble largement
porté par le Nigeria, non membre de l'UEMOA, qui a encore des
degrés importants de protection sur certains produits.
Il faut reconnaître que le TEC avec son taux maximum de
20% constitue un régime de faible tarif douanier. Des groupements
d'agriculture et des lobbies industriels ont exprimé le désir que
le TEC comporte des taux douaniers plus élevés afin de fournir
une plus forte protection contre les importations.
En dépit de ces revendications, l'idée de tarifs
élevés n'a pas suscité beaucoup d'intérêt
chez les négociateurs des Etats.
Les négociations du TEC comportent cinq aspects :
V' Changements liés à la politique agricole ;
V' Considérations environnementales ;
V' Considérations liées à la santé
publique ;
V' Produits nécessitant une éventuelle protection
supplémentaire par le biais de nouvelles mesures ;
V' Produits pour lesquels les Etats membres devront parvenir
à un compromis.
Le TEC CEDEAO prévoit également l'harmonisation
des zones franches, des accords commerciaux bilatéraux avec les pays
extérieurs à la CEDEAO et des exonérations
douanières spécifiques et statutaires.
En ce qui concerne les échanges de marchandises entre
les pays membres, qui se montaient en 2004 à environ 990 milliards de
FCFA, le Traité CEDEAO a éliminé d'une part les droits de
douane des produits agricoles, de l'élevage, de la forêt, de la
pêche et de l'artisanat ; d'autre part les produits manufacturés
figurant au schéma de libéralisation des échanges peuvent
être exportés à l'intérieur de la CEDEAO sans droit
de douane. S'il s'agit des secteurs pour lesquels les échanges entre les
pays membres de la CEDEAO n'ont pas encore été
libéralisés, on peut alors prévoir que le TEC sera
appliqué. Le échanges intra CEDEAO qui ne paient aucun droit de
douane représente 1/3 ou tous au plus la moitié du total de ces
échanges. La zone franche intérieure a donc un long chemin
à parcourir ! Un dixième environ du total des produits
importés par les pays membres de la CEDEAO provient d'autres pays
membres de la CEDEAO, et par conséquent le TEC s'appliquera à 90%
au moins des achats de la CEDEAO.
Le TEC est prévu comme le cordon extérieur
protégeant les marchés intérieurs des pays de la
CEDEAO.
Les négociations s'annoncent difficiles dans la mesure
où sur certains produits finis, le TEC UEMOA est de 20% alors que le
Ghana applique un taux de 10% et le Nigeria un taux de 50%.Un autre cas qui
engendrera en toute vraisemblance un grand nombre chaud de discussions entre
les négociations sera le niveau à retenir pour le droit de douane
des groupes électrogènes notamment, ceux, couramment
utilisés par les entreprise Ouest Africain comme source d'appoint ou
même comme principal mode d'alimentation électrique.
L'achèvement du TEC est indispensable car l'avenir en
dépend. Le TEC CEDEAO améliorera la transparence de
l'administration douanière dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, ce
qui fera entrer plus d'argent dans les caisses publiques, même peut
être pour les produits dont les droits de douanes nominaux sont
susceptibles d'être abaissés.
Cet exposé succinct des instruments de promotion des
échanges commerciaux dans le cadre de la CEDEAO n'a pour but que de
permettre de mieux cerner les inconvénients et les obstacles que le
fonctionnement du mécanisme est susceptible d'engendrer.
Ces obstacles ne sont pas engendrés seulement par les
dispositions du Traité. Ils sont aussi causés par la structure
des économies des pays membres, aux politiques économiques des
Etats, aux comportements des agents économiques eux-mêmes. Ces
entraves ne sont pas propres aux Etats de la CEDEAO. En cette époque de
crise économique généralisée, même les
meilleurs accords et les conventions les plus protectionnistes connaissent des
difficultés d'application ; le protectionnisme regagne du terrain, la
guerre économique est ouverte entre les puissances industrielles pour la
conquête des marchés.
Nous aborderons l'étude des entraves au
développement des échanges commerciaux entre les Etats membres de
la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, en examinant
les principaux obstacles que nous avons pu relever. Il ne s'agit pas de jeter
un discrédit quelconque sur le fonctionnement de la CEDEAO en
matière d'organisation des échanges commerciaux ; mais de partir
de constats objectifs pour tenter d'apporter quelques éléments de
réflexion devant permettre aux dispositions du Traité de la
CEDEAO, dont la mission vise à promouvoir la coopération et
l'intégration dans la perspective d'une Union Economique de l'Afrique de
l'Ouest en vue d'améliorer le niveau de vie de ses peuples, de maintenir
et d'accroître la stabilité économique ; de renforcer les
relations entre les Etats membres et contribuer au progrès et au
développement du continent africain
PARTIE II : LES ENTRAVES A LA LIBERALISATION DES
ECHANGES INTRACOMMUNAUTAIRES
CHAPITRE I : LES ENTRAVES RESULTANT DE LA VIOLATION
DES DISPOSITIONS CONVENTIONNELLES ET ASSIMILEES
Dans les différents rapports annuels, le
Secrétariat Général puis la présidence de la
Commission n'a cessé de dénoncer les violations des dispositions
de l'article 36 et 41 relatives aux droits et taxes liés à
l'importation, à la subsistance de contingentement des produits du cru
et de l'artisan traditionnel, au non respect du programme d'élimination
des droits à l'importation sur les produits industriels accolés
au régime préférentiel. Les rédacteurs du
Traité se sont surtout préoccupés des problèmes
tarifaires et non tarifaires. Les principes qu'ils ont posés ont connu
et connaissent des difficultés d'application à cause des
tendances protectionnistes, pour ne pas dire égoïstes,
manifestées par les Etats membres.
Dans le cadre de ce chapitre, nous traiterons respectivement des
obstacles tarifaires et ceux non tarifaires.
SECTION I : LES OBSTACLES TARIFAIRES
La CEDEAO n'a pas supprimé intégralement les
barrières tarifaires. Pour favoriser les échanges des produits
industriels originaires de la Communauté, elle les soumet au
régime préférentiel de la TPC. Les tarifs douaniers ont
traditionnellement deux fonctions à savoir la protection de
l'économie et la fourniture des ressources budgétaires aux
Etats.
Ayant réduit ou supprimé les barrières
douanières, la CEDEAO a amoindri leur rôle, ce qui ne va pas sans
poser de difficultés. Au niveau de la Communauté, il n'est
malheureusement pas rare de voir certains Etats ignorer les dispositions
conventionnelles se rapportant aux régimes applicables aux exportations
et importations.
A - Le rétablissement des barrières
douanières : la majoration du taux de la TPC
En matière d'échanges internationaux, la
doctrine libérale repose sur le libre échange, ce qui favorise
les Etats développés grâce au jeu de l'avantage comparatif.
La doctrine protectionniste (adoptée par les Etats sous
développés en général et même certains Etats
développés), quant à elle, s'oppose à la
première et considère que l'optimum national ne peut être
atteint dans tous les cas par la concurrence pure et parfaite. La doctrine
CEDEAO se situe à la limite de ces deux doctrines par le jeu de la TPC.
Le taux de cette taxe est constamment majoré. Les produits du cru et de
l'artisanat traditionnel qui en principe, circulent en franchise de tous droits
et taxes d'entrée, sont parfois imposés.
Comme nous l'avons souligné, l'agrément à
la TPC permet aux produits bénéficiaires de ce régime
d'être plus compétitifs au niveau des prix. La TPC permet de
protéger les produits industriels communautaires contre ceux de
l'extérieur. La majorer reviendrait à ébranler les efforts
de la Communauté dans l'optique d'accroître les échanges
intra CEDEAO. Nous constatons malheureusement que des Etats, et pas des
moindres, empruntent cette voie. C'est pourquoi, Jacques RIBOUT 12
dans son rapport de la conférence des Directeurs Généraux
des organismes nationaux chargés de la promotion du commerce
extérieur tenue à Bamako, affirmait qu'une éventuelle
réévaluation des taux de la TPC pourrait être dangereuse.
Il se justifie en invoquant les plaintes de certains industriels quant aux taux
assez élevés de la TPC applicable à certains produits,
entraînant leur non compétitivité par rapport aux produits
d'Europe et d'Asie. Dans la logique de l'esprit du Traité, la TPC doit
évoluer vers la baisse.
Le cas ci-dessous exposé, concerne le
relèvement des taux effectué de concert avec les autres Etats
membres .Qu'en est-t-il lorsque la réévaluation se fait
unilatéralement ?
Pour élever le taux de la TPC, les Etats
procèdent à une refonte de leur fiscalité
globale applicable aux produits importés des pays tiers13
, et automatiquement un ajustement de la
12 Expert économiste, consultant, Mr Kelvirgate
LTD, détaché auprès de la CEAO pour identifier les
différents obstacles à la promotion des échanges
communautaires.
13 Il suffit de se référer aux
éléments pris en compte dans la décision C/DEC/3/6/88
portant définition de la procédure de l'agrément des
produits industriels et entreprises
taxe préférentielle s'impose. Si les Etats
manifestent une tendance au relèvement des taux TPC ou même
à sa méconnaissance, cela tient à deux raisons :
y' faire face à la concurrence communautaire. Le cas du
`'Vinaigre malien `'se situe dans cette optique. Le Sénégal aussi
imposait fortement ce produit.
y' la crainte d'être le principal pourvoyeur du FCCD,
corollaire de la TPC (le taux de cette taxe préférentielle est
négocié entre les Etats Membres).
Le premier argument ne résiste pas à la
critique. Non seulement le taux TPC est fixé en tenant compte de
plusieurs éléments qui garantissent les productions nationales,
mais le principe de l'avantage comparatif devait inciter les Etats à
préférer certains produits des autres pays membres. Le second
argument relève la méconnaissance de l'effet de l'accroissement
des exportations sur l'économie de l'Etat exportateur et
l'égoïsme de certains pays.
Outre la majoration des taux de certains produits
agréés, on note la violation du régime applicable aux
produits du cru et de l'artisanat traditionnel.
