CONCLUSION
L'étude visait comme objectif à contribuer
à la réinsertion familiale des enfants de la rue.
Cette étude aux allures évaluatives et
prospectives nous a permis de nous rendre compte de la réalité de
la situation des enfants vivant dans la rue à N'djamena.
Sans prétendre d'avoir cerner toute la
réalité de la situation et le phénomène des enfants
de la rue à N'djamena, nous avons pu décrire leurs
caractéristiques sociodémographiques, socioprofessionnelles et
identifier leurs difficultés et besoins.
Enfin, nous avons pu faire des propositions à
même de favoriser leur retour en famille.
Au plan des caractéristiques sociodémographique,
nous avons pu constater que la plupart des enfants enquêtés sont
mineurs. L'âge moyen est de 14,5 ans et ils proviennent des
différentes villes du pays. Concernant la situation familiale, 50% sont
issus des familles unies et vivantes, 30% des parents divorcés ou
séparés et 20% des parents décédés. Quant
à leur lieu d'habitation, 85% vivent dans la rue et 15% seulement chez
les parents.
Sur le plan des caractéristiques socioprofessionnelles,
l'étude a révélé que 70% des enquêtés
à un niveau d'étude très bas. La majorité a
fréquenté l'école jusqu'au niveau du cours
élémentaire 2ème année avant le
décrochage.
Au plan psychosocial, les enfants n'entretiennent pas de
très bons rapports avec leurs parents ou tuteurs. Leurs
difficultés sont d'ordre affectif alimentaire et sanitaire.
De l'analyse et de l'interprétation des
résultats, il ressort que les hypothèses ont été
confirmées dans la mesure où il apparaît que : Les
stratégies et les actions développées par les intervenants
ne sont insuffisantes,
Les intervenants n'ont pas pour la plupart les qualifications
requises en matière de réinsertion familiale des enfants de la
rue.
Tous les objectifs de notre étude ont été
atteints aussi nous pouvons répondre à notre question de
départ car nous connaissons à partir de cette étude
quelles sont les difficultés que rencontrent les différents
acteurs sociaux intervenant dans la réinsertion familiale des enfants
de la rue à N'djamena.
Le phénomène « enfant de la
rue » que nous avons présenté apparaît comme la
résultante de la détérioration de normes sociales,
économiques et culturelles, l'école coranique, « le
confiage », la situation matérielle et psychologique
précaire de certains parents, les mauvais traitements infligés
aux enfants dans les familles sont entre autres les causes de la
présence des enfants dans la rue.
L'étude à travers les entretiens non formels
nous a permis de constater que l'Etat tchadien privilégie la
répression et l'emprisonnement des enfants délinquants. Pourtant,
la loi n°007/PR/99 prévoit la procédure et jugement des
infractions commises par les mineurs de treize (13) à moins de dix huit
(18) ans.
Débordé par les conflits armés à
répétition, l'Etat tchadien a totalement abandonné le
champ social aux mains des organisations privées. Mais si toutes ces
organisations prétendent s'inscrire officiellement dans une logique
philanthropique, la plupart d'entre elles sont en réalité
déterminées par des rationalités statutaires, politiques
,économiques etc. En effet la stratégie de
« bienfaisance » cache beaucoup d'en dessous et c'est par
exemple le cas tragique des 103 enfants de l'arche de Zoé, cette fameuse
association française qui s'est fait enregistrée sous un nom
fictif avant d'être démasquée à l'embarquement des
enfants à Abéché pour des fins d'adoption.
Cette situation pose un certain nombre de questions concernant
l'enfance marginalisée au Tchad : en premier lieu celle de la
nature de l'action étatique et d'une façon plus large, celle de
sa stratégie d'intervention, celle du contrôle des acteurs non
gouvernementaux et enfin celle des ressources financières
allouées aux politiques sociales. Au Tchad, le Ministère de
l'Action Sociale et de la Famille a, il est vrai, essayé de rouvrir le
Centre Espoir de Koundoul pour l'Enfance, mais les enfants de la rue sont
très peu nombreux à le fréquenter. La grande illustration
pendant notre étude est qu'un seul enfant se trouve au Centre Espoir de
Koundoul pour l'Enfance, (enfant handicapé (atteint de
l'encéphalopathie) qui ne sait où aller. Les autres enfants sont
repartis dans la rue.
Où sont donc passés les fonds alloués au
fonctionnement dudit Centre ? Nous n'avons pas de réponse à
cette question.
La question de la réinsertion familiale des enfants de
la rue au Tchad en général et à Ndjaména en
particulier est complexe à résoudre dans le contexte actuel
où se trouve le pays. Toute fois, sa résolution reste possible
avec une réelle politique sociale.
Il appartient d'abord à l'Etat en tant que puissance
publique de définir clairement une politique en la matière, de
dégager les moyens adéquats et d'organiser les différents
acteurs concernés et/ou intéressés.
Le défi de la réinsertion familiale des enfants
de la rue au Tchad peut être relevé dans une logique partenariale
sur la base de l'orientation et le contrôle de l'Etat, principal garant
des politiques sociales.
Les limites de cette étude ouvrent la voie à
d'autres recherches notamment la comparaison des stratégies de
réinsertion familiale des institutions publiques et privées.
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