PREMIERE PARTIE : GENERALITES
Chapitre 1 : Introduction générale
1.1 Introduction
Le Bénin est un pays dont l'économie repose
essentiellement sur l'agriculture. La population agricole est estimée
à 3,2 millions d'habitants dont 51% de femmes (INSAE, 2002). Le secteur
agricole constitue aujourd'hui près de 36% du produit intérieur
brut (PIB), 88% des recettes d'exportation et emploie 70% de la population
active (INSAE, 2005).
Le taux d'urbanisation au Bénin est estimé
à 46% en 2007 (FAO, 2008). Ceci entraîne une forte croissance
démographique et une augmentation des besoins alimentaires dans les
villes ; permettant ainsi, à l'agriculture urbaine de prendre de
l'importance.
Les cultures maraîchères constituent la
principale activité de l'agriculture urbaine et répondent de
façon efficace à la demande alimentaire urbaine. Le
maraîchage contribue à la sécurité alimentaire et
à la réduction de la pauvreté des ménages et en
particulier celle des femmes (James et al., 2006). Au
Sud-Bénin, les revenus générés par le
maraîchage permettent à des milliers de familles de satisfaire
leurs besoins (PADAP, 2000).
Cependant, la pression parasitaire est une contrainte
importante pour les maraîchers péri-urbains,
particulièrement pendant la saison des pluies où les maladies et
les ravageurs prédominent (Gockowski, 2003). Les pesticides chimiques
spécifiques au maraîchage sont souvent rares, onéreux et ne
bénéficient pas d'un système organisé de
crédit (Vodouhè et Aboubacary, 2003). Les maraîchers
utilisent alors des pesticides chimiques prohibés afin de
produire massivement les légumes et de satisfaire la
forte demande. Cette pratique a de nombreuses conséquences sur la
santé des consommateurs. Selon le Réseau d'Action sur les
Pesticides (PAN, 1999), la consommation de légumes produits avec les
pesticides chimiques accroît l'incidence des maladies gastriques et
respiratoires chez les populations.
Face à ces contraintes, il est important de trouver des
moyens et méthodes de lutte qui améliorent la qualité des
légumes, préservent la santé des consommateurs et assurent
la sécurité alimentaire. Ainsi, les chercheurs de l'Institut
International d'Agriculture Tropicale (IITA) - Bénin, en collaboration
avec les structures nationales de recherche, ont développé et
diffusé des technologies de gestion intégrée contre les
ravageurs. Ces technologies comptent les variétés
améliorées, les extraits botaniques, les techniques de stockage,
les biopesticides à base de bactéries (Dipel® et
Biobit®)) et les virus (Cherry et al.,
2006).
La présente étude vise à connaître
les préférences des consommateurs pour les légumes
produits au moyen des biopesticides. Elle se propose, d'évaluer la
connaissance et la perception des consommateurs sur l'existence et la
consommation des légumes sains. L'étude permettra aussi
d'identifier, les attributs des légumes sains et les principaux facteurs
socio- économiques déterminants le consentement à payer
les légumes sains par les consommateurs.
Le document est structuré en six (6) chapitres.
Après l'introduction, les objectifs et les hypothèses de
recherche complètent le chapitre 1. Le chapitre 2 est consacré
à la présentation du cadre théorique. Le chapitre 3
décrit la zone d'étude et le chapitre 4 traite de la
méthodologie de recherche. L'analyse des résultats est faite au
chapitre 5. .Enfin, le chapitre 6 présente les conclusions et
recommandations issues de l'étude.
1.2 Problématique et justification
La population subsaharienne croît à un taux de
2,5% par an (May, 2008). Cette croissance rapide de la population est beaucoup
plus concentrée en milieu urbain où on note l'émergence de
grandes villes et même de quelques mégapoles (Schoumaker et
al., 2004). Au Bénin, le taux d'urbanisation déjà
élevé, a subi un accroissement, atteignant 35,7% en 2002 à
cause d'un exode rural massif des populations rurales (INSAE, 2003).
