La répression des infractions se rapportant aux violences sexuelles dans le contexte de crise de la Justice congolaise : Cas du Viol( Télécharger le fichier original )par Leslie MOSWA MOMBO Université de Nantes - Diplôme Universitaire de 3ème cycle en Droit Fondamentaux 2007 |
2. Conséquences psychologiques et socialesNombreuses sont les conséquences psychologiques qui surviennent aux victimes de viols. Ces dernières sont souvent frappées de troubles émotionnels qui se manifestent par des symptômes physiques comme des maux de tête, des nausées, des douleurs au ventre, des rougeurs, des dysfonctionnements sexuels, des insomnies ou de la fatigue. Ces troubles émotionnels surviennent notamment sous forme de dépression, de syndrome de stress post-traumatique, de choc. Les victimes peuvent ressentir des sentiments intenses comme de la terreur, de la rage, de la honte et une perte de l'estime de soi. Des sentiments de peur, de colère, et d'anxiété peuvent également apparaître et s'exprimer par des pleurs, des rires, de grandes agitations, de l'indifférence ou de l'apathie. Elles sont souvent remplies de culpabilité et font des cauchemars ou des flash-back de l'agression pendant la journée. D'autres vont jusqu'à perdre la mémoire100(*). Certaines sont habitées par des pensées suicidaires. Outre ces conséquences, il convient de souligner que la dégradation de la santé mentale des victimes est aggravée par la peur d'être répudiées par leur mari ou d'être rejetées non seulement par leur famille mais aussi par leur communauté. A cela s'ajoute la peur d'avoir contracté le virus du sida ou d'autres infections sexuellement transmissibles ainsi que celle de tomber enceinte à la suite du viol. L'aide et les traitements thérapeutiques apportés à ces femmes violées de l'Est de la RDC sont quasiment inexistants. Cela vient du fait du délabrement des infrastructures médicales et de la difficulté pour le personnel soignant d'administrer des soins dans un climat d'insécurité régnant dans certaines parties de l'est du pays. De plus, il n'y a quasiment pas de psychothérapeutes qualifiés. Toutefois, certaines associations de femmes congolaises qui luttent contre le viol apportent un soutien psychologique informel aux victimes ainsi que quelques ONG internationales en faisant appel à un très petit nombre de psychologues. 3. Conséquences socio économiquesLes victimes de viol à l'Est de la RDC sont sujettes à une discrimination. Elles sont souvent considérées comme méprisables ou « sales » à cause de la forme de violence dont elles ont été l'objet101(*). Insultées, menacées voire rejetées par leurs communauté, elles ne trouvent souvent aucun réconfort auprès de leur mari qui les abandonne brutalement suite à l'opprobre jetée sur la famille ou la crainte d'être contaminé par le virus du SIDA. Ne pouvant plus supporter le mépris de leur famille et de leur communauté, les victimes de viol vont vivre dans d'autre localité parfois même en brousse où elles ne peuvent être identifiées et où les gens ne connaissent pas leur histoire. Les enfants qui naissent à la suite d'un viol subissent également une grave discrimination. Désignés comme les « enfants de l'ennemi »102(*), ils sont condamnés à faire face aux mêmes humiliations et au même rejet que leurs mères. Dépourvus de soins médicaux et de soutien psychologique, il arrive qu'ils soient abandonnés par leurs mères ou que ces dernières les laissent mourir pour mettre fin à l'humiliation qu'elles subissent. Abandonnés à leur triste sort, quelques uns sont récupérés par des églises et des ONG locales qui tentent de s'occuper d'eux. Les femmes et les jeunes filles constituent les principales forces productives de l'économie rurale de subsistance. Elles ont pour tâche de nourrir la famille. En outre, elles cultivent le sol, font le petit commerce local de produits de consommation de base et de denrées de première nécessité (manioc, poisson, légumes, huile de palme, sel, savon, etc), vont chercher du bois et puiser de l'eau, nourrissent le bétail et s'occupent des enfants. Mais suite à l'éclatement des conflits qui ont accrû le taux de mortalité des hommes, les responsabilités des femmes sont devenues plus lourdes : elles doivent désormais s'occuper seules des enfants orphelins. Pourtant, « pour les victimes de violence sexuelle, assurer la survie de leurs enfants est devenu un combat quotidien »103(*). En effet, les femmes violées ont difficile à continuer leurs activités soit parce qu'elles ont été dépouillées de leur outil de travail lors des pillages de leur village soit parce qu'elles ont été affaiblies physiquement ou psychologiquement par les blessures ou traumatismes liés au viol ou encore par peur d'être violées à nouveau dans les champs ou sur la route menant au marché. Il est certain que cette situation a augmenté la pauvreté des foyers et la malnutrition à l'Est de la RDC. Aussi les ONG locales et les Organisations Humanitaires tentent - elles de voler à leur secours en fournissant de la nourriture, des vêtements, et d'autres produits de première nécessité comme du matériel de cuisine ou des outils agricoles. * 100 Amnesty International, « République Démocratique du Congo. Violences sexuelles : un urgent besoin de réponses adéquates », 26 octobre 2004, p. 30-31. * 101 Idem, p. 39. * 102 Amnesty International, « République Démocratique du Congo. Violences sexuelles : un urgent besoin de réponses adéquates », 26 octobre 2004, p. 39 * 103 Idem, p. 39 |
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