Conclusion
Voila que notre travail nous emmène à dire que
quoi qu'on parle des causes et facteurs qui ont déclenché la
crise des subprimes, le plus important, c'est d'essayer d'en tirer les
leçons qui nous évitera peut-être à l'avenir une
autre crise a l'ampleur de cette crise. En effet, cette crise a eu des
conséquences douloureuses pour l'économie mondiale toute
entière en particulier les économies
développées.
La densité de l'interdépendance des institutions
financières internationales fait que le risque, qu'on avait pensé
minime parce que bien distribué, était en fait, pour cette raison
même, maximalisé. Le montant total des pertes a désormais
dépassé les 635 milliards de dollars ; le FMI estime que ce
chiffre va atteindre 1.400 milliards, et d'autres économistes vont
jusqu'à 3.000 milliards.
Les interventions des gouvernements n'ont pas réussi
à éviter la crise, pour une simple raison : les institutions
financières, sous-capitalisées et en proie à cet effet de
deleveraging, offrent du crédit uniquement à des taux de
plus en plus élevés, et menacent de fermer le robinet
entièrement. La décision de la Fed et du Trésor d'ouvrir,
et d'agrandir progressivement, la fenêtre de réescompte (ce qui
donne des prêts à court terme à certaines institutions,
avec pour contrepartie, entre autres choses, ces mêmes obligations
titrisées), ainsi que de jouer le rôle de courtier dans la vente
de Bear Stearns, et de mettre sous tutelle ou de nationaliser Fannie, Freddie
et AIG, n'ont pas pu ré inspirer la confiance au marché
interbancaire.
Les 17 et 18 septembre, en réponse à la faillite
de Lehman, les transactions interbancaires ont été temporairement
complètement stoppées, un phénomène dont la menace
plane toujours. Cette situation d'apnée financière ne pouvait pas
durer plus de quelques jours sans que le système ne s'effondre
totalement. Mercredi 17, Paul Donovan, économiste chez UBS, a
souligné, dans un entretien sur CNBC que «le système
financier est en train d'arrêter de fonctionner ; il nous faut une
intervention gouvernementale. Si on ne l'obtient pas, c'est fini le
capitalisme».
Certains économistes estiment que les liquidités
nécessaires à «racheter» la confiance interbancaire
s'élèvent plutôt à 5 000 milliards de dollars.
Chaque jour de la dernière semaine de septembre, les banques ont
emprunté en moyenne la somme record de 368 milliards à la Fed, et
ce uniquement pour pouvoir continuer leur activité ; des montants
analogues sont sortis de la BCE. 700 milliards de dollars ne sont donc qu'une
goutte d'eau en comparaison du montant total des difficultés que
connaissent les institutions en perte de confiance.
Dans l'Euro zone, les principes abstraits annoncé par
le G7 se sont concrétisés dimanche soir lors de la réunion
à l'Elysée des ministres de finance des 15. Les montants
colossaux (1 700 milliards d'euros jusqu'au moment présent,
annoncés par Paris, Berlin, Madrid, La Haye, Vienne et Lisbonne) seront
essentiellement affectés à la garantie des prêts
interbancaires pendant un an, et dans un moindre dégré, à
la recapitalisation des banques. En France, 40 milliards d'euros ont
été accordés pour injecter directement dans des banques,
avec exigence qu'elles «rendent des comptes» au gouvernement ; et 320
milliards sont destinés à faciliter les prêts
interbancaires.
Dans ce sens, les interventions des Etats peuvent être
classées en trois catégories :
1. Venir en aide aux ménages pour limiter
l'augmentation des défauts de paiement ; ex. plan Paulson aux
Etats-Unis (le gel pendant cinq ans des taux d'intérêt sur les
prêts sub primes à taux variables, améliorer
l'accès au crédit pour les emprunteurs qui vont faire face au
réalignement de leur taux d'intérêt ; problème : les
clauses de prêts qui ont été titrisés ne peuvent pas
être modifiées par les banques ou les institutions qui ont
octroyé les prêts)
2. Assouplir la politique monétaire en injectant des
liquidités et en jouant sur les taux d'intérêt (cf. les
baisses récentes des taux directeurs de la banque centrale
américaine, anglaise et de la Banque Centrale Européenne)
3. Intervenir en tant que prêteur en dernier ressort,
voire en tant qu'acheteur en dernier ressort (cf. les plans de garantie des
systèmes bancaires et financiers aux Etats-Unis et en Europe, les
nationalisations (AIG aux Etats-Unis, Northern Rock en Angleterre, Fortis en
Belgique/Pays-Bas, Dexia), les recapitalisations (Bear Streans, Freddie Mac et
Fannie Mae (les deux principales agences de refinancement de l'immobilier aux
Etats-Unis) les grandes banques dans de nombreux pays européens)). En
France, le gouvernement a créé deux institutions publiques pour
soutenir les banques françaises : l'une est chargée de les aider
dans leur recapitalisation ; l'autre a pour objectif d'assurer les besoins de
refinancement.