B - Le rétablissement des
barrières douanières : la taxation des produits du cru et de
l'artisanat traditionnel
Les produits du cru et de l'artisanat traditionnel
bénéficient d'un régime de franchise totale des droits et
taxes d'entrée. Ce principe, nettement affirmé par l'article 36
du Traité Révisé, ne connaît pas une application
parfaite, bien que la nature ait spécialisé les productions des
Etats membres. Dans le cadre de ces entraves, il faut noter deux niveaux :
y' d'une part, un relèvement parvenu à la suite de
l'adoption d'une loi modifiant la fiscalité interne ;
y' d'autre part, un rétablissement des droits de
douane.
Dans le premier cas, on pourrait citer le dernier exemple en
date, la difficulté pour les armateurs sénégalais
d'écouler leurs productions de poisson sur le marché ivoirien.
Cet obstacle doit être spécifié car la Côte d'Ivoire
est aussi producteur du poisson. Le Traité soumet les produits du cru
importés à la fiscalité intérieure de l'Etat
consommateur, ils sont frappés des mêmes taux que ceux de
l'espèce produite localement si l'on se réfère aux
dispositions de l'article 40 du Traité
Révisé. A priori, il ne saurait donc y avoir de discrimination.
Mais celle-ci pourrait par contre survenir si la loi établissait une
distinction rigoureuse suivant l'espèce des produits halieutiques, de
sorte que les productions sénégalaises soient imposées
plus lourdement. L'habileté des juristes fera ici des victimes !
Dans le second cas, il s'agit d'une violation directe des
dispositions du Traité. On pourrait citer les difficultés
liées au non respect du modèle harmonisé du certificat
d'origine UEMOA/CEDEAO ; or la CEDEAO l'a initié puis émis pour
éviter les doubles impositions aux citoyens de la Communauté,
dans le respect de l'esprit et la lettre de l'article 40 du Traité
à son alinéa 5.
Il faut faire remarquer que certains produits
bénéficient d'une dispense en ce qui concerne l'exigence de
marquage à savoir les produits de l'agriculture et de l'élevage.
Dans le cas d'une absence de marquage, ils sont imposés. Ce qui
constitue une violation des dispositions du Traité de la
Communauté. Bien souvent les pays importateurs ne font pas recours
à l'article 13 alinéas 3 du protocole A/P1/1/03 qui
prévoit le bénéfice des avantages liés à
l'origine, sous réserve de la constitution par l'importateur, d'une
caution garantissant les droits et taxes en vigueur dans l'Etat importateur.
Ces Etats appliquent tout simplement la fiscalité de porte de droit
commun comme s'il s'agissait de produits provenant des pays tiers. Des
douaniers ivoiriens, avec qui nous avons eu des entretiens, nous ont
confirmé la pratique des taxations des produits du cru et de l'artisanat
traditionnel. Ils ajoutent cependant, que ces cas deviennent « de plus en
plus rare ».
Dans le premier cas, il s'agissait des produits maliens qui,
faute de marquage, acquittaient des droits et taxes d'entrée. Le
certificat, prouvant l'origine communautaire, permet l'entrée en
franchise des produits concernés. L'attitude de ces douaniers ne
révèle t-elle pas un excès de zèle (puisqu'ils
savaient que ces produits ne supportaient pas de taxe d'entrée) ?
Où peut-on considérer que la Cote d'Ivoire étant en
guerre, tout est permis ? Le plus souvent, ce sont les commerçants
»traditionnels», qui ignorant toutes les dispositions
conventionnelles et ne sachant ni lire ni écrire, qui en paie les
frais.
Dans la Communauté, on constate des sur-taxations indues
: l'application de la tarification se fait parfois à la hausse. Ce
qui ne peut cacher une quelconque connivence entre le douanier
et l'importateur. Des responsables de douanes reconnaissent d'ailleurs qu'il
s'agit d'une
mauvaise application de la réglementation qui
résulte du fait que certains douaniers exigent des certificats
d'origine. Or, pour les produits du cru et de l'artisanat traditionnel, cela
n'a pas lieu d'être depuis 2002 et qu'en leur absence, le droit de douane
est appliqué. Dans certains cas, la distinction entre importation CEDEAO
et de pays tiers n'est pas faite.
Des sous-taxations sont aussi fréquentes ; il est dans
l'intérêt de l'importateur d'avoir une minoration du tarif
appliqué. Il est toutefois difficile de décrypter, selon les
provenances, le favoritisme dont bénéficie un importateur. Sans
doute peut-on seulement expliquer les traitements de faveur par la
capacité d'influence du commerçant sur les douaniers ?
Dans le second cas, des voyageurs en partance pour la Cote
d'Ivoire, et en possession de plus de deux toiles tissées par des
artisans burkinabés, se sont vus astreints à payer des taxes,
à défaut, les marchandises étaient purement et simplement
confisquées. L'attitude des douaniers n'est-elle pas motivée par
la crainte de voir ces articles ne pas supporter la fiscalité interne
car n'étant pas importés par des commerçants, au sens
juridique du terme ? Ou plutôt de profiter de la situation pour se
remplir les poches ? Actuellement dans la Communauté, deux tarifs sont
en vigueur, celui des douaniers et celui d'usage TPC qui permet d'avoir la
fiscalité globale en régime préférentiel applicable
aux produits agréés.
Les obstacles tarifaires constituent, à n'en pas
douter, un handicap à la promotion des échanges, mais les
entraves non tarifaires n'en constituent pas moins, pour ne pas dire le sont
encore plus. La suppression des droits et taxes à elle seule ne suffit
pas pour engendrer des échanges ouverts entre les Etats membres. Elle
doit être accompagnée d'autres mesures qui facilitent la
circulation des produits.
SECTION II. LES OBSTACLES NON TARIFAIRES
Traditionnellement, on les oppose aux obstacles tarifaires.
Les entraves non tarifaires se manifestent à ce stade au niveau des
produits, au niveau des restrictions quantitatives de contingentement, ainsi
qu'au niveau des obstacles administratifs au commerce entre les Etats
membres.
A - AU NIVEAU DES PRODUITS
Seuls les produits originaires de la Communauté peuvent
bénéficier ou bénéficient du régime
préférentiel. Nous avons déjà analysé les
problèmes relatifs à la détermination de la nature des
marchandises. La difficulté qui se pose concerne leur identification.
Pour de multiples raisons, des Etats ont établi des quotas pour certains
produits, ce qui va à l'encontre des objectifs de la
Communauté.
1 - L'identification des produits
Selon l'article 34 du Code français des douanes, «
le pays d'origine d'un produit est celui où se produit a
été récolté, extrait du sol ou fabriqué
». Le code des douanes des « Quinze » a repris cette
définition.
L'identification des produits du cru et de l'artisanat
traditionnel concernant leur origine, ne pose pas de multiples problèmes
au regard de ceux rencontrés pour les produits industriels. La
facilité de reconnaissance des produits du cru et de l'artisanat
traditionnel est due à la spécialisation naturelle des pays.
En effet, si nous prenons les huit principaux produits
échangés et leurs principaux producteurs et exportateurs, la
situation est la suivante :
y' le pétrole : Nigeria, Côte d'Ivoire ;
y' le bétail sur pied : Burkina, Mali,
Sénégal ;
y' le coton, le maïs : Burkina, Mali ;
y' le poisson frais, les légumes, le thé, le sucre
: Nigeria, Côte d'Ivoire, Ghana.
La nature a donc éliminé dans une certaine
mesure, la concurrence entre eux. La suppression n'est pas complète
puisqu'il y a pour certains produits, plusieurs producteurs. Le problème
qui se pose est que les exportateurs, le plus souvent ne prennent pas la peine
de se soumettre aux formalités d'obtention des différents
certificats d'origine leur permettant de bénéficier des diverses
facilités. Cette attitude s'explique soit par la méconnaissance
du système, soit par le souci de gagner du temps.
Ainsi, les produits communautaires qui ne peuvent justifier
leur origine par le biais d'un certificat sont considérés
comme des productions étrangères et soumises au régime de
droit
commun. Il nous a été fait état des
difficultés rencontrées par des commerçants maliens pour
introduire leurs marchandises au Sénégal, faute de certificat et
vis versa.
En ce qui concerne les produits industriels, une distinction
est opérée entre les produits agréés et ceux qui ne
le sont pas. Pour les premiers, obligation est faite d'être
marqués pour leur identification. Cette opération ne fera
qu'élever le prix de revient des produits, ce qui ne va pas sans
présenter des inconvénients. Outre ce marquage, ces produits
industriels14 doivent être « accompagnés » de
certificat d'origine. Dans la Communauté, des marquages ont
été réclamés même par des douaniers pour
certains produits du cru et de l'artisanat traditionnel or le marquage n'est
qu'un moyen recommandé, l'origine étant attestée par le
certificat d'origine. Pourquoi exiger cette formalité d'impression aux
uns et ne pas l'étendre aux autres ? Cette question mérite
d'être posée car tous les produits fabriqués dans la
Communauté bénéficient d'un traitement
préférentiel. Où l'on exige le marquage pour tous les
produits industriels communautaires, ou l'on ne l'impose pas. Pour
éviter les fraudes, on peut proposer cette identification pour tous les
produits manufacturés en dépit de l'incidence
financière.
2- Le contingentement
Le contingentement est une pratique consistant à fixer
un maximum de quantité de marchandises pouvant entrer ou sortir d'un
territoire douanier. Il sert dans le cadre de l'importation soit à
protéger les productions nationales similaires, soit à redresser
ou équilibrer la balance des paiements. A l'exportation par contre,
cette pratique vise à faire pression sur l'Etat importateur. Pour
mémoire, on peut citer l'embargo décidé contre le
Libéria par l'Organisation des Nations Unies (ONU) ou à maintenir
un approvisionnement suffisant du marché national à des prix
modérés lorsque les produits importés
renchérissent.
L'OMC qui vise à développer les échanges
commerciaux, s'élève contre toutes pratiques protectionnistes.
