La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle( Télécharger le fichier original )par Hugues Herbillot Université Nancy 2 - Master 2009 |
c. Des atteintes à la personne majoritaires chez les moins de cinquante ans.Les individus âgés de 25 à 50 ans constituent la force vive productive. Ils sont le groupe des parents et incarnent l'autorité. Ces chefs de familles défendent leurs intérêts, leurs terres lorsqu'ils en ont et combattent les atteintes à l'honneur de leur famille. Cette attitude les amène à commettre 56,80 % des actions illicites. La courbe des délits n'est cependant pas constante de l'âge de 25 ans à 50 ans, les individus âgés de 25 à 40 ans commettent nettement plus de délits que ceux âgés de 40 à 50 ans. Le summum se situe de 20 à 30 ans avec 30,95 % des délits et de 25 à 30 ans avec un pic de 48 délits commis. Les individus proches de l'âge de 25 ans violentent le plus leurs semblables, « c'est de 21 à 30 ans que dans notre siècle, l'homme commet, en France, le plus grand nombre de crimes. Depuis 1826 jusqu'en 1880, cette loi n'a souffert aucune exception. De 25 à 30 ans surviennent en plus grand nombre les actes de violence (meurtres, assassinats) et les vols qualifiés167(*) ». Claude Christophe Corroy et Hilaire son frère sont ainsi âgés de 26 et 28 ans, lorsqu'ils exercent des actes de violence grave sur la personne de Joseph Kasmann168(*). d. Des aînés plus calmes.Les plus de cinquante ans se distinguent peu dans le domaine de l'infraction, ils n'en commettent en effet que 13,62 %. Les aînés souffrent d'une fragilité accrue, la lutte pour leur survie est dès lors quotidienne. Comme le montre François Ploux, les plus âgés s'étant dépouillés de leurs biens au profit de leurs enfants, sont isolés et se retrouvent dans des situations critiques169(*). Ceci est d'autant plus vrai pour les veuves, seules, et davantage fragilisées, elles en sont parfois réduites à la rapine pour leur survie. A Coussey, en 1831, Claire Michele une veuve de 67 ans, vole ainsi deux javelles de blé pour assurer sa subsistance. Henry Joli note une « prédominance des attentats à la pudeur sur enfants dans la vieillesse170(*) ». Ce constat s'observe à Grand en 1823. Louis Thiébaut Robert âgé de 65 ans, commet un attentat à la pudeur avec violence sur un enfant âgé de moins de onze ans, mais il sera finalement relaxé, car « il était en démence au moment de l'action171(*) ». e. L'âge des délinquants.A partir de l'histogramme suivant, on observe que la courbe de la délinquance augmente rapidement au cours de l'adolescence, de nos jours la délinquance connaît sont apogée de dix-huit à vingt-quatre ans. Au XIXème siècle ce pic est plus tardif, il apparaît chez les individus âgés de vingt-cinq à trente-cinq ans. Marie-Renée Santucci voit dans ce phénomène une « sociabilisation172(*) » plus tardive. Par la suite la courbe se maintient élevée jusque l'âge de cinquante ans, puis diminue régulièrement pour devenir résiduelle après soixante-cinq ans.
Figure 15, Graphique présentant l'âge des délinquants, hommes et femmes confondus.
Hervé Piant, dans son étude sur la Justice civile et criminelle dans la prévôté royale de Vaucouleurs durant l'Ancien Régime, trouve des chiffres identiques avec toutefois une faible proportion de jeunes de moins de 15 ans173(*). Le nombre d'accusés dans le canton de Coussey semble se situer dans la continuité du siècle précédent et dans la moyenne régionale. De façon générale, plus le délinquant est jeune, plus les probabilités que le délit soit un crime contre les propriétés est élevé, à l'inverse, en vieillissant, les individus commettent d'avantage de délits contre les personnes. En plus de son âge, l'origine du délinquant influe directement sur son comportement. * 167 JOLY, H, op. cit., p 181. * 168 AD Vosges, 22u60, Neufchâteau, 1819. * 169 PLOUX, F, op. cit., pp, 125. * 170 JOLY, H, op. cit., p 184. * 171 AD Vosges, 22u83, Grand, 1843. * 172 SANTUCCI, M, R, op. cit., p 120. * 173 PIANT H, Une justice ordinaire, Justice civile et criminelle dans la prévôté royale de Vaucouleurs sous l'Ancien Régime, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2006, p 188. |
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