Conclusion générale
Notre travail de recherche s'appuyait sur quatre objectifs
spécifiques découlant de l'objectif général qui est
de « faire le bilan de l'intervention de la SNV-Bénin
dans les communes de Cobly et de Boukoumbé à travers le
renforcement des capacités des acteurs locaux dans le processus de
développement local». Ce mémoire, n'est qu'une
contribution à la réflexion sur la problématique de
développement local. Il est loin d'aborder tous les aspects du sujet ;
mais il aura le mérite de mettre en évidence la portée des
interventions de la SNV et des partenaires dans le cadre de leur appui à
la décentralisation.
Au terme de l'analyse des résultats, nous pouvons
affirmer que l'intervention de la SNV, depuis la fin des années 80, a
donné des résultats quantitatifs et qualitatifs. Les nombreuses
réalisations physiques en termes d'infrastructures sociocommunautaires
et socio-économiques ont constitué un moyen efficace pour relever
le niveau de compétence des administrations locales et des organisations
de la société civile. Le niveau de développement
économique social et institutionnel actuel des deux communes
dépend en grande partie du rôle de pionnier qu'a joué la
SNV. L'appui de la SNV a donc généré un grand nombre
d'organisations de base.
Ainsi la SNV est-elle reconnue, tant par les autorités
locales que par les partenaires nationaux et internationaux, comme une
organisation qui défend les intérêts des différents
groupes sociaux par une stratégie de développement
organisationnel et institutionnel. Pour cette raison, le pilier central de sa
stratégie demeure la prise de conscience, le sens de l'organisation et
le développement institutionnel des autorités et des
organisations locales afin de créer une dynamique locale autour des
actions de développement.
Aussi, les résultats de ce processus d'investigation et
d'analyse ont -ils permis
- de connaître l'état des lieux des
différentes catégories d'acteurs dans ces deux communes de Cobly
et de Boukombé. Qu'il s'agisse du personnel politique, administratif et
des organisations diverses de la société civile, aucun d'entre
eux n'ignore son poids dans la construction de l'édifice qu'est la
commune. Si le cadre
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institutionnel s'y prête, c'est beaucoup plus
l'organisation des acteurs qui semble nécessaire pour une participation
plus active et des décisions pertinentes en faveur des actions de
développement. Mais le relèvement du niveau de capacité et
de compétence technique ainsi que la maîtrise du rôle des
maîtres d'ouvrage constituent le défi majeur à relever pour
que les acteurs locaux `'tirent efficacement la charrette» en vue de
l'émergence d'une dynamique locale dans le processus de
développement des deux communes.
- de s'imprégner du niveau de contribution des
partenaires externes au renforcement des capacités des acteurs locaux
par la mise en oeuvre des programmes et projets de développement. Ces
interventions sont d'une grande utilité pour les populations de ces
communes en matière de fourniture de services de base et
d'amélioration de revenu par la production agricole et animale. La
faiblesse observée à ce niveau réside dans l'absence de
concertation, de coordination, de complémentarité et de synergie
dans la mise en ouvre des programmes dans lesquels les élus et les
acteurs locaux n'ont pratiquement pas de rôle considérable
à jouer. Le transfert effectif des ressources avec une assistance
à la maîtrise d'ouvrage apparaît comme un des enjeux majeurs
non seulement pour légitimer l'action communale et consolider le
processus de décentralisation mais également pour accroître
les capacités locales d'exécution des investissements et
favoriser la création des conditions de développement de
l'économie locale dans ces communes.
Enfin la question qui peut être posée au terme de
ce travail est comment la SNVBénin fort de son ancrage dans la
localité, peut-elle continuer à faciliter l'émergence de
compétences locales, capable d'assumer pleinement la mission de
développement ? Les principaux acteurs locaux des deux communes croient
bien, après tant d'années d'expérience, passer de
l'euphorie à un optimisme mesuré avec un moment de
désenchantement. Mais ils ne sont pas désespérés,
toujours engagés à jouer leur partition. Aux maires et aux autres
responsables de jouer leur rôle, celui d'agréger les
énergies pour insuffler une dynamique locale. Car « le
développement en Afrique, c'est 90% de problèmes d'organisation
à résoudre contre 10% seulement de problèmes de moyen
à régler » (Directeur SNV-Bénin,
2006)
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Recommandations
Si la décentralisation reste le choix
irréversible de développement local, il va falloir prendre des
mesures adéquates et pragmatiques pour renforcer la dynamique de
développement, soutenue par plus de 15 années d'intervention de
la SNV-Bénin. A l'ensemble des acteurs de développement de Cobly
et de Boukombé (élus, OSC, partenaires, Etat...), nous
recommandons cette analyse tirée du Le Municipal, Quid
de la Décentralisation
« La décentralisation n'est pas une potion
magique. Comme toute politique de développement, elle doit s'appliquer
méthodiquement et avec foi. Aujourd'hui nous nous attendons à ce
que la décentralisation change nos vies alors même que nous
n'avons aucune politique de décentralisation. La politique, ce ne sont
ni les textes de loi ni les discours de profession de foi. La politique de
décentralisation, c'est une vision, ce sont des stratégies
clairement définies pour atteindre des objectifs préalablement
identifiés » (Gervais LOKO, 2006)
1- A l'endroit de la SNV-Bénin
Les principaux acteurs rencontrés pendant cette
étude recommandent à la SNVBénin :
- De consolider durablement les acquis en améliorant
davantage le niveau d'appropriation des compétences techniques des
communes et en les dotant des outils adéquats pour une meilleure
gouvernance locales;
- De développer des alliances stratégiques avec
d'autres partenaires et structures de l'Etat afin de favoriser la synergie dans
les interventions au niveau des communes, synergie sans laquelle il serait
difficile de mesurer les changements induits et d'évaluer le niveau
d'atteinte des indicateurs OMD au niveau local ;
- De poursuivre l'appui institutionnel et organisationnel
notamment des services techniques clés des mairies en vue d'une
administration dynamique orientée sur le développement local. Car
sans un support administratif efficace, la maîtrise d'ouvrage communal
serait un vain mot ;
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- De renforcer davantage les acteurs de la
société civile et du secteur privé en vue d'une
complémentarité et d'une synergie autour des initiatives de
développement communales ;
- De faciliter l'application des acquis à travers la
valorisation des connaissances et compétences locales dans la recherche
de financement des projets pour un meilleur accès des communautés
aux services de base et l'amélioration de la production et du revenu des
plus démunis.
2- A l'endroit des élus locaux de Cobly et de
Boukoumbé,
- Mettre en place une concertation locale qui facilite la
mobilisation de toutes les forces et suscite la participation active de tous
à la réalisation des programmes et projets de PDC ;
- S'approprier efficacement des outils de planification et de
bonne gouvernance en vue d'une satisfaction constante des besoins des
populations. Il est tout fait important que les prochains PDC soient
élaborés afin de mieux dimensionner les actions retenues en
fonction des capacités réelles de mobilisation de ressources
locales. Ce qui veut dire qu'il faudrait prioritairement, compter sur les
ressources endogènes ;
- Revoir la planification financière selon la
capacité financière de la commune et la disponibilité
réelle des partenaires tout en évitant de mettre à leur
charge le maximum des coûts des actions à subventionner.
D'où la nécessité de renforcer les compétences en
termes de technique d'élaboration des dossiers et de négociation
pour la mobilisation de ressources ;
- Avoir une vision plus lointaine que la mandature des
élus locaux et des orientations stratégiques, cernant les
problèmes et défis réels des communes ;
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- Améliorer la gouvernance interne en mettant l'accent
sur le dialogue avec tous les acteurs locaux pour la mobilisation sociale, la
gestion des ressources internes, le respect des textes en vigueur pour garantir
la transparence ;
- Développer et mettre en place un système de
gestion par résultat, orienté sur l'atteinte des indicateurs de
stratégie de réduction de la pauvreté et des OMD ;
- Mettre en place des mécanismes de suivi et de
coordination des interventions dans les communes.
3- A l'endroit de l'Etat central,
- Concrétiser la mise en oeuvre de transfert des
compétences et des ressources et mettre en place un mécanisme qui
permette aux collectivités locales d'accéder aux ressources
financières disponibles pour conduire à terme leurs initiatives
de développement. L'Etat doit, cesser de prétexter de
l'incapacité des acteurs communaux à gérer et assumer
l'autonomie pour ne pas jouer son rôle ;
- Sensibiliser constamment les maires et les élus en
leur rappelant que la gouvernance dans les collectivités locales
nécessite, au préalable une organisation rationnelle et efficace
des administrations communales dans le but d'offrir des services utiles et
qualitatifs aux populations ;
- Faciliter la mise à disposition de cadres
d`expérience et du niveau académique requis aux postes
stratégiques des mairies pour améliorer la gestion des services
communaux et pour faciliter l'exécution des PDC de manière
satisfaisante ;
- Considérer le développement local comme le
mandat principal des communes et valoriser leurs PDC dans le système de
programmation des investissements publics afin de permettre de mobiliser et de
coordonner au niveau local les ressources nécessaires ;
- Mettre en place un instrument de contractualisation de la mise
en oeuvre des plans de développement entre l'Etat et les communes.;
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- Définir une politique claire de couplage
décentralisation et déconcentration afin d'améliorer
l'assistance conseil de la préfecture de faciliter le service des
structures techniques déconcentrées en faveur des communes et de
construire une administration au service du développement local ;
- Quant à la préfecture de l'Atacora/Donga,
dynamiser la `'table ronde des partenaires» dont l'objectif est de
favoriser la synergie et la complémentarité des projets et
programmes des partenaires ;
- Rendre opérationnel le mécanisme de suivi et de
contrôle de la gestion des communes afin de garantir la transparence dans
l'utilisation des ressources locales.
4- A l'endroit des partenaires
d'appui,
- Revoir la démarche d'intervention pour accorder plus de
responsabilités aux maires et aux acteurs locaux ;
- Tenir compte des priorités des communes pour concevoir
les programmes en faveur des communautés ;
- Se départir des préjugés et autres
complexes liés au sous-développement pour véritablement
aider les collectivités locales à se prendre en charge et
à assumer leur propre développement ;
- Faire prendre conscience aux communes de l'utilité du
suivi-évaluation de la mise en oeuvre et de sa capitalisation ;
- S'adapter au contexte institutionnel et politique afin que
les programmes d'appui renforcent les communes dans la mise en oeuvre de la
décentralisation. Car tout programme d'investissement relevant de la
compétence communale doit donc se réaliser au travers du PDC de
la commune et sous la maîtrise d'ouvrages des maires.
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- Adopter une approche multi-acteurs pour rendre plus visibles
les impacts des actions menées dans les communes. Les partenaires
doivent se préoccuper des résultats de la mise en oeuvre de leurs
programmes. Défendre son drapeau ou considérer certaines communes
comme `'chasse gardée» de leur intervention, excluant toute
possibilité de synergie et de complémentarité ne peut
faciliter le développement des dites communes.
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