CHAPITRE III : APPROCHE EMPIRIQUE DE
L'ETUDE ET IMPLICATIONS STRATEGIQUES
Ce chapitre permettra, d'analyser les données et de
faire quelques suggestions et recommandations au regard des résultats de
la recherche.
E- Section 1 : Analyse des données
financières et des enquêtes
Paragraphe 1 : Présentation et analyse des
données financières
de l'Agence PAPME
A. Analyse de la rentabilité
La rentabilité de toute entreprise est sa
capacité à générer des résultats suffisants
pour le maintien et la rémunération des fonds mis à sa
disposition. Toute activité économique nécessite la mise
en oeuvre des moyens pouvant permettre de dégager des résultats.
Ainsi, l'on peut analyser la rentabilité de toute activité en
mettant en rapport les résultats générés avec les
moyens engagés. On peut donc, déduire qu'évaluer la
performance par rapport à la rentabilité d'une entreprise comme
l'Agence PAPME revient à déterminer ses indicateurs de
rentabilité qui sont entre autres : les ratios de marge
bénéficiaire, de la rentabilité des fonds propres, du
rendement sur actif, du rendement des actifs productifs.
1. Marge bénéficiaire
Il s'agit d'un indicateur qui mesure les performances
commerciales des Institutions de Micro Finance. Sa formule est :
MB = Résultat net d'exploitation / Montant total
des produits d'exploitation
A la lecture des composantes de la formule on note
aisément que sur la base des éléments constitutifs du
résultat net d'exploitation, cet indicateur est véritablement
fonction des capacités qu'a l'institution de financement à
créer un lien de causalité entre les charges d'exploitation et
les produits d'exploitation. Les charges ne doivent donc pas évoluer
plus vite que les produits mais plutôt le contraire. La survenance d'une
charge supplémentaire doit correspondre à la naissance d'un
produit supplémentaire issu d'un effort commercial supplémentaire
dans une proportion plus forte que celle de la charge en vue de
générer une plus value. Le maintien par une IMF de cet indicateur
supérieur à la norme en vigueur soit 20% serait la preuve que ses
activités sont rentables.
Le calcul de cet indicateur pour l'Agence PAPME a donné
les résultats suivants sur les cinq (05) derniers exercices :
Tableau N° 8 : Marge
Bénéficiaire
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Résultat net d'exploitation
|
1 272 652 318
|
1 042 774 405
|
82 028 691
|
- 3 144 587 439
|
- 3 354 829 576
|
|
Montant total des produits d'exploitation
|
3 902 644 336
|
4 697 182 005
|
4 313 192 065
|
4 825 207 057
|
4 497 090 584
|
Marge bénéficiaire
|
32,63%
|
22,20%
|
1,90%
|
-65,17%
|
-74,60%
|
> 20%
|
Source : Rapport d'activité
PAPME
On note que la marge bénéficiaire a connu une
dégradation continue de 2002 à 2007 ; elle est devenue
négative sur les deux dernières années 2006 et 2007. Cette
situation s'explique par le manque de maîtrise des charges surtout les
charges non décaissables (dotations aux provisions pour créances
en souffrance et les pertes ou abandons de créances). L'Agence PAPME a
donc visiblement un réel problème de gestion de son portefeuille
de crédit.
2. Rentabilité des fonds propres
Elle mesure la capacité des fonds propres à
générer du résultat. Sa formule est la suivante :
RFP = Résultat Net d'Exploitation hors
Subventions (RNE) / Montant
Moyen des Fonds Propres pour
l'exercice
Des composantes de la formule, l'on peut déduire que
cet indicateur montre bien ce que rapportent 100FCFA investis par les
actionnaires et devient de ce fait très intéressant pour toutes
les parties prenantes dans la constitution des fonds propres ou du capital de
l'IMF. Elle permet enfin d'appréhender la capacité des dirigeants
à attirer des investisseurs (actionnaires) à investir dans
l'entreprise mais à la seule condition qu'elle soit nettement
supérieure à 15%. Le calcul de cet indicateur donne les
résultats suivants :
Tableau N° 9 : Rentabilité des
fonds propres
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Résultat net d'exploitation
|
1 272 652 318
|
1 042 774 405
|
82 028 691
|
- 3 144 587 439
|
- 3 354 829 576
|
|
Montant moyen des fonds propres
|
4 687 485 517
|
6 251 645 114
|
4 081 029 403
|
4 320 081 658
|
995 675 662
|
Rentabilité des fonds propres
|
27,15%
|
16,68%
|
2,01%
|
-72,79%
|
-336,94%
|
> 15%
|
Source : Rapport d'activité
PAPME
La rentabilité des fonds propres a connu de 2005
à 2007 une profonde dégradation soit largement en dessous de la
norme. Cette situation signifie que l'exploitation engrange des déficits
qui amenuisent de façon significative les ressources propres de
l'institution qui sont totalement absorbées en 2007.
3. Rendement sur actif
Le rendement sur actif mesure ce que rapporte le total de
l'actif d'une entreprise. Sa formule est :
RA = Résultat Net d'Exploitation / Montant
Moyen des Actifs pour l'Exercice
Il permet de mesurer le résultat qui découlerait
de l'engagement de tous les actifs de l'institution pour un exercice
donné. Il est l'expression de la capacité qu'ont les dirigeants
à rentabiliser tous les actifs de l'institution et ainsi
sécuriser les avoirs des tiers. Il doit servir, pour une IMF, de
boussole pour la réalisation de certains investissements (par exemple
faut-il construire le siège d'un bureau ou investir les fonds
correspondant dans les activités de financement des clients ?). Il
doit être strictement supérieur à 3% pour que l'institution
rentabilise suffisamment ses actifs.
Les résultats de la détermination de cet
indicateur à PAPME sont les suivants :
Tableau N° 10 : Rendement sur
actif
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Résultat net d'exploitation
|
1 272 652 318
|
1 042 774 405
|
82 028 691
|
- 3 144 587 439
|
- 3 354 829 576
|
|
Montant Moyen des Actifs
|
16 212 131 439
|
22 092 678 072
|
15 477 111 509
|
21 391 751 286
|
14 324 635 250
|
Rendement sur Actifs
|
7,85%
|
4,72%
|
0,53%
|
-14,70%
|
-23,42%
|
> 3%
|
Source : Rapport d'activité
PAPME
De 2005 à 2007, cet indicateur est largement en dessous
de la norme ; ce qui signifie que les éléments d'actif de
l'institution sont peu rentables. On note une grave inefficience dans
l'acquisition et la gestion des éléments d'actif de l'Agence
PAPME. Il faille que les dirigeants de l'institution revoient leur politique
d'investissement. Les bâtiments qui abritent certaines entités
comme DASSA, KPOCON, HOUINME, JERICHO et WANSIROU, ne sont pas
rentabilisés du fait de la faiblesse de leur portefeuille de
crédits.
4. Rendement des Actifs Productifs
Le rendement des actifs productifs mesure ce que rapportent
100FCFA placé en crédit. Sa formue est la suivante :
RAP = Montant des intérêts et des
Commissions perçus de la période /
Montant Moyen des Actifs
Productifs
Les actifs productifs des IMF étant essentiellement
composés des encours de crédits, calculer ce ratio revient donc
à rechercher ce que rapportent effectivement les financements des
projets de la clientèle à l'institution. Il est fonction de la
capacité qu'a l'IMF à bien placer et à
accélérer la rotation de ses fonds de financement d'une part et
sa capacité à assurer le suivi des remboursements afin d'obtenir
un très bon taux de remboursement d'autre part. Il constitue un bon
outil d'analyse de l'affectation des ressources de l'institution en emplois.
Le rendement des actifs productifs doit rester strictement supérieur
à 15%. Le calcul de ce ratio donne à l'Agence PAPME les
résultats suivants :
Tableau N° 11 : Rendement des Actifs
Productifs
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Montant des Produits Financiers
|
1 794 679 194
|
2 629 920 622
|
2 676 368 836
|
3 260 359 504
|
1 651 421 917
|
|
Montant Moyen des Actifs Productifs
|
12 445 764 178
|
16 967 229 818
|
20 337 149 208
|
18 922 574 020
|
10 693 039 547
|
Rendement des Actifs Productifs
|
14,42%
|
15,50%
|
13,16%
|
17,23%
|
15,44%
|
> 15%
|
Source : Rapport d'activité
PAPME
Le taux moyen du rendement des actifs productifs sur les cinq
années s'établit à environ 15% traduisant le respect,
très limite, de la norme. Toutefois, il doit être suivi afin de ne
jamais fluctuer négativement et la tendance observée entre 2006
et 2007 doit donner lieu à réflexion parce qu'elle annonce un
début de dégradation de la situation.
