Sommaire
Avertissement...........................................................................................I
Dédicace...................................................................................................II
Remerciement...........................................................................................III
Sigles et
Abréviations..................................................................................IV
Liste des
tableaux......................................................................................V
Introduction générale
2
PARTIE I: LA SITUATION DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE NON FORMELLE AU BURKINA FASO
7
Chapitre I : L'encadrement institutionnel et
juridique de la formation professionnelle non formelle
8
Section 1 : Le cadre institutionnel de la
formation professionnelle non formelle
8
Section 2: L'encadrement juridique de la formation
professionnelle non formelle
11
Chapitre II: Les contraintes du système
national de la formation professionnelle non formelle
16
Section 1 : Les contraintes propres aux
acteurs
16
Section 2 : Les difficultés liées
à la situation économique nationale et internationale
22
PARTIE II: LA PLACE DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE NON FORMELLE DANS LA PROMOTION DES RESSOURCES HUMAINES
31
Chapitre I : La contribution de la formation
professionnelle non formelle à la valorisation des ressources humaines
32
Section1 : Le rôle de la formation
professionnelle non formelle dans la lutte contre le chômage
32
Section 2 : La fonction sociale de la formation
professionnelle non formelle
38
Chapitre II : les suggestions pour une
amélioration de la formation professionnelle non formelle
42
Section 1: Les suggestions à l'endroit des
acteurs
42
Section 2: L'amélioration de la
qualité de la formation professionnelle
46
Conclusion générale
50
Bibliographie
53
Table des matières
55
Annexes
58
INTRODUCTION GENERALE
A un moment où le monde fait face à une forte
mutation sociale et à une évolution économique et
technologique rapide, l'adaptation des ressources humaines aux changements dans
les emplois et aux exigences de l'environnement toujours changeant, leur
insertion socioprofessionnelle, leur promotion sociale et professionnelle, sont
et demeurent des préoccupations récurrentes aussi bien pour
l'Etat et les entreprises que pour les individus eux-mêmes. Dès
lors, la question de la formation professionnelle, qui se pose en termes de
disponibilité de ressources humaines qualifiées et
adaptées aux besoins de l'économie nationale, devient
cruciale.
Dans le contexte du Burkina Faso, marqué par la
pauvreté et des taux élevés de chômage des jeunes en
milieu urbain et de sous emploi en milieu rural, la formation professionnelle
apparaît comme un puissant levier dans la perspective de lutte contre ces
phénomènes sociaux, défavorables à la promotion
sociale des populations. C'est en raison de ces attentes, que la formation
professionnelle occupe une place de choix dans les stratégies et
politiques nationales, notamment le cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté et la politique nationale de l'emploi.
Les contre-performances du système éducatif en
général et le cloisonnement de l'enseignement technique aux
milieux professionnels en particulier, ont fait émerger un
système de formations diversifiées, avec en prime une
multiplicité des structures de formation notamment celles non
formelles1(*).
L'importance de la croissance démographique et la
paupérisation des populations expliquent en partie la forte demande
sociale de la formation professionnelle non formelle. Cette formation
professionnelle, considérée à tord ou à raison
comme un relais et un moyen d'insertion socioprofessionnelle des flux de
déscolarisés des enseignements de base et secondaire, des non
scolarisés et des néo-alphabétisés, est
prioritairement offerte par les centres de formation professionnelle (CFP) de
l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi (ANPE) et les centres
privés non conventionnels de promoteurs individuels, d'Organisations Non
Gouvernementales (ONG), d'Associations.
L'engouement et les débats autour de ce type de
formation professionnelle, fortement demandé et non moins important du
système national de formation professionnelle, méritent que l'on
y consacre une réflexion. D'où la présente étude
autour du thème : « la formation professionnelle non
formelle dans la promotion des ressources humaines au Burkina Faso : cas des
centres de formation professionnelle.»
La multiplicité des acteurs de la formation
professionnelle non formelle au Burkina Faso confère à ce type de
formation un caractère extrêmement varié et rend
quelquefois difficile le contrôle de sa qualité et par
conséquent sa prise en compte dans les stratégies de
développement de la formation professionnelle en général.
Dès lors, la préoccupation majeure qui se dégage, est de
savoir la place que pourrait occuper ce sous secteur de la formation
professionnelle dans une perspective de promotion des ressources humaines. En
d'autres termes, comment la formation professionnelle non formelle peut
être un outil de valorisation des personnes qui en font la demande ? Plus
particulièrement :
? quel bilan des acquis et expériences
peut-on établir à la fois au plan pédagogique,
organisationnel et institutionnel ?
? quels sont les obstacles à la
promotion qualitative de la formation professionnelle non formelle ?
Les enjeux liés à cette formation se situent
à plusieurs niveaux :
? elle pourra s'appréhender comme une
seconde chance pour la plupart des personnes déscolarisées, non
scolarisées ou néo alphabétisées. Elle devient
ainsi, un outil efficace et indispensable pour la prise en compte de cette
catégorie de personnes dans les politiques et les orientations
stratégiques du pays ;
? la plupart des demandeurs de cette
formation, c'est-à-dire les cibles ci-dessus citées, constituent
un bassin important de main d'oeuvre dont il faut assurer la qualification
professionnelle afin de disposer de populations actives exploitables ;
? par le biais des compétences
professionnelles qu'elle confère et développe, la formation
professionnelle non formelle s'avère être une porte
d'entrée dans le monde de travail pour tous les jeunes
déscolarisés ou n'ayant jamais été à
l'école. Elle apparaît alors stratégique pour l'insertion
socioprofessionnelle de ces derniers et pour la lutte contre
l'insécurité et la délinquance juvénile.
C'est le lieu de souligner qu'au-delà de son
intérêt sur le plan académique, le thème
présente deux autres intérêts non moins importants.
D'abord, il permet d'attirer l'attention des pouvoirs publics
sur une formation encore peu structurée et dont l'impact social peut
pourtant s'avérer capital. Ensuite, il permet de faire une analyse
critique de la pratique actuelle afin de relever ses éventuelles
insuffisances et de faire des propositions concrètes en vue d'une
amélioration.
L'objectif principal recherché dans le cadre de la
présente étude, est de contribuer à l'émergence de
la formation professionnelle non formelle en tant que facteur de promotion de
capital humain dans le contexte du Burkina Faso. Plus spécifiquement
:
? l'étude vise à faire un
diagnostic de la formation professionnelle non formelle en présentant
d'une part, ce qui constitue les obstacles à la promotion qualitative de
ce type de formation et les atouts aux plans pédagogique,
organisationnel et institutionnel d'autre part ;
? l'étude tente d'analyser la
formation professionnelle non formelle comme un véritable outil
d'insertion professionnelle des personnes déscolarisées, non
scolarisées et néo alphabétisées.
