A- LES FILLES ET LA SCOLARISATION EN ALGÉRIE
Parmi les facteurs importants de changement du rapport de
domination/relégation existant entre hommes et femmes en
Algérie, on peut parler du travail salarié et de la
scolarisation. Parce qu'elle donne le moyen d'affronter correctement la vie
publique, parce qu'elle lui donne la possibilité de s'ouvrir sur de
nouveaux horizons lui permettant de dépasser les limites de son
vécu quotidien au foyer, la scolarisation est un élément
fondamental dans la constitution par la femme d'une image positive
d'elle-même. D'une certaine manière, on peut parler d'une certaine
dignité et d'une intégration sociale acquises par la femme
lorsqu'elle est au moins capable de comprendre les prix affichés, une
adresse, de lire un journal, de suivre un film à la
télévision ou d'écrire une lettre ou une requête.
La scolarisation avancée jusqu'à un niveau moyen
ou supérieur constitue, par les débouchés culturels et
professionnels qu'elle ouvre, un élément plus important pour
l'émancipation des femmes qui se trouvent ainsi mieux armées pour
lutter pour l'acquisition de leurs droits. L'éclatement de la cellule
familiale traditionnelle, la participation à la guerre de
Libération nationale, les exemples de réussite sociale et
l'élévation du niveau sociale des femmes cadres
supérieures, l'élévation du niveau de vie ont
été, en Algérie, des éléments importants qui
ont eu pour conséquence un accroissement certain de la scolarisation des
femmes. En effet, une des causes de cette entrée en masse des femmes
à l'éclatement des structures familiales est jointe à
l'exode vers les villes.
Éloignés des contrôles sociaux familiaux
et tribaux, tous les parents installés en ville envoient leurs filles
à l'école et à leur permettent de prolonger leur cursus
scolaire.
L'école produit une fissure dans l'imaginaire social
ancien basé sur la séparation des sexes et leur éducation
différenciée dans la mesure où garçons et filles y
accèdent sur la même base et les mêmes critères et y
reçoivent le même traitement.
Il est vrai que la séparation des
sexes, malgré la mixité de l'école, n'y a pas encore
été tout à fait éliminée. Ainsi, assis sur
les mêmes bancs de classe, garçons et filles, lorsqu'ils sortent
dans la cour de récréation, se séparent dans les jeux et
un contrôle très strict est organisé par les membres des
deux sous-groupes sur leurs rapports mutuels. Les maîtres d'école,
eux-mêmes éduqués dans cet esprit ou craignant les
familles, ne font aucun effort pédagogique pour mettre un terme à
ces pratiques.
Ce qu'on peut finalement constater, c'est que l'école a
déjà commencé un travail de sape profond des rapports
existants en Algérie entre hommes et femmes. Mais, on ne peut se
contenter de compter sur ce phénomène pour qu'il puisse mener
tout seul à bien cette tâche énorme et
nécessaire.
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