L'OMC tolère le contingentement que dans quatre (4) cas et à
certaines conditions15. Le Traité de la CEDEAO, en son
article 49, donne la possibilité aux « Etats
14 Il s'agit des produits agrées et non
agrées
15 Voir les dispositions de l'OMC, les articles XI
à XIII
membres de recourir à des mesures de sauvegarde pour
faire face à des perturbations sérieuses survenues dans un
secteur de l'activité économique d'un Etat membre par suite de
l'application des dispositions du Traité ». La présidence de
la Commission doit en être informée. Ces mesures ne peuvent
demeurer que pendant un délai maximum de un (1) an. Elle ne peut
être prorogée au delà de ce délai que sur
décision du Conseil des Ministres. Les pratiques contingentaires ne sont
pas choses rares au sein de la CEDEAO, quelques fois, on est arrivé au
stade de l'interdiction totale des produits communautaires. On peut noter le
difficile accès du poisson et du riz ivoirien sur le territoire du
Nigeria. Le non accès au pétrole du Nigeria par les autres
membres de la Communauté. La quasi-totalité du pétrole
nigérian est exporté hors CEDEAO. La Côte d'Ivoire pratique
des restrictions à l'exportation du bois en grumes en direction de
certains Etats membres. Pourtant depuis 1978, la Conférence des Chefs
d'Etat et de Gouvernement avait recommandé aux Etats membres de prendre
toutes mesures adéquates visant à faire respecter l'article 49 du
Traité. Vu les difficultés à faire respecter ses
dispositions, et afin de favoriser les échanges, il avait
été demandé aux Etats membres connaissant des
difficultés, de réserver une part de leur marché national
aux productions de leur partenaires (cette solution est pourtant contraire
pourtant aux dispositions de l'article 49 du Traité qui prohibe toutes
restrictions quantitatives). Dans ce cadre, un accord entre le
Sénégal et le Mali est intervenu depuis juin 1980 pour s'accorder
des contingentements dans le secteur extrêmement sensible des textiles.
Ce genre d'accord, bien que provisoire devait, au plus vite
disparaître.
Une autre forme de restriction consiste à introduire
des normes qui limitent voire empêchent les importations mais aussi les
débouchés au niveau de la demande finale. Tel est le cas pour les
huiles alimentaires au Nigeria (emballages de 4 litres minimum), des ustensiles
en aluminium au Burkina Faso (avec des normes de forme), le concentré de
tomate (avec l'interdiction de toute forme de colorant).
Depuis le début de l'application du Traité
Révisé et du schéma de libéralisation un accent a
été mis sur le respect de l'article 49 du Traité dans
l'optique d'une élimination effective des restrictions quantitatives. Il
en est de même pour certaines pratiques administratives.
B- LES OBSTACLES ADMINISTRATIFS
Les difficultés concernent non seulement la
complexité de la procédure à l'importation ou à
l'exportation et des formalités à remplir, mais aussi de la
pratique administrative proprement dite à savoir le comportement des
agents.
1- La complexité des procédures
Nul n'ignore que cette complexité est un facteur entravant
la progression notable des échanges commerciaux. Parmi elles on peut
citer :
a) La dissymétrie des seuils entre l'UEMOA et la
CEDEAO : malgré la volonté D'harmoniser les
procédures entre l'UEMOA et la CEDEAO, il existe toujours un
déphasage au niveau des seuils (à ne pas dépasser) retenus
pour certains éléments constitutifs du prix de revient ex-usine
d'un produit et la valeur ajoutée. Il est ainsi :
y' Des traitements et des salaires : 20% du prix de revient pour
la CEDEAO et 15% du prix de revient pour l'UEMOA ;
y' des travaux, des fournitures et des services extérieurs
: 10% du prix de revient pour la CEDEAO et 7% du prix de revient pour l'UEMOA
;
y' des frais financiers : 3% du prix de revient pour la CEDEAO et
0% du prix de revient pour l'UEMOA.
Il n'est donc pas exclu de voir une demande d'agrément
être rejetée au niveau de l'UEMOA (agrément à la
Taxe Préférentielle Communautaire) et acceptée au
schéma de libéralisation de la CEDEAO. Il est donc judicieux de
mettre en place un système de gestion informatisée des
agréments accordés au niveau national, mais aussi ceux relevant
de la présidence de la commission (niveau communautaire) et de finaliser
l'harmonisation des critères d'agrément des produits entre
l'UEMOA et la CEDEAO. Il faut rappeler que l'Union Monétaire Economique
Ouest Africain (UEMOA) est le regroupement de huit (8) pays tiers 16
qui font également partie de la CEDEAO.
b) la dissymétrie au niveau des charges
fiscales : la mise en place d'une Union douanière devrait avoir
pour conséquence immédiate un allègement de la charge
fiscale qui pèse sur les biens lors de leurs échanges. Tel n'est
pas le cas en Afrique de l'Ouest où on
16 Ce sont les pays membres de la CEAO
assiste plutôt à un alourdissement de la charge
fiscale pour les particuliers dans l'espace CEDEAO ; ce, à cause de la
double imposition douanière inhérente au chevauchement et
à l'effet cumulé des impositions relevant de la CEDEAO et de
l'UEMOA. L'exemple typique en la matière concerne les
prélèvements opérés par les deux organisations en
vue de compenser les pertes de recettes de porte subies, du fait de la
libéralisation des échanges et la constitution des ressources
propres. Le Prélèvement Communautaire de Solidarité de
l'UEMOA et le Prélèvement Communautaire de la CEDEAO dont il
s'agit conduisent dans leur application à une double imposition des pays
de l'UEMOA. Le projet de budget du Burkina Faso exercice 2000 est illustratif
à cet égard. On peut, en effet, lire à l'article 22 dudit
projet de la loi de finances que « pour compter du 1er Janvier
2000, les dispositions des articles 3, 3 bis et 6 de la loi n°12/92/ADP du
22 décembre 1992 du tarif des douanes sont modifiées et
rédigées ainsi qu'il suit :
Article 3 : Le nouveau tableau des droits et taxes
d'entrée comprend :
V' le Droit de Douane (DD) 0% ; 5%; 10% ; 20% ;
V' La Redevance Statistique (RS), 1% taux unique ;
V' Le Prélèvement Communautaire de
Solidarité (PC S), 1% taux unique ;
V' Le Prélèvement Communautaire (PC) 0,5% taux
unique ;
V' Les Taxes de Consommation prévues par le Code des
impôts ;
V' La Taxe additionnelle sur le sucre ;
V' La Taxe Conjoncturelle à l'Importation (TCI) applicable
à certains produits sensibles dont la valeur est tributaire des prix
internationaux, son taux est de 10% ;
V' La Taxe Dégressive de Protection (TDP) ».
Cet exemple illustre cette question de la double imposition et
permet en outre, de toucher du doigt les incidences du
Prélèvement Communautaire (PC) de la CEDEAO sur le niveau du
Tarif Extérieur Commun de l'UEMOA. L'existence du PC dévoie la
philosophie du TEC fondée sur le protectionnisme minimal. Il y a ipso
facto un renchérissement de la charge fiscale de 0,5% pour les
importations en provenance des Etats tiers et en direction des Etats membres de
l'UEMOA. Ainsi, pendant que les pays de l'UEMOA doivent appliquer à la
fois le PCS et le PC, ceux de la CEDEAO, hors UEMOA, ne sont astreints qu'au
seul PC. Cette situation n'est pas sans danger pour les consommateurs et les
entreprises des pays faisant partie de l'UEMOA, ce d'autant plus que ces Etats
ne peuvent, du fait du système de recouvrement du PCS s'échapper
à son reversement à la BCEAO.
En effet, les Etats qui n'honorent pas ses engagements, voient
automatiquement leurs comptes débités auprès de la BCEAO
à hauteur de la somme due ; toute chose qui n'existe pas dans les Etats
hors UEMOA du fait de la souveraineté monétaire dont jouissent
ces Etats.
Cet exemple nous démontre qu'il ne faudrait pas non
plus oublier le problème de la comptabilité UEMOA-CEDEAO. A cet
effet, pour que l'intégration des économies Ouest africaines
aboutisse, il est nécessaire de supprimer les divergences et
incompatibilités relatives aux politiques et programmes des deux
organisations intergouvernementales. Il est donc impératif de mettre en
cohérence les efforts de coopération en Afrique de l'Ouest si
l'on veut maximiser les gains de l'intégration régionale.
c) la dissymétrie dans le rythme de
désarmement : concernant ce volet, les schémas
de libéralisation de la CEDEAO et celui de l'UEMOA
affichent des divergences en ce qui concerne les règles d'origine, le
régime tarifaire applicable aux produits industriels originaires.
Se rapportant aux règles d'origine, si elles sont les
mêmes pour ce qui touche les produits du cru et de l'artisanat
traditionnel, elles diffèrent en ce qui concerne les produits
industriels. L'examen et la mise en rapport des deux systèmes de
définition de l'origine font ressortir que les règles de la
CEDEAO sont moins strictes ou plus lâches que celles en vigueur dans
l'UEMOA. Cette situation est propice au développement de la
duplicité et de l'arbitraire dans l'application des normes
douanières.
La politique de réductions tarifaires se
caractérise, elle, par un double rythme de désarmement. Chacune
des organisations a élaboré un schéma de
libéralisation assorti d'un calendrier d'exécution. La CEDEAO
avec son schéma de libéralisation aujourd'hui en vigueur et qui
fait l'objet de la décision A/SEC/6/6/89 du 30 juin 1989 entend asseoir
un désarmement progressif, modulé et empreint
d'équité. L'UEMOA quand à elle, a opté pour un
désarmement linéaire plus caractérisé par
l'idée de sélectivité que d'équité. Sous une
telle situation, les Etats membres de l'UEMOA sont exposés à un
désarmement à double vitesse et ceux de la CEDEAO hors UEMOA
à une vitesse, ce qui est une situation très difficile née
des divergences contenues dans les schémas de libéralisation.
Ainsi, l'effet d'équité recherché par le
schéma de la CEDEAO est mis à rude épreuve, sinon
annihilé par le désarmement entamé par l'UEMOA. Cette
situation aurait pu se compliquer
davantage si le TEC de la CEDEAO avait pu être
établi à la date du 1er janvier 2000. Que serait-il
advenu si le calendrier CEDEAO avait été respecté ? Les
Etats de l'UEMOA se seraient retrouvés devant une situation
inextricable, celle de devoir appliquer deux TEC. A cette simple
évocation, on mesure les conséquences qu'une telle situation
aurait eues sur l'activité des services des douanes mais surtout un
contentieux n'aurait pas manqué de se développer à propos
de la préférence accordée à l'un ou à
l'autre des TEC.