La plupart des économistes et des experts s'accordent
à ce que les actions préconisées qui permette
d'atténuer ou même d'éviter une crise pareille doivent
découler dans ce sens :
1.
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Limiter l'octroi des crédits « spéculatifs
» en imposant des coûts supplémentaire aux banques quand leur
crédits prennent des proportions excessives d'un secteur, un pays,
à l'égard d'acteurs financiers (Hedge funds) ou lors
d'opérations à fort effet de levier (LBO);
2. Développer des instruments de contrôle
interne des risques dans les banques qui devraient pouvoir disposer de
système d'information capable de leur fournir rapidement l'état
de leur exposition total aux risques pris ;
3. En matière du renforcement de la
réglementation prudentielle internationale des banques. Il faut
augmenter les pondérations des «lignes de liquidité »
par lesquelles les banques s'engagent à racheter des crédits
qu'elles auraient titrisés, obliger les banques à conserver une
partie de leurs risques, renforcement de la coopération entre
autorités internationales de surveillance afin de responsabiliser
davantage les banques dans l'octroi de crédits ;
4. Encadrer les marchés de produits
dérivés en favorisant les marchés organisés
plutôt que les marchés de gré à gré qui
soufrent d'opacité. Cela pourrait passer par une chambre de compensation
où les acteurs en position débitrice seraient obligés de
laisser une garantie ;
5. Révision des rémunérations en
supprimant les parachutes dorés, et par l'imposition des primes de
départ, des compléments de retraite, des stocks options
des dirigeants, et récupération des rémunérations
antérieures en cas de lourdes pertes et limitation de la partie variable
(bonus) des rémunérations des traders ;
6. Réformer les agences de notation : en les rendant
plus transparente dans leurs pratiques de notation, en imposant que les agences
de notation intègrent dans leurs évaluations le risque de
liquidité et les risques opérationnels, à coté des
risques de crédit, en créant plus de concurrence entre agences de
notation, par la création d'agences de notation publiques ;
7. Réformer les normes comptables : par l'abandon partiel
(lisser les plus ou moins values jusqu'à l'échéance) ou
total du principe de juste valeur ;
8.
Réguler les fonds spéculatifs en interdisant la
revente à découvert en cas de crise et renforçant les
obligations d'information ;
9. Lever le voile sur les paradis fiscaux. Cela
nécessite une coopération internationale renforcée pour ne
pas se retrouver dans quelques années face à une nouvelle bulle
spéculative et à une nouvelle crise financière, et pour
freiner rapidement et très concrètement la prolifération
de la crise actuelle vers de multiples secteurs de l'économie et vers de
larges couches de la population dans la plupart des continents, Attac
développe une série de propositions.
Pour faire disparaître progressivement les PFJ de la
planète, il faut certainement agir dans deux directions : d'une part,
fixer des normes internationales, qui devraient être admises par les
États qui déclarent vouloir agir contre la crise
financière, et qui seraient soumises à la signature des actuels
PFJ, réglementant la circulation financière, permettant de
supprimer l'anonymat et le secret, obligeant à une coopération
administrative et judiciaire, etc. D'autre part, ces mêmes États
devraient déclarer nulles les transactions financières
réalisées par des opérateurs domiciliés sur leurs
territoires avec des organismes domiciliés dans des territoires qui
refuseraient ces nouvelles normes. Bien entendu, un organisme international
serait mis en place pour s'assurer sur place de la bonne application des normes
et des réglementations.
Pour devenir effectif et efficace, un tel accord ne
nécessite pas la signature de tous les États
représentés à l'ONU : un accord des seuls vingt chefs
autoproclamés du G20 serait suffisant pour entraîner une
application planétaire ; et serait suffisant un accord régional
des États membres de l'Union européenne s'appliquant entre ces
États, et fixant le cadre des relations de l'Union européenne
avec le reste du monde. Et chaque pays peut aussi, à son niveau, prendre
des mesures concrètes. Ainsi la France devrait déjà
interdire aux banques et aux entreprises qui reçoivent des fonds publics
d'avoir des relations avec les PFJ, et elle pourrait peser sur « ses
» paradis fiscaux « proches » (Monaco, Andorre, îles des
Caraïbes ou du Pacifique).
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