II.5.2. Les lourdes
répercussions du VIH sur la nutrition
« Par le passé, il y avait toujours un adulte pour
travailler - semer des graines et labourer les champs. Maintenant qu'un adulte
sur quatre est séropositif dans la région, beaucoup de gens sont
trop malades pour travailler ou sont déjà morts, et c'est aux
enfants, dont certains n'ont que huit ou neuf ans, de se débrouiller
tout seul. » Roger Moore, ambassadeur itinérant de l'UNICEF, en
Zambie.
La pandémie de VIH/SIDA, qui vient s'ajouter aux
sécheresses, aux inondations, à des décennies de conflit,
au déclin économique et à la réduction des services
sociaux, a submergé les familles de l'Afrique australe, ne leur laissant
que peu de moyens de faire face à la situation. Les taux de malnutrition
augmentent parmi les jeunes enfants, les femmes enceintes et les mères
qui allaitent. Cette crise que connaît l'Afrique met en relief les
besoins nutritionnels aigus de tous les enfants qui sont séropositifs ou
qui sont touchés par le VIH/SIDA, comme les orphelins et ceux qui vivent
dans des ménages dont des membres sont séropositifs. Plus de 13
millions d'enfants de moins de 14 ans ont été rendus orphelins
par le SIDA et beaucoup d'entre eux sont livrés à
eux-mêmes. Beaucoup d'autres enfants vivent avec des parents
séropositifs qui ne peuvent plus pourvoir aux besoins alimentaires de
leur famille.
II.5.3. La solution
« L'expérience que fait l'Afrique du VIH/SIDA
depuis 10 ans diffère de façon considérable et terrifiante
de celle des pays industrialisés, non pas parce qu'un fléau s'est
abattu sur elle par hasard, mais à cause de sa pauvreté. Toute
infection progresse rapidement dans un contexte de pauvreté, de
malnutrition et d'eau insalubre.
Cela vaut aussi bien pour le VIH/SIDA que pour la tuberculose
et la rougeole. » [Situation des enfants dans le monde, 2002].
Combattre le VIH/SIDA est l'une des cinq priorités
organisationnelles de l'UNICEF dans les quatre ans à venir. Dans le
domaine de la nutrition, l'élaboration de programmes met principalement
l'accent sur la prévention de la transmission de la mère à
l'enfant lors de l'allaitement et sur les soins et le soutien des mères
séropositives. Les stratégies consistent notamment à
fournir aux femmes enceintes des tests de dépistage volontaire et
confidentiel et des conseils sur l'alimentation des nourrissons, à aider
les gouvernements à élaborer des stratégies d'alimentation
des nourrissons et des jeunes enfants qui encouragent les femmes
séronégatives à allaiter dès la naissance et
exclusivement et comprennent des consignes relatives au VIH, afin de
protéger l'allaitement maternel et de promouvoir une alimentation
optimale des nourrissons dans les hôpitaux. Depuis plus récemment,
l'UNICEF s'efforce également en priorité de répondre aux
besoins nutritionnels d'un nombre croissant d'enfants qui sont porteurs du
virus, orphelins ou vivent avec un parent séropositif.
En 2001, l'UNICEF et d'autres organismes des Nations Unies
apportaient leur appui à 80 programmes de prévention de la
transmission du VIH de la mère à l'enfant dans 16 pays. D'avril
1999 à juillet 2001, ces programmes ont bénéficié
à plus de 300 000 nouvelles clientes de centres de soins
anténataux, en fournissant des services de conseil à 220 000
femmes et des tests de dépistage du VIH à 138 000 femmes
Pour permettre aux mères de donner suite à leur
décision en toute sécurité et efficacement, l'UNICEF
s'emploie à développer l'accès aux services de conseils et
de dépistage volontaire et à former des agents de santé,
des conseillers et des groupes de soutien traitant du VIH et de l'alimentation
des nourrissons. En collaboration avec l'OMS, l'UNICEF a financé la
formation de plus de 100 personnes à l'apport de conseils à
prodiguer aux femmes en ce qui concerne le VIH et l'alimentation des
nourrissons. Ces personnes ont à leur tour formé plus de 1000
conseillers qui se sont entretenus avec des milliers de mères. De
nouvelles recommandations ont été diffusées pour faciliter
la prise de décisions relatives au VIH et à l'alimentation des
nourrissons.
Outre le soutien constant que l'organisation apporte au Code
international de commercialisation des substituts du lait maternel et à
l'initiative « Hôpitaux amis des bébés »,
l'UNICEF aide les gouvernements à établir des recommandations
portant sur l'alimentation des nourrissons, au moyen d'études
évaluant l'acceptabilité, la faisabilité, le coût,
la viabilité et la sécurité de différentes
possibilités offertes aux mères séropositives. À
présent, de telles études sont réalisées dans plus
de dix pays dont : Haïti, le Malawi, la Namibie, le Swaziland et la
Zambie. L'UNICEF aide également à mettre au point du
matériel de formation et des stratégies de communication portant
sur le VIH et l'alimentation des nourrissons.
" Les préjugés qui entourent le VIH/SIDA
constituent l'un des plus gros problèmes. Les personnes
séropositives sont un groupe de personnes comme les autres, avec des
besoins particuliers, qui doivent être soutenues, et non accusées
ou montrées du doigt. Tant que ces préjugés subsisteront,
notre action sera difficile. » Arjan de Wagt, Responsable de projet
à l'UNICEF, nutrition et VIH/SIDA.
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