Il est donc impératif d'opérer une harmonisation
avant la naissance du TEC CEDEAO. Mais, il serait aussi
désintéressant d'aligner le TEC CEDEAO a celui de l' UEMOA dans
la mesure où le taux maximum de 20% appliqué par l'UEMOA est
très faible car il ne protège pas suffisamment les industries de
la Communauté. Il faudra donc négocier de nouveaux tarifs tout en
annulant ceux de l'UEMOA. En additif certaines pratiques administratives
concourent à la défaillance du système de
libéralisation mis en place.
2- Les pratiques administratives
Y referant, nous pouvons retenir parmi d'autres la lenteur
administrative et le comportement des agents.
a) les lenteurs administratives : il n'est pas
impératif de s'appesantir sur cet aspect.
Tout le monde a pu se rendre compte de l'inertie et de la
lenteur de nos administrations. Au Burkina Faso par exemple, si vous avez un
dossier qui doit être normalement étudié par
l'administration dans le mois de décembre, il est quasi certain que vous
ne l'aurez pas, dans ce mois. Il est coutume d'attendre que tout le mois de
décembre est inondé de fêtes et de grèves.
On pouvait penser que sur le plan strictement
économique, la situation serait meilleure mais telle n'est pas le cas.
Les opérateurs économiques se plaignent de la difficile
mobilisation et la lenteur d'instruction des agents des douanes pour les
visiter pour les apurements et qu'ils perdent un temps considérable pour
obtenir les certificats d'origine ; ce qui, pour les produits fragiles
(périssables) constitue un frein majeur dans le développement des
échanges. Il n'est pas rare de voir de cargaisons entières
avariées, faute d'avoir pu passer les services de douane. Les
industriels affirment par exemple avoir attendu plus de six (6) mois la
décision leur
autorisant à importer certaines marchandises
communautaires. Ils soulignent qu'ils sont obligés de payer des pots de
vin pour accélérer le processus.
D'autres facteurs qui sont soient exogènes, soient
endogènes influent négativement sur le développement des
échanges intracommunautaires.
b) Le comportement des agents administratifs
: les administrations invoquent souvent des usages indus du régime
suspensif pour justifier des contrôles administratifs abusifs. Des
régimes suspensifs résultant la plupart du temps des Codes des
investissements en vigueur dans les pays membres de l'UEMOA, permettant
à des entreprises de bénéficier, entre autres , des
franchises de droits de douane, en principe transitoires, sur leurs intrants
pour la production destinée à l'exportation. Alors qu'en principe
les mêmes règles d'origine régissent toutes importations en
provenance des pays de la CEDEAO. On observe en pratique que ces règles
ne sont appliquées que si les produits ne concurrencent pas les
producteurs nationaux. Cela semble confirmer que le zèle des douaniers
est à vocation de protection ; les exigences administratives ne
s'exercent que lorsque l'intérêt économique semble
être en jeu.
CHAPITRE II : LES AUTRES ENTRAVES
Les entraves résultant de la violation des dispositions
du Traité peuvent être facilement supprimées. Il suffit que
tous les Etats membres respectent la réglementation adoptée en
commun. Il en est tout autre en ce qui concerne celles que nous allons
étudier dans le cadre de ce chapitre. Sont principalement
concernées par ces difficultés, les entreprises qu'elles soient
exportatrices ou que leurs productions soient destinées à la
satisfaction des besoins nationaux. Cela nous amènera à
apprécier les obstacles à travers elles. Nous distinguerons donc
les entraves qui lui sont extérieures (exogènes) de celles qui
lui sont internes (endogènes)
SECTION I. LES ENTRAVES EXOGENES
Les entraves exogènes sont indépendantes de
l'entreprise. Elles peuvent se résumer à la structuration
même des économies des pays de la CEDEAO.
A. L'extraversion des économies des pays
sous-développés
Au fur et à mesure que l'occident s'industrialisait,
son commerce international avec les pays - sous développés
prenait les contours qu'il présente encore aujourd'hui : un commerce
animé et dominé par la recherche de la satisfaction des besoins
des pays industrialisés. Autrement dit, le commerce international des
pays en voie de développement (PVD) comprend dans ses exportations, des
produits recherchés par les pays développés pour leurs
différents secteurs d'activités, et dans ses importations la
production des pays développés qui ne peut être
consommée sur leurs marchés intérieurs. C'est dire que le
commerce international des PVD est déterminé dans sa nature et
dans son contenu par des centres extérieurs à ces pays.
Ce type de commerce conduit irrévocablement à la
désarticulation des économies des PVD. Une économie
désarticulée est une économie dont les différents
secteurs ne sont pas articulés ou reliés les uns aux autres
sur la base d'un projet cohérent de construction nationale ; la
croissance d'une branche ne produit pas tous les effets
attendus sur les branches voisines. Il n'y a pas de communication
organisée et régulière entre les différentes
branches de l'économie. Concrètement, les projets de
développement de chaque branche sont faits sans tenir compte des
capacités et réalité des autres branches.
Même lorsqu'il existe un plan économique de
développement, on constate l'incapacité des réalisateurs
à la traduire dans les faits par suite d'une
imperméabilité de telles branches vis-à- vis des autres
branches locales. Il en résulte que les demandes et les décisions
d'une branche ne peuvent pas être satisfaites dans le cadre local. Les
investissements sont conçus et formulés sur la base des relations
établies avec les pays développés. Tel en témoigne
les différents programmes d'ajustement structurel
«imposés« et adoptés par de nombreux PVD. Idem pour la
conditionnalité de financement par les bailleurs de fonds des
différents cadres stratégiques de lutte contre la
pauvreté.
Parallèlement à cette désarticulation,
les économies des PVD, notamment ceux de la CEDEAO, sont extraverties.
Une économie extravertie est celle dont les principales activités
sont mises en place et conduites sur la base d'incitations ou de
décisions venues de l'étranger. Dès le début de
l'industrialisation de l'Europe, celle-ci à eu tendance à
exporter des produits manufacturés à forte valeur ajoutée
contre des produits bruts à vil prix dans des pays d'Afrique, d'Asie,
d'Amérique Latine. Cet échange inégal dévalorise le
travail et les ressources de ces continents. Si nous prenons en exemple un pays
membre de la CEDEAO, tel le Nigeria, 8ème producteur du
pétrole brut : ce pétrole brut représente 80% des
exportations de ce pays. Ces exportations s'effectuent essentiellement vers les
Etats-Unis. Le Nigeria ne raffine que 10% de sa production
pétrolière contre 90% réservé à
l'exportation. Cet état de fait ne peut nullement favoriser le Nigeria
à terme de valeur ajoutée.
Les pays en voie de développement restent dans
l'ensemble des pays exportateurs de matières premières, mais ils
ne sont pas que cela. Plusieurs d'entre eux exportent certaines
catégories de produits manufacturés (cas de la Côte
d'Ivoire et du Nigeria qui exporte du textile vers l'Europe ou les Etats-Unis
d'Amérique). Il y a donc une transformation de la structure du commerce
international entre pays développés à économie de
marché et les pays en voie de développement. Le problème
est donc de savoir si cette transformation de la structure des échanges
Nord-Sud fait désormais du commerce international un facteur de
développement des pays sous développés.
La transformation de la structure du commerce international ne
permet pas de faire du commerce des PVD un facteur de développement. Il
y a plusieurs raisons expliquant cette situation. Le nombre de pays qui
connaissent une transformation significative de la structure de leur commerce
international est dérisoire. Sur 125 membres du groupe de 77,
près d'une centaine de pays ne connaissent pas cette transformation. Les
changements dans la structure du commerce international de quelques pays en
voie de développement sont le fait de décisions politiques
émanant l'extérieur. Dans plusieurs pays
sous-développés, ce sont les entreprises qui dirigent la
production et la commercialisation, de sorte que les véritables acteurs,
ceux qui occupent les centres de décision et qui élaborent les
politiques ne sont, dans ces cas, ni les gouvernants, ni les administrations,
ni même le capital privé national.
Pour étayer cette situation, on peut citer l'exemple
qui fait actuellement couler beaucoup d'encre à savoir la question des
Accords de Partenariat Economique (APE) que les Européens veulent signer
avec les pays membres de la CEDEAO. L'intégralité du projet des
APE a été mûri, écrit et proposé aux
africains sans même ni leur participation, ni leur avis, ni leur
réflexion à ce texte. Or les APE dans sa forme actuelle remettent
en cause les efforts de la communauté en matière de
développement du commerce et de construction économique dans la
mesure où les Européens demandent la réciprocité
dans les échanges ; or les économies des pays de la CEDEAO sont
encore embryonnaires.
Face à cette situation de commerce inégal, au
lendemain de leur indépendance, les premiers efforts des PVD ont
consisté généralement à essayer d'orienter
l'activité économique. Dans un premier temps, les nouveaux Etats
n'ont pas recherché le contrôle direct des activités
économiques. Les pratiques économiques de la plupart des pays
consistent à mettre en place les conditions susceptibles de permettre le
fonctionnement de l'appareil économique existant, en essayant, autant
que faire se peut, de l'améliorer et de le développer.
B- les caractères des industries des pays de la
CEDEAO
Ce qui a été évoqué ci-dessous
colle à la réalité des Etats membres de la CEDEAO
qui appartiennent tous au groupe des pays en voie de développement.
Au sortir des indépendances formelles des années 1960, les
Etats de l'Afrique de l'Ouest sous domination française ou
Anglaise ont développé une politique
industrielle d'import substitution qui consiste à remplacer un certain
nombre de produits préalablement importés de la métropole
notamment, par des productions locales identiques. On assiste alors à
une prolifération d'industries dans les différents Etats de la
Communauté. Cette conception du développement ne pouvait
s'appuyer sur des potentialités propres aux Etats, mais se traduisait
par un recours à des ressources extérieures pour propulser le
développement. Ainsi ces Etats ont eu recours au marché financier
international pour financer les importations des biens d'équipements
indispensables à la politique d'industrialisation par l'import
substitution. Ceci a accru considérablement la dette extérieure
de ces pays.
Ces Etats ont également pris un certain nombre de
mesures économiques pour inciter les multinationales occidentales
à investir massivement dans leur pays. Le principal outil de cette
politique est le Code des investissements. Le Code des investissements est un
ensemble de dispositions élaborées par les pouvoirs
exécutifs ou législatifs pour régir tout ou une partie des
activités économiques financées par le capital
privé national ou étranger. Dans la mesure où les Codes
des investissements sont des actes unilatéraux, ils apparaissent comme
l'expression de la souveraineté, du libre choix d'une politique
économique.
Tous les Codes d'investissements sont des instruments
d'incitation et d'encouragement grâce aux avantages qu'ils octroient. Le
choix consiste toujours à faciliter l'activité économique
du capital international. Ils se traduisent donc, le plus souvent, par des
politiques économiques qui vont dans le même sens. S'il y a choix,
pourquoi donc les pays en voie de développement choisissent-ils toujours
des politiques semblables ?
Le recours aux Codes des investissements a pour but d'attirer
les investissements des entreprises étrangères dont on suppose
ainsi, que les apports en capitaux, en équipements et en connaissances
scientifiques et techniques sont de nature à pallier les insuffisances
et les retraits locaux dans ces domaines. Une telle politique suppose donc que
les entreprises étrangères peuvent avoir parmi leurs objectifs,
le développement des pays sous développés.
Ainsi, les Etats de la CEDEAO ont pris les mesures suivantes :
y' les mesures de productions tarifaires ou parfois de
contingentement ou d'interdiction pure et simple des importations ;
y' l'octroi de crédits à des taux
préférentiels par les banques et les organismes locaux de
financement ;
y' l'exoration totale de l'impôt sur les
sociétés durant une période d'autant plus longue pour que
l'unité de production s'implante dans un secteur jugé
prioritaire.
Les firmes multinationales, étrangères, ont
profité de ces mesures pour mettre au point une stratégie
commerciale par une autre voie que cette traditionnelle des exportations. Ainsi
dans chaque pays de la CEDEAO, les mêmes firmes multinationales vont
installer une unité de production identique, avec pour seule
différence la dénomination. Pour illustrer cette situation, on
peut citer en exemple :
y' dans le secteur textile, Agathe Villot, la compagnie
française pour le développement des textiles (CFDT), le groupe
Boussac Saint frères ont implanté la Sofitex (Burkina) la Nitex
(Niger), Itema (Mali), Icadi (Cote d'Ivoire) ;
y' dans la téléphonie cellulaire mobile, on a
Moove Togo, Moove Cote d'I voire, Moove
Nigeria, Moove Ghana qui appartiennent à la compagnie
internationale Moove .
Ces entreprises sont généralement de petite ou
moyenne dimension, compte tenu de l'importance du marché national. Il en
résulte qu'en plus des caractéristiques liées à
l'extraversion des économies des pays sous développés, les
économies des Etats de la CEDEAO sont caractérisées par
une industrialisation tournée vers la production des biens de
consommation destinés à la satisfaction des besoins solvables des
consommateurs urbains.
Une industrialisation basée sur des structures
extraverties et une politique d'import substitution, loin de conquérir
l'indépendance économique, secrète de nouvelles formes de
dépendance sur le plan financier, technologique et commercial. Dans ces
conditions, comment les échanges commerciaux intracommunautaires
peuvent-ils connaître un développement conduisant à une
amélioration du niveau de vie des populations ? L'existence de Codes des
investissements trop favorables aux investissements étrangers
(rapatriement des capitaux notamment ) ne peut que retarder la prise en mains
par les Etats de leur destinée économique, seule condition sine
qua non pouvant permettre la mise en oeuvre au niveau régional d'une
politique active de coopération économique. Ne faudrait-il pas
harmoniser les Codes des investissements ?
Une harmonisation des Codes actuels des investissements
contribuerait à creuser d'avantages le déséquilibre
industriel dans la région. Ce Code devenant à peu près les
mêmes dans la région, le capital financier international ne
s'implantera que là où il pourra bénéficier
d'une
infrastructure lui permettant d'amortir ses charges et
accroître rapidement ses profits. Or le déséquilibre actuel
entre les Etats de la CEDEAO est déjà fort important ; 85 % des
industries sont reparties entre le Nigeria, la Côte d'Ivoire, le Ghana et
le Sénégal et les autres 15% aux autres pays membres. Cette
situation est le résultat des politiques coloniales et « néo
coloniale » qui ont fait certains des pourvoyeurs de main d'oeuvre et
quelques matières premières et surtout des consommateurs des
produits importés d'Europe ou des produits manufacturés en
provenance des pays côtiers ( ayant un littoral).
La structure des économies des Etats de la
Communauté telle que nous venons de décrire ne peut favoriser le
développement du commerce entre les Etats membres. D'autres obstacles
structurels existent, mais en fait elles ne sont que la conséquence des
caractéristiques des économies dominées et
dépendantes dont nous venons de parler.
C- La nature des produits agricoles
1- Des produits nouveaux à la
consommation
Dans les Etats membres de la CEDEAO, il n'existe pratiquement
que des industries légères, de transformation, produisant des
biens de consommation courante. Dès lors, on court le risque d'une
stagnation des échanges, une politique communautaire de production dans
l'optique de l'industrialisation faisant défaut.
Au delà de cet aspect, il y a un autre problème
ayant trait à la nature même des produits. Nous prenons deux
exemples : le poisson et le vinaigre. Pour les populations non
côtières, l'introduction du poisson dans leur cuisine bouleverse
leurs habitudes alimentaires. De plus, un investissement important est
nécessaire pour créer une chaîne de froid en vue de
conserver ce produit, cela alourdit le prix de revient de la marchandise sur le
marché des pays sans littoral. Dès lors, le poisson est
réservé aux couches sociales plus ou moins élevées.
Ces dernières représentent une infime partie de la population, le
marché est donc réduit. A la longue, le prix de revient baissera
lorsque les investissements auront été amortis et le
marché pourra s'agrandir.
Le vinaigre entre uniquement dans les préparations
culinaires de type occidental. La cuisine traditionnelle africaine ignore ce
produit. Ici de même, il sera réservé aux citadins, encore
faudra-t-il préciser que seuls consommeront, les individus ayant des
habitudes culinaires occidentales et dont le revenu est au moins moyen. La
même conclusion que dans le premier cas s'impose. Pour accroître
les échanges de ces produits, il faudra prendre en considération
le problème publicitaire. La publicité a pour effet de
créer des besoins, d'inciter les populations à consommer les
produits.
2- Les caractéristiques de l'offre
La saisonnalité détermine l'intensité des
flux.
En effet, d'une part, les flux de produit ne peuvent pas se
raisonner uniquement en fonction des caractéristiques de prix. La
disponibilité saisonnière des produits justifie un tarissement ou
au contraire une offre excédante. Ainsi, les produits agricoles ne se
trouvent en compétition d'un pays à l'autre que pendant une
période réduite alors que pendant d'autres, seul un pays peut
approvisionner le marché. Cela se traduit immédiatement dans une
forte rigidité des flux d'importations par rapport au prix.
D'autre part, les commerçants ne raisonnent pas
toujours leurs transactions une par une, mais tendent à globaliser leur
stratégie. Ils peuvent ainsi être amenés à
réaliser une vente à perte dans la mesure où elle permet
d'assurer un bénéfice important sur une autre. Ce cas de
compensation est très fréquent en Afrique de l'Ouest en raison de
l'absence de crédit ou de marché de fret. Il est connu par
exemple que les exportateurs Nigériens de riz ou d'oignons, produits sur
lesquels ils réalisent des compensations avec les produits dont ils ne
choisissent toujours pas ni la nature, ni la qualité comme les engrais
de manière à couvrir les frais de transport pour leurs camions
lors du trajet retour. Ces stratégies de compensation ou de troc
permettent aussi de pallier l'absence de crédit, de
convertibilité de monnaie de façon formelle ou le risque de
change.
3- Les caractéristiques de la demande
La demande pour certains produits alimentaires est rigide. En
période de pénurie, on peut donc avoir des augmentations
d'importations sans que cela soit justifié par le prix ou toute
modification des coûts de transaction. Ainsi, souvent la
mesure des flux ne peut être mise en relation avec l'évolution des
conditions d'accès (prix et taxe) des produits.
La différence de qualité détermine des
comportements d'achat dont les prix rendent difficilement compte. On pourra
ainsi avoir des productions dont la minoration de prix pour une qualité
jugée inférieure ne suffit pas à doper la demande. Ce qui
complique l'analyse et la différenciation sociale et géographique
de la demande : au Niger par exemple, le riz importé est plus
apprécié des couches urbaines. La brisure pourtant plus
chère, n'est guerre demandée. A l'inverse, au
Sénégal, la brisure fait partie des habitudes et ses importations
surpassent celles des autres types de riz entier. Des normes harmonisées
de qualité doivent voir le jour au sein de la Communauté pour
résoudre cette question.
D- Le problème monétaire
Les Etats membres de la CEDEAO n'appartiennent pas à la
même zone monétaire. Seuls les huit (8) pays membres de l'UEMOA
ont une monnaie commune. Ces dernières disposant la même monnaie,
le problème ne se pose pas. Le problème monétaire concerne
donc les pays membre de la CEDEAO hors UEMOA où le taux de change de
leur monnaie est fonction des cours.
Le problème de la balance des paiements conduit le plus
souvent les Etats à restreindre leur importation et à recourir
à des programmes de remplacement des achats à l'étranger
par des productions nationales. Il existe à l'échelle des quinze
pays de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO), une chambre de compensation qui traite de ces problèmes. Mais
le recours à cette chambre est possible pour régler les
difficultés. Mais elle s'est révélée non
opérationnelle pour plusieurs raisons :
V' un grand nombre d'opérations, du fait des banques
commerciales, lui échappent ;
V' malgré la possession de tous les documents
règlementaires, l'accès au change s'avère impossible
très souvent.