Cette augmentation de la population urbaine a
entraîné une forte demande alimentaire en milieu urbain que
l'agriculture rurale n'arrive plus à satisfaire. L'agriculture urbaine
occupe de plus en plus une place importante au sein du plan d'action
international et est reconnue comme composante d'une solution globale aux
problèmes causés par la croissance débridée des
villes des pays en développement (Moustier, 2005).
L'une des branches de l'agriculture urbaine capable de
satisfaire la demande alimentaire urbaine est le maraîchage. Au
Bénin, la production maraîchère est une importante source
d'emplois dans les milieux urbains, péri-urbains et surtout dans les
rives des fleuves et/ou des vallées de certaines zones (Tiamiyou, 1995
cité par Simeni 2005). Au sud du Bénin, la production de
légumes représente l'activité principale en termes
d'occupation et de revenu, pour la majorité des exploitations agricoles.
Le maraîchage contribuerait à la création de près de
60 000 emplois directs (PADAP, 2003). Les revenus générés
par l'activité maraîchère permettent à des milliers
de familles de vivre. Dans la ville de Cotonou, sur les 263 ha de superficies
cultivées en 2000, le maraîchage a rapporté aux
producteurs, plus de 300 millions de marge brute ; hormis leur propre
consommation évaluée à 30% voire 40% (Hounkpodoté
et Tossou, 2001). Cependant, la contribution économique et sociale de la
production des légumes en zones urbaines et péri-urbaines est
limitée par un certain nombre de facteurs dont les attaques d'insectes
et les maladies, le difficile accès aux terres, et les risques
liés à l'écoulement des légumes (Assogba-Komlan
et al., 2003).
La pression parasitaire est devenue un problème majeur
qui préoccupe tous les producteurs (Adégbola et Singbo, 2001).
Les pesticides chimiques spécifiques au maraîchage sont souvent
rares, chers et ne bénéficient pas souvent d'un système
organisé de crédit (Vodouhè et Aboubacary, 2003). Face
à cette situation, les pratiques de gestion des ravageurs varient
d'un producteur à un autre. Les pesticides chimiques prohibés
sont donc utilisés de façon excessive et les règles
d'utilisation ne sont pas généralement respectées (Zossou,
2004). L'utilisation excessive d'engrais, due à
l'exiguïté des aires maraîchères et la
mauvaise utilisation des pesticides, présente des conséquences
sur la santé des consommateurs du fait de la présence des
résidus dans les légumes et sur l'environnement par contamination
de la nappe phréatique (Amoussougbo, 1993 cité par Singbo
2004). Selon Probst (2007), les maraîchers ont très peu de
connaissances sur les propriétés chimiques des pesticides et
sur leur potentiel toxique. Très souvent, ils ignorent la date
d'épandage et la nécessité du port
des équipements de protection. Il en est de même pour les
consommateurs qui ignorent tous les dangers liés à la
consommation des légumes produits avec les pesticides chimiques
; augmentant ainsi les risques liés à leur santé
(Probst, op cit). Les substances chimiques utilisées dans
l'agriculture conventionnelle sont responsables de près de 20.000
décès par an (FAO, 2007). Selon Adéoti (2005), plus de
70% de la population béninoise souffrent régulièrement
de la fièvre typhoïde au point que les services de santé
recommandent d'éviter la consommation des crudités douteuses.
Une étude réalisée sur les sites de Kouhounou et
de Houéyiho à Cotonou, a montré une toxicité
résiduelle des cultures maraîchères en métaux
lourds et en pesticides organochlorés (Agbossou et
Sanny, 2003). Amoah (2006), a trouvé, dans une étude menée
au Ghana, des résidus de lindane, d'endosulfan et de Diphenyl Dichloro
Trichlore éthane (DDT) dans la laitue vendue sur le marché.
