Université Paris 1 - UFR 02 Sciences Economiques - Master
2 Expertise Economique du Développement En partenariat avec l'Agence
Française de Développement et l'Université de
Polynésie Française
ANALYSE ECONOMIQUE DES EFFETS DU DISPOSITIF
DE
DEFISCALISATION LOCAL EN POLYNESIE
FRANCAISE:
UN PREMIER ESSAI SUR LE SECTEUR
HÔTELIER
« L'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
n'entend donner aucune approbation, ni désapprobation aux opinions
émises dans ce mémoire; elles doivent être
considérées comme propre à leur auteur»
Introduction5
I Présentation du dispositif de défiscalisation
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1.1 Défiscalisation métropolitaine: la loi Pons
(1986), Paul (2001) et Girardin (2003)
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1.1.1 Motivation
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1.1.2 Principes
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1.1.3 Le dispositif applicable à l'hôtellerie et au
secteur du tourisme
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1.1.4 Mécanisme-type de la Loi Girardin appliqué
à un projet hôtelier
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1.2 Défiscalisation locale : la loi Flosse (1995)
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1.2.1 Motivations
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1.2.2 Principes
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1.2.3 Les conditions d'application du dispositif « Flosse
» au secteur hôtelier
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1.2.4 Le mécanisme-type du dispositif « Flosse »
appliqué à un projet hôtelier
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1.2.5 Cumul défiscalisation métropolitaine et
défiscalisation locale
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II Le secteur du tourisme
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2.1 Caractéristiques du marché touristique en
Polynésie Française
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2.1.1 Spécificités de la demande touristique
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2.1.2 Evolution de l'offre
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2.2 L'économie polynésienne : une économie
touristique ?
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2.2.1 Poids moyen du secteur dans l'emploi
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2.2.2 Poids faible du secteur dans le PIB polynésien
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2.2.3 Une vision territoriale du développement
focalisée sur ce secteur
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2.3 Dispositif d'incitation à l'investissement dans le
secteur du tourisme
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2.3.1 Le cumul des dispositifs d'incitation à
l'investissement essentiel au financement du secteur
touristique
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2.3.2 Le secteur hôtelier au coeur de la promotion
touristique
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III Pourquoi de focaliser sur le secteur de l'hôtellerie ?
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3.1 La volonté gouvernementale de dynamiser ce secteur
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3.2 Le premier bénéficiaire du dispositif de
défiscalisation
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3.3 Des résultats ambigus
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IV Modélisation en équilibre partiel des effets de
la politique de défiscalisation: un premier essai sur le secteur de
l'hôtellerie
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4.1 Contexte de mise en place de la politique de
défiscalisation
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4.2 Problèmes méthodologiques
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4.3 Modélisation de l'offre
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4.3.1 Hypothèses retenues concernant le marché
hôtelier
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4.3.2 Formalisation de l'offre
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4.4 Modélisation de la demande
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4.4.1 Quantification de la demande hôtelière
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4.4.2 Les déterminants de la demande
hôtelière
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4.4.3 Forme fonctionnelle
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4.5 Equilibre partiel
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4.6 Contrefactuel : Diminution de la masse salariale
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Conclusion
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Bibliographie
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Annexe 1: Schéma simplifié de la
défiscalisation locale
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Annexe 2: Synthèse des aides à l'investissement
dans le secteur hôtelier et résidences de tourisme
international
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Annexe 3 : Exemple de montage de défiscalisation
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Annexe 4 : Estimation des déterminants de la demande
hôtelière
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Annexe 5 : Econométrie appliquée
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Annexe 5 : Graphique des séries
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Annexe 6 : Résultats des simulations
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Introduction
Déjà le chancelier Helmut Schmidt
énonçait l'importance des investissements dans le cycle
économique puisque selon sa fameuse citation «les profits
d'aujourd'hui font les investissement de demain et les emplois d'après
demain ». Cette vision économique centrée sur les
investissements comme moteur de développement, loin d'être
novatrice, reste au coeur des politiques de développement. Cependant,
les pays en développement, caractérisés par une
épargne insuffisante, tentent d'attirer les investissements
étrangers pour renouer avec le schéma néo-classique de
développement du type Rostow. Dès lors, les politiques nationales
d'incitation à l'investissement se concurrencent et donnent lieu
à de nombreuses études économiques (C.Oman 2000). Si
la littérature économique à ce sujet est
dense (Zee, Stotsky, et Ley 2002, Sosa 2006), ceci est justifié par la
diversité des politiques d'incitation à l'investissement:
exemption de taxes, subventions, systèmes juridiques flexibles,
etc. Les incitations fiscales sont une des modalités
utilisée afin de stimuler l'investissement et d'éviter la fuite
de l'épargne locale. Cette politique est au coeur de la stratégie
de développement de nombreux pays, et notamment de la France. Soucieux
du manque d'investissement outre marin, le gouvernement français a,
depuis les années 1980, adopté un système fiscal incitatif
afin de pallier cette insuffisance, souvent décrite comme une
conséquence de l'insularité.