Lopy Naty17 nous apprend que les importateurs
Nigérians sont très réticents à la pratique de
l'ouverture du crédit documentaire. La CEDEAO ne règle pas ce
problème monétaire. Les solutions sont négociées
bilatéralement. Les opérateurs économiques
Nigérians et Ghanéens par exemple, pour leurs importations en
provenance de la Côte d'Ivoire, préfèrent ouvrir, dans les
banques Ivoiriennes un compte. Ignorant la méthode retenue dans les
autres pays, nous nous permettons de proposer l'extension de cette pratique au
cas où aucune solution n'aurait été trouvée, en
attendant que la CEDEAO se décide à éliminer cette
entrave.
La fluctuation des taux d'échanges entre les pays
membres constitue un facteur d'incertitude qui affecte en particulier les
opérations de cycle long. Les commerçants de bétail ont
souvent été pénalisés lorsque la
dépréciation de la Naira vis-à-vis du franc CFA annulait
toutes les marges des commerçants entre la conclusion de l'achat en
Naira et le temps d'acheminement du bétail sur pied jusqu'à
destination. A l'inverse, les achats dans l'UEMOA sont dopés lorsque la
Naira se réapprécie. Aujourd'hui, il parait donc
nécessaire pour la CEDEAO que l'ensemble de ces pays ait la même
monnaie. Il est impératif d'avoir une monnaie commune car la monnaie est
le reflet de la souveraineté et de l'harmonie des politiques
économiques.
E- la communication
L'intégration économique a pour passage
obligé le développement des moyens de communication tant au
niveau des langues que celui des télécommunications. Si le
courrier marche de façon assez satisfaisante et si les communications
téléphoniques sont dans l'ensemble possibles entre les capitales
et quelques grandes villes des Etats membres, il n'est pas toujours facile
d'obtenir à temps un correspondant situé dans un autre endroit de
la Communauté. On peut souligner aussi que l'accès aux nouvelles
technologies et de la communication reste à l'état embryonnaire.
Or, les relations commerciales exigent une rapidité et efficacité
des moyens de communication. Ce problème n'a pas échappé
aux responsables de la Communauté, en témoigne le rapport annuel
de 2000 du secrétariat exécutif sur l'état de la
Communauté.
17 Naty Loy. Les incidences de la TPC sur le
développement des échanges intra communautaires, Rapport de
stage
Pour ce qui est des communications, nous sommes arrivés
à la conclusion que les barrières linguistiques (Français
et Anglais) compromettent grandement et ralentissent le commerce et
l'intégration. C'est pourquoi il nous parait indéniable que la
CEDEAO adopte une mesure qui rend l'apprentissage du Français et de
l'Anglais obligatoire dans tous les Etats membres et ce au moins jusqu'au
secondaire. A ces carences s'additionnent celles des transports.
F- Les transports
Il est incontestable que l'insuffisance ou l'inexistence des
moyens de transport est un facteur qui endigue le développement du
commerce international. Sans infrastructure de transport, la liberté de
circulation des marchandises est un voeu pieux. Le système des
transports de la CEDEAO se caractérise par son
hétérogénéité, son incommodité et sa
faible densité pour chacun des Etats et reflète le
déséquilibre géographique de croissance.
Dans la CEDEAO, on constate que les différents modes de
transport (route, fer, air, mer) demeurent embryonnaires : les grands axes
routiers inter-Etats ne sont pas toujours praticables ou restent à
l'Etat de projet. Le réseau de chemin de fer ne comporte que les axes
construits avant les indépendances : Abidjan - Ouagadougou et Dakar -
Bamako .Le réseau routier des quinze (15) a une longueur d'environ
720.000 kilomètres dont 70% pour le Nigeria, la Cote d'Ivoire et le
Ghana. C'est pour pallier à ce déficit que la CEDEAO a
adopté le 7 janvier 2008 un projet de construction d'une autoroute sous
régionale qui reliera les capitales suivantes : Sénégal -
Mali - Burkina - Cote d'Ivoire - Accra - Lomé - Cotonou - Abuja.
Dans le domaine des transports fluviaux, la situation n'est
guerre brillante. Le Niger, cinquième fleuve du monde, dont la
quasi-totalité des hauts et moyens bassins est située sur le
territoire de la Communauté est pratiquement inexploité. Il en
est de même du fleuve Sénégal. Mais nous espérons un
changement radical avec la redynamisation de l'Organisation pour la mise en
valeur du fleuve Sénégal et la commission du fleuve Niger. La
rareté des moyens de transports fait que le tarif du fret est
très élevé, dissuadant les candidats à
l'exportation ou à l'importation et fait gonfler les prix à la
consommation. Les débouchés sont aussi fermés pour les
entreprises installées à l'extérieur, ce qui paralyse la
circulation des marchandises.
Il faut donc faire remarquer que la structure et
l'infrastructure de l'économie de l'Afrique de l'Ouest ne sont pas
favorables au développement des échanges entre les Etats de la
CEDEAO. Pourtant, ces Etats lors de l'élaboration du Traité et de
ses Annexes depuis 3 décennies maintenant, ont créé des
institutions dont les activités devaient conduire à un
développement plus rapide et mieux équilibré des Etats
membres. Ainsi le Traité Révisé en son article 26 dispose
que « Les Etats membres conviennent d'harmoniser leurs politiques
d'industrialisation en vue de la promotion du développement industriel
régional et de l'intégration de leur économie. A cet
effet, ils s'engagent entre autre à :
y' renforcer la base industrielle de la Communauté,
moderniser les secteurs prioritaires, favoriser la réalisation d'un
développement autoentretenu et autosuffisant,
y' promouvoir les projets industriels conjoints ainsi que la
création d'entreprises multinationales dans les secteurs industriels
prioritaires susceptibles de contribuer au développement de
l'agriculture, de transports et de la communication, des ressources naturelles
et de l'énergie.
Afin de créer une base solide d'industrialisation et de
promouvoir l'autonomie collective, les Etats membres s'engagent à :
y' assurer d'une part le développement des industries
pour l'autonomie collective et d'autre part à la modernisation des
secteurs économiques prioritaires notamment entre autres : l'industrie
alimentaire et l'agro-industrie, l'industrie de bâtiment et de
construction, l'industrie mécanique, l'industrie forestière et
l'énergétique, l'industrie pharmaceutique, l'industrie textile et
du cuir ;
y' stimuler le commerce et la consommation des produits
industriels, stratégiques, manufacturés dans les Etats Membres
;
y' faciliter la mise en place d'entreprises multinationales
ouest africaine et encourager les entrepreneurs ouest africains dans le
processus d'industrialisation régionale. Ces dispositions,
destinées à « permettre la valorisation
optimale du potentiel de développement industriel de l'ensemble des
Etats de la Communauté' » qui paraissent
susceptibles de contribuer à modifier la structure actuelle de
l'économie de la sous région, qui, comme nous l'avons
déjà indiqué est constituée de petites
unités de production de biens de consommation implantées dans
chaque pays de la Communauté par les multinationales
étrangères.
La création d'industries telle que
préconisée à l'alinéa 2 de l'article 26 du
Traité Révisé peut conduire à une économie
régionale intégrée ; encore faut-il que ces entreprises
puissent être contrôlées par les Etats membres ou leurs
ressortissants nationaux. En d'autres termes, ces entreprises ne devaient pas
être des détachements des grosses multinationales occidentales,
asiatiques, américaines qui, dans le cadre de la nouvelle division
internationale du travail, investissent beaucoup dans les pays en voie de
développement pour bénéficier sur place d'une main
d'oeuvre convenable et d'abondantes matières premières.
A ces entraves exogènes, s'ajoutent les entraves
endogènes résultant des pratiques des Etats qui ne vont toujours
pas dans le sens du développement des échanges commerciaux des
produits originaires, qui ne sont d'ailleurs, parfois, considérer de
communautaire que dans le lieu où ils sont fabriqués ou
produits.
SECTION II : LES ENTRAVES ENDOGENES
Ces entraves sont internes à la Communauté et
sont de plusieurs ordres. Nous ne retiendrons que celles liées à
la libre circulation des biens et personnes (réticence des Etats,
tracasserie douanière), à l'information et à la faiblesse
financière.
A- la libre circulation des personnes et des biens et
services 1- la réticence des Etats
Pour les économies en construction des Etats membres de
la CEDEAO, le commerce totalement libre entre les Etats membres de la CEDEAO
est un facteur indéniable. La promotion du commerce et des industries
parait fortement compatible avec une liberté totale de circulation des
produits originaires.
Conscient de cette situation, le Traité
Révisé de la CEDEAO, organise entre les Etats membres, une libre
circulation des marchandises dans le cadre d'une zone de libre échange.
Il n'y a pas de restriction quantitative, la circulation des produits du cru et
de l'artisanat traditionnel ne subissent aucune coercition tarifaire à
l'importation. De même, les produits
industriels originaires ont une taxation réduite par un
régime préférentiel spécial et un TEC pour le
commerce avec le reste du monde. Malgré la souplesse de ce
système en vigueur depuis 1975, on constate néanmoins des
réticences multiformes de la part des Etats membres à mettre en
oeuvre les concessions qu'ils se sont faits.
Dans cette optique nous prendrons en exemple le Nigeria qui
protège fortement son agriculture et ses industries ; or il devrait
l'ouvrir aux autres membres de la Communauté dans la mesure où il
est la première économie de la Communauté et à ce
titre, il en devrait être le moteur de son intégration. Le
comportement du Nigeria dans le cadre des négociations du TEC CEDEAO
n'est pas fort louable. Le TEC dans sa négociation actuel comprend cinq
catégories de tarifs : la catégorie 1 (0% de droit :
denrées de première nécessité, services publics,
médicaments, machineries et équipements industriels) ; la
catégorie 2 (5%de droit : matières premières) ; la
catégorie 3 (10% de droit : produits intermédiaires) ;
catégorie 4 (20% de droit : produits finis) et la catégorie 5
(50% de droit : produits du luxe). Egalement chaque Etat dispose d'une liste
d'exceptions, comprenant les produits aux droits de douane différents de
ceux du TEC. Le Nigeria compte au totale à lui seule 308 lignes
tarifaires sur la liste d'exceptions de type B comprenant, l'acier, produit
pétrolier, les produits pharmaceutiques, le riz, la bière, les
boissons sucrées et le tabac entre autres. Mais les négociations
sur la liste d'exceptions de type B se sont retrouvées bloquées
lors des réunions de juin 2007 de la commission mixte CEDEAO / UEMOA
pour la gestion du TEC. C'est pourquoi le Nigeria a suspendu l'application du
TEC jusqu'à ce qu'un consensus se trouve au niveau des produits
contentieux. Nous pensons qu'un tel agissement remet en cause l'avancement des
négociations pour l'application totale du TEC CEDEAO. Le Nigeria taxe le
riz à l'importation à 100% de droits de douane, interdit
l'importation des volailles et impose certains produits originaires de la
Communauté. Cela remet en cause l'esprit et la lettre de la libre
circulation des produits du cru et de l'artisanat traditionnel.