En réalité si la formation professionnelle non
formelle est bien organisée, règlementée et offerte en
tenant compte des besoins de l'économie nationale, on peut
espérer qu'elle soit un outil de qualification professionnelle,
d'épanouissement des ressources humaines. On admettra en outre les
hypothèses spécifiques suivantes :
? en matière de formation
professionnelle non formelle, le Burkina Faso a engrangé des acquis et
expériences sur les plans règlementaire, pédagogique,
organisationnel et institutionnel;
? toutefois, la formation professionnelle non
formelle connaît particulièrement des insuffisances d'ordre
institutionnel, organisationnel, pédagogique et liées à
son financement. Toutes choses qui peuvent entraver son développement
qualitatif.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons
adopté une méthodologie de travail basée essentiellement
sur la recherche et l'analyse documentaire, et sur les entretiens avec des
acteurs publics et privés avisés des questions de formation
professionnelle non formelle.
Les théories et les travaux sur la formation
professionnelle sont nombreux et se développent davantage, faisant ainsi
de la formation professionnelle un domaine très large à cerner.
Guy le Boterf, Paul, DUPOVEY et François VIALLET définissent la
formation professionnelle comme : « des activités
éducatives qui, à partir d'un degré de formation
générale considéré comme requis, préparent
les individus à l'exercice d'un métier ou d'une famille de
métiers, le terme de «métier« étant pris au sens
le plus large d'activités professionnelles ». Pour
eux, lorsque la préparation professionnelle n'est qu'une initiation,
mais pas encore le processus d'acquisition d'un savoir directement utilisable
en situation de travail, on parle d'enseignement technique ou professionnel;
par contre si la préparation à un métier permet la mise en
oeuvre des capacités acquises à un poste de travail, on parle
alors de formation professionnelle2(*).
Ces conceptions de la formation professionnelle et de
l'enseignement technique et professionnel s'inscrivent dans le même cadre
que celles abordées dans le système de formation professionnelle
du Burkina Faso. Cependant, la formation professionnelle non formelle est
souvent demandée par des personnes n'ayant aucun pré-requis de
l'enseignement général. Quelle conception avons-nous du
thème d'étude?
La formation professionnelle non formelle (FPNF) se
déroule dans les centres de formation professionnelle, les centres
d'apprentissage, les centres d'évaluation et de formation
professionnelle et les ateliers. En plus, à la différence de la
formation professionnelle formelle, la formation professionnelle non formelle
n'est pas diplômante mais qualifiante et débouche sur l'exercice
immédiat d'un métier ou d'une profession.
Le centre de formation professionnelle (CFP) correspond
à tout établissement organisé, équipé et
doté du personnel nécessaire pour assurer une fonction de
formation, en distinction d'apprenants ou de stagiaires et dans une perspective
d'acquisition et d'exercice immédiat de métier3(*). Le CFP est donc un
lieu d'éducation et de formation qui accueille d'une part des
apprenants, des apprentis dans le but de leur offrir des possibilités
pédagogiques et didactiques d'apprentissage d'un métier
(formation professionnelle initiale), et d'autre part, des professionnels en
activité en vue d'assurer leur perfectionnement et développement
professionnel (formation professionnelle continue). A la différence d'un
établissement d'enseignement technique et professionnel, à
finalité diplômante, le CFP prépare, plus
spécifiquement l'individu à un emploi et contribue au
renforcement et à l'adaptation continue des compétences des
travailleurs dans les emplois, la finalité étant donc la
qualification professionnelle et non diplômante. En somme, le CFP se veut
une structure très proche et même intégrée des
milieux professionnels et de la production. Nous entendons par la promotion des
ressources humaines leur développement culturel, le développement
de leur esprit d'initiative et de créativité puis leur
transformation en facteur de développement et de croissance
économique. Il s'agit de leur valorisation par l'acquisition de
qualifications utiles à leur insertion socioprofessionnelle. Toutes
choses qui concourent à leur épanouissement et bien-être en
société.
Tous les centres de formation professionnelle ne dispensent
pas une formation professionnelle non formelle. C'est pourquoi, nous limiterons
notre champ d'étude aux centres publics, gérés par
l'agence nationale de promotion de l'emploi (ANPE) et placés sur la
tutelle technique et administrative du Ministère de la Jeunesse et de
l'Emploi (MJE), puis aux centres appartenant aux promoteurs privés.
Dans le cadre de cette réflexion, il s'agira d'analyser
dans une première partie la situation de la formation professionnelle
non formelle nationale à travers son encadrement institutionnel et
juridique (chapitre 1) et les contraintes liées à celle-ci
(chapitre 2). Dans la seconde partie, nous situerons la place de la formation
professionnelle non formelle dans la promotion des ressources humaines en
indiquant d'abord sa contribution dans la valorisation de celles-ci (chapitre
1), puis nous ferons des suggestions en vue de son amélioration
(chapitre 2).
PARTIE
I: LA SITUATION DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE NON FORMELLE AU BURKINA
FASO
La formation professionnelle non formelle au Burkina se
caractérise par son état embryonnaire. Ce qui se traduit
présentement par sa faible réglementation et organisation.
Malgré le nombre élevé et diversifié des acteurs,
aussi publics que privés, l'offre de formation est en deçà
de la demande et demeure majoritairement assurée par les Centres de
Formation Professionnelle (CFP), notamment ceux initiés par des
promoteurs privés qui, du reste, dominent le marché de la
formation professionnelle non formelle.
Différents intervenants des secteurs public et
privé, et même de la société civile, ont jeté
les bases d'une réglementation de l'activité de formation
professionnelle non formelle, qui passe par une harmonisation des programmes de
formation avec des référentiels de métiers et de
certification. La création du Ministère de la Jeunesse et de
l'Emploi (MJE) devra à terme contribuer à la normalisation de ce
type de formation.
Pour mieux cerner la question de la formation professionnelle
non formelle, la première partie de la présente étude
s'articulera d'abord autour des dispositifs institutionnel et juridique de
cette formation professionnelle (chapitre 1), puis nous recenserons les
principales contraintes auxquelles elle fait face (chapitre 2).
.
