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Mesure et analyse de la pauvreté non monétaire chez les enfants:le cas du Cameroun( Télécharger le fichier original )par Simplice Kitleur LEKEUMO Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Ingénieur d'Application de la Statistique 2007 |
3.3 Incidence de pauvreté infantileL'analyse de l'incidence de pauvreté infantile dans cette section se fera en utilisant concomitamment la subdivision des enfants en classes de pauvreté, l'incidence calculée à partir des commodités de base. Tableau 10 : Distribution conditionnelle des enfants selon la classe de pauvreté (%)
Source : MICS-III, (2006) 3.3.1 Pauvreté infantile suivant les provinces et le milieu de résidenceLe Cameroun est administrativement subdivisé en dix provinces. Cependant les villes de Yaoundé et Douala des provinces du Centre et du Littoral respectivement, ont été pris séparément pour éviter d'introduire des biais lors des comparaisons entre province. Car capital politique et économique du pays, elles sont les plus peuplées et l'activité économique y est importante. Le tableau 10 laisse apparaître trois principales catégories de province dans la répartition des enfants au sein des différentes classes de pauvreté. La première catégorie comprend les villes de Douala et Yaoundé. Ces deux villes connaissent des taux de pauvreté respectifs de 12,3 % et 6,6 % (tableau 14 en annexe). Les enfants y sont concentrés dans les deux dernières classes - Intermédiaire supérieur et riche - avec 73 % pour Douala et un peu plus de 80 % pour Yaoundé. Les enfants en situation d'extrême pauvreté sont rares dans ces villes. Comparativement à d'autres localités du pays, ces villes sont relativement mieux dotées en services publics, l'accès à l'eau du robinet et à l'électricité n'est pas universel mais les populations peuvent se procurer de l'eau potable et de l'électricité par l'intermédiaire des voisins connectés sur le réseau . Ces villes se caractérisent par leur aspect dualiste ; des quartiers chics et résidentiels d'un côté et des bidonvilles de l'autre. Une deuxième catégorie regroupe les provinces du Centre, du Littoral, du Sud, de l'Ouest, du Sud ouest, du Nord ouest et de l'Est. Les enfants y sont concentrés dans les classes pauvre et intermédiaire supérieure. Les provinces du Centre et du Littoral semblent ne pas bénéficier des effets induits que pourrait créer l'intense activité dans les villes avoisinantes. Les populations essentiellement des travailleurs agricoles dans ce groupe de province ne tirent pas suffisamment de revenus de leur activité pouvant leur permettre d'accéder à des conditions de vie meilleures, en effet selon l'enquête ESSI, en 2005, le revenu moyen mensuel dans le secteur informel agricole était de 11 100 F CFA ; revenu dérisoire pour assurer des conditions de vie acceptables. Le troisième groupe de province comprend toutes les provinces septentrionales, à savoir : l'Adamaoua, le nord et l'extrême nord. Les enfants de ces provinces se recrutent à plus de 70 % dans les deux premières classes avec une incidence encore plus forte pour le Nord et l'extrême nord, respectivement 89,1 % et 88,4 % d'incidence de pauvreté. Les populations de ces provinces les plus au nord du pays sont connues pour leur attachement à l'élevage. Elles ne bénéficient pas toujours des faveurs du climat sur le plan agricole ce qui les contraint à une gamme restreinte de produits alimentaires. Ces provinces sont les seules à enregistrer les taux nets de fréquentation du primaire inférieure à la moyenne nationale15(*) (moins de 60 % de taux net de scolarisation pour ces provinces). Tout comme la pauvreté monétaire, la pauvreté multidimensionnelle apparaît comme un phénomène essentiellement rural. En milieu rural, moins de 1 % des enfants se retrouvent dans la classe riche contre 15,7 % en milieu urbain. De plus, l'extrême pauvreté est davantage présente en milieu rural avec 24,4 % d'enfants extrêmement pauvres contre seulement 3,3 % en milieu urbain. Ce faibles taux d'extrême pauvreté infantile en milieu urbain cacherait de fortes disparités qui existeraient entre les villes de Douala et Yaoundé et les zones semi urbaine à l'exemple de Bafoussam, Bamenda, Maroua et Bertoua. Grosso modo, ces résultats sont en conformité avec ceux obtenus à l'échelle des ménages. * 15 Le taux net de scolarisation au primaire est de 80 % au Cameroun |
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