Au plan des conditions de travail, le matériel est
obsolète et ne répond plus aux
normes d'une administration
moderne. Dans les deux cas, l'insuffisance de
fournitures de bureau, de
matériel informatique, de moyens de communication, de
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matériel roulant et l'absence du statut du personnel
ne permettent pas aux mairies de tendre vers une administration orientée
sur le développement malgré la volonté affichée des
deux maires. Les ordinateurs (5 par commune au moins) disponibles ne sont pas
utilisés efficacement parce que souvent en panne faute de maintenance ou
abandonnés à la poussière. Pis, le personnel dans sa
grande majorité n'a aucune notion de l'outil informatique.
Dans ces conditions, il s'agit évidemment d'une
insuffisance de personnel aussi bien en qualité qu'en quantité et
des conditions de travail inadéquates pour ces collectivités
locales dans un contexte de décentralisation. Bien qu'il y ait un effort
de création de services par arrêtés des maires et suivant
l'organigramme type proposé par PRODECOM, on note en
général la présence d'un seul agent par service qui doit
être au `'four et au moulin `' au lieu de deux au moins par
rapport à la densité du travail à faire et aux
compétences requises par les nouveaux cahiers de charge des services des
mairies. (Voir organigramme type de mairie en annexe
n°07)
Tableau 06 : Les services de la mairie et leurs
attributions
Source : document de description des tâches des services
de la mairie
37
Face au déficit du personnel en qualité et en
nombre pour s'acquitter des tâches que nécessite le fonctionnement
des services ci-dessus présentés, les maires souhaitent
aujourd'hui recruter du personnel mieux qualifié pour dynamiser leur
administration. Ainsi les services clés tels que ST, SDLP; SAF ne sont
mis en place que depuis deux ans. Mais ils connaissent malheureusement une
instabilité permanente du fait des démissions en cascade de
certains agents pour diverses raisons soit pour incompétence soit
insatisfaits des conditions de travail. Ce qui constitue un handicap
sérieux à l'amélioration de la performance de
l'administration. En quatre ans, le Secrétariat général de
Cobly n'a fonctionné normalement que durant 12 mois tandis qu'à
Boukoumbé, c'est la vacance de poste au niveau du ST et du SDLP mis en
place seulement début 2006.
Cependant, on remarque de plus en plus que les services
clés sont progressivement dotés de personnel plus ou moins jeune
avec une formation de base acceptable (BAC+2). Ce personnel a besoin de session
de recyclage et de formation sur diverses thématiques spécifiques
relevant de la gestion de l'administration et des aspects du
développement communal. Malgré la série de formations
organisées depuis quatre ans par les structures d'appui à la
décentralisation (MCL et MD) et par de nombreux partenaires, la
performance des mairies n'est pas encore assez satisfaisante. Les agents sont
formés mais n'en tirent rien, ils n'améliorent guère leur
prestation du fait du faible niveau de qualification de la plupart d'entre eux.
Ils connaissent peu le développement local. La formation serait donc
inutile si le niveau de base n'est pas appréciable. Car le renforcement
de capacité exige un minimum de connaissance de base au
départ.
En résumé les deux administrations fonctionnent
mal du fait des tares de l'ancienne pratique et du personnel aux
compétences peu adaptées à la décentralisation. Les
défis à relever pour être à la hauteur d'une
administration de développement sont donc les suivants :
· recycler le personnel nouveau pour les tâches
nouvelles, ce qui demande non
seulement des capacités techniques mais
une modification des attitudes ;
· avoir du personnel ayant un niveau de qualification
adéquat ;
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· créer un cadre de travail propice ;
· élaborer une bonne politique de gestion des
ressources humaines fondée sur la motivation, la gestion axée sur
les résultats et la rigueur ;
· améliorer la communication interne et externe.
Il faut peut être envisager aussi, la
possibilité de former des agents dans des centres
spécialisés en gestion territoriale par exemple. Une formation de
3 à 6 mois serait une approche de solution à ce problème.
