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L'accès à  l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou: Les cas de Yamtenga

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par Appolinaire KOMBASSERE
Université de Ouagadougou - Maitrise de Géographie 2007
  

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CHAPITRE II : L'ACCESSIBILITE A L'EAU DANS LA ZONE IRREGULIERE DES SECTEURS 29 ET 30

Ce chapitre comprend deux grandes parties : la première s'attelle à présenter la zone irrégulière des secteurs 29 et 30 tout en faisant une comparaison avec la zone régulière. Une telle description est essentielle dans la mesure où les conditions socio démographiques et économiques sont des déterminants importants des conditions de vie d'une manière générale et jouent un rôle important sur les niveaux d'accès à l'eau en particulier. Dans la deuxième partie, nous nous intéresserons à l'accessibilité à l'eau dans la zone irrégulière.

I. Présentation de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30

I.1. Situation géographique

Situé au Sud-Est de la ville, la zone irrégulière des secteurs 29 et 30 est délimitée à l'Est par le village de Balkuy, au Sud par le secteur 15, à l'Ouest par le quartier de San Yiri et au Nord par le secteur 28 (Carte 4).

Carte 4 : Localisation de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30

 

Cette zone relève de l'arrondissement de Bogodogo et s'étend sur une superficie de 24951 ha, soit le onzième de la superficie de toute la ville de Ouagadougou.

La tonalité rurale, l'absence d'organisation spatiale cohérente, la présence de plusieurs bancôtières5(*) et les rues en forme de labyrinthe sont les caractéristiques les plus remarquables de cet espace irrégulier (Photos 2 et 3).

Photo 2 : Vue partielle de la zone irrégulière (cliché Kombasséré, juillet 2006)

Photo 3 : Un espace parsemé de bancôtières (cliché Kombasséré, juillet 2006)

 
 

I.2. Les caractéristiques démographiques

Les données du dernier recensement réalisé en décembre 2006 n'étant pas encore disponibles, nous utiliserons les résultats du RGPH de 1996. Ainsi, les indicateurs et les analyses qui renseignent sur la situation démographique de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30 n'ont qu'un caractère indicatif, la situation ayant évolué depuis 1996. A cette date, la zone irrégulière des secteurs 29 et 30 regroupait 13 551 habitants, soit une densité moyenne de 83,2 hab/ha. Cette densité est supérieure à celle de la zone régulière des mêmes secteurs (59,7 hab/ha.) et à celle de toute la ville qui s'établissait à 57 hab/ha. Comme nous l'évoquions précédemment, cette densité importante n'est cependant pas propre à toutes les zones irrégulières de la ville de Ouagadougou, les travaux de l'UR CTEM ayant révélé que des quartiers irréguliers comme Zongo, à l'Ouest de la ville, avait une densité de 36 hab/ha (UR CTEM, données non publiées). Or la concentration de la population dans un espace peut constituer un facteur de propagation des maladies infectieuses, notamment les diarrhées.

Les données dont nous disposons nous permettent de présenter la structure de la population par tranche d'âge et par sexe (Graphiques 4 et 5).

Notre analyse sera faite en fonction des grands groupes d'âges  : 0 à 4 ans, 5 à 9 ans, 10 à 29 ans, 30 à 54 ans et plus de 60 ans. De prime abord, on remarque que les deux pyramides présentent globalement le même profil.

La tranche d'âge de 0 à 4 ans représente 18,1% et 13,3% de la population respectivement en zone irrégulière et régulière. L'élargissement de la base de la pyramide en zone irrégulière traduit une forte fécondité. On remarque cependant qu'entre 0-4 ans et 5-9 ans, la population de la zone irrégulière baisse de 20%, situation qui pourrait traduire une surmortalité des enfants de moins de 5 ans et révéler l'existence de problèmes de santé tels que les diarrhées, première cause de mortalité infantile selon l'OMS.

Entre 10 et 29 ans, on remarque qu'il y a globalement autant d'hommes que de femmes, aussi bien en zone régulière qu'irrégulière. De 30 à 54 ans, la tendance évolue en faveur des hommes. Ce surnombre peut s'expliquer par la migration sélective qui touche plus les hommes que les femmes. En effet, l'ambition d'accéder à la propriété privée qui guide les populations dans leur choix de s'installer en périphérie est plus une préoccupation masculine que féminine. En outre, on constate qu'un peu plus d'un individu sur deux (52,8% en zone irrégulière et régulière) a moins de 20 ans. Ce chiffre illustre assez bien la jeunesse de la population, une jeunesse qui assure un fort potentiel d'accroissement démographique.

Comme toutes les pyramides caractérisant une mortalité élevée aux âges avancés (plus de 60 ans), nous observons des sommets effilés. Par ailleurs, il n'y a pas de déséquilibre remarquable entre les pourcentages des deux sexes dans ces tranches d'âges.

Graphique 4 : Pyramide des âges de la zone irrégulière des secteurs 29 et 30

Source : INSD, 2000

Graphique 5 : Pyramide des âges de la zone régulière des secteurs 29 et 30

Source : INSD, 2000

Sur l'ensemble de la population, on constate une prédominance du sexe masculin. En effet, le rapport de masculinité s'élève à 100 hommes pour 90 femmes et 100 hommes pour 93 femmes respectivement en zone irrégulière et régulière.

Si l'on se limite à la tranche d'âge des adultes (15-54 ans selon la définition de l'INSD), ce rapport chute jusqu'à 100 hommes pour 80 femmes en zone irrégulière. L'enquête démographique de santé de 2003 a révélé un rapport de masculinité de 100 hommes pour 96 femmes pour toute la population de Ouagadougou (INSD et ORC MACRO, 2003), ce qui est assez similaire à nos données.

Ces résultats suggèrent que la zone irrégulière des secteurs 29 et 30 est plutôt une zone d'accueil des migrants en provenance du milieu rural.

* 5 Les bancôtières sont des espaces servant à la confection des briques de banco. Elles constituent des gîtes à moustiques à cause de la stagnation des eaux et elles servent de dépotoirs pour les structures chargées de la collecte des ordures.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore