Cette revue a été nécessaire en vue de
l'acquisition de données générales et de la maîtrise
de certains concepts clés de notre thème. Il s'agit de prendre en
compte les connaissances déjà développées dans les
ouvrages édités, les productions (mémoires, actes de
séminaires et colloques, articles de presses et revues ) traitant des
questions du développement local en général et
particulièrement de la problématique du développement
participatif ainsi que de la décentralisation en cours dans notre pays.
A cet effet un certain nombre de documents ont été
consultés à la bibliothèque de la SNV, aux centres de
documentation des divers projets et programmes basés à Natitingou
(GTZ, Louvain & Développement, PAMRAD, PRODECOM, CeRPA....) et aux
services des archives dans les communes de Cobly et de Boukoumbé. Notre
contribution à la réflexion est de tester ces théories
dans ces deux communes afin d'en apprécier la réalité sur
le terrain et de faire des suggestions qui s'imposent.
Ainsi plusieurs auteurs ont établi une étroite
relation entre décentralisation et développement local. Pour
certains, la décentralisation est un levier du développement
local. Elle est un cadre propice à la participation et à la
planification. Pour d'autres, elle induit la participation des
différents acteurs, ce qui est un facteur de mobilisation de ressources.
Le développement local est lié à la
décentralisation et à la démocratisation, car il implique
l'expression d'opinion et la prise de décision par les
communautés.
De l'avis de SAWADOGO (2001), la
décentralisation est la voie indiquée, sinon la voie
obligée. Elle permet la réalisation d'une synthèse sociale
et offre un cadre approprié pour une bonne gestion et un partage
équilibré des pouvoirs et des ressources économiques.
Pour DABIRE & BICOMBE LOGO (1996), la
décentralisation appelle donc une
démocratie de
proximité, c'est un moyen d'impulser le développement local qui
« est
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une interpellation. Il interpelle tous les acteurs de
développement, au moins pour deux raisons. D'une part, il a pour
ambition de démystifier les approches classiques de
développement, de donner le pouvoir à la base, de promouvoir
l'autopromotion des populations, de libérer les énergies
populaires, de contribuer à l'enracinement de la démocratie et
à la satisfaction des populations locales ; d'autre part, il vise une
transformation profonde des sociétés locales. »
MERCOIRET (1994) écrit que le
développement local « est un processus qui prend naissance à
travers les initiatives des habitants des terroirs organisés pour
opérer des choix responsables, pour créer une dynamique
d'amélioration des conditions locales de vie, et pour défendre
leurs intérêts face au pouvoir public ».
COULMIN (1984), de son coté pense que
« Le développement local ne peut se concevoir qu'avec les
collectivités que la décentralisation a rendues majeures
».
ILBOUDO, DEMBERE, SACKO, AHMADOU, ISSAKA &
ARIGONIMIN ; (1995) estiment que les ressources des
collectivités locales ont sans doute une importance dans la mise en
oeuvre de la politique de la décentralisation. Selon eux, le
développement des collectivités locales appelle d'importantes
ressources financières et des ressources humaines qualifiées.
Pour HASSANE (1999), le développement
local est la conséquence de l'effondrement des modèles de
développement centralisé et des opportunités qu'offrent
les collectivités locales en matière de développement
participatif.
Ce concept de décentralisation a été
aussi abordé par les participants au colloque sur
`'Développement local et Gestion des ressources
naturelles» organisé à Douala au Cameroun en 1998.
Selon eux le développement local peut se définir comme un
processus qui vise à construire un mieux-être des populations
à l'intérieur d'un espace donné, avec une approche
où différents acteurs se rencontrent, échangent et
édifient ensemble un projet de société. Ce colloque a
abordé les acquis et les limites du Management de développement
local en les situant à quatre différents (04) niveaux que sont :
les populations, les ONG, les collectivités locales et l'Etat.
(DABIRE & LOGO ; 1996)
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Cette expression `'développement local»,
utilisée depuis quelques décennies en France, est d'un usage
récent en Afrique Noire, usage largement impulsé du nord. Le
couplage des deux thèmes `'développement» et `'local»
appelle l'articulation de deux caractéristiques essentielles : la
durée qui doit marquer toute démarche de développement, et
l'espace, c`est à dire le territoire local concerné par cette
démarche. Il a été défini comme `'une intervention
structurée, organisée, à visée globale et continue
dans un processus de changement des sociétés locales en proie
à des déstructurations et des restructurations»
(MENGIN, 1989).
En outre pour la plupart de ces auteurs, la participation
peut être considérée comme socle du développement
local et de la décentralisation. La participation signifie donc
responsabilité des populations dans le processus de décisions
locales. Il faut un minimum d'une telle participation pour que l'aide par
soi-même puisse faire sentir ses effets et être durable. Dans la
plupart des Etats africains, les hommes montrent qu'ils doivent satisfaire
leurs propres besoins vitaux par leur propre initiative locale parce que l'Etat
central n'accomplit plus ses tâches intrinsèques dans un espace
décentralisé comme la commune, espace d'identification important
pour les hommes et berceau de la démocratie.
Par contre en matière de démocratie locale,
certaines recherches ont porté sur la participation aux affaires
politiques. C'est le cas des ouvrages tels que : Formes
traditionnelles et contemporaines de participation locale et d'autonomie en
Afrique (K.ADENAUER, 1998) et les pouvoir au village :
le Bénin rural entre démocratisation et décentralisation
(T.BIERSCHENK et J.P. O. de SARDAN, 1998) et l'Etat
africain face à la décentralisation (R. A. SAWADOGO,
2001) qui ont su montrer que le monde rural est marqué par une dynamique
sociale et organisationnelle fondée sur la tradition et qui constitue un
réel atout pour une participation au développement politique
local. Ils ont surtout relevé les formes de participation politique en
Afrique en s'appuyant sur des réalités tangibles dans diverses
localités dans certains pays en l'occurrence au Bénin. Une telle
expérience politique locale devrait selon eux, constituer un ciment pour
l'essor de la promotion du développement économique, social et
culturel de la commune.
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Nous abondons dans le même sens que ces auteurs car
d'une part sans une responsabilisation et sans la valorisation des
compétences locales, on ne peut parler réellement de
développement local et d'autre part la décentralisation demeure
un cadre propice à la planification participative des actions de
développement à l'échelle locale qu'est la commune, seul
niveau de décentralisation au Bénin.
En résumé, Cette revue documentaire
réalisée ne prétend pas être exhaustive mais n'est
que le lieu de fonder le cadre conceptuel d'un travail sur le
développement local.