B. Analyse de la viabilité
Il convient de vérifier si l'institution, malgré
la situation pas très intéressante de sa rentabilité vers
les années 2005, 2006 et 2007, gère ses activités de
façon à assurer sa viabilité. L'analyse de la
viabilité de l'Agence PAPME sera appréciée à partir
des indicateurs de productivité, de maîtrise des frais
généraux et des autonomies opérationnelle et
financière.
1. La productivité du personnel de terrain
(Agents de crédit)
Etudier l'efficacité et la productivité de
l'Agence PAPME revient à évaluer la productivité de ses
agents de terrain que sont les chargés de prêts. C'est eux qui
constituent la machine de production. Cet indicateur mesure le nombre moyen de
clients que compte le portefeuille d'un agent de terrain de l'institution. Sa
formule est la suivante :
PAC = Nombre de clients actifs / Nombre d'Agents de
crédit
La productivité des agents de terrain permet
d'appréhender à quel point de rentabilité se situent les
chargés de prêts de l'institution sachant que chaque agent de
crédits doit avoir au minimum cent trente (130) clients dans son
portefeuille de crédits pour être rentable. Cela est d'autant
important que les produits générés par les chargés
de prêts doivent servir non seulement à supporter leurs charges
mais aussi et surtout celles des agents administratifs qui les appuient. La
productivité du personnel de terrain de l'Agence PAPME se
présente comme suit :
Tableau N° 12 : Productivité
du Personnel de Terrain
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Nombre de clients actifs
|
11 233
|
12 794
|
15 062
|
12 552
|
10 020
|
|
Nombre d'agents de crédit
|
84
|
146
|
137
|
137
|
88
|
Productivité du personnel de terrain
|
134
|
88
|
110
|
92
|
114
|
> 130
|
Source : Rapport d'activité
PAPME
La productivité des agents de terrain au regard de la
norme est faible sur toute la période et connaît, en plus, une
chute entre 2005 et 2006 avant de connaître une amélioration en
2007. Cet état de choses est dû à l'inefficacité de
la politique de recrutement du personnel de terrain mise en place par les
dirigeants. L'amélioration constatée en 2007 s'explique par le
redéploiement de certains chargés de prêts au poste de
chargés de recouvrement, dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de
redressement démarré en novembre.
Selon Franck ADJIVON « une analyse de
l'évolution des effectifs indique que celui des chargés de
prêt sa pratiquement doublé pendant que le nombre de clients en
portefeuille a connu une progression de moins de 50% ». Il se
pose à l'institution un double problèmes à
savoir : le problème du développement de son portefeuille de
crédits et celui de la gestion des ressources humaines.
2. Productivité du Personnel
Elle intègre en plus des agents de terrain tout le
personnel administratif. Elle est le rapport entre le nombre de clients actifs
que gère l'institution et le nombre d'employés qui y travaillent.
Sa formule est :
PP = Nombre de clients actifs / Nombre
d'Employés
Ce ratio mesure comment les efforts des agents de
crédit dans le développement de leurs portefeuilles de
crédits permettent à l'institution de rentabiliser tous ses
employés car ce sont les agents de terrain qui sont sensés faire
travailler les autres. L'atteinte des performances liées à cet
indicateurs est fonction de la capacité qu'à l'institution
à maîtriser l'effectif des agents administratifs dans une
proportion qui puisse lui permettre d'avoir au moins cent quinze (115) clients
actifs par employé. La productivité du personnel de l'Agence
PAPME se présente comme suit :
Tableau N° 13 : Productivité du
Personnel
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Nombre de clients actifs
|
11 233
|
12 794
|
15 062
|
12 552
|
10 020
|
|
Nombre d'Employés
|
242
|
321
|
316
|
307
|
290
|
Productivité du Personnel
|
46
|
40
|
48
|
41
|
35
|
> 115
|
Source : Rapport d'activité
PAPME
Comme pour la productivité des agents de terrain, on
note une grande faiblesse dans la productivité des agents de
l'institution. La productivité des employés de l'Agence PAPME
n'atteint même pas les 50% de la norme, ce qui constitue un
véritable problème et confirme le problème de
l'inefficacité de la politique de recrutement des agents surtout ceux
administratifs. Elle se matérialise par une pléthore d'agents
administratifs, ce qui obère les charges du personnel pour peu de
productivité. Or, il est recommandé que le personnel
administratif représente le 1/3 du personnel, ce qui n'est pas le cas.
Les dirigeants de l'Agence PAPME n'ont aucune maîtrise
de la politique de gestion des ressources humaines pour une plus grande
efficacité. Cet état de choses a forcément des
répercussions sur la productivité des agents de terrain et donc
sur l'institution.
3. Ratio des frais généraux
Il est le rapport entre les frais généraux et le
portefeuille de crédits. Sa formule est la suivante :
RFG = Frais Généraux de la
période / Montant brut Moyen du portefeuille de crédit de la
période
Il mesure ce que l'institution engage avant de placer 100FCFA
en crédit au profit de la clientèle. La performance à ce
niveau ne serait atteinte que si l'institution engage moins de 20FCFA pour
placer 100FCFA en crédit. Autrement dit c'est l'ensemble des charges
décaissables qu'engage l'institution dans la conduite de ses
activités. Le calcul de cet indicateur donne les résultats
suivants pour l'Agence PAPME:
Tableau N° 14 : Ratio des frais
généraux
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Frais Généraux de la période
|
1 626 249 423
|
2 378 169 323
|
2 738 464 338
|
3 534 317 864
|
2 547 313 936
|
|
Montant brut moyen du portefeuille de crédit de la
période
|
12 445 764 178
|
16 967 229 818
|
20 337 149 208
|
18 922 574 020
|
13 122 330 396
|
Ratio des frais généraux
|
13,07%
|
14,02%
|
13,47%
|
18,68%
|
19,41%
|
< 20%
|
Source : Etats financiers de
PAPME
A la lecture des données obtenues, on remarque que
l'institution dégage moins de 20FCFA dans les dépenses pour
placer 100FCFA, ce qui constitue une performance. Il faut, tout de même,
faire remarquer que cet indicateur connaît sur la période de 2002
à 2007 une dégradation progressive. Cette situation permet de
noter que les dirigeants n'ont pas la maîtrise des charges
opérationnelles. Il convient donc, surtout dans le contexte actuel de
baisse des activités, que cet indicateur soit bien suivi.
4. Ratio des Frais de Personnel
Comme pour les frais généraux, cet indicateur
mesure ce que l'institution engage dans le personnel pour placer 100FCFA de
crédit au profit de sa clientèle. Sa formule est la
suivante :
RFP = Montant des Charges du Personnel de la
période / Montant brut Moyen du Portefeuille de crédit de la
période
Le ratio des frais du personnel permet aux dirigeant, en plus
de l'effectif des agents comme indiqué plus haut, de mettre en place des
stratégies de gestion des charges du personnel afin d'engager moins de
10FCFA pour 100FCFA placé en crédit au profit des clients de
l'institution. Le calcul de ce ratio donne pour l'Agence PAPME les
résultats suivants :
Tableau N°15 : Ratio des Frais du
Personnel
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Montant des Charges du Personnel
|
683 400 281
|
1 158 126 523
|
1 109 791 341
|
1 141 453 287
|
1 054 670 051
|
|
Montant brut Moyen du Portefeuille de
crédit
|
12 445 764 178
|
16 967 229 818
|
20 337 149 208
|
18 922 574 020
|
13 122 330 396
|
Ratio des Frais du Personnel
|
5,49%
|
6,83%
|
5,46%
|
6,03%
|
8,04%
|
|
Source : Etats financiers de
PAPME
Cet indicateur reste largement en dessous de la limite
exigée par les normes de gestion des frais du personnel par rapport
à la mise en place du crédit. L'Agence PAPME a, malgré la
non maîtrise de sa politique de recrutement identifiée plus haut,
une parfaite maîtrise de la gestion des frais du personnel. Cet
état de choses est dû à sa politique de
rémunération qui lui permet d'obliger tout nouveau recru à
passer par plusieurs étapes de contrat (deux étapes de stage de
six mois, un contrat à durée déterminée d'un an
renouvelable une fois) avant de bénéficier du contrat à
durée indéterminée (CDI).
