Conclusion : Le Technoparc et son orientation
industrielle : une solution pour le territoire du lodévois en
reconversion ?
Globalement, Lodève n'a pas d'industries «
motrices » pour la région. Pourtant, la communauté de
communes dispose de nombreux atouts. L'A75 remet Lodève dans un
carrefour de marchés économiques. Le Technoparc est le projet
phare de ré-industrialisation du Lodévois. Lodève peut
aussi compter sur un potentiel de main d'oeuvre abondant et en croissance :
seulement 18% ont un niveau équivalent ou supérieur à
bac+2, 2/3 de la population a un niveau de qualification égal ou
inférieur au BEP/CAP contre 59% au niveau du département.
L'arrivée de nouvelles populations est une opportunité
économique, mais elle représente aussi des contraintes. Concilier
développement économique et fonction résidentielle n'est
pas une tâche facile...
De plus, Lodève compte actuellement près de 20%
de chômeurs. Le taux de chômage tend à baisser grâce
à l'implantation de nouveaux résidents actifs allant travailler
dans les pôles urbains voisins mais la part des RMIstes locaux, elle, a
augmenté de 7% cette année. L'enjeu est donc de taille pour la
ville : l'industrie est-elle un moyen efficace pour embaucher la forte part de
main d'oeuvre non qualifiée ?
En théorie oui. L'essentiel des entrepreneurs
industriels demandent simplement d'être « vaillant » pour ce
genre de métier. L'entretien réalisé avec F. Salvagnac,
patron d'EBS France (industrie d'emballage bois) confirme que la situation
précaire de l'emploi de la région est un atout. Il n'a aucun
problème pour trouver des travailleurs, même pour de
l'intérim. Cependant, B. Tamani, le PDG de l'entreprise TAM productrice
de bennes sur le site du Technoparc, tente de prouver le contraire : 50% de
leurs 20 salariés ne sont pas de Lodève et il manque 5 postes
à pourvoir. Il est à noter que les deux employeurs ont des
visions opposées du travail industriel. Le premier affirme prendre les
dispositions nécessaires pour attirer de la main d'oeuvre par des
avantages financiers (salaires au dessus du Smic, assurances,
équipements divers) et des valeurs morales tels que le respect (contacts
entre salarié et employeur, pause café...). Le second
dénonce la volonté des Lodévois de ne pas travailler et de
se contenter du RMI, revenu leur suffisant dans une ville ou le coût de
la vie est relativement peu élevé.
Pour expliquer les problèmes d'embauche, on peut aussi
relever que l'industrie lourde n'est pas dans les moeurs de la région.
L'industrie représente tout d'abord un faible tissu
économique : 11% de l'emploi en Languedoc-Roussillon
(quelques points de plus dans le pays coeur de l'Hérault) contre 22,5%
à l'échelle nationale en 2005. Ensuite plus de 90 % des
entreprises artisanales du Pays Coeur d'Hérault ne sont pas employeurs
ou comptent un seul salarié dans des bâtiments de faibles
dimensions (40% font moins de 200 m 2). Il n'existe donc pas
d'industries « locomotives » sur le territoire. Pour créer une
identité culturelle attachée à l'industrie, il serait
nécessaire de développer une synergie entre les acteurs
industriels pour forger une « marque » au Lodévois, une
nouvelle identité territoriale. Enfin, on peut expliquer ces
difficultés d'embauche par la mauvaise image d'une zone où
était implantée une usine d'extraction d'uranium.
La forte part de la population jeune joue peut être
aussi, 22% de la population à moins de 20 ans. Les jeunes travaillent
aujourd'hui plus tard et n'envisagent plus un avenir dans l'industrie à
cause de la pénibilité du travail. De plus, il n'existe aucune
structure scolaire à Lodève qui oriente les jeunes dans ce
secteur.
Si la CCL veut garder sa part d'actif sur son territoire, elle
devra créer de nouveaux emplois pour garder un dynamisme de la
population locale face à l'afflux progressif de périurbains
venants de Montpellier et Béziers. D'après une enquête
réalisée par le CNER (Conseil National des Economies
Régionales) entre 1996 et 2002 le nombre de salariés du secteur
privé a augmenté de 23,2% au niveau du pays soit 1925 emplois
supplémentaires. Pour maintenir le rapport entre population et emploi
d'aujourd'hui à 2015, il faudrait créer environ 4 000 nouveaux
emplois nets sur le territoire, soit environ 400 par an.
Le Technoparc proposerait 1000 emplois à terme. C'est
insuffisant pour pallier à la demande globale, mais ce serait
déjà une bouffée d'oxygène pour la
communauté de communes du Lodévois.
Que propose le Technoparc aujourd'hui ? Quel est le plan
d'aménagement de la zone d'activité ? Peut-il répondre aux
fortes attentes de la population ?
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