CHAPITRE I : L'encadrement institutionnel et juridique de la
formation professionnelle non formelle
Pour répondre à la forte demande en
matière de formation professionnelle non formelle, plusieurs acteurs
interviennent sur ce marché. De cette diversité de l'offre,
découle celle des structures d'accueil, de gestion. Les nombreuses
actions en faveur de la satisfaction de la demande de formation doivent
être cohérentes et règlementées. Pour ce faire, le
pays dispose d'un cadre institutionnel (section 1) et d'un encadrement
juridique (section 2) en la matière.
Section
1 : Le cadre institutionnel de la formation professionnelle non formelle
Le cadre institutionnel de la formation professionnelle non
formelle comprend essentiellement les structures centrales que sont les
départements ministériels concernés par la formation
professionnelle non formelle, les centres de formation non formels. Dans cette
section, l'accent est mis sur le dispositif directement concerné par la
formation professionnelle non formelle, en distinguant le dispositif
institutionnel du secteur public (paragraphe 1) de celui du privé
(paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Le dispositif institutionnel de la formation
professionnelle non formelle dans le secteur public
L'Etat assure la gestion du système de formation
professionnelle non formelle à travers ses départements
ministériels qui ont sous leur tutelle administrative ou technique des
centres de formation professionnelle.
A. Les structures centrales
Initialement placée sous la tutelle technique et
administrative du Ministère du Travail, de l'Emploi et de la
Sécurité Sociale (actuel Ministère du Travail et de la
Sécurité Sociale), la formation professionnelle non formelle est
aujourd'hui sous la tutelle technique et administrative du Ministère de
la Jeunesse et de l'Emploi (MJE). Pour assurer sa mission en matière de
formation professionnelle, le MJE dispose d'une Direction
Générale de la Formation Professionnelle et de l'Apprentissage
(DGFPA). Sous le MJE, l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi (ANPE)
est la principale structure publique de pilotage de la formation
professionnelle non formelle. En partenariat avec d'autres Ministères,
le MJE touche divers domaines d'activités : le Ministère du
commerce assure la formation et l'encadrement des artisans avec l'appui
technique du Ministère de l'emploi.
B. Les centres publics de formation
professionnelle non formelle
La formation professionnelle non formelle est dispensée
dans les centres de formation professionnelle, les centres d'apprentissage, les
centres d'éducation de base non formelle, les centres
d'évaluation de la formation professionnelle et les ateliers.
Même si les centres de certains Ministères
offrent des formations qui s'apparentent à la formation non formelle,
les centres publics non formels sont prioritairement détenus par l'ANPE.
L'agence dispose aujourd'hui de treize (13) centres régionaux et sept
(7) centres provinciaux de formation professionnelle (Tougan, Diébougou,
Koupela, Boromo, Solenzo, Sindou), tous placés sous la tutelle
administrative et technique du MJE. L'annexe 1 donne les principaux
métiers initiés dans ces centres.
Après cette présentation du dispositif de
formation professionnelle non formelle dans le secteur public, nous abordons
dans le second paragraphe de la présente section le dispositif de la
formation non formelle dans le secteur privé.
Paragraphe 2 : Le dispositif institutionnel de la formation
professionnelle non formelle dans le secteur privé
En matière de formation professionnelle, les acteurs
autres que l'Etat et les collectivités décentralisées,
c'est-à-dire les acteurs privés, jouent un rôle très
important, à travers un dispositif très varié. Ce
dispositif reste dominé par les structures d'accueil que sont les
centres privés de formation professionnelle non formelle.
Le Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi est la
principale structure étatique habilitée à donner
l'autorisation provisoire puis définitive d'ouverture des centres de
formation non formelle. Depuis sa création, ce sont trente deux (32)
centres privés de formation professionnelle non formelle qui ont
reçu l'autorisation définitive d'ouverture4(*) en 2006. On pourra
citer :
- le centre de formation professionnelle
d'ébénisterie et de menuiserie appliquée (EPEMA), le
centre Ange couture, le centre de perfectionnement en transit et commerce
international, le centre de promotion de l'apprentissage, le centre de styliste
et de modéliste (CESMO), tous à Ouagadougou ;
- le centre de formation TAP Couture à Bobo-Dioulasso
(CFTC), le centre d'élevage et de formation «EYA-MARIE»
(CEFEM) à Réo.
- le centre technique industriel du Faso à Ouagadougou,
le centre féminin d'initiation et d'apprentissage aux métiers
(CFIAM) à Ouagadougou, le centre féminin de formation en
artisanat de Dédougou ; le centre de formation féminine
Marie-Poussepin à Pô. L'annexe 1 donne les principaux
métiers appris dans ces centres. Le tableau 1 donne la
répartition des centres par région.
Tableau 1 : répartition des
centres selon les régions (hors centres ANPE)
Régions
|
Centres
|
Privés
|
Publics
|
Total
|
Boucle du Mouhoun
|
15
|
2
|
17
|
Cascades
|
07
|
0
|
07
|
Centre
|
73
|
15
|
88
|
Centre Est
|
08
|
0
|
08
|
Centre Nord
|
17
|
01
|
18
|
Centre Sud
|
10
|
0
|
10
|
Est
|
06
|
02
|
08
|
Haut Bassin
|
32
|
13
|
45
|
Nord
|
10
|
03
|
13
|
Plateau central
|
14
|
02
|
16
|
Sahel
|
02
|
01
|
03
|
Sud Ouest
|
05
|
03
|
08
|
Centre Ouest
|
13
|
02
|
15
|
Total
|
212
|
44
|
256
|
Source : PRFP, état des lieux des centres de
formation professionnelle, hors centres ANPE, 2008.
Au regard du tableau 1, on est en mesure d'affirmer que la
majorité des CFP privés sur les CFP publics. Il indique
également la forte disparité des CFP dans à travers les
régions du pays et leur concentrations dans les régions du centre
et des hauts bassins.
Le secteur privé national, bien que ne
bénéficiant d'aucune subvention de l'Etat, est l'un des acteurs
les plus entreprenants de la formation professionnelle. Les promoteurs
privés, constitués essentiellement de promoteurs individuels,
d'organisations non gouvernementales et d'Associations, participent au
renforcement du dispositif institutionnel de formation par la mise en place de
centres de formation professionnelle.
Tous ces dispositifs sont encadrés juridiquement en vue
d'un meilleur fonctionnement et d'interventions mieux ciblées.