Mais, d'après certains élus « ces agents voudront y
aller pour améliorer leur salaire et non pour induire des changements
dans leur manière de servir la commune »
Autant de pistes à prendre en compte dans la
résolution progressive de cet épineux problème de la
gestion des ressources humaines. Car dans les administrations communales, les
capacités des cadres communaux doivent être prises au
sérieux par les élus locaux et constituer une priorité de
manière à leur permettre de jouer un rôle moteur dans les
actions de développement.
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3.1.2- Du personnel politique
L'observation du tableau sur la situation
socioprofessionnelle des élus locaux, (annexe
n°08), montre que le niveau d'instruction moyen est le CEPE. Le
niveau des maires de Cobly (BAC/instituteur) et de Boukoumbé
(CAP/instituteur), se situe bien au-dessus des exigences de la loi qui prescrit
comme seule obligation que le maire sache lire, écrire et parler le
français. Au plan professionnel, on remarque qu'ils sont en
majorité 75% agriculteurs et agents de développement rural, et
25% instituteurs, agents de police ou fonctionnaires de l'administration. A
Cobly, près de 70% des conseillers, sont d'anciens animateurs de projets
(1ers et 2ème Adjoints par exemple) et le maire
lui-même fut pendant plus de dix ans, président de l'association
de développement de sa commune. Avec ce niveau minimum de la
majorité des conseillers, doublé de l'expérience
professionnelle, les deux communes semblent disposer de compétence au
sein de leur conseil communal respectif pour conduire la mission de
développement local. Ce sont des personnes qui ont une forte
connaissance de leur milieu et une maîtrise de la problématique de
développement de leur localité.
Mais du point de vue de `'genre», l'absence presque
totale de femmes est déplorable au sein de cet organe important de
décision politique au niveau local. Si à Boukoumbé, le
conseil communal est constitué uniquement d'hommes, à Cobly la
seule femme présente occupe le poste non moins important du
2ième adjoint au maire avec comme responsabilité
assignée, le suivi de la mise en oeuvre des actions de
développement et la promotion du statut de la femme dans la commune.
En matière de maîtrise de leur rôle et
responsabilité, la plupart des élus locaux avouent ne pas
connaître parfaitement le contenu des textes sur la
décentralisation bien que tous les documents soient mis à leur
disposition et que des formations soient organisées à leur
intention depuis 4 ans. Cette situation constitue un frein à
l'accomplissement correct de leur mission. Une difficulté qui s'explique
par la faible capacité d'organisation et de planification et par le
faible niveau d'instruction des élus. Selon le 1er Adjoint de
Cobly,
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`'Nous ne pouvons pas dire que la capacité
intellectuelle minimale nous manque au sein du conseil communal .Notre
difficulté est moins un problème de niveau que de capacité
d'organisation, de management des ressources humaines et de faible
compétence du personnel administratif ». ()
Par contre pour le SG de la mairie de Boukoumbé
`'Le niveau d'instruction général des
conseillers ne facilite pas des débats ouverts et pertinents sur des
sujets importants lors des sessions du Conseil communal. Au lieu des
discussions franches et sincères, on assiste à des crises
d'humeurs ou à des interprétations trop subjectives et
égoïstes sur des questions essentielles. C'est un véritable
problème que nous vivons à ce niveau-là...''')
Du point de vue du fonctionnement interne, les deux conseils
communaux tiennent régulièrement leurs sessions annuelles
réglementaires. Les sessions extraordinaires et les réunions de
municipalités se font également conformément aux textes.
Un règlement intérieur existe au niveau du conseil. Il faut noter
que les actes pris sont souvent soumis à la tutelle pour
vérification de conformité. Quant aux commissions permanentes,
elles existent réellement mais ne fonctionnent pas pour des raisons de
faible compétence et de non-maîtrise des rôles par les
membres qui les composent. Mais la loi recommande aux communes de solliciter en
cas de besoin les cadres des services déconcentrés pour
assistance et l'appui-conseil. Ce qui ne se fait malheureusement pas.
Tableau n°07 : Fonctionnement des CC de
2003 à 2006