La conséquence lointaine d'une telle politique est que
les frais de personnel qui semblent être maîtrisés dans le
court terme, deviennent de véritable problème à long
terme. Aussi est-il important de souligner de les frais de personnel dans une
grande proportion sont destinés au personnel administratif (dont
l'effectif est supérieur à celui des opérationnels), ce
qui est contraire aux normes du secteur. En plus de cette difficulté,
les ratios ainsi obtenus comparés à ceux des frais
généraux montrent que les autres éléments de
charges ne sont pas suffisamment maîtrisés. Un autre
élément justificatif de cette situation est le faible niveau de
rémunération du personnel de l'institution, malgré la
forte sensibilité de ses activités, ce qui contribue au
développement des comportements qui compromettent sa viabilité.
5. Autonomie Opérationnelle
L'autonomie opérationnelle mesure la couverture des
charges opérationnelles par les produits financiers de l'institution. Sa
formule est :
Ratio de l'Autonomie Opérationnelle = Montant
des produits financiers de la période / Montant des Charges
opérationnelles de la période
Il est un indicateur fondamental dans l'appréciation
des sources de financement des charges opérationnelles et par
conséquent permet de mesurer l'indépendance opérationnelle
de l'institution vis-à-vis des partenaires aussi bien internes
qu'externes.
S'il est vrai que tout programme ou institution de micro
finance a obligatoirement besoin des subventions au démarrage, il est
souhaitable qu'il recherche, à terme, son autonomie, gage de sa
pérennité. Sinon, dès que les différents
partenaires vont se retirer l'institution serait contrainte à la
fermeture au détriment des bénéficiaires de ses
services.
Il est souhaitable que la couverture soit au moins à
130%. L'atteinte de cet objectif est fonction de l'adaptabilité des
différents produits de crédits aux besoins des micro, petites et
moyennes entreprises clientes d'une part et la qualité de suivi
remboursement des crédits par les agents de crédit (avoir un bon
taux de remboursement) d'autre part. Le calcul de cet indicateur donne les
résultats suivants :
Tableau N°16 : Ratio d'Autonomie
Opérationnelle
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Produits financiers
|
3 089 870 121
|
4 017 927 002
|
4 313 192 065
|
4 634 174 323
|
1 651 421 917
|
Charges opérationnelles
|
1 626 249 423
|
2 378 169 323
|
2 738 464 338
|
3 534 317 864
|
2 547 313 936
|
Autonomie opérationnelle
|
190,00%
|
168,95%
|
157,50%
|
131,12%
|
64,83%
|
Source : Etats financiers de
PAPME
L'Agence PAPME a enregistré sur la période
allant de 2003 à 2007 une baisse progressive de son autonomie
opérationnelle passant de 190% à 64,83%. Cette situation
s'explique par le fait que les produits financiers ont connu sur la
période de l'étude une chute progressive de 2003 à 2007,
année au cours laquelle elle a été plus prononcée.
Cela s'explique, d'une part, par les impayés qui naturellement bloquent
non seulement la part du capital échu mais aussi les
intérêts et, d'autre part, par la non maîtrise des charges
opérationnelles.
6. Autosuffisance Financière
Elle mesure la capacité qu'a l'institution à
couvrir en plus des charges opérationnelles, celles financières
générées par les ressources empruntées. Elle devra
être strictement supérieure à 100% pour permettre à
l'institution de jouir de son indépendance vis-à-vis de ses
partenaires financiers. C'est le signe de la crédibilité et la
source de confiance de l'institution auprès de ses partenaires
financiers. Sa formule est la suivante :
Ratio de l'Autosuffisance Financière = Montant
des produits financiers de la période / Montant des Charges
d'exploitation de la période
L'autonomie financière permet également
d'appréhender les capacités de l'institution à financer
par elle-même sa croissance. L'autonomie financière de PAPME se
présente comme suit :
Tableau N° 17 : Ratio de
l'Autosuffisance Financière
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Produits financiers
|
3 089 870 121
|
4 017 927 002
|
4 313 192 065
|
4 634 174 323
|
4 211 907 128
|
Charges d'exploitation
|
1 995 011 334
|
3 108 489 804
|
4 597 856 734
|
7 935 097 454
|
7 959 062 229
|
Autosuffisance financière
|
154,88%
|
129,26%
|
93,81%
|
58,40%
|
52,91%
|
Source : Etats financiers de
PAPME
La conclusion à laquelle on a abouti pour l'analyse de
l'autonomie opérationnelle se trouve être confirmée par la
chute brutale de l'autonomie financière parce que cela a pris en compte
les charges non décaissables que sont les provisions pour
créances en souffrance ainsi que les pertes sur créances.
L'Agence PAPME a perdu depuis l'année 2005 son autonomie
financière avec pour corollaire les difficultés de mobilisation
de ressources financières auprès de ses partenaires
financiers.
Au regard des éléments d'analyse qui
précède, l'on peut noter que, malgré les
difficultés de développement et de gestion de la qualité
de son portefeuille de crédit, l'Agence PAPME reste toujours viable mais
nécessite des actions de relance qui passe par une réorganisation
profonde.
C. Evolution de la Qualité du Portefeuille de
crédits
La qualité du portefeuille de crédit de l'Agence
PAPME sera appréciée à partir du ratio de portefeuille
à risque. Cet indicateur paraît important parce que c'est de lui
que découlent les provisions pour créances en souffrance et les
pertes sur créances qui ont un effet direct sur la viabilité de
l'institution, donc sur sa performance.
1. Taux de Portefeuille à Risque
(PAR)
Ce ratio est le rapport entre l'encours total des
crédits en retard de plus de quatre vingt dix (90) jours et l'encours
total de tout le portefeuille de crédits actifs. Sa formule est la
suivante :
PAR = Encours de prêts comportant au moins une
échéance impayée de plus de 90 jours / Encours brut du
portefeuille de prêts
Il mesure le risque que court l'institution en enregistrant
plus de quatre vingt dix (90) jours de retard de remboursement sur un
crédit et doit rester strictement inférieur à 5%. Le
portefeuille à risque de PAPME se présente comme suit :
Tableau N°18 : Taux de portefeuille
à risque
ELEMENT
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
NORME
|
Portefeuille à risque (91 à 360 jours de retard)
|
326 930 811
|
679 716 297
|
1 315 769 857
|
2 285 483 061
|
2 187 575 517
|
|
Montant total des encours de crédit
|
15 134 430 677
|
18 704 489 150
|
21 156 372 138
|
16 418 229 022
|
9 826 431 770
|
Taux de Portefeuille à Risque
|
2,16%
|
3,63%
|
6,22%
|
13,92%
|
22,26%
|
= 5%
|
Source : Etats Financiers de
PAPME
La qualité du portefeuille de crédit de l'Agence
PAPME s'est sérieusement dégradée entre 2005 et 2007 en
passant de 6,22% à 22,26%. Il convient de préciser que ce taux de
22,26% au lieu de 5% exigé par les normes PARMEC est la preuve des
difficultés de maîtrise de la qualité du portefeuille
identifiées plus haut.
Cette défaillance pourrait s'expliquer par : les
insuffisances dans la mise en oeuvre des procédures d'octroi et de suivi
des crédits, les difficultés d'ordre organisationnel, la
faiblesse de la supervision, la mauvais foi de certains clients, les
comportements peu orthodoxes de certains agents, etc.
L'Agence PAPME connaît des difficultés de gestion
de son portefeuille de crédits et des ressources humaines tant en
quantité qu'en qualité et qui ont tendance à remettre en
cause sa viabilité et par conséquent sa pérennité.
Il s'agit donc des difficultés d'ordre aussi stratégique
qu'opérationnel.
Le portefeuille brut de prêts est le principal actif des
IMF mais également le plus à risque. Ses indicateurs de
qualité révèlent la capacité des IMF à
gérer cet actif, futurs revenus de l'institution qui permettront de
financer le développement de ses activités.
