I.2.
Le poids des maladies diarrhéiques
Les maladies diarrhéiques représentent 15,7%
des diagnostics établis pour les enfants de moins de cinq ans en
provenance des secteurs 29 et 30 de la ville de Ouagadougou et ayant
consulté dans des structures de santé. Ce pourcentage nous semble
sous évalué dans la mesure où les diarrhées sont
généralement considérées comme un état banal
qui passe au bout de quelques jours. Le recours à la structure de
santé n'est donc observé que lorsque les symptômes
persistent. En effet, une étude menée en 1996 sur les aspects
épidémiologiques, cliniques et évolutifs des
diarrhées en milieu hospitalier pédiatrique a
révélé que 33% des enfants étaient conduits
à la consultation dans un délai de un à trois jours tandis
que 43% avaient consulté dans un délai de quatre à sept
jours et 24% n'avaient été amenés en consultation
qu'après la première semaine (SANOU I. et al., 1999).
L'analyse du poids des maladies diarrhéiques peut
être complétée par les données que nous avons
collectées à Yamtenga. Sur les 80 ménages qui ont
été enquêtés, 37,5% ont déclaré avoir
enregistré au moins une épisode morbide au cours des deux
dernières semaines ayant précédé notre passage. Ces
épisodes concernent tous des enfants de moins de 5 ans. Les
différentes affections qui ont été déclarées
par les ménages enquêtés se répartissent selon le
graphique 19.
Graphique 17 : Principales
affections déclarées par les ménages
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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I.3.
Dynamique temporelle des maladies diarrhéiques
Selon les données collectées entre 2004 et 2005
dans les structures de soins, c'est au mois d'avril que la part des
diarrhées est la plus importante (15%) (Graphique 20). D'une
manière générale, la fréquence des diarrhées
est élevée entre avril à juillet. Ces mois correspondent
à des périodes chaudes au cours desquelles les difficultés
d'accès à l'eau se posent avec plus d'acuité, la demande
en eau augmentant généralement sans accroissement de l'offre. La
première conséquence de cette situation est l'augmentation du
prix de l'eau. Les ménages ayant un revenu très bas voient leurs
volumes moyens de consommation d'eau baisser. L'eau disponible au sein du
ménage est alors généralement réservée aux
activités les plus importantes telle que la cuisine, les pratiques
d'hygiène de base étant reléguées au second plan.
Plus de la moitié des cas de diarrhées sont survenus durant cette
période. Il apparaît en outre que la part des diarrhées
parmi les autres affections est plus élevée au cours de la saison
des pluies. Cette situation laisse penser qu'il y a une corrélation
entre la pluviométrie et l'incidence des diarrhées, du moins au
regard des données dont nous disposons.
Graphique 18 :
Répartition moyenne mensuelle du poids des diarrhées parmi les
diagnostics établis pour les enfants de moins de 5 ans des secteurs 29
et 30
Source : UR CTEM, 2005
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Dune manière générale, les
données collectées montrent que les diarrhées
représentent une importante cause de morbidité pour les patients
en provenance des secteurs 29 et 30 de Ouagadougou. Le fait que les maladies
diarrhéiques constituent la pathologie la plus évoquée
à Yamtenga peut souligner l'acuité des difficultés que
rencontre la majorité des ménages pour avoir de l'eau potable en
quantité suffisante. Ces résultats montrent donc que les risques
liés aux diarrhées sont présents à Yamtenga et
qu'ils méritent d'être analysés.
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