3
Caractéristiques des ménages
· Caractéristiques économiques
Le quartier Sagbé présente une forte concentration
humaine. C'est un quartier
Ville et Santé : Assainissement en milieu urbain
Les risques sanitaires dans le quartier Sagbé
1. L'insalubrité dans l'habitat
Les matériaux utilisés pour la construction des
logements dans les PVD ne sont pas souvent adaptés au climat.
La plus part de ces logements sont insalubres, mal
aérés et présentent un risque pour la santé de
leurs occupants.
Les logements dégradés et sans confort souvent
anciens sont à l'origine de problèmes de santé :
aggravation des maladies respiratoires, crises d'asthme, allergies, asphyxie
parfois mortelle par le monoxyde de carbone, saturnisme (intoxication par le
plomb) avec des conséquences irréversibles chez les enfants et
les personnes âgées à cause de leurs situations sensibles
dans la société.
Les facteurs mis en cause sont les suivants : présence
de toxiques (plomb, monoxyde de carbone, amiante...), humidité
excessive, manque d'éclairement, défaut de ventilation,
présence d'allergènes et de moisissures, défauts
d'aménagement entraînant un risque d'accidents domestiques...
2. Le monoxyde de carbone (CO)
Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz incolore et inodore
très dangereux qui de diffuse dans l'atmosphère suite à la
combustion incomplète de matières organiques (bois, charbon,
carburants, gaz...) par manque d'oxygène.
L'utilisation du bois et du charbon dans les
sociétés africaines pour la cuisson est à l'origine du
dégagement de ce gaz dans les ménages. L'intoxication au monoxyde
de carbone peut entraîner des effets sanitaires de gravité
variable allant de simples maux de tête jusqu'à l'asphyxie pouvant
être mortelle en passant par des nausées et des pertes de
connaissances.
3. Les risques liés à l'adduction d'eau potable
Dans le quartier étudié, l'adduction en eau
potable se fait de manière illégale. Partout dans le quartier, on
assiste à des branchements parallèles sur le réseau
d'adduction de la Société de Distribution d'Eau de Côte
d'ivoire (SODECI). Le ravinement du sol a mis à nu les canalisations
enterrées qui sont pour la plus part fissurées. Les populations
utilisent alors des sachets plastiques pour arrêter l'écoulement
d'eau à travers les fissures. L'inconvénient de cette pratique
reste le débit de l'eau. Lorsque le débit est
élevé, les souillures sont repoussées. Par contre, quand
le débit est faible, toutes les saletés sont aspirées dans
les tuyaux et rendent impropre l'eau à la consommation.
4. Le déversement et la stagnation des eaux usées
dans les rues
Le déficit d'assainissement dans les quartiers
précaires, amène les ménages à déverser
leurs eaux usées dans les rues et ruelles. Des espaces
aménagés ou non, appelés déversoirs d'eaux
usées sont alors choisis dans les rues par les populations pour servir
des lieux d'évacuation quotidienne des eaux usées domestiques.
Dans ces quartiers défavorisés, aucun système
d'évacuation des eaux usées n'est construit ; le système
d'égouttage étant très onéreux pour les populations
qui y vivent. Dans ces conditions, deux possibilités s'offrent aux
populations riveraines : i) l'évacuation des eaux dans les rues, ii) et
l'utilisation des fosses (Strauss et al., 2000). Très peu de
ménages optent pour la deuxième option. La taille des
ménages est en moyenne de 5 à 6 habitants par ménage. Le
coût et la maintenance des fosses constituent un problème pour ces
populations majoritairement en dessous du seuil de pauvreté. De plus, la
promiscuité des
habitations constitue un frein à un système
assainissement adéquat. Tout cela conduit les ménages à
choisir la première option, c'est-àdire à recourir aux
rues et terrains vagues comme mode d'évacuation des eaux usées.
L'insuffisance du réseau de drainage, s'exprime par la stagnation des
eaux sales dans le quartier Sagbé. Ces eaux se concentrent dans des
canalisations de fortunes mises en place par les populations pour
détourner les eaux usées de leur habitat sans se soucier du
voisin. Ces modes de gestion des eaux usées sont très souvent
à l'origine de différends entre les populations. Parfois, les
déversoirs d'eaux usées communiquent avec les eaux stagnantes.
L'occupation des rues par les eaux stagnantes est visible à travers le
quartier étudié (photo 4).
Photo 4 : Les eaux usées stagnent dans les rues du
quartier Sagbé
5. L'assainissement des eaux usées et des
excréta
A Abobo Sagbé, l'assainissement est essentiellement
autonome. Le principal mode d'évacuation des excréta et des eaux
usées restent à plus de 90% des latrines à fond perdu. Les
systèmes modernes constitués de WC à chasse avec fosse
septique sont également présents. Ces fosses sont mal
construites, presque jamais entretenus, sans système
d'étanchéité et sujette à des odeurs
nauséabondes. Plusieurs ménages n'ont pas de système
défini et se soulagent dans la nature. De nombreuses personnes ne
donnent pas de renseignements à ce sujet et l'on pourrait tout
simplement déduire qu'ils défèquent dans la nature ou sur
les espaces non mis ou sommairement mis en valeur ou encore en attente de
construction.