Paragraphe 2 : Analyse des données
de l'enquête et de l'entrevue
A. Données internes à l'Agence
PAPME
1. Existence, mise en oeuvre et efficacité du
manuel de procédures
L'Agence PAPME dispose d'un manuel de procédures qui
décrit sa mission, son organisation, ses objectifs et ses
différentes activités. Il date de 2003 et se trouve très
souvent modifié par des notes de services en raison, d'une part, des
constats soit de l'audit interne ou soit de l'audit externe et, d'autre part,
en raison des questions stratégiques.
Tous les agents (100%) interrogés sont unanimes sur son
existence mais sa parfaite maîtrise, par ces derniers, pose
problème. Or, considéré comme « la bible de
l'institution », cela ne devrait pas être le cas avec pour
conséquence la mise à mal du patrimoine de l'institution. Tous
les chargés de prêts interrogés contre 50% des chefs bureau
et ex Directeurs régionaux ont reconnu l'existence des notes de service
mais leur archivage, pour mémoire, pose problème.
L'exploration des rapports de contrôle et d'inspection
de la Direction de l'Audit et de l'Inspection Générale de
l'institution prouve clairement la non maîtrise du manuel de
procédures aussi bien par une majeur partie d'agents
opérationnels, qu'administratifs, d'une part, et la non
uniformité de sa mise en oeuvre dans les différentes
entité du réseau, d'autre part. Cette anomalie a
été reconnue par tous les agents (100%) interrogés, ce qui
n'est pas de nature à sécuriser les activités de
l'institution. Ils ont, également, estimé peu satisfaisant la
vulgarisation du manuel de procédures qui, selon eux, n'a d'ailleurs,
jamais été réalisée donnant lieu à des
interprétations diverses par les différents agents.
Pour la quasi-totalité (100%) des agents
interrogés, les dispositions du manuel de procédures en
matière de mise en place de crédit allonge le processus
comparativement aux institutions concurrentes telles que PADME. Ils estiment
qu'il y a trop de papiers et d'informations à collecter alors qu'on
pouvait se passer de certaines informations, afin d'alléger le canevas
de montage de dossier de crédit.
Les chargés de prêts ont déploré
l'étape de contre visite, qui consiste en la vérification, par le
supérieur hiérarchique, des informations collectées et
analysées par le chargé, pour leur validation. Pour eux, cette
étape du processus ne change pas, très souvent, la proposition du
chargé de prêt mais occasionne des pertes de temps inutiles que
l'institution pourrait éviter par la responsabilisation accrue des
agents d'une part, et le renforcement des actions contrôle des dossiers
de crédit par la Direction de l'Audit et de l'Inspection
Générale, d'autre part.
En effet, cette situation crée parfois le
mécontentement des clients. Mais les chargés de prêt ont
précisé qu'elle ne dépend pas toujours de l'institution
dans la mesure où l'agent est tenu de composer avec la
disponibilité du client qui lui fournit les informations et surtout la
garantie.
Si le manuel de procédures constitue « le
code de bonne conduite des opérations de l'institution avec les
tiers » la dégradation des résultats de cette
dernière pose le problème de son efficacité qui ne peut
être assurée que par sa mise à disposition à tous
les utilisateurs et par sa parfaite maîtrise par ces derniers.
Selon les résultats des entrevues avec les Directeurs
Techniques, l'une des raisons qui expliquent cet état de choses est la
primauté accordée, par les responsables de l'institution,
à la formation sur le tas. Les anciens se chargent de transmettre les
informations, supposées bonnes, aux nouveaux recrus en l'absence d'une
exploitation préalable de la documentation fondamentale existante qu'est
le manuel de procédures. Concernant la fonction de chargé de
prêts, la même méthode est utilisée pour les
techniques de montage de dossiers de crédits sur le terrain où le
nouveau recru suit comment l'ancien procède pour la collecte des
informations et à son tour imite.
L'amplification de cette technique se justifie par le fait que
l'agent qui est recruté doit commencé par produire de
résultat au plus tard un (01) mois après son entrée au
sein de l'effectif de l'institution et ce, en tant que stagiaire qui, en
réalité, n'a aucune responsabilité administrative, en
raison de la précarité de son statut.
2. Respect du manuel de procédures
Le respect du manuel de procédures de l'Agence PAPME
dirions-nous passe forcément par sa maîtrise. Mais ne pas analyser
son respect revient à dire qu'il est totalement méconnu du
personnel de l'institution or tel n'est pas le cas. Les agents
interviewés ont déclaré maîtriser le manuel de
procédures à 75%. Mais la question qui demeure est de savoir si
tout au moins la proportion maîtrisée est appliquée
judicieusement dans l'intérêt de l'institution ?
Le non respect du manuel de procédures par les agents
découle soit de la mauvaise foi (développement des pratiques peu
orthodoxes) ou soit de la « pression » des objectifs
à eux assignés qui occasionne la négligence de certaines
exigences du document. Les rapports de mission de contrôle portant sur le
respect des normes en matière de mise en place de crédits
indiquent, dans certains cas, des comportements peu orthodoxes de la part
d'agents de terrains, allant jusqu'à la forge des informations dont leur
fiabilité s'avère compromise aux dépens de
l'institution.
A ce niveau, 50% des chargés des prêt et les
chefs bureau et ex Directeurs Régionaux (dans la même proportion)
ont déclaré ne pas exécuter toutes les tâches
indiquées, respectivement, dans le processus de montage et de contre
visite de dossier de crédit. Cette attitude est plus prononcée
pour les renouvellements des prêts bien remboursés par les
clients. Selon eux, les motivations de ce comportement sont, entre autres, la
recherche de la célérité et la confiance induite par le
bon dénouement du prêt précédent. Or tous les
acteurs ont déclaré que l'analyse des dossiers est basée
sur des données estimées (fiabilité moyenne) en raison de
la non tenue de la comptabilité par les clients évoluant pour la
plupart dans le secteur informel. Cette situation impacte négativement
la gestion du risque sur crédit qui, en conséquence,
s'accroît.
Selon les résultats des enquêtes, 60% des
chargés de prêts interviewés ont estimé que les
crédits une fois mis en place ne sont pas régulièrement
suivis ou ne sont pas du tout suivi lorsque le client respecte ses
échéances ; on note parfois le non suivi des clients
défaillants. Ils déclarent être beaucoup plus
préoccupés par le montage des dossiers, donc du
développement quantitatif des activités au détriment de la
qualité. Et lorsqu'un client rembourse bien son crédit, il est
renouvelé en dépit du respect du processus du montage du dossier
et très souvent pour un montant supérieur au
précédent.
Or, un client qui a bien remboursé son prêt
(pour la plupart des cas, la première expérience) n'est pas
forcément un bon client. D'où l'importance de la reprise de
l'exercice du montage et de la contre visite de dossier de crédit en
respectant scrupuleusement toutes les différentes étapes. Une
analyse minutieuse du portefeuille en impayé indique, clairement, qu'il
est majoritairement constitué de clients qui sont à leur
deuxième, troisième crédit et plus, donc d'anciens
clients.
Aussi est-il indispensable de signaler que les informations
relatives aux remboursements ne sont pas traitées au jour le jour (comme
l'indique le manuel de procédures) en vue d'avoir une photographie
instantanée du portefeuille de crédit de l'institution et ce,
même pour les remboursements qui se font aux guichets de l'institution.
La situation est plus alarmante avec les Prêts aux Particuliers et autres
dont les remboursements se font par le truchement soit du Trésor public,
de l'Intendance militaire ou des banques classiques de la place.
Beaucoup de dossiers ont fait l'objet de provisions pour
dépréciation alors que leurs remboursements ont cours normalement
dans les lieux indiqués ci-dessus. Il se pose alors un grave
problème de suivi, de traitement et de gestion des informations qui
entame la fiabilité des états financiers et des rapports
d'activités élaborés par l'institution et certifiés
par le Commissaire aux Comptes à la fin de chaque exercice comptable.