Section
2: L'encadrement juridique de la formation professionnelle non formelle
Jusqu'à une date récente, la mise en place d'un
centre de formation professionnelle n'était pas assujettie à une
véritable réglementation. Les centres de formation
professionnelle non formelle n'ont pas la même règlementation
selon qu'ils sont publics ou privés. D'où l'intérêt
d'étudier les textes règlementaires concernant les centres en
faisant une distinction entre les centres publics (paragraphe 1) et ceux
gérés par le privé (paragraphe2).
Paragraphe 1 : La réglementation de la formation
professionnelle non formelle publique
La loi d'orientation de l'éducation du 13 juillet 2007
énonce en son article 5 que : « la création et
la gestion des structures publiques d'éducation relèvent de
l'Etat et des collectivités territoriales et se font sur la base du
principe de subsidiarité». Ainsi, nous avons
constaté dans nos recherches l'absence d'un dispositif
règlementaire qui fixe les conditions de création, d'ouverture
des centres publics. Cependant, il existe des arrêtés qui portent
attributions des centres publics. Des décrets précisent la
composition, le fonctionnement et les attributions des commissions
chargées des questions de certification de la formation non formelle.
A. Les centres de formation
professionnelle de l'ANPE
La structure publique qui détient les centres non
formels est l'ANPE avec ses treize (13) centres régionaux et sept (7)
centres provinciaux de formation professionnelle.
L'arrêté N° 2005-006/MJE/SG/ANPE du 19
juillet 2005 portant organisation et attributions des services de l'ANPE
définit en ses articles 50 et 51 les attributions respectives des
centres régionaux et spécialisés.
1. Les attributions des centres
régionaux de formation professionnelle
Les centres régionaux de formation professionnelle sont
chargés de :
- de la mise en oeuvre de modules de formation flexibles pour
les demandeurs de formations, les chômeurs, les travailleurs des
entreprises, les travailleurs déflatés, les promoteurs de
PME/PMI;
- de la formation initiale des jeunes par
l'apprentissage ; du perfectionnement des artisans ;
- de la mise oeuvre d'actions de formation professionnelle
à la demande des entreprises, des projets, des ONG et des institutions
diverses au niveau régional ;
- de la formation et de l'information des
collectivités locales sur les techniques à haute intensité
de main d'oeuvre ;
- du suivi et de l'appui -conseil aux groupes cibles
formés et installés.
2. Les attributions des centres
spécialisés
Ces centres qui regroupent les centres provinciaux, sont
chargés :
- de la formation dans les domaines des nouvelles technologies
;
- de la recherche appliquée dans les domaines des
technologies identifiés au niveau régional
Les qualifications acquises dans les CFP sont peu
valorisées et reconnues sur le marché de l'emploi. D'où la
mise en place par l'Etat de commissions de certification professionnelle.
B. Les commissions chargées
de la certification de la formation professionnelle non formelle
Sous la tutelle du MJE, la Commission Nationale de la
Certification et des Programmes de Formation (CNC-PF) oeuvrera pour la
reconnaissance des qualifications professionnelles des sortants des CFP.
Le décret n° 2008-351/PRES/MJE/MEF du 24 juin 2008
crée auprès du Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi la
commission nationale de certification et des programmes de formation
professionnelle dans le cadre de la certification des formations
professionnelles. La CNC-PF est créée pour remplacer la
commission de contrôle des compétences professionnelles (CCCP) qui
a été créée par l'arrêté
n°002/MJE/SG/DGFP du 6 février 2007 auprès du
secrétariat général du Ministère de la jeunesse et
de l'emploi. La CNC-PF reprend en partie les attributions de la CCCP (cf.
annexe 2). Des Comités Techniques d'Homologation des Titres (CTHT) sont
créés par la CNC-PF selon les corps de métiers
(l'industrie, les bâtiments travaux publics, le tertiaire).
L'article 12 du décret portant création de la
CNC-PF énonce que «la commission est compétente pour valider
les certificats de qualifications professionnelles sous l'égide de la
CCCP.»
Après avoir présenté le dispositif
juridique de la formation professionnelle non formelle dans le secteur public,
à travers d'une part les attributions des centres et d'autre part les
attributions des commissions de certification, nous tenterons de
présenter le cadre réglementaire de cette formation dans le
secteur privé.
Paragraphe 2 : La réglementation de la formation
professionnelle non formelle dans le secteur privé
Depuis la création du MJE, des efforts sont consentis
en vue d'un meilleur encadrement juridique de la formation non formelle dans le
privé. L'institution d'un cahier de charges applicables aux centres
privés de formation non formelle est la preuve matérielle de ces
efforts. Des textes législatifs plus généraux ont des
dispositions relatives à la formation professionnelle d'une
manière générale dans le secteur privé : il s'agit
du code de travail et du code des impôts.
A. Le cahier de charges
applicables aux centres privés non formels
L'arrêté n° 009/MJE/SG/DGFP/DFPA du 13
décembre 2006 portant ce cahier de charges présente les
conditions de création, d'ouverture, d'extension, de fermeture et
l'organisation administrative, pédagogique et matérielle des
centres privés non formels. Le cahier de charges précise que peut
être fondateur de centre privé, toute personne physique ou
morale.
La méconnaissance des dispositions du cahier de charges
entraîne le non respect de son article 33 selon lequel la direction de
tout centre doit comprendre au moins un directeur, un chef des travaux, un
comptable. Le constat sur le terrain est que dans la plupart des CFP, le cumul
et une confusion de responsabilités et de fonctions sont
réguliers. Il n'est pas rare de voir dans certains centres, le promoteur
cumuler à la fois les fonctions de directeur, de chef de travaux et de
comptable. En outre, le critère d'éloignement des centres de
toute entreprise pouvant perturber son fonctionnement (débit de boisson,
décharge publique, grande voie de circulation, nuisance sonore) n'est
pas observé par certains centres existants déjà.
Les conditions de création, d'ouverture, d'extension et
de fermeture d'un centre de formation professionnelle non formelle,
prévues dans le présent cahier de charges, sont reprises à
l'annexe 3.
B. Le cadre législatif de
la formation professionnelle non formelle
Le code du travail et le code des impôts ont
prévu des dispositions qui touchent le secteur privé en
matière de formation professionnelle et d'apprentissage. La loi
n°28-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail au Burkina Faso, a
adopté des dispositions sur l'institution d'un service chargé des
questions sur la formation et l'orientation professionnelles et, sur la nature,
la forme, les conditions, les droits et devoirs des maîtres et des
apprentis dans le cadre d'un contrat d'apprentissage.