Dans ce même volet certains Etats pratiquent la licence
d'importation qui reste un moyen efficace pour déjouer la concurrence
étrangère sans interdire officiellement l'entrée d'un
produit considéré dans le pays.
2- les tracasseries douanières
Les tracasseries douanières font également
parties des nombreuses entraves à la libre circulation des marchandises.
Les agents douaniers considèrent tout importateur ou exportateur comme
un fraudeur en puissance et les soumettent à leur bonne volonté.
Les industriels sont à la merci de ces agents qui souvent remettent en
cause subitement une position tarifaire utilisée pendant longtemps. La
contestation de l'origine communautaire des produits ou de la validité
des documents d'accompagnement est une pratique fréquente. A cela
s'ajoute cette pratique assez répandue du «bakchich« toute
attitude qui peut gêner considérablement la circulation des
produits entre les Etats membres de la Communauté. C'est pourquoi pour
éliminer ou réduire les barrières physiques à la
libre circulation, une réduction des barrières douanières
au minimum possible s'impose. De plus, au niveau des frontières, les
agents de police, de douane ou de gendarmerie doivent être
sensibilisés sur les protocoles de la CEDEAO concernant la libre
circulation des personnes et des biens.
3- Le tropisme du Nigeria
Le Nigeria est le pays qui a le poids économique le
plus élevé de la Communauté. IL adopte une politique
commerciale hétérodoxe. La politique commerciale de ce pays
contraste fortement avec celle de ses voisins par son instabilité et sa
tendance protectionniste. Ainsi, alors que la fourchette tarifaire est
passée de 0-300 % à 0-150 % entre 1995 et 2000, son gouvernement
continue de pratiquer des droits de douane élevés sur certains
produits et d'interdire l'importation d'autres. Les produits du cru originaires
de la Communauté n'échappent pas à cette restriction.
Pourtant, la politique de la prohibition du pays a une
efficacité limitée. La plus part des produits prohibés(
huiles végétales, farine de blé, boissons non
alcoolisées, préparation sucrée, tissus de coton et
plusieurs autres textiles, les baignoires, les sièges, les cuvettes et
les articles domestiques en plastique...) entrent dans le pays et sont
officiellement enregistrés. L'efficacité de cette politique est
d'autant plus persistante que la production domestique des produits
prohibés est structurellement déficitaire par rapport à la
demande. Les difficultés de la mise en place de
l'intégralité TEC CEDEAO est du à l'intransigeance du
Nigeria sur la liste des produits de type B.
B- L'information et la formation
1- L'information
Cet obstacle se situe à plusieurs niveaux. Nous n'en
retiendrons que deux : y' celui des dispositions du Traité et
y' celui des marchés.
Plusieurs difficultés rencontrées par les
industriels et commerçants relèvent de la méconnaissance
des régimes commerciaux institués par le Traité, selon les
rapports annuels du Secrétaire Général de la CEDEAO sur
l'état de la Communauté. Les discussions avec les administrations
et les opérateurs économiques ont révélé que
l'information sur les dispositions relatives à la TPC est
défectueuse. Ce système préférentiel étant
destiné à développer les échanges des produits
industriels bénéficiant de ce régime, comment
parviendra-t-on à accroître les flux commerciaux si on l'ignore ?
Veut-on compter uniquement sur l'accroissement naturel ? Dès lors qu'on
dissolve la CEDEAO.
Il est regrettable que 33 années après
l'entrée en vigueur de la CEDEAO, les principaux
intéressés (commerçants et industriels) ne sachent pas ce
qui a été décidé pour eux, car en exportant plus,
ils accroissent leurs bénéfices.
Avant de produire, il faut savoir si l'on pourra vendre :
c'est un des aspects essentiels de l'information commerciale. Au niveau de la
CEDEAO, on note une lacune très grave sur les produits disponibles. Les
producteurs ou exportateurs et les consommateurs ou importateurs ne
possèdent pas de renseignements suffisants, les premiers sur les
débouchés, les seconds sur les produits. Par information
commerciale, on doit entendre « des données objectives susceptibles
d'aider le décideur à prendre de bonnes actions
»18 . Cette information s'avère nécessaire pour
:
y' définir les priorités et les objectifs tant pour
l'exportation que pour l'importation ;
18 Rapport du séminaire sous régional sur la
méthodologie des études des marchés à
l'exportation, Bamako, 5-12 Août 1983.
y' déterminer les catégories de produits pour
lesquelles il conviendrait d'encourager la production et les investissements
axés sur l'exportation ;
y' découvrir et exploiter les débouchés
offerts par les marchés extérieurs.
Certains produits restent invendus tout simplement parce
qu'ils n'ont pas d'information sur les débouchés. Si
l'information n'avait pas fait défaut, certaines entreprises n'auraient
pas existé. Tout cela montre que l'information reste et restera un
facteur cardinal dans le développement des échanges commerciaux.
On peut ajouter que cet élément réduira les risques
financiers liés à l'exportation dus à l'absence d'un
réseau d'information fiables sur la qualité du crédit des
entreprises et des structures d'aide au recouvrement des créances. Cette
réduction aura pour corollaire, sans nul doute, un accroissement
important des échanges. La création de medias propres à la
Communauté contribuerait à pallier à la carence
informationnelle. Afin de profiter au maximum des informations reçues,
l'opérateur économique doit être en mesure de les analyser.
C'est le problème de la formation.
2- La formation
La formation et le perfectionnement (recyclage) des cadres
doivent constituer une option fondamentale si l'on veut assurer les changements
de comportement par le développement de leurs compétences dans
l'optique d'une application optimale des politiques en matière de
promotion des échanges. Il faut préciser que cette formation ne
doit pas être essentiellement technique ou professionnelle, elle doit
s'orienter vers la préparation d'agents de changement,
d'éducateurs, de responsables, c'est-à-dire de personnes alliant
leurs connaissances et leurs attitudes pour promouvoir les circuits
commerciaux.
C- La faiblesse financière
Il est notoire que les sources nationales et régionales
de financement soient depuis longtemps inexistantes et le recours aux sources
extérieures est de règle pour les Etats dans la recherche des
voies et moyens pour sortir du sous développement.
Les participations du Fonds de Coopération, de
Compensation et de Développement (FCCD) ne pourront pas se substituer
de façon conséquente à la carence des sources nationales.
Le
recours sera donc fréquent, pour le financement des
entreprises communautaires, aux sources extérieures sous toutes ses
formes : aides publiques au développement des pays de l'Union
Européenne, prêts des organismes spécialisés des
Nations Unis (FMI et Banque mondiale), banques privées etc. C`est la
logique de la voie de développement suivie depuis longtemps par les
Etats membres pour le développement de leurs industries nationales qui
sera transposée au niveau des entreprises communautaires : s'appuyer sur
l'extérieur pour développer l'intérieur et nous ne voyons
pas ce qui pourrait amener les Etats à transgresser cette logique au
niveau communautaire, dans la mesure oú cette voie est le
résultat d'un choix conscient pour un modèle de
développement.
De notre point de vue, la Communauté regorge de ressources
financières suffisantes pour subvenir aux besoins de son
développement économique.
D'une part, dans un pays comme le Sénégal et la
Cote d'Ivoire, la thésaurisation est très forte et peu de gens se
résignent à déposer leurs avoirs financiers dans les
banques et caisses d'épargne. Ce constat peut se
généraliser à bon nombre d'Etat de la Communauté.
Il suffira donc de mener dans chaque Etat, une politique dynamique et plus
incitative à l'épargne précédée d'une forte
campagne de sensibilisation en vue de « démocratiser» ou
« populariser » les banques.
Sur cette même lancée, plusieurs des dirigeants
de la Communauté possèdent des centaines de millions voire des
milliards de dollars dans des paradis fiscaux en Europe, en Amérique et
en Asie. Un rapatriement de ces fonds donnera à coup sûr un boum
économique à la Communauté. Il est criard de sensibiliser
nos dirigeants à cet égard.
D'autre part, dans quelle mesure la communauté, par le
biais du FCCD, ne pourrait-elle pas lancer un emprunt auprès des
nationaux des Etats membres, une sorte d'emprunt Etat dans des conditions
précises et pour un projet communautaire précis ?
La crise internationale a rétréci
considérablement les possibilités d'obtenir des finances au
niveau des bailleurs internationaux de fonds qui, d'ailleurs de plus imposent
des conditions draconiennes qui mettent les gouvernements en difficulté
du fait des mesures anti-sociales qu'ils doivent prendre. Il est donc grand
temps de compter au niveau financier, sur ses propres forces et nous pensons
qu'une récupération judicieuse de l'épargne pourrait
permettre à la
Communauté de compter sur elle même, condition sine
qua non pour propulser une industrialisation endogène.
Nous pouvons également faire ressortir que l'absence de
moyens de paiement moderne se traduit par des difficultés pour les
entreprises du secteur formel de se faire payer les crédits de taxe sur
la valeur ajoutée, ce qui nuit à la rentabilité des
entreprises. A un autre niveau, l'absence de réseaux bancaires induit
une insécurité pour les commerçants. Ainsi, pour acheminer
une vingtaine de bovins de Maradi à Lagos, il faut disposer d'un minimum
de trois (3) millions de francs CFA en liquide. La multiplicité des
banques est donc nécessaire.