3. Stratégie opérationnelle
a. Diversification des produits
La conception et le développement de nouveaux produits
à l'Agence PAPME est du ressort de la Direction de l'Administration et
du Développement. Au cours des quatre dernières années,
des tentatives de développement des produits d'épargne, de micro
assurance et de transfert d'argent ont été envisagés mais
tous ces produits ont eu du mal à décoller pour plusieurs
raisons :
§ L'absence d'une étude de marché en vue de
cerner, non seulement, le besoin de la clientèle mais aussi et surtout
les conditions de la mise en oeuvre du projet de développement de
nouveaux produits ;
§ Ces produits, surtout d'épargne, ne sont pas en
réalité nés en fonction des besoins exprimés par la
clientèle pour qui la marque de PAPME se confond à
l'activité crédit ;
§ Les produits d'épargne sont nés pour
répondre aux besoins de ressources financières qu'éprouve
l'institution qui, compte tenu du développement de son activité
crédit ne peut pas se contenter, uniquement, des seuls emprunts obtenus
auprès d'institutions bancaires classiques à des taux
d'intérêt qui réduisent fortement leur marge ;
§ La disponibilité de ces produits
(épargne, transfert d'argent) auprès d'autres institutions
financières de la place avec des conditions plus intéressantes,
car l'Agence PAPME ne s'est jamais résolue à servir les
intérêts aux rares épargnants de son portefeuille ;
§ Le manque de communication sur les produits, services
et activités de l'institution.
Des entretiens que nous avons eus avec les différents
Directeurs Techniques, il ressort qu'il n'y a jamais eu d'étude de
marché et les agents chargés de vendre ces nouveaux produits
n'ont pas reçu de formation y afférente. Aussi aucun test pilote
n'a-t-il été effectué pour l'expérimentation des
produits en vue d'identifier les probables incohérences et
difficultés à corriger avant leur généralisation
dans toutes les entités de l'institution.
L'introduction des produits dans ces conditions n'a donc pas
pu capter l'attention de la clientèle même ancienne qui
très souvent déclare, par exemple, « ne jamais
savoir que PAPME développe des activités
d'épargne », bien que disposant des comptes
d'épargne qui servent de transit pour le décaissement des
prêts, le dépôt et le prélèvement des
échéances (de remboursement de leur prêt).
Or, les résultats de l'enquête indiquent, sans
ambages, l'unanimité de tous les agents interviewés et aussi des
Directeurs Techniques sur le fait que la seule activité de crédit
ne peut garantir la viabilité et la pérennité de
l'institution, d'où la nécessité de diversification des
activités ou des produits, en raison de la forte concurrence dans le
secteur et de la disponibilité des ressources financières.
Selon les chargés de prêts interviewés, il
est légion de constater, au cours du montage des dossiers de
crédit que les clients disposent de fonds non négligeables sur
leur compte ouvert auprès d'institutions bancaires qui parfois
reçoit les fonds décaissés, à leur profit par
PAPME, avant leur utilisation. Ce qui témoigne de l'opportunité
du développement de l'activité d'épargne.
b. L'activité crédit
Des entrevues avec les Directeurs Techniques, il ressort que
la stratégie opérationnelle de l'Agence PAPME est exclusivement
orientée vers le développement de l'activité crédit
sans, véritablement, tenir compte de son efficacité et du besoin
réel des clients. Elle est mue par la volonté de l'institution
à développer ses produits financiers. Pour les agents de
l'institution, le terme consacré pour le développement du
portefeuille se résume à : « il faut fouetter
l'encours » et cela s'explique, jusqu'en 2005, par la
disponibilité des ressources financières, qui en
réalité proviennent des banques, donc des emprunts qu'il faut
rembourser.
Ainsi, au niveau de l'activité crédit pour
laquelle l'institution dispose d'énormes atouts, on note l'existence de
plusieurs types de produits, les uns pour le renforcement du fonds de roulement
et les autres pour l'investissement. Mais les conditions de leur mise en place
exposent l'institution à des risques élevés
d'impayés. Les raisons qui expliquent cette mauvaise gestion des risques
sur crédit sont les suivantes :
§ Un même client peut bénéficier de
plusieurs types de crédits à la fois (prêt ponctuel, ligne
de crédit et prêt ordinaire) pour une même activité
et une même garantie. A ce niveau, environ 98% des agents
interrogés ont trouvé « mauvais » cette
stratégie dont les conséquences sont entre autres : le
surendettement des clients et l'augmentation des impayés. Seulement 5%
des chefs bureau et ex Directeurs régionaux ont estimé que, dans
une certaine mesure, si les prêts se dénouent bien, elle permet
l'augmentation des produits financiers de l'institution, les
possibilités d'atteinte des objectifs de développement
fixés aux chargés de prêts et la
« probable » satisfaction des clients. Selon les normes du
secteur de la micro finance, le risque le plus élevé reste le
surendettement des clients qui a pour conséquence inéluctable la
dégradation du portefeuille de crédit. Par exemple, la
suppression brutale des lignes de crédit pour les clients qui disposent
d'autres types de prêt encours a occasionné
systématiquement la mise à mal du remboursement de ces derniers
avec pour conséquence d'énormes montants d'impayés.
§ Il n'est pas rare de constater qu'une seule et unique
garantie matérielle serve à plusieurs clients à la fois
sans une évaluation conséquente de cette dernière. Ce qui
expose, du coup, l'institution à des risques d'impayés car
plusieurs clients ayant bénéficié des crédits dans
ces conditions se sont révélés, par la suite,
défaillants. Des investigations menées, dans certains cas, par
l'équipe de l'audit interne ont conclu à la convergence de ces
prêts vers un seul individu qui, en réalité, est le
« vrai » bénéficiaire de tous ces
prêts. Le terme consacré à cette pratique contraire aux
normes est le vocable « prêts par personnes
interposées » qui occasionnent la dégradation du
portefeuille de crédit de l'institution. Parlant de garantie, la
quasi-totalité (100%) des chefs bureau et Directeurs régionaux
interrogés ont déclaré que les formes de garantie prises
par l'Agence PAPME ne sont pas sécurisante. Les raisons explicatives de
cette situation sont : l'insécurité foncière
(existence de titres de propriété fictifs), le caractère
fongible de certaines garanties, la mauvaise foi des clients (l'utilisation
d'un même titre au niveau de plusieurs institutions à leur insu),
la loi qui protège plus le débiteur, etc.
§ Selon une étude réalisée par la
Direction de l'Administration et du Développement, « le
système de renouvellement (avec le Rating qui donne la chance aux
clients de passer du simple au double de leur niveau de crédit) ne tient
pas compte de l'évolution effective de leurs activités. Mais il
tient compte, surtout, de la régularité dans le remboursement du
crédit ». Etant conscients de cette disposition, certains
clients, dans le but d'accéder à un niveau de crédit plus
important, utilisent la totalité de leur fonds de commerce pour
rembourser les crédits obtenus. Le rapport indique que
« cet état de choses pousse, facilement, les clients dans
une situation de surendettement qui leur donne l'impression d'être
liquides. Par conséquent, ils décident d'investir le surplus dans
d'autres affaires, d'où le détournement de l'objet du
crédit ».
§ L'Agence PAPME communique très peu avec ses
clients. Ce qui fait que la gamme de ses produits n'est pas connue des clients
dans son entièreté. Selon le Directeur de l'Exploitation, cette
situation s'est aggravée par la non maîtrise des contours des
différents produits par les agents de formalités, qui ont pour
tâches d'animer les séances d'informations. Selon les
résultats de l'étude citée ci-dessus, « il
existe une faible corrélation entre la gamme de produits et les besoins
du marché. Si bien que les clients ne pouvant pas avoir un crédit
approprié à leurs besoins, demandent le crédit disponible
pour satisfaire un autre besoin ». Dès lors, le risque
d'impayés devient grand du fait du détournement du crédit
de son objet.
Des entretiens avec les Directeurs Techniques, il ressort que,
toutes ces défaillances n'ont pris d'ampleur qu'avec la
complicité des agents opérationnels, certains pour leurs
intérêts personnels et d'autres en vue de l'atteinte des objectifs
à eux assigné par la Direction Générale qui,
pendant longtemps s'est focalisé sur le volume du portefeuille de
crédits en occultant sa qualité. Ils estiment que le taux de
portefeuille à risque n'a jamais constitué un véritable
critère de sanction des agents de terrain.