Le code des impôts établit au profit du budget
national, une taxe patronale et d'apprentissage à la charge des
employeurs. La base imposable de cette taxe est constituée par la
totalité des rémunérations payées aux nationaux sur
un taux de quatre pour cent (4%) et aux étrangers sur un taux de huit
pour cent (8%). Certaines dispositions du code permettent des
atténuations de taxes, qui sont accordées à toute personne
qui favorise la formation professionnelle en général, de
manière directe ou par l'intermédiaire d'organismes
spécialisés et cela sous certaines conditions (articles 123
à 125 du code des impôts).
La formation professionnelle, qu'elle soit formelle ou non
formelle, qu'elle soit offerte par le secteur public ou le secteur
privé, s'inscrit dans le cadre de la loi n° 013-2007/AN du 30
juillet 2007 portant loi d'orientation de l'éducation au Burkina
Faso.
La présentation de l'encadrement institutionnel et
juridique des CFP nous aura permis de mettre en exergue la faiblesse, non
seulement du dispositif institutionnel en termes d'organisation, de gestion et
de capacité d'accueil, mais également du dispositif juridique de
la formation professionnelle non formelle.
Toutes choses qui constituent un important handicap auquel,
s'ajoutent d'autres difficultés liées aux acteurs et à la
situation économique du pays, que nous aborderons dans le second
chapitre de cette première partie de notre étude.
CHAPITRE II: Les contraintes du système national de la
formation professionnelle non formelle
Le système national de formation professionnelle non
formelle fait face à des contraintes de divers ordres. Certes, il existe
des contraintes propres aux différents acteurs (section 1) mais
également des difficultés liées à la situation
économique nationale et internationale demeurent (section 2).
Section 1 : Les contraintes propres aux acteurs
La loi d'orientation de l'éducation confère
à de multiples acteurs la gestion du système de formation
professionnelle, notamment l'Etat à travers ses départements
ministériels et les collectivités décentralisées
(régions, communes), le secteur privé et les partenaires sociaux,
financiers, techniques.
Dans cette section, nous analysons les limites propres aux
acteurs en distinguant le secteur public (paragraphe 1) du secteur privé
à travers les centres privés de formation professionnelle non
formelle et les entreprises privées nationales (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les limites propres au secteur public
La position de principal acteur dans le système de
formation professionnelle, fait de l'Etat un acteur incontournable du domaine.
Assumer une telle responsabilité est une mission bien difficile à
plusieurs égards.
A. L'absence d'une coordination
efficace des interventions des acteurs
D'autres structures centrales participent à l'offre de
formation professionnelle par le biais de leurs centres. Ces centres offrent
des formations qui s'apparentent à la formation professionnelle non
formelle. Il n'existe pas de structure unique et adéquate de gestion et
de coordination de ces institutions en matière de formation
professionnelle. Cette situation renferme des limites qui peuvent constituer un
frein au développement qualitatif du système. Les
problèmes de leadership, d'entente sur les concepts relatifs à la
formation professionnelle, l'absence de cursus et de programmes de formation
harmonisés, la différence des durées de formation dans des
filières identiques, sont autant de difficultés qui peuvent
entraver les actions de synergie pour la mise en place d'un dispositif
performant. L'une des difficultés des centres de formation est
liée à la non maîtrise des durées de formation. Les
centres ont tendance à suivre le calendrier scolaire du système
formel, qui s'étale généralement sur neuf (9) mois.
Cependant, selon les types de formation, les durées ne sont pas les
mêmes. En l'absence de cursus de formation bien élaborés,
il devient difficile d'avoir une maîtrise parfaite des volumes horaires
et par conséquent leur agencement dans le temps et l'espace. Dans les
centres, il est souvent fait place à l'improvisation, à
l'imagination des fondateurs. Les fins de formations arrivent souvent de
façon brutale et ce sont les apprenants qui subissent les
désagréments.
La nécessité d'avoir une même
compréhension des concepts et expressions utilisés dans les
milieux de la formation professionnelle a été maintes fois
exprimée et évoquée. A certains moments, les
interprétations, les extrapolations ont engendré des
incompréhensions, si ce ne sont des écueils qui ont freiné
l'entrain au travail et qui ont handicapé la collaboration entre
structures, administrations et partenaires5(*).
La grande diversité des acteurs nécessite une
coordination. Une coordination des actions des intervenants est d'autant plus
souhaitable que la diversité des tutelles technique et administrative
des centres de formation ainsi que des agréments et autres autorisations
délivrées ne favorise pas un suivi et un contrôle de la
qualité de l'offre privée de formation. Actuellement, le MJE est
la principale institution étatique en charge de la formation
professionnelle non formelle. Nous pensons que cela est un début
d'harmonisation des interventions. Cela doit être renforcé en
donnant plus d'autonomie et de pouvoir à ce Ministère pour
l'organisation et la gestion de la formation professionnelle non formelle.
La politique nationale de l'enseignement et de la formation
technique et professionnels s'inscrit certainement dans cette dynamique, en
définissant les missions de tous les départements
ministériels concernés par la formation professionnelle.
B. Le déficit de personnel
formateur et d'encadrement
Le fonctionnement du système de formation
professionnelle non formelle nécessite une gamme de ressources humaines
qualifiées et adaptées pour l'enseignement, l'encadrement des
bénéficiaires de ce type de formation. Le système est
actuellement confronté à un déficit de ces types de
ressources humaines. Plusieurs raisons expliquent cette situation :
- L'insuffisance de structures adéquates de formation
d'enseignants/formateurs selon les exigences de recrutement. L'Etat envoie en
formation des enseignants à l'extérieur du pays et ce, à
des coûts élevés en partenariat avec la coopération
autrichienne dans le cadre du Programme Austro Burkinabé (PAB) qui est
à sa huitième promotion ;
- La rigidité du dispositif de recrutement des
formateurs a pour conséquence de restreindre le vivier de leur
recrutement ;
- L'absence d'un dispositif de formation de personnel
d'encadrement pour les centres de formation professionnelle à
caractère non formel ;
- Le déficit de formation continue due à
l'insuffisance du personnel d'encadrement pédagogique et de structures
adaptées.
- L'insuffisance de personnel spécialiste des
questions de formation professionnelle et de l'ingénierie de formation.
La création du corps des conseillers et assistants en emploi et en
formation professionnelle est un atout, mais son caractère récent
fait qu'il faut attendre pour avoir l'impact du travail de ces
spécialistes sur le système.