CONCLUSION
Au terme de l'analyse quelques peu succincte des
mécanismes prévus par le Traité Révisé de la
CEDEAO, ainsi que de l'identification des principaux obstacles au
développement des échanges commerciaux, nous terminons cette
étude par une appréciation globale de l'action de la CEDEAO en
matière d'organisation des échanges commerciaux, en nous
interrogeant sur la nécessité de cette Communauté
économique.
De la nécessité d'un regroupement
sous-régional : la balkanisation de l'Afrique de l'Ouest selon la
logique « du diviser pour mieux régner» a eu pour
conséquence l'émergence de petits Etats qui ne survivaient que
grâce à la tutelle de la puissance coloniale.
Depuis les indépendances des années 1950 et
1960, la présence coloniale est moins visible et les Etats se retrouvent
abandonnés à eux mêmes, avec des structures
économiques entièrement organisées pour la satisfaction
des besoins des anciennes métropoles. Dans un tel contexte, l'autarcie
ne pouvait être la solution au problème d'une économie
nationale dans les pays de la région. C'était également
l'époque où les idées fédéralistes
étaient en vogue, mais les puissances occidentales ne pouvaient
tolérer l'existence « des Etats-Unis d'Afrique » dont la
puissance en tout cas en potentialité économique, ruinerait leurs
intérêts. Il fallait donc susciter de petits regroupements sous
régionaux faciles à contrôler. L'intérêt de
tel regroupement pour les Etats eux mêmes est évident : la
complémentarité traditionnelle des économies de la
forêt et de celle de la savane, la nécessité de pouvoir
continuer à écouler les productions déjà
existantes, les facilités dans l'exploitation des sols et des sous sols
... Un ensemble de facteurs qui font que ces pays sont condamnés
à organiser ensemble leur développement économique. C'est
ainsi que dès l'aube des indépendances est née l'UDEAO
(1959) qui a failli en voulant instaurer l'union douanière totale
immédiatement ; cette faillite a conduit à la naissance de la
CEDEAO qui a adopté une voie plus souple vers l'intégration des
économies des pays membres.
Le nombre des organismes communautaires dans la région
est important ; ceci témoigne de la conscience que seuls des groupements
sous-régionaux, régionaux, africain peuvent contribuer à
propulser le développement économique des biens d'Etats et
conférer un dynamisme nouveau aux économies des pays
déjà un peu plus avancés. Si le regroupement
apparaît donc comme nécessaire, il ne doit avoir pour mission que
de favoriser le développement harmonisé et
équilibré des activités économiques des Etats
membres en vue de parvenir à l'objectif ultime de l'amélioration
du niveau de vie des populations. C'est l'objectif que s'est fixé le
Traité Révisé de la CEDEAO en son article
2. Si le regroupement est indispensable, les grands principes ne suffisent pas
à le rendre efficace. Au niveau de ce Traité
Révisé, la volonté pour sortir les Etats membres du
sous-développement en accélérant leur industrialisation
est vivante.
Les obstacles que nous venons d'étudier, bien que
nombreux, ne doivent pas amoindrir cette ambition. L'espoir d'un
véritable marché commun est possible à condition que l'on
continue à jouer le jeu de la solidarité, de la
complémentarité avec tout ce que cela implique comme sacrifice
d'intérêt nationaux et de violence des habitudes administratives
ou de consommation.
Bien que les mesures prévues n'ont pas produit tous les
effets escomptés, non seulement la part des produits
agréés à la TPC ne représentent qu'une infine
partie des échanges de produits industriels, mais aussi ces mesures
n'ont pas encore renverser les tendances traditionnelles du Commerce
International des Etats membres ; la plus grande partie du commerce se fait
toujours avec les pays du reste du monde.
Ce sont surtout les pays côtiers les plus
développés (Nigeria, Côte d'Ivoire, Ghana,
Sénégal) qui ont un tissu industriel relativement solide leur
permettant d'exporter, qui vendent surtout au reste de la Communauté. Ce
commerce entre les Etats de la CEDEAO n'est pas nouveau et résulte de la
politique du colonisateur qui a transformé l'économie des pays de
l'intérieur en marché pour les produits en provenance de la
métropole ou manufacturés émanant des industries
naissantes des pays côtiers. Mais est-ce dire que la CEDEAO n'a fait que
maintenir, aménager ou aggraver une situation de
déséquilibre déjà existante ?
Si l'on devait s'en tenir qu'au seul niveau des
échanges commerciaux, on serait tenté de répondre par
l'affirmative. Mais la CEDEAO n'est pas que cela. Elle entreprend des actions
de développement agricole, pastoral, industriel... dans les Etats les
plus défavorisés. Il faudrait apprécier la portée
de ces actions afin d'avoir une vue plus globale sur les bilans de 30
années de pratique communautaire par les 15 Etats membres.
En somme, nous notons à juste titre que l'esprit
communautaire de la CEDEAO est une voie de salut pour le bien-être de
ses ressortissants. C'est l'action de tous les ressortissants de la CEDEAO
qui pourraient bâtir une Communauté pleine de succès, de
triomphe. Il faut faire
en sorte que chacun d'entre ses ressortissants, soit digne de
l'Afrique. La Communauté dispose d'immenses potentialités, mais
l'ignorance de cette force la rend faible et carrent. L'économie des
pays africains a été organisée par les occidentaux contre
eux même. C'est dans ce sens que Thomas Sankara, président du
Burkina Faso (1983-1987) lors de son discours à la conférence des
Nations Unies de 1984 disait « osez inventer l'avenir »19
et donc l'on ne doit pas avoir l'esprit d'une conservation des acquis mais
celui d'un dynamique de progrès . C'est avec un lourd sacrifice de
réduction des intérêts personnels à chaque Etat au
profit de la Communauté que la CEDEAO aboutira aux objectifs qu'elle
s'est fixée.
19 Discours de Thomas Sankara au
39ème sommet de l'ONU le 4 octobre 1984 : Voir archives ONU
1984 ou Libérateur N°41 du 05 au 20 octobre 2007
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septembre 2003
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extraordinaire de Conseil des ministres. Rapport final, CEDEAO, 23 mars 2006
2. Facilitation du commerce et du transport : Programme de
politique de transport en Afrique subsaharienne, John Raven : Commission
économique pour l'Afrique : document de travail n° 66F 2004
3. Rapport annuel du secrétariat exécutif de la
CEDEAO, année 1990 à 2005
4. Rapport du Conseil des ministres chargés du commerce
des Etats Membres de l'UEMOA, Juin 2004
5. Rapport du séminaire sous régional sur la
méthodologie des études des marchés à
l'exportation, Bamako, 5-12 Août 1983
6. Plaidoyer de l'amélioration du commerce, CEDEAO, mars
2006 Les documents
1. Lois de finances du Burkina Faso, année 2000
2. Journal officiel CEDEAO n°1 à 40
3. Traité Révisé de la CEDEAO, Pub. CEDEAO
,1993
4. Les dispositions de l'OMC, les articles XI et suivants
TABLE DE MATIERES
DEDICACE P i
REMERCIEMENT P ii
SIGLE ET ABREVIATION P iii
INTRODUCTION P 1
PARTIE I : La coopération commerciale
organisée par le Traité Révisé de la
CEDEAO
P 5
Chapitre I : Généralité sur la
CEDEAO P 8
Section I : la genèse P 8
A. La convention de 1959 à celle de1966 P 9
B. L'émergence de la CEAO P 11
Section II. Les buts et objectifs de la
communauté P 12
Section III : Les principes de fonctionnement de
la Communauté P 13
Section IV. Les institutions de la
Communauté et leur fonction P 14
A. Les institutions P 14
B. Les attributions des institutions P 15
Section V : L'état d'intégration
de la Communauté P 19
Chapitre II : l'organisation des
échanges commerciaux intracommunautaires et extracommunautaires
P 21
Section I .Le régime de libre
échange entre les Etats Membres P 21
Section II. Le régime de
libéralisation progressive entre les Etats Membres de la
Communauté P 24
A. Les objectifs et le fonctionnement du
régime préférentiel spécial P 25
B. Décision d'octroi de l'agrément
P 27
Section III. Le Fonds de Coopération, de
Compensation et de Développement P 29
Section IV. L'organisation des échanges
avec les pays tiers : le Tarif Extérieur P 30 Commun
A. La régulation des échanges
avec le reste du monde P 30
B. La phase actuelle de négociation du TEC P
32 PARTIE II : Les entraves à la
libéralisation des échanges Intra-communautaires P 36
Chapitre I : Les entraves résultant de la
violation des dispositions
conventionnelles et assimilées P 37
Section I. Les obstacles tarifaires P 37
A. Le rétablissement des barrières
douanières : La majoration
du taux de la TPC P 37
B. Le rétablissement des barrières
douanières : La taxation
des produits du cru et de l'artisanat traditionnel P 37
Section II. Les obstacles non tarifaires P 41
A. Au niveau des produits P 41
1. L'identification des produits P 42
2. Le contingentement P 43
B- Les obstacles administratifs P 44
1- La complexité des procédures P
45
2- Les pratiques administratives P 50
et « ne pas avoir l'esprit d'une conservation des acquis
mais celui d'un dynamique de progrès et « ne pas avoir l'esprit
d'une conservation des acquis mais celui d'un dynamique de
progrès
Chapitre II : Les autres entraves P50
Section I. Les entraves exogènes P 50
A. L'extraversion des économies des pays
sous développés P 50
B- Les caractères des industries des pays de la CEDEAO P
52
C- La nature des produits échangeables P 54
1- Des produits nouveaux à la
consommation P 54
2- Les caractéristiques de l'offre P
55
3 - Les caractéristiques de la demande P
55
D. Le problème monétaire P 56
E- La communication P 57
F- Les transports P 58
Section II. Les entraves endogènes P
61
A- La libre circulation des personnes et des
biens & services P 62
1- La réticence des Etats P 62
2- Les tracasseries douanières P 62
3- Le tropisme du Nigeria P 63
B- L'information et la formation P 63
1-L'information P 63
2- La formation P 65
C- La faiblesse financière P 67
CONCLUSION P 68
BIBLIOGRAPHIE P 72
TABLE DE MATIERES P 76
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