Mais cette situation peut s'expliquer par le mécanisme
de mise en place de crédit qui vise la réduction du risque sur
crédit et implique la validation du dossier de crédit par tous
les différents intervenants de la chaîne (du chargé de
prêt jusqu'au supérieur hiérarchique du degré de
comité de crédit correspondant). Il s'agit donc d'une
responsabilité qui devrait être partagée. Mais lorsqu'on
interroge les supérieurs hiérarchiques des chargés de
prêts, ils estiment tous, que seuls ces derniers sont responsables des
impayés, au plan interne. Or, selon les résultats des
enquêtes réalisées, 40% des chargés de prêts
et 50% des chefs bureau et Directeurs régionaux ont
déclaré avoir financé au moins un client sous l'influence
d'un supérieur hiérarchique. Pour les Directeurs Techniques, il
est normal d'envoyer les clients reçus ou prospectés par eux aux
agents opérationnels à qui il revient la latitude
d'apprécier les dossiers de crédit et surtout
l'opportunité de la mise en place du prêt.
Concernant le suivi et la relance des clients en
difficulté, tous les chargés de prêts interrogés ont
déclaré n'avoir pas bénéficié, rapidement,
de l'appui de leurs supérieurs hiérarchiques en raison de leur
occupation privilégiée aux activités de
développement du crédit. Cet état de choses est reconnu
par les chefs bureau et Directeur Régionaux qui déplorent le
manque de temps, le système de travail mais aussi l'insuffisance des
moyens matériels pour le faire.
Selon la quasi-totalité (100%) des chargés de
prêts, chefs bureau et Directeurs régionaux, les produits offerts
par l'Agence PAPME à sa clientèle et susceptibles d'assurer sa
viabilité financière sont les crédits de renforcement de
fonds de roulement destinés, surtout, aux activités commerciales
(Prêt ponctuel, ligne de crédit et crédit de caution
solidaire) et les Prêts aux Particuliers destinés aux personnels
militaires, de la fonction publique et autres disposant de contrat de travail
sécurisant et fiable. Ces choix sont motivés, selon eux,
par : la durée de remboursement et les facilités d'analyse
de la première catégorie de la gamme et la sécurité
du remboursement (rétention à la source) de la seconde.
Pour les Directeurs Techniques, il convient de financer toutes
les activités répondant à chaque type de produit tout en
ayant une attention rigoureuse sur la nature des ressources financières
dont dispose l'institution. Ils estiment que cette règle de gestion est
l'idéal mais, dans la réalité, il est difficile de la
mettre en application.
Ainsi, on peut en déduire une propension des agents
opérationnels à financer les activités du secteur
« commerce » qui représente pour eux un secteur
moins risqué que les autres secteurs de l'économie (agriculture,
industrie, artisanat, et autres). Mais cela n'est qu'une apparence car, en
référence aux indicateurs de performance de l'institution, la
défaillance des clients bénéficiaires évoluant dans
ledit secteur est importante.
Il faut signaler que la nature des ressources
financières de l'institution (constituées majoritairement des
emprunts bancaires de courtes durées avec un taux d'intérêt
avoisinant 10% l'an) affectées dans une certaine mesure à des
emplois longs (crédits à moyen et long terme, taux
d'intérêt 12,5% l'an) rend difficile la gestion de la
trésorerie à travers la mise en place d'un système
d'affectation des ressources susceptible d'engendrer une bonne
corrélation entre les activités de l'institution, les besoins des
clients et l'impératif de performance financière de l'IMF. Des
entrevues avec les Directeurs Techniques,il ressort que cette situation a
conduit à la suspension de l'octroi des crédits à moyen et
long terme en 2007 au profit des clients ; tout crédit
accordé ne devant excéder douze (12) mois au maximum.
Enfin, il n'est pas superflu de signaler que le statut
juridique de l'Agence PAPME est limitatif de ses possibilités de
mobilisation de ressources financières. En tant qu'association (ONG),
elle n'est pas autorisée à recourir aux marchés financiers
où les conditions d'accès pourraient revenir plus avantageuses
à l'institution. De plus, les membres n'étant pas des
actionnaires, les possibilités de recapitalisation ne pourraient
guère être envisagées.
c. Le système de contrôle
Le système de contrôle est chargé de la
protection du patrimoine de l'institution en veillant scrupuleusement aux
respects des réglementations, normes et procédures en vigueur,
à travers des missions de contrôles de routine (audit), des
contrôles inopinés, d'inspections, de révision des comptes
(en appui au Commissaire aux Comptes), etc.
A l'Agence PAPME, ce rôle est dévolu à la
Direction de l'Audit et de l'Inspection Générale (DAIG)
composée d'un Directeur et de cinq (05) inspecteurs pour la couverture
de toutes les entités de l'institution. Des entretiens que nous avons
eus avec les Directeurs Techniques, cet effectif est très insuffisant
compte tenu de l'étendue géographique de l'institution, du volume
de ses activités et surtout de la cartographie des risques
(détectés et à prévenir) puis de ceux à
détecter (l'amélioration des procédures en dépend),
pour une plus grande efficacité.
Si la qualité des ressources humaines chargées
d'animer cette entité n'a pas été remise en cause en
raison de leur ancienneté, leurs expériences à diverses
fonctions, leur sens de rigueur et surtout par rapport à la
qualité de leurs contrôles et investigations, les agents ont
déploré le mécanisme de mise en oeuvre du contrôle.
Ainsi, tous les agents interviewés ont estimé
que la mise en oeuvre du système de contrôle interne est peu
satisfaisante pour des raisons suivantes :
§ irrégularité des missions jugées
très coûteuses pour l'institution ;
§ la non appropriation du système de
contrôle interne par les différents acteurs (surtout les
opérationnels qui le perçoive comme une menace) avec pour
conséquence l'assimilation du rôle des inspecteurs en
« gendarmes » ;
§ la non mise en oeuvre des recommandations issues des
différentes missions de contrôle même celles externes
(BCEAO, Cellule de surveillance du Secteur de la Micro finance) ;
§ le non suivi des recommandations.
d. Le système d'information et de
gestion
Selon Andrew MAINHART, « l'information est au
coeur de la micro finance. Que leur traitement soit manuel ou informatique, les
IMF gèrent un grand nombre de données essentielles à leur
activité, depuis les informations de base sur la clientèle
jusqu'aux analyses détaillées des performances du
portefeuille. Ces données doivent être stockées,
traitées et, plus important, présentées de manière
pertinente aux utilisateurs de façon à ce qu'ils puissent prendre
des décisions informées. Un bon système d'information doit
simplement jouer ce rôle : agir comme un canal grâce auquel des
données brutes sont transformées en information utile et
exploitable ».
Un bon système d'information est un outil
nécessaire à la bonne gestion d'une institution parce qu'il
concourt à une prise de décision efficace et en temps opportun.
Tout système qui répond aux besoins d'une institution de
manière efficiente et permet à l'organisation de croître
sans générer de problèmes ou d'inefficacités est un
bon système.
Les résultats des enquêtes
réalisées indiquent qu'en moyenne 75% des agents
interviewés ont estimé peu satisfaisant le système
d'information et de gestion de l'Agence PAPME et 50% des chefs bureau et
Directeurs régionaux l'a trouvé pas satisfaisant. Les raisons
évoquées sont :
§ le niveau de sécurité très bas du
système, ce qui fait de lui un système ouvert et exposé
aux manipulations malveillantes comme le prouvent certains rapports de la
Direction de l'Audit et de l'Inspection Générale ;
§ l'impossibilité d'avoir l'information voulue en
temps réel, c'est-à-dire que l'information produite à une
date t est susceptible de variation lorsque la même information est
demandée à une date t+1 ; ce qui pose le problème de
la fiabilité du système ;
§ l'absence de formation des utilisateurs avec pour
conséquence la non maîtrise du système impliquant parfois
l'administration des inputs erronés et fréquemment des erreurs de
manipulation qui nécessitent des interventions
répétées des informaticiens.