C. La reconnaissance des
qualifications professionnelles
Le constat actuel est que la majorité des formations
qui sont dispensées dans ces centres ne font l'objet d'aucune
reconnaissance officielle de la part de l'Etat. Le seul fait de délivrer
une autorisation d'ouverture et de gestion d'un CFP ne garantit pas
automatiquement la reconnaissance de la qualité des formations
dispensées. C'est pourquoi, la plupart des CFP délivre uniquement
des attestations de fin de formation. Une fois sur le marché de
l'emploi, les promus ont du mal à valoriser leur parchemin auprès
des recruteurs et des entreprises qui ne perçoivent pas la qualification
à laquelle renvoie ce titre professionnel, encore moins à quel
positionnement professionnel et catégoriel.
Des progrès ont été
réalisés avec la mise en oeuvre du Certificat de Qualification
Professionnelle (CQP) en 2006. L'existence du CQP comme titre professionnel qui
confère à l'individu le niveau d'ouvrier, constitue une base
solide de reconnaissance officielle des formations offertes dans les CFP non
formels.
Les effectifs des candidats aux examens pour l'obtention de ce
titre croissent d'année en année. Cependant, beaucoup de
filières et métiers ne sont pas encore touchés (cf.
tableau 2 ci-dessous). De plus, d'autres niveaux de qualification restent
à explorer, très peu de centres participent aux examens et
l'implication effective des partenaires sociaux dans le processus reste
toujours un impérieux objectif à atteindre.
Tableau 2 : évolution des inscriptions à
l'examen du CQP par métier de 2006 à 2008
Année
Métier
|
2006
|
2007
|
2008
|
Totaux
|
Coupe couture
|
102
|
155
|
349
|
606
|
Coiffure
|
-
|
-
|
157
|
157
|
Mécanique 2 roues
|
-
|
58
|
88
|
146
|
Menuiserie métallique
|
26
|
99
|
107
|
232
|
Menuiserie du bois
|
-
|
37
|
79
|
116
|
Electricité bâtiment
|
95
|
185
|
281
|
561
|
Totaux
|
223
|
534
|
1061
|
1818
|
Source : MJE, Direction de la Formation Professionnelle
et de l'Apprentissage
De 2006 à 2008, les effectifs des inscrits à
l'examen du CQP ont doublé d'année en année. Cela traduit
la forte demande sociale de ce titre professionnel.
La présentation des contraintes propres à l'Etat
nous aura permis de situer la responsabilité de l'administration
publique dans le mauvais fonctionnement du système de formation
professionnelle en général. Il nous semble logique de situer
également la part de responsabilité du secteur privé dans
ce retard.
Paragraphe 2 : Les limites propres au secteur privé
Dans le cadre de notre étude, nous entendons par
secteur privé tous les acteurs nationaux en dehors de l'Etat, de ses
départements ministériels et des collectivités
décentralisées. Il s'agit précisément des
promoteurs privés constitués des entreprises privées
nationales, des centres privés de formation professionnelle, des ONG et
des associations professionnelles. Un certain nombre de limites sont
liées aux comportements du secteur privé.
A. La non maîtrise du
marché de la formation professionnelle
Le secteur de la formation professionnelle au Burkina Faso se
caractérise par l'insuffisance de son offre, donc sa forte demande. Il
s'en suit une ouverture de structures privées d'accueil car les centres
et autres établissements publics n'arrivent pas à satisfaire
toute la demande. Le succès de certains centres privés encourage
très vite d'autres promoteurs à ouvrir des établissements.
Beaucoup d'entre eux ne peuvent pas supporter les coûts de fonctionnement
et ferment. La plupart de ces centres, sous équipés, disposent de
très peu d'espace et connaissent une insuffisance de compétences
surtout pédagogiques et managériales pour faire face aux
exigences d'une formation professionnelle de qualité. La gestion de
l'offre doit avoir comme base d'analyse la connaissance du marché de
l'emploi et du dynamisme du tissu économique, car l'offre doit
être fonction de la demande de formation, c'est à dire des besoins
des entreprises. Or, de nombreux centres offrent des formations sans juger de
l'opportunité de ces formations. Dès lors, l'offre de formation
de qualité s'avère insuffisante.
Sur les deux cent cinquante (256) recensés en
août 2008 par le programme de renforcement de la formation
professionnelle (PRFP), cent soixante huit (168) ne disposaient pas, à
cette date, de matériels d'aide aux enseignements théoriques et
de démonstration (tableaux muraux, rétroprojecteurs, ordinateurs,
maquettes de démonstration)6(*).
Dans l'offre d'une formation professionnelle, le profil du
formateur est déterminant pour assurer une bonne qualité de
celle-ci. Or, dans la quasi-totalité des CFP, les formateurs sont des
techniciens ou des professionnels avec ou sans qualification reconnue. Quand
ils ont une qualification reconnue, en général, c'est le
certificat d'aptitude professionnelle (CAP) et quelques fois le Brevet d'Etude
Professionnel (BEP) ou le bac professionnel. Ce déficit en personnel
qualifié, couplé à l'insuffisance matérielle,
constitue un frein à la promotion du secteur à la hauteur des
défis socioéconomiques des entreprises et partant du pays.
La performance des CFP passe également par leur
capacité à respecter le cadre réglementaire qui
régit leurs activités.
B. La faible implication des
entreprises nationales
La notion de formation professionnelle doit être
employée avec précaution dans les petites entreprises. La
formation sur «le tas» y est souvent la modalité
privilégiée et adaptée à l'acquisition et à
l'entretien de la professionnalité. C'est la forme la moins
structurée de l'apprentissage, et pourtant une grande partie des
artisans du secteur informel n'ont connu eux-mêmes que ce mode de
formation professionnelle. Ce dernier est particulièrement
répandu dans les milieux de la petite entreprise artisanale et au niveau
des ateliers du secteur informel. Les nouveaux employés sont
fréquemment formés au savoir-faire spécifique de
l'entreprise, lié à ses produits, à sa clientèle ou
à ses outils, par le chef d'entreprise ou par un salarié plus
expérimenté.
Les connaissances nouvelles acquises par une personne de
l'entreprise (un employé, un membre de la famille), selon des
modalités variées (stage, familiarisation avec un nouveau
matériel, consultation de documentation technique, relation avec un
fournisseur), sont multiples à travers une relation de
proximité.
La faiblesse de l'investissement dans la formation des petites
entreprises explique le caractère toujours informel de cette formation
qui ne débouche sur aucune validation. Cela peut constituer un handicap
pour les employés lorsqu'ils sont confrontés à une
mobilité professionnelle vers le secteur formel où la
compétitivité est rude.
