4.3 Stratégies de
lutte et suivie de la pauvreté infantile
4.3.1 Stratégie de lutte contre la pauvreté
Les stratégies de lutte contre la
pauvreté infantile doivent prendre en compte la disponibilité des
services sociaux en facilitant l'accès des enfants aux centres de
santé par exemple, et doivent dans le même temps promouvoir
l'ouverture des enfants à certaines opportunités. La lutte contre
la pauvreté infantile passe par la définition d'une batterie
d'actions dans les domaines à la fois économique et sociale dont
la mise en oeuvre pourrait améliorer les conditions d'existence des
enfants. Les stratégies devraient chercher à accroître le
capital humain (éducation et santé) des individus et faciliter
l'accès à certaines couches sociales, spécialement aux
enfants du milieu rural, à l'eau potable, à l'école et aux
sois de santé. Les femmes doivent occuper une place plus importante dans
toutes ces politiques.
Les actions suivantes pourraient aider à
améliorer les conditions d'existence des enfants:
· Etant donné que la pauvreté infantile
apparaît comme essentiellement rurale, il serait donc
particulièrement salutaire d'imaginer un système d'octroi des
crédits bénéficiant principalement aux exploitants
agricoles quand nous savons que le milieu rural au Cameroun est essentiellement
agricole avec un revenu mensuel dérisoire pour les travailleurs
agricoles. Ces crédits permettraient incontestablement d'augmenter la
production et d'améliorer les revenus des paysans avec un effet
conséquent sur les conditions de vie des enfants. De ce point de vue, il
devient urgent d'envisager la mécanisation de l'agriculture afin de
sortir de l'archaïsme qui caractérise depuis longtemps notre
agriculture. Aussi, le contexte économique mondial commande de
s'intéresser aujourd'hui plus que jamais à la production
vivrière. Auquel cas, toute politique visant à améliorer
le niveau de revenu par une augmentation des salaires s'en trouvera inefficace
devant la flambée des prix des produits alimentaires due à une
pénurie sans cesse grandissante à l'échelle mondiale;
· Un accès plus accru des populations aux services
sociaux de base - école et centre de santé - dans le milieu
rural développerait les compétences et les connaissances des
pauvres. Le désenclavement des campagnes permettrait d'évacuer la
production vers les marchés urbains;
· Rendre l'éducation obligatoire pour tous
jusqu'au niveau primaire semble être un objectif peu ambitieux car il
apparaît que les personnes ayant au plus un niveau d'instruction primaire
ne sont pas assez imaginatif pour assurer la protection de leur
progéniture face à la pauvreté. Par contre, les chefs de
ménages et surtout les mères d'un niveau d'instruction
supérieur au niveau primaire sont une sorte de bouclier contre la
pauvreté infantile. Il serait donc particulièrement utile si l'on
veut à moyen ou long terme influer sur l'incidence de pauvreté
infantile encourager l'instruction de la gente féminine en levant toute
la bagatelle de pesanteurs qui contribuent à la non scolarisation des
personnes de sexe féminin. À savoir : les
considérations culturelles, les avantages accordés aux enfants de
sexe masculin ;
· Des politiques incitatives permettraient aux enfants de
durer plus longtemps dans le système éducatif. Aussi, il est
nécessaire au niveau du ministère de la condition féminine
en partenariat avec le ministère de la santé de sensibiliser la
jeune fille afin de retarder au maximum l'âge du premier rapport sexuel,
car les grossesses précoces ont pour conséquence
d'éloigner les jeunes filles du système éducatif;
· Faciliter l'accès des femmes aux centres des
décisions car d'après les résultats d'ECAM 2, celles-ci
réduisent au niveau des ménages le risque pour que celui ci soit
pauvre.
Toute la région septentrionale du pays, partant de
l'Adamaoua jusqu'à l'Extrême-Nord, connaît une incidence de
pauvreté particulièrement élevée. Cette
région du pays est caractérisée par son climat chaud et
sec avec une situation paradoxale dans l'Adamaoua considéré comme
le château d'eau du Cameroun et qui est l'une des régions les plus
mal approvisionnée en eau potable. Une attention particulière des
pouvoirs publics aux populations de cette partie du pays serait capitale pour
freiner une éventuelle expansion de la pauvreté infantile. Les
taux d'alphabétisation les plus bas sont enregistrés dans cette
région. L'on devrait donc rapprocher davantage l'école des
populations.
Bien de stratégies peuvent être
élaborées pour réduire la pauvreté. Cependant, leur
mise en oeuvre n'est pas toujours aisée. Les difficultés
rencontrées résident très souvent dans l'harmonisation des
rôles des divers acteurs sociaux : les ménages, la
société civile à travers les ONG, l'État et la
communauté internationale à travers les organismes
spécialisés. Or la réduction de l'ampleur de la
pauvreté infantile exige, pour augmenter les chances de réussite,
qu'une approche participative intégrant tous les acteurs sociaux soit
utilisée pour définir les stratégies à mettre en
oeuvre.
|