I. 2.5. Afrique
L'OUA dans son étude sur la stratégie
africaine sur la nutrition (1993-2003) signale qu'en 1990, plus de 27 millions
des gens avaient la malnutrition et prévoit que ce nombre sera de 36
millions en 2005. La proportion des personnes ayant un poids inférieur a
la normale était de 30% en 1990. En Afrique Subsaharienne, cette
étude montre qu'en 1990, 8,4% des sujets enquête souffrent d, une
émaciation et de 35% d'une MPE chronique (8).
Fin 2002, le Programme commun des Nations Unies sur les
VIH/SIDA (ONUSIDA) recensait au niveau mondial 42 millions de personnes
infectées par le Virus de l'immunodéficience humaine (VIH) dont
3,2 millions d'enfants de moins de 15 ans. L'Afrique totalisait à elle
seule 29,4 millions de cas soit 70 pour cent des cas pour une population
représentant 12,5 pour cent de la population totale.
Parallèlement, la moitié des enfants de moins de 5 ans atteints
de malnutrition présentait un déficit immunitaire secondaire
à la malnutrition augmentant leur susceptibilité aux infections.
Selon Pelletier (Pelletier et al. 1995), la synergie entre malnutrition et
maladies infectieuses expliquerait plus de la moitié des
décès chez les enfants de moins de 5 ans.
L'interaction malnutrition infection VIH, quelle que soit son
origine (récoltes insuffisantes, inaccessibilité
économique ou géographique, modifications climatiques, conflits,
etc.), en dégradant le système immunitaire entraîne une
susceptibilité accrue aux infections. Inversement, un
phénomène infectieux entraîne de profonds changements
métaboliques et une détérioration de l'état
nutritionnel. Le résultat est la création d'un "cercle vicieux;
VIH, FAMINE ET LA TUBERCULOSE" qui entraîne l'enfant dans une spirale
morbide. Quel que soit l'élément initiateur, une fois ce cycle
installé, il ne peut être stoppé efficacement qu'en menant
une double intervention à la fois nutritionnelle et anti-infectieuse.
Un enfant malnourri est aussi un enfant
immunodéprimé et son traitement doit intégrer la
récupération de son état nutritionnel et de son potentiel
de défense (Chevalier et al. 1996a). Ce concept, mis en place en Bolivie
dans un centre de récupération immuno-nutritionnel, a permis de
renvoyer dans leurs foyers, des enfants "récupérés" au
plan immuno-nutritionnel, capables de faire face à un environnement
pathogène.
En RDC, selon les diverses études
réalisées dans le continent sur la prévalence de MPE chez
les enfants de 0 à 5 ans, 34% des enfants de 0 à 5 ans souffrent
d'une insuffisance pondérale, 45% de retard de croissance et de 10%
d'émaciation (15).
Au Sud KIVU, en 1999, les enquêtes
réalisées auprès des enfants de moins de 5 ans dans les
différente zones de santé de la province révèlent
une prévalence de MPE de 21,8% à Kabare et à Kaziba ;
19% à Uvira et Walungu ; 12,8% à Idjwi et à Nundu
(16).
En 2007, 420.000 nouveaux cas d'infection infantile au VIH
ont été déclarés et 330.000 enfants sont morts. Au
Maroc, 116 cas ont été diagnostiqués et
déclarés depuis 1986 dont 96 enfants sont sous trithérapie
au niveau de Rabat-Casablanca. Les chiffres font froid au dos surtout que
l'on sait que 1.800 enfants naissent contaminés chaque jour. «90%
de ces enfants sont infectés par voie verticale, plus de 40% des femmes
atteintes transmettent le virus à leurs nouveau-nés via la
grossesse, l'accouchement ou l'allaitement», explique Soumia Benchekroun,
professeur en pédiatrie à la faculté de médecine de
Rabat et présidente de l'association soleil pour les enfants atteints
du Sida. Pourtant, il existe des mesures de prévention de la
transmission mère enfant (PTME) efficaces, basées sur des
prophylaxies anti-rétrovirales simples à administrer, mais son
taux de couverture est faible. Selon un rapport de l'OMS, moins de 10% des
femmes enceintes séropositives y ont accès en Afrique
subsaharienne. Aujourd'hui, plusieurs obstacles subsistent à
l'accès aux soins des enfants. Il s'agit de la place de l'enfant dans
la famille et la société, le manque de
formation «pédiatrique» des soignants et le manque
d'adaptation des Antirétroviraux (ARV). En effet, la
séropositivité de l'enfant est encore vécue comme menant
à une mort dans certains pays à ressources limitées.