C. La faible coopération
des centres privés avec les entreprises
La finalité d'une formation professionnelle est
l'insertion professionnelle des apprenants à leur sortie. Pour ce faire,
les CFP doivent non seulement inclure dans leur programme de formation
l'entreprenariat, mais également développer un partenariat avec
les entreprises de la place et pratiquer un suivi professionnel des sortants.
L'entreprenariat vise à développer chez les formés
l'esprit d'entreprise c'est-à-dire le goût de l'initiative
privée en matière de réalisation de projet et d'auto
emploi. Ainsi, un apprenant initié en entreprenariat ne compte pas
uniquement sur l'Etat et son centre pour trouver un emploi; mais il doit
plutôt valoriser ses compétences et aptitudes professionnelles
acquises lors de l'apprentissage. Pourtant, la plupart des centres, notamment
privés, n'incluent pas ce module dans leurs formations7(*). Cela peut s'expliquer
par l'absence de contacts avec les entreprises. En effet, sur deux cent
cinquante six (256) centres hors centres ANPE, cent soixante onze (171) centres
n'avaient pas de relations avec les entreprises8(*) .
Cet éloignement des milieux professionnels diminue le
suivi professionnel des sortants d'autant plus que ce dernier n'est aisé
que dans le cadre de partenariat entre les centres et les entreprises.
Dès lors, les chances pour les formés de valoriser leurs acquis
pédagogiques sont maigres. Ce qui rend difficile leur insertion
professionnelle dans la vie économique du pays.
La présentation des limites du système de
formation professionnelle non formelle, propres aux acteurs privés
étant faite, il convient de cerner les autres types de
difficultés, notamment celles liées à la situation
économique nationale et internationale du pays.
Section 2 : Les difficultés liées à la
situation économique nationale et internationale
Le rôle de la formation professionnelle dans le
développement socioéconomique d'un pays n'est plus à
démontrer. En retour, la santé financière du pays peut
avoir des répercussions sur le système de formation
professionnelle.
Dans le cadre de cette étude, nous aborderons ces
effets en termes de la capacité d'absorption de l'économie des
formés des CFP (paragraphe 1) et des modes de financement de la
formation professionnelle (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La capacité d'absorption des sortants
des centres de formation
La formation professionnelle doit aboutir à l'insertion
professionnelle des sortants des CFP. Leur insertion ne peut réussir que
si l'environnement socio économique national et même international
y est favorable. Autrement dit, pour permettre aux formés de
s'insérer professionnellement, l'économie nationale doit offrir
des opportunités d'affaires, d'investissement, d'entreprises.
L'économie serait ainsi capable d'absorber les sortants des CFP.
Toutefois, cette capacité peut être limitée par des
facteurs exogènes compte tenu de l'ouverture du pays sur le monde
extérieur et de la libéralisation. L'absorption des formés
pourrait non seulement se faire par leur insertion sur le marché du
travail en étant employés mais également elle peut se
réaliser par l'auto emploi.
A. L'insertion sur le
marché du travail
Malgré l'existence de bassins d'emplois, de nombreuses
personnes, en particulier des jeunes, restent sans emploi. Les
opportunités de travail se repartissent entre trois grands secteurs que
sont le secteur rural, le secteur moderne et le secteur informel.
1. Le secteur rural
Ce secteur qui regroupe 85% de la population active est
pourtant celui où le travail est morcelé et largement non
rémunéré. Le marché est quasi inexistant. La
population active y est principalement occupée dans l'économie
agricole de subsistance car elle travaille le plus souvent dans un cadre
familial. Environ 25% de cette population pratique l'agriculture de rente dont
la rentabilité financière est non seulement tributaire de la
pluviométrie capricieuse mais également des accords commerciaux
internationaux et des fluctuations des monnaies étrangères
notamment le dollar9(*).
L'activité agricole se déroule selon des
périodes. Ce qui explique la concentration des 70% de temps du travail
agricole sur quatre mois. Les cultures de contre saison permettent de reduire
ce sous emploi. Cependant, le manque d'organisation des acteurs et des
débouchés défavorise certains initiateurs.
Une meilleure organisation des filières de ce secteur
est nécessaire car il renferme de multiples créneaux porteurs
d'emplois.
2. Le secteur moderne
C'est le secteur le plus règlementé avec des
régulations et des obligations empruntées au Code du travail et
aux Conventions entre partenaires sociaux. Il comprend l'emploi dans la
fonction publique et l'économie urbaine structurée. Ces emplois
n'atteindraient pas les 200.000. Plus de 80% de ces emplois sont
concentrés dans les deux grandes villes que sont Ouagadougou et
Bobo-Dioulasso.
Ainsi, ce marché ne concerne qu'une faible proportion
de la population active occupée, celle qui correspond
généralement au salariat, soit 2% de la population active
totale10(*).
3. Le secteur informel
C'est le bassin d'emplois dominé par l'auto emploi. Il
se caractérise par la faiblesse de son organisation et son
fonctionnement traditionnel. Avec 70% des actifs non agricoles, le secteur
informel demeure le principal pourvoyeur d'emplois en milieu urbain et
contribue pour 25% à l'emploi rural11(*). L'emploi
féminin y représente plus de la moitié des effectifs. Il
est constitué de petites activités et de l'artisanat.
Son faible degré de formalisation rend les emplois peu
stables et peu décents.
En matière de formation professionnelle, la
qualification des personnes travaillant dans le secteur reste centrale. La
meilleure qualification des travailleurs de ce secteur, faisant partie de l'axe
3 du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), vise
l'élargissement des opportunités d'emplois et des
activités génératrices de revenus.
B. L'auto emploi
On peut définir l'auto emploi comme la situation dans
laquelle l'employeur et l'employé constituent la même personne. Le
développement de l'auto emploi passe nécessairement par celui de
l'entreprenariat et le soutien financier des promoteurs de projet.
1. Le niveau des sortants des
centres en entreprenariat
L'une des difficultés des formés à
réaliser des activités personnelles réside dans le fait
que peu de centres incluent dans leurs programmes de formation
l'entreprenariat. Il s'en suit pour la plupart des sortants des CFP une faible,
voire un manque de capacité à entreprendre. Ainsi, bien que
nantis de compétences et d'aptitudes professionnelles, beaucoup d'entre
eux ne peuvent que travailler au compte d'autres personnes et cela
empêche souvent l'épanouissement professionnel de certains. Le
faible niveau en entreprenariat s'explique essentiellement par l'absence dans
les programmes de formation de modules relatifs à l'entreprenariat et
par la faible coopération entre les CFP et les entreprises de la place.