Quant aux latrines, elles sont directement vidées sur
la voie publique ou aux alentours des habitats et la fosse reste plusieurs
jours à ciel ouvert (photo 5) sous le regard indifférents des
pouvoirs publics.
Photo 5 : L'environnement immédiat de l'habitat demeure
le lieu privilégié pour la vidange des fosses septiques
Les eaux usées et pluviales ne sont pas drainées
par absence de systèmes d'évacuation approprié. Les drains
et rigoles existant sont le lieu de dépôt d'ordures
ménagères. Ainsi, ces eaux s'évacuent de façon
anarchique le long des voies de dessertes et des rues accentuant
l'érosion des voies.
5
Ville et Santé : Assainissement en milieu urbain
Nos investigations dans le quartier nous ont permis d'obtenir les
données consignées dans le tableau ci-dessous : Maladies
récurrentes dans le quartier
Maladies
|
Nombre de Consultations
|
Pourcentage des maladies citées
|
Paludisme
|
100
|
60 %
|
Diarrhée
|
100
|
20 %
|
Infection Respiratoire
|
100
|
12 %
|
Source : Cliniques d'Abobo-Sagbé, 2009
A la lecture du tableau, nous constatons que le Paludisme est
la maladie la plus rencontrée dans ce quartier. Sur un total de 100
consultations, l'on détecte environ 60 cas de Paludisme.
Quant à la Diarrhée et aux infections
respiratoires, les taux sont respectivement de 20 et 12 % des cas de
consultations.
La situation de l'assainissement reste donc inquiétante
dans le quartier. On y rencontre un seul système d'assainissement
constitué d'ouvrages autonomes. Les ordures, les eaux usées
stagnantes sont des problèmes qui mettent quotidiennement en
péril la santé et le bien-être des populations. Il
apparaît en revanche que les populations ont une claire conscience des
dangers qui les guettent. En effet, elles associent clairement d'une part la
morbidité et l'insalubrité du cadre de vie et d'autre part, la
dégradation du cadre de vie et le défaut d'ouvrages
d'assainissement collectif car les populations sont exposées au
Paludisme et à la Diarrhée, qui sont les maladies courantes avec
des taux respectifs de 60 % et 20 % des cas de maladies. En plus ces maladies
empêchent une frange
importante active de travailler. Alors il importe de proposer
des mesures susceptibles d'améliorer le profil environnemental du
quartier Sagbé.
ESQUISSES DE SOLUTIONS
Face à la dégradation de l'environnement au
quartier Sagbé, quelques stratégies méritent d'être
adoptées :
· sensibiliser et éduquer les populations sur les
règles d'hygiène et sur les pratiques qui contribuent à la
dégradation de l'environnement.
À travers cette sensibilisation, il faut promouvoir
les bienfaits d'un environnement sain. Les autorités municipales doivent
faire de l'assainissement une priorité à AboboSagbé.
Les autorités doivent aussi mener des actions en
faveur de l'assainissement. Ces actions doivent être menées avec
l'implication de la commune d'Abobo, ceci à travers des campagnes de
sensibilisation sur l'hygiène et la propreté. Pour la
réussite de cette action, il faut utiliser des techniques de
proximité telles que les visites à domiciles avec des
explications plus pratiques, des rencontres d'échanges avec les groupes
cibles (hommes, femmes, enfants). Il faut également multiplier les
actions de type « journée quartier propre ».
· Mettre en place un système de
précollecte.
Le quartier étant inaccessible aux véhicules de
collecte, un système de précollecte doit être mis en place.
Les ordures précollectées seront acheminées dans des
endroits prévus à cet effet. Ce travail facilitera celui des
collecteurs. Pour cela, une certaine motivation devrait être faite au
niveau des jeunes en leur fournissant un salaire mensuel. Les
précollecteurs d'Abobo-Sagbé doivent bénéficier
d'un encadrement, d'une formation
6
Ville et Santé : Assainissement en milieu urbain
et ils doivent être équipés suffisamment.
Car cette activité réduit le taux de chômage
et contribue à améliorer la santé
environnementale. Les charrettes des précollecteurs
doivent être divisées en compartiment selon les différents
types de déchets. Ces charrettes doivent en outre être recouvertes
pour éviter aux ordures de s'éparpiller au moindre vent. Tous ces
travaux faciliteraient la valorisation par récupération des
objets encore utilisables et le compostage des ordures pour le
développement surtout des cultures maraîchères
pratiquées à la périphérie d'Abidjan.
· appliquer le principe du « Pollueur- Payeur
»
Il faut mettre en place des textes et lois pour
réglementer la gestion des ordures ménagères et des eaux
usées au niveau des ménages car la ménagère qui
jette des ordures ou déverse des eaux usées sur la
chaussée ne craint aucune pénalité.
Face à cette impunité, il faut appliquer le
principe du «Pollueur-Payeur». Ce principe stipule que c'est le
pollueur qui doit assumer le coût de la dépollution, ou en
d'autres termes payer les frais de dépollution (PNUE, 2006).
L'application effective de ce principe mettra fin au déversement des
eaux usées sur la voie publique.
|