La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle( Télécharger le fichier original )par Hugues Herbillot Université Nancy 2 - Master 2009 |
b. Des violences conjugales difficiles à quantifier.
La maison apparaît comme l'unité de base, autour de laquelle s'articulent les relations sociales. C'est le lieu de vie des parents et de leurs enfants, parfois d'un autre membre de la famille ou de domestiques. La famille restreinte possède déjà en son sein des germes de violence. Les violences conjugales sont exercées quatre fois par des hommes et deux fois par des femmes d'après nos sources. L'union de la maisonnée se rompt parfois, le père, chef de famille peut se muer en un véritable tyran, sa force joue pour lui, il lui est alors aisé de martyriser sa femme jours après jours. Christophe Bonneville un repris de justice de Grand, est ainsi coutumier des faits. De retour d'une foire dans la Marne où il a escroqué de nombreux marchands en décembre 1833, il frappe « sa femme dans toutes les parties du corps à coups de pieds en la laissant pour morte273(*) ». A Punerot un mari aliéné est « prévenu d'avoir exercé des violences graves et habituelles274(*) » sur la personne de sa femme Jeanne Gérardin. En 1810, après « être rentré d'avoir couru les champs275(*) », il lui plonge la tête dans une cuvette pleine d'eau. « La femme se réfugie chez les voisins qui appellent le maire mais le prévenu refuse d'ouvrir la porte276(*) ». Les violences conjugales peuvent être aussi exercées par des femmes sur leur mari, nous en avons ainsi deux exemples. A Outrancourt, Marie Anne Mignet est accusée de tentative d'assassinat sur son mari Charles Nicolas Martin. Le maire du village déclare qu' « il est constant qu'elle l'a frappé et qu'elle est dans l'habitude de le maltraiter277(*) ». La nuit de l'agression, le maire « entend des bruits et des cris considérables et se rend à la maison Martin. Arrivé dans le poêle il a trouvé le dit Martin tout effrayé, d'une couleur changée lequel a déclaré qu'il venait faillir à être étranglé de sa femme, laquelle était présente, qu'il venait de recevoir des coups mortels de sa part et avait été trainé sur le planché et que cela s'est déjà produit précédemment. Les violences de son épouse sont constantes et il ne peut se résoudre à passer la nuit sans escorte, que sa vie est exposée à la fureur de sa moitié, que bientôt il en deviendra la victime, étant d'un âge très avancé il ne peut se défendre de ses mauvaise intentions, il demande deux personnes pour rester à sa garde278(*) ». Les violences conjugales sont ici liées à des individus atypiques, à l'image du repris de justice et de la femme alcoolique. Ce sont les cas les plus visibles qui choquent leurs contemporains et qui justifient l'intervention du maire ou des voisins dans les affaires très fermées de la famille. Le père de famille jouit d'une telle autorité au sein de la maisonnée que la violence conjugale passe parfois pour être la norme. Selon une enquête de 2003 émanant du Service du Droit des femmes, « 24% subissent des pressions psychologiques, 2 à 3 % des agressions physiques et 1% des viols ou des rapports sexuels forcés279(*) ». Ces chiffres sont similaires pour les agressions physiques à ceux du XIXème siècle, cependant celles-ci sont assurément plus nombreuses que ne laissent supposer les archives judiciaires ou les enquêtes. * 273 AD Vosges, 22u75, Grand, 1833. * 274 AD Vosges, 22u42, Punerot, 1810. * 275 Ibid. * 276 Ibid. * 277 AD Vosges, 22u43, Outrancourt, 1803. * 278 Ibid. * 279 LERIDON, H, « Les violences envers les femmes : une enquête nationale », Population, [En ligne]. 2003, n° 4, p 645-649. Consulté le 03/04/2009. URL : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/informations/presse/2003/violencefemmes.shtml. |
|