Des entretiens avec les Directeurs Techniques, il ressort que
la question de l'efficacité du système d'information et de
gestion est récurrente et provient de son origine. Il le qualifie de
« logiciel maison » pour avoir connu d'énormes
modifications de la part des agents de la Direction du Système
d'Information. Signalons que le SIG PAPME conçu en ACCESS est acquis
auprès d'un professionnel (cabinet ProGénia) et il a connu
plusieurs modifications (en vue de répondre aux exigences du
développement des activités) passant du SIG 1 au SIG 2 par
l'intégration de la comptabilité à la première
version. Pour le Directeur du Système d'information, une institution ne
dispose que du système d'information qu'il mérite car il s'agit
d'un investissement qu'il faut accepter de réaliser.
Selon le CGAP, les caractéristiques d'un bon
système d'information sont les suivantes :
§ Opportun ;
§ Fiable ;
§ Exacte ;
§ Facile à utiliser ;
§ Rapports avec suffisamment de détails et juste
« assez » d'informations ;
§ Répondre aux besoins des catégories
diverses des utilisateurs ;
§ Sécurisé ;
§ Bons contrôles internes
intégrés ;
§ L'avantage des informations dépasse les
coûts de les produire.
Toutefois, aucun système d'information n'est totalement
bon ou parfait et il convient de l'adapter à l'évolution de
l'institution et aux besoins des utilisateurs que sont les outputs
résultant des inputs. Ceci implique une prise en compte du facteur
« homme » pour s'assurer de la qualité des
informations fournies.
4. Motivation du personnel
a. Salaires, autres rémunérations et
promotion
La motivation du personnel est souvent perçue en termes
de rémunération salariale autrement dit en termes
pécuniaires. Or, si le salaire constitue un élément
central de motivation du personnel de toute entreprise, il ne constitue pas le
seul et unique élément motivateurs des agents. Il existe d'autres
éléments tels que la formation du personnel, la
responsabilisation du personnel basée sur la confiance, la promotion,
l'assurance santé, les prêts au personnel, etc.
Les résultats de l'enquête indiquent clairement
que la quasi-totalité (100%) des chargés de prêts, chefs
bureau et Directeurs régionaux a estimé que le système de
rémunération et de gestion des carrières de l'Agence PAPME
ne sont pas satisfaisants. Ils ont tous dénoncé les
éléments ci-après :
§ les disparités salariales (les chargés de
prêts estiment que les agents administratifs du même échelon
qu'eux gagnent mieux alors qu'ils constituent la machine de
production) ;
§ la mauvaise définition des clés de
répartition des primes variables et de rendement qui offre de meilleures
situations aux agents administratifs dont l'évaluation n'intègre
pas le taux de portefeuille à risque global de l'entité (bureau,
direction régionale ou Direction générale) à
laquelle ils appartiennent mais plutôt leur niveau de salaire ;
§ l'absence d'avancement en échelon et la
mise en oeuvre de promotions ne tenant pas compte ni des performances de
l'agent, ni de ses capacités intrinsèques à tenir au
poste.
b. Formations
S'agissant des formations, il ressort de l'entretien avec les
Directeurs Techniques surtout celui des Affaires Juridiques et des Ressources
Humaines qu'un plan de formation est élaboré chaque année
pour tenir compte non seulement des besoins identifiés par les
supérieurs hiérarchiques mais aussi et surtout des propositions
de formations faites par certains partenaires en début ou en cours de
l'année. Pour ces dernières, le Directeur des Ressources Humaines
estiment à 75%, au moins, le taux de leur exécution contre 0%
pour les formations identifiées par les agents à l'interne. Les
chefs bureau et Directeurs régionaux ont estimé à 100% ne
pas être satisfaits du niveau de professionnalisme des agents sous leur
responsabilité, d'où la nécessité d'y
remédier par les renforcements des capacités.
Au regard de ce qui précède, on déduit un
véritable problème de financement des formations. Or, pour le
Directeur Comptable et Financier, il existe une ligne budgétaire
dédiée aux formations mais son niveau reste faible quant aux
besoins réels de l'institution en la matière parce qu'estime-t-il
« le secteur de la micro finance est en pleine construction et
seules gagneront en performance les institutions qui investissent dans la
formation de leurs agents en créant les conditions de leur
rétention au sein de l'effectif ».
Des résultats des enquêtes menées, il
ressort que la quasi-totalité des agents interrogées ont suivi au
moins une formation dans le cadre de l'exercice de leur fonction soit à
l'interne ou à l'externe. Ils estiment être passablement satisfait
comme pour dire « tant qu'il reste à faire, c'est comme si
rien n'est fait ».
5. Gouvernance
Il est important à ce niveau de montrer l'impact de
l'efficacité du « système de gouvernance » de
l'Agence PAPME sur celle de ses activités pour plusieurs
raisons :
§ D'abord le « système de
gouvernance », qui constitue l'ensemble du dispositif institutionnel
et comportemental régissant le fonctionnement d'une organisation, et
plus particulièrement, l'action de ses dirigeants, est d'une importance
capitale pour tous les types d'organisations.
§ Ensuite, les interventions dans le domaine de la
finance appellent une grande rigueur dans les procédures, laquelle
rigueur doit se conjuguer avec une grande ouverture d'esprit dans les
orientations et les décisions. Ainsi, une insuffisance du
« système de gouvernance » serait source de
dysfonctionnements et nuirait in fine aux usagers. Pour les IMF, la
fragilité des populations concernées leur ferait ressentir
douloureusement le moindre « bug » dans le dispositif de
crédit et/ou d'épargne auxquels elles ont recours.
§ Enfin, la mise en place de la « bonne
gouvernance », qui n'est rien d'autre qu'un système clair et
transparent, négocié et accepté par toutes les parties
prenantes, concernant aussi bien les organisations contrôlées (les
unités de terrains et les clients respectifs) que les organisations
chargées de ce contrôle (les organes de supervision du secteur,
les bailleurs ou financeurs, et autres), constitue en elle-même un
facteur de développement.
Cela dit, le « système de
gouvernance » de l'Agence PAPME qui est la conséquence de son
statut juridique est révélateur du niveau d'engagement de chaque
acteur. En tant qu'association d'utilité publique régie par la
LOI 1901, les membres de l'Assemblée Générale sont
cooptés en fonction de leur appartenance aux structures dont les
activités ont une quelconque relation avec le développement des
petites et moyennes entreprises. Ceci est la conséquence de la
transformation institutionnelle de la phase de projet à celle
d'association.
Ces membres ne sont pas des apporteurs de ressources
financières comme c'est le cas dans les IMF privées ; ce qui
constitue une limite de leur engagement dans le système de gestion
capable d'assurer la rentabilité et la pérennité de
l'institution en l'absence de toute menace de non retour de leurs
investissements financiers. Or, ils constituent le pouvoir suprême qui
imprime les grandes orientations stratégiques de l'institution à
travers le Directeur Général, responsable de leur mise en oeuvre.
Ainsi, une complicité entretenue entre le Directeur
Général et les membres du Bureau Exécutif (Conseil
d'Administration) du fait de la bonne gestion du « volet
politique » de son pouvoir nuirait gravement la
pérennité de l'institution.
La quasi-totalité des agents interrogés ont
reconnu l'existence de graves problèmes de gouvernance au sein de
l'Agence PAPME et qui se matérialisent par des décisions
incohérentes et contestées par une partie des acteurs
débouchant sur la formation des camps qui s'affrontent en permanence.
Tout ceci a conduit à l'élaboration d'un plan de redressement en
Novembre 2007. Le diagnostic a ressorti ces questions dont la mise en oeuvre de
solutions appropriées devrait être salutaire pour
l'institution.
Les résultats de nos enquêtes indiquent que pour
100% des agents interviewés, l'Agence PAPME ne dispose pas d'un
« système de valeurs partagées » qui non
seulement la différencie des institutions concurrentes mais aussi et
surtout permet d'imprimer la vision de ses dirigeants. Des entretiens avec les
Directeurs Techniques, il ressort que le « système de valeurs
partagées » existe et a été défini dans
le cadre de l'élaboration du plan d'affaire de l'institution en
projection de sa transformation institutionnelle en Société
Anonyme qui n'a pas abouti. Un travail d'appropriation de ce
« système de valeurs partagées » n'a pas
été fait et s'observe aisément à travers les
comportements des différents acteurs.