L'une des manières les plus adéquates pour
produire des légumes sains sans provoquer un déséquilibre
de la biodiversité, est de réduire au maximum l'emploi abusif des
pesticides chimiques de synthèses ou d'opter pour d'autres
méthodes alternatives de lutte contre les ravageurs. Parmi ces
méthodes de lutte, figurent les biopesticides. Les biopesticides sont
composés d'extraits botaniques à base de neem (Azadirachta
indica A. Juss), de papayer (Carica papaya L), ou d'hyptis
(Hyptis suaveolens L. Poit) et des microorganismes tels que les
champignons, les virus et les bactéries entomopathogènes
(Dipel® et Biobit®)) (Cherry et al,
2006). Ils sont économiques, efficaces, sains et respectueux de
l'environnement (Vodouhè, 2007). Les biopesticides, en particulier les
extraits aqueux botaniques, ont été introduits et promus par les
institutions ayant en charge, le développement de l'agriculture aussi
bien nationale à travers le Service de Protection des
Végétaux (SPV), qu'internationale avec l'Institut International
d'Agriculture Tropicale (IITA). D'autres biopesticides sont importés par
des structures agréées pour renforcer l'action des extraits
aqueux botaniques. Les biopesticides permettent de produire les légumes
sains qui aident les familles à lutter contre la malnutrition et la
faim. Selon FAO (2007), l'agriculture biologique permettrait d'améliorer
les apports en nutriments des ménages, ainsi que leur capacité
à se procurer des aliments grâce à l'intensification
durable et à la commercialisation des produits de l'agriculture
artisanale et de contribuer aux apports en micronutriments et à des
régimes alimentaires plus sains, grâce à la
réintroduction de variétés sous-utilisées et
à la diversification de la production ; d'établir des
systèmes alimentaires autonomes, en particulier à
l'échelle des ménages.
La réussite de la promotion d'un nouveau produit, passe
par une bonne compréhension du comportement des consommateurs face
à ce produit (Verbeke, 2000). Dans ce cadre, l'étude se
propose, d'étudier les consommateurs, afin de recueillir leurs
perceptions sur les légumes sains produits à base de
biopesticides. Ceci, pourrait contribuer à améliorer la
santé des consommateurs et assurer leur sécurité
alimentaire.
Cette étude répondra aux questions suivantes :
Comment amener un grand nombre de ménages à consommer les
légumes sains ? Quelles stratégies peuvent être
recommandées aux gouvernements, aux structures de développement
agricole nationales et internationales et aux individus désireux de se
lancer dans la production et la commercialisation des légumes sains,
afin que ces derniers puissent prendre en compte les perceptions et les
préférences des
potentiels consommateurs de légumes sains ? Quelles
sont les habitudes alimentaires des populations urbaines et
péri-urbaines en termes de consommation de légumes ? Quel serait
leur consentement à payer pour les légumes sains, afin de
sauvegarder leur santé et l'environnement ?
1.3 Objectifs de la recherche 1.3.1 Objectif principal
L'objectif principal de cette étude, est
d'évaluer les préférences des consommateurs et leur
consentement à payer les légumes sains, afin de promouvoir
l'acceptabilité de ces produits au niveau des ménages et aider
à la résolution du problème de santé publique qui
est la consommation des légumes produits avec les pesticides non
recommandés. Pour atteindre ce principal objectif, trois objectifs
spécifiques ont été formulés.
1.3.2 Objectifs spécifiques
- Objectif spécifique 1 : Analyser les
connaissances des consommateurs sur les légumes sains ;
- Objectif spécifique 2 : Analyser les
préférences des consommateurs au sujet des attributs des
légumes sains ;
- Objectif spécifique 3 :
Déterminer les caractéristiques socio-économiques qui
affectent le consentement à payer les légumes sains.
1.4 Hypothèses de recherche
En relation avec les objectifs spécifiques
énoncés, les hypothèses de recherche suivantes sont
formulées :
- Hypothèse 1 : Les légumes sains
sont connus des consommateurs ;
- Hypothèse 2 : Le choix des
légumes sains par les consommateurs est fonction des attributs tels que
la couleur, l'apparence, la taille, la fraîcheur ;
- Hypothèse 3 : Le sexe, l'âge,
le niveau d'éducation, la taille du ménage, sont les principaux
facteurs déterminants du consentement à payer les légumes
sains par les consommateurs.
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