Les enfants et leurs parents sont insuffisamment
informés sur la prise en charge du VIH pédiatrique et peu
soutenus sur le plan psychologique «Mis à part la surveillance en
matière de prise du traitement, les parents doivent accompagner leurs
enfants atteintes du Sida, dans son développement tant au niveau
psychologique qu'éducatif. D'ailleurs, ce sont les principales
recommandations de l'ONUSIDA», insiste le professeur Benchekroun.
Elle poursuit : «En fait, l'adolescent malade souffre de
plusieurs difficultés, notamment en matière de suivi
médicamenteux et de sexualité où le préservatif et
la contraception sont vécus comme révélateurs de la
séropositivité». L'importance du diagnostic aussi,
établir un diagnostic précoce est plus que nécessaire, car
ce dernier est la clé de voûte de la réussite d'une prise
en charge pédiatrique.
Au Maroc, le diagnostic d'infection à VIH est souvent
établi trop tardivement, et une fois que la personne est
séropositive, on se rend compte que le suivi est peu
maîtrisé par le personnel de santé», affirme S.
Benchekroun. En fait, les tests virologiques de détection du VIH
pédiatrique sont rarement disponibles dans les pays en
développement. Selon l'ONUSIDA, les programmes «PTME+» qui
assurent un meilleur suivi post natal des enfants exposés au VIH sont
encore des exceptions et les bébés nés de mères
séropositives sont souvent perdus de vue après la naissance.
Quant aux traitements antirétroviraux (ARV), ils sont
disponibles mais leurs formulations sont rarement adaptées aux petits.
Leur administration par les parents est complexe car les doses doivent
être ajustées régulièrement. De ce fait, l'OMS
vient de proposer une standardisation du traitement aux «ARV» chez
l'enfant, mais beaucoup reste à faire pour la simplifier. «Les ARV
pédiatriques sont disponibles, mais ils sont six fois plus coûteux
que les formulations adultes, leurs combinaisons à doses fixes sont
réduites et encore mal adaptées. Quant au goût amer du
médicament, on pense qu'il peut contrer l'adhérence»,
précise S.Benchekroun. Par ailleurs, la prise en charge du VIH
pédiatrique, qui est insuffisamment intégrée aux
différents échelons des systèmes de santé, forme un
autre problème.
En effet, les agents de santé des unités non
spécialisées sont insuffisamment formés et n'osent pas
s'engager dans la prise en charge du VIH pédiatrique. Ils connaissent
mal les mesures qui permettent l'amélioration de la qualité de
vie de l'enfant infecté par le VIH (suivi vitamine A, CMX, soutien
nutritionnel etc.) «Certains pédiatres trouvent des
difficultés à prescrire les ARV et manquent d'expérience
pour identifier la maladie et assurer son suivi», déclare notre
spécialiste.
Cependant, même si plusieurs perspectives sont
encourageantes dans notre pays, notamment les décisions politiques en
matière de gratuité des soins, la mobilisation des partenaires
internationaux, etc., il est primordial de prendre en considération les
autres modes de transmission du VIH Sida à l'enfant (violences
sexuelles, rapports non protégés chez les jeunes
adolescents...). Car on a beau vouloir ne pas y penser, la
réalité reste accablante : nos enfants sont aussi sujets au Sida
Au Rwanda, la prévalence de l'infection par le VIH chez
les femmes enceintes varie de 3 à 10% en milieu rural, et elle peut
aller jusqu'à 25% en milieu urbain. Ainsi, chaque année, 40.000
à 50.000 enfants naissent de mères séropositives et 10.000
à 15.000 de ces enfants deviendront eux-mêmes infectés en
l'absence des moyens de prévention surtout le suivi au programme de
VCT/PMTCT en période prénatale, lors de l'accouchement a
l'hôpital et post natal principalement par la prise en charge
nutritionnelle des naissances en remplaçants le lait maternel par le
GUIGOZ et en fin le lait de vache et d'autres suppléments alimentaire.
Au moyen de ce régime, le taux de transmission du VIH
de la mère à l'enfant et la contamination par le lait maternel a
été réduit de 26 à 8% en 2004 au RWANDA. Ce taux
est à l'heure actuelle de l'ordre de 1% avec l'adjonction de la
césarienne programmée et l'alimentation au bibelot des la
naissance.
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