En ce qui concerne la délégation du pouvoir aux
responsables d'entités (Chefs bureau et Directeurs régionaux),
tous les enquêtés ont estimé qu'elle est peu satisfaisante,
ce qui se matérialise entre autres par :
§ les interventions tout azimut de la Direction
Générale dans les entités en violation de tout lien
hiérarchique ;
§ la fragilisation du pouvoir des responsables
délégués ;
§ la délégation du pouvoir
« à double vitesse » avec pour implication
l'apparition de responsables d'entités et de région plus
puissants que d'autres ; ce qui a pour conséquence le
dépassement du mandat que leur confère leur cahier de charges et
cela en toute impunité.
Ils estiment à 90% participer rarement à
certaines prises de décision stratégiques, ce qui crée des
difficultés de leur mise en oeuvre sur le terrain. C'est le cas, par
exemple, du mécanisme de fixation des objectifs assignés aux
chargés de prêts, chefs bureau et Directeurs régionaux,
jugé pas satisfaisant par ces derniers, en raison de son
caractère unilatéral qui se solde par des difficultés de
mise en oeuvre avec pour conséquence leur non atteinte, parce
qu'arbitraires.
Et comme l'a si bien dit Roland PEREZ de l'IRAM (Institut de
Recherches et d'Application des Méthodes de Développement), 2005,
« la gouvernance des institutions de micro finance reste un enjeu
stratégique pour l'ensemble des acteurs impliqués pour la
construction et la consolidation de ce type d'institutions. La
bonne gouvernance ne se décrète pas,
si les textes, les procédures et les outils peuvent y contribuer, il
demeure une forte dimension humaine qui relève du pacte social entre les
parties prenantes, du jeu des acteurs et des enjeux de pouvoirs. Ce volet
restera propre à chaque institution de micro
finance. »
Cela dit, un audit de gouvernance est indispensable pour une
IMF ; sauf que les dirigeants, acteurs premiers de la gouvernance, sont
réservés car susceptibles d'être remis en cause par une
telle démarche.
B. Données externes à l'Agence
PAPME
1. Appréciations des conditions d'accès
aux services offerts par l'Agence PAPME par la clientèle
Les facteurs explicatifs de l'évolution de
l'activité crédit sont entre autres : le taux
d'intérêt sur les prêts, l'importance du montant
accordé, les conditions d'accès liées aux garanties et aux
modalités de remboursement et la durée de la procédure de
mise en place. Ainsi, en vue d'obtenir des points de vue plus ou moins
objectifs, nous avions décidé d'interroger les clients qui sont
au moins à leur deuxième expérience de prêt.
Les résultats de nos enquêtes indiquent que 90%
des clients interviewés ont estimé que le taux
d'intérêt sur les crédits est élevé contre
10% qui ont estimé qu'il est raisonnable.
Tous les clients interviewés (100%) ont
déploré les difficultés d'accès aux crédits.
Pour ceux qui ne disposent pas de leur propre garantie (60% des clients
interviewés, qui sont majoritairement des femmes), ils déclarent
que son accès passe par des négociations parfois
pécuniaires qui constituent des coûts cachés du
crédit. La garantie privilégiée par l'Agence PAPME est le
bien immobilier (parcelle bâtie ou non).
De plus, le temps qui sépare la demande et l'octroi de
prêt, selon 85% d'entre eux est long et pour 15% raisonnable. Ils ont
estimé que cette situation leur fait perdre des opportunités
d'une part, et occasionne, selon 75% de clients des dépenses
complémentaires liées aux déplacements et des pertes de
temps parce que obligés d'abandonner leurs activités au profit
des démarches de prêt. Ce qui engendre, quelque fois, des
difficultés de remboursement même s'ils jugent nécessaires
les crédits pour le développement de leurs activités.
Certains clients estiment que les crédits à eux octroyé ne
tiennent pas compte des réalités de leurs activités qui
selon eux nécessitent de période de différé
même s'il s'agit des activités d'achats ventes.
Tous les clients interrogés ont estimé que les
frais liés au déboursement des prêts (fonds de garantie,
frais de dossier et assurance décès) sont exorbitants.
Prélevés en déduction du prêt, ils réduisent
considérablement le montant de prêt décaissé alors
que le remboursement doit se faire sur le nominal accordé et très
souvent le mois suivant le décaissement du prêt. Ils
déplorent également la non rémunération, par
l'Agence PAPME, du fonds de garantie et de l'épargne entrepreneur qui
est une épargne forcée.
Le taux d'intérêt élevé sur les
prêts couplé aux difficultés d'accès constituent un
moyen de gérer les risques d'impayés liés à la
gestion des prêts obtenus par les clients. Mais lorsqu'ils sont
exagérés ils contribuent à l'aggravation des risques
d'impayés parce que seuls les mauvais clients s'intéresseront aux
produits offerts par l'institution (asymétrie d'information).
2. Satisfaction de la clientèle et
suggestions
L'Agence PAPME n'octroie pas toujours le volume de
crédits sollicité par les demandeurs. Ainsi, 80% des
bénéficiaires interviewés ont déclaré que
les montants reçus sont insuffisants contre 20% qui ont estimé
qu'ils sont suffisants. Tous ces éléments favorisent le
détournement des crédits par les
bénéficiaires ; ce qui occasionne des situations
d'impayés importants.
L'insuffisance du montant et/ou la volonté d'avoir
beaucoup de ressources financières, en l'absence d'une véritable
opportunité à saisir par les clients, les amènent à
recourir à d'autres institutions financières pour les mêmes
objets et parfois avec les mêmes garanties matérielles
(sûretés réelles).
On assiste donc à une cavalerie financière qui a
pour conséquence le surendettement des clients et l'accroissement des
impayés de ces institutions qui se livrent une concurrence
déloyale au mépris de toute règle, ce qui bloque la mise
en place d'une centrale des risques permettant la détection et le
ciblage des clients défaillants qui profitent de la situation. Bon
nombre des clients ne déclarent jamais avoir une dette vis-à-vis
d'institutions concurrentes, ce qui limiterait leur chance d'accès au
crédit et les chargés de prêts ne font pas des efforts de
vérification de leurs situations auprès de ces institutions en
l'absence d'un système d'échange d'informations entretenu par ces
dernières. Ces agents sont souvent surpris de constater cette
réalité une fois les clients en difficulté de
remboursement.
La satisfaction des clients ne réside pas uniquement
sur les conditions d'accès au financement ni sur le volume des montants
accordés. Elle concerne également leur accompagnement dans la
mise en oeuvre du projet, objet de financement et le développement du
sens d'écoute aux différents problèmes auxquels ils se
trouvent être confrontés dans l'exercice de leurs
activités. A ce niveau, le suivi de la clientèle n'est pas ce
qu'il devrait être pour une bonne imprégnation du respect de
l'objet des prêts, d'une part, et une rapide détection des
problèmes susceptibles d'entraver le dénouement du prêt,
d'autre part. Tous les clients interrogés déplorent l'absence
d'appui conseil dans la gestion des prêts à eux
octroyés.
Très souvent, les chargés de prêts sont
surpris de la défaillance de leurs clients et découvrent des
situations incontrôlables telles que l'amenuisement prononcé du
stock de marchandises ou la non réalisation de l'investissement (objet
du prêt) et ce à très court terme contrairement aux
difficultés qui surviennent après plus de 75% de remboursement
des échéances qui s'expliquent en partie par la baisse des
activités pour les crédits de renforcement du fonds de roulement.
Mais là encore, il se pose un problème d'analyse
des dossiers de crédit qui devrait permettre d'identifier un niveau de
rentabilité des activités financées capable d'assurer le
remboursement, non seulement, des échéances échues mais
aussi et surtout le renouvellement des stocks.
Les clients interviewés (95%) ont estimé que les
agents de PAPME ne sont pas souvent à leur écoute. Ils estiment
que les chargés de prêts réagissent mal face aux
problèmes à eux posé lorsqu'ils ont des difficultés
parce qu'ils ne se préoccupent que du « bon »
remboursement du prêt. Or ils devraient être des conseillers en vue
de favoriser une bonne gestion des prêts à eux octroyés.
Les différentes suggestions des clients portent sur les
conditions d'accès aux crédits telles que : la
réduction du taux d'intérêt sur prêt, l'accord de
période de différé, l'octroi de montant satisfaisant, la
diminution des documents administratifs liés à la formalisation
des prêts obérant leurs coûts, la disponibilité des
chargés de prêts, etc.
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