Les politiques d'incitations fiscales à
l'investissement en France se caractérisent par un crédit
d'impôt variable concernant l'impôt sur les revenus, sur les
sociétés ou sur les transactions. Depuis 1986, date
d'entrée en vigueur de la loi Pons, complétée en 2001 puis
2003 par, respectivement, les lois dites Paul et Girardin, certains
investissements réalisés outre-mer peuvent
bénéficier de mesures incitatives de défiscalisation. Ce
dispositif a pour but de pallier le déficit d'investissement subi par
ces économies insulaires au marché étroit et par
conséquent confrontées à des problèmes
d'économie d'échelle, d'équilibre en dessous de
l'efficience, etc. Constatant que les investisseurs locaux n'avaient
que peu recours à ce dispositif de défiscalisation dite
métropolitaine, les autorités de Polynésie
française, qui bénéficient d'une autonomie fiscale, ont
décidé de le compléter par un dispositif de
défiscalisation locale, entré en vigueur en 1995 (« loi
Flosse »). Depuis 1995, le montant cumulé consacré par le
gouvernement polynésien à cette aide s'élève
à 76 milliards de F CFP.
À l'heure actuelle, aucune évaluation des effets
du dispositif de défiscalisation locale sur l'investissement en
Polynésie n'a été effectuée. Or, ces politiques
font l'objet de critiques virulentes du fait de leur coût
élevé et de leur efficacité remise en cause. Aussi, les
difficultés méthodologiques ont freiné la mise en place de
telles études. Outre un problème de données,
évaluer un dispositif de défiscalisation, locale comme
métropolitaine, est en effet délicat. Dans leur «Rapport sur
l'évaluation de l'impact socio-économique du dispositif de
défiscalisation des investissements outre-mer », qui concernait la
défiscalisation métropolitaine, l'Inspection
générale des Finances et l'Inspection générale de
l'Administration notaient ainsi que «Même si les données
statistiques détaillées avaient existé, et si un outil
fiable de suivi avait été mis en place, l'analyse des impacts
aurait de toute façon posé de sérieux problèmes
méthodologiques, qui tiennent surtout à la difficulté de
discerner dans l'évolution de l'économie locale ce qui est
imputable à la défiscalisation et ce qui relève des autres
facteurs pouvant avoir un impact similaire. Cette difficulté est accrue
par l'instabilité des mécanismes de défiscalisation. En
effet, le chevauchement et la succession de ces dispositifs ne peuvent que
biaiser les hypothèses qui se fondent sur la pérennité des
mesures et une certaine stabilité de l'économie.» (p. 20,
juillet 2006).
Nous avons donc tenté de surmonter les
difficultés citées ci-dessus grâce à une
réflexion profonde sur les outils méthodologiques
appropriés à l'évaluation d'une telle politique
économique. Pour ce faire, nous nous sommes concentrés sur
l'analyse du secteur hôtelier. Celui-ci attire notre attention pour deux
raisons. Tout d'abord, il est le premier bénéficiaire du
dispositif de défiscalisation locale (50 milliards de F CFP sur les 76
milliards dépensés en 10 ans), constat justifié par la
logique gouvernementale de développer les ressources extérieures
issues du tourisme. D'autre part, l'évolution du secteur hôtelier
engendre un certain nombre de question compte tenu du montant des
investissements réalisés. En effet, le nombre de chambres (+500)
n'a que peu évolué du fait d'une orientation qualitative; car si
le parc hôtelier est passé de 3000 à 3500 chambres, il est
monté en gamme, confirmant la spécialisation du Fenua dans le
tourisme de luxe: le luxe représente désormais plus de 50% (2005)
du parc hôtelier contre 30% en 1997.
Malgré ces difficultés, analyser les dispositifs
de défiscalisation, en particulier locaux, en Polynésie
française demeure un enjeu central pour l'amélioration de
l'efficacité des politiques publiques qui y sont menées. L'objet
de notre mémoire est donc de s'interroger sur les outils
méthodologiques nécessaires à l'analyse des effets du
dispositif de défiscalisation locale sur l'investissement
polynésien, afin de modéliser les effets sur l'équilibre
d'un secteur. Dans ce dessein, nous répondrons à la question
suivante: Comment modéliser l'effet du dispositif de
défiscalisation locale sur l'équilibre d'un secteur
hôtelier?
Pour ce faire, notre mémoire s'articule autour de
quatre parties. Les trois premières parties se veulent descriptives,
alors que la dernière est analytique. En effet, nous décrirons
les dispositifs de défiscalisation métropolitaine et locale dans
une première partie, puis mettrons en lumière les
caractéristiques principales du secteur touristique polynésiens
dans une seconde partie, avant de justifier notre focalisation sur le secteur
hôtelier. La quatrième partie présente notre
modélisation des effets de la défiscalisation locale sur
l'équilibre du secteur hôtelier.
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