Pourtant, des actions sont mises en oeuvre pour récompenser l'esprit
d'entreprise.
2. Les actions initiées en
faveur de l'auto emploi
Les sortants qui ont des projets font face au problème
de financement. Pour soutenir les promoteurs de projets, l'Etat a mis en place
un certain nombre de fonds. Il s'agit des fonds spéciaux dont la mission
première est de contribuer à financer les porteurs de projets,
dans la création ou la gestion de leur entreprise :
- le Fonds d'Appui à l'Insertion des Jeunes (FAIJ)
chargé de promouvoir l'esprit d'entreprise chez les jeunes et leur
offrir des formations appropriées;
- le Fonds d'Appui à la Promotion de l'Emploi (FAPE)
créé en 1998, est chargé d'appuyer les
diplômés sans emploi dans la conception et la mise en oeuvre de
l'auto emploi ;
- le Fonds d'Appui au Secteur informel (FASI)
créé en 1998. Son objectif est d'appuyer et financer les
activités du secteur informel ;
- le Fonds d'Appui aux Activités
Rémunératrice de Revenus (FAARF) a été
créé en 1990 ; son objectif principal est de favoriser
l'accès des femmes aux crédits pour la réalisation des
activités génératrices de revenus ;
L'accès à ces sources de financement est
limité compte tenu de la situation financière des jeunes
promoteurs. Ne pouvant monter eux-mêmes leur projet, la plupart des
jeunes recourent aux services des bureaux d'études, dont le coût
des prestations est élevé.
Ceux qui réussissent à présenter un
document de projet, posent le problème de la garantie ou de l'aval
.D'où le découragement de certains de recourir à ces fonds
qui sont pourtant mis en place pour eux.
Des créneaux d'emplois existent au Burkina Faso. Pour y
accéder, les apprenants des centres de formation professionnelle (CFP)
devront être formés en entreprenariat, aux techniques de recherche
d'emploi.
Après l'analyse de la capacité de
l'économie nationale à résorber le chômage des
formés des CFP, nous aborderons les difficultés liées aux
modes de financement de la formation professionnelle non formelle.
Paragraphe 2 : Le financement de la formation professionnelle
non formelle
La capacité du pays à financer la formation
professionnelle dépend de sa situation économique. Les sources de
financement de la formation professionnelle sont diverses. Alors que les CFP
publics bénéficient du soutien de l'Etat, les CFP privés
comptent largement sur les frais de scolarité versés par les
parents d'élèves pour assurer leurs activités. Les
partenaires techniques et financiers accompagnent également l'effort
national en faveur de la formation professionnelle.
A. Le financement de la formation
professionnelle par la taxe patronale et d'apprentissage (TPA)
La taxe patronale pour l'apprentissage (TPA) a
été conçue pour être une contribution des
employeurs, à l'exception de l'Etat et des collectivités
décentralisées, à la formation professionnelle.
Le Code des impôts du Burkina établit au profit
du budget national une TPA à la charge des employeurs dont la base
imposable est constituée par la totalité des
rémunérations payées aux nationaux et aux
étrangers. Sur chacune de ces deux masses salariales, il
prélevé respectivement 4% et 8%.
Les recettes prélevées auprès des
entreprises par l'Etat au nom de la TPA, ne sont pas spécifiquement
affectées à la formation professionnelle en raison de
l'unicité de caisse. Le privé qui contribue au financement de la
formation, ne bénéficie cependant pas de subvention
gouvernementale en la matière.
L'Etat, finance la formation par le biais des budgets de
fonctionnement qu'il attribue aux organismes étatiques, structures et
fonds publics qui participent à la promotion de la formation et de
l'emploi. Dans tous les cas, cette contribution reste en deçà des
recettes de TPA.
B. Les frais de scolarité
dans les centres
La rentabilité des investissements en matière de
formation professionnelle n'est pas envisageable dans un court terme. La
construction et l'équipement adéquat d'un centre, avec au minimum
trois filières industrielles, coûteraient cinq (5) fois plus cher
qu'un collège d'enseignement général12(*). Cela se
répercute nécessairement sur les frais de formation
proposés aux clients des centres, rendant ainsi la formation
chère. Dans un pays, marqué par la pauvreté de la
majorité de sa population, cette situation est de nature à rendre
inaccessible la formation professionnelle à plusieurs personnes.
Qu'ils soient publics ou privés, les centres de
formation professionnelle non formelle assurent leurs dépenses de
fonctionnement grâce, essentiellement, aux frais de scolarité
versés par les parents d'élèves. Le tableau 3 donne les
frais de scolarité pratiqués dans les centres de l'ANPE en
2008.
Tableau 3 : frais de scolarité dans les centres de
l'ANPE
Filières de formation
|
Scolarité (en francs CFA)
|
Durée
|
Niveau de base
|
Menuiserie du bois
|
45000
|
3 ans
|
CEPE
|
Bâtiment (maçonnerie)
|
45000
|
2 ans
|
CEPE
|
Bâtiment (dessin)
|
45000
|
2 ans
|
5ème des collèges
|
Electricité (bâtiment)
|
45000
|
3 ans
|
CEPE
|
Plomberie
|
45000
|
3 ans
|
CEPE
|
Menuiserie métallique
|
45000
|
3 ans
|
CEPE
|
Maintenance de machine de bureau
|
150000
|
2 ans
|
BEPC ou CAP
|
Mécanique deux (2) roues
|
45000
|
7 mois
|
Expérience professionnelle de 3 ans
|
Mécanique automobile
|
45000
|
3 ans
|
CEPE
|
Coupe/couture
|
80000
|
3 ans
|
CEPE
|
Froid/climatisation
|
45000
|
2 ans
|
BEPC ou CAP
|
Forge/soudure
|
45000
|
7 mois
|
Expérience professionnelle de 3 ans
|
Source : centre provincial de formation professionnelle
du Kadiogo
C. Les autres sources de
financement de la formation professionnelle
Dans le contexte du Burkina, il s'agit du Fonds Appui
à la Formation Professionnelle et à l'Apprentissage et des
Partenaires Techniques et Financiers (PTF).
1. Le fonds d'appui à la
formation professionnelle et à l'apprentissage (FAFPA)
Le FAFPA a été créé par
décret n° 2003-337/PRES/PM/MTEJ/MFB du 10 juillet
200313(*). Le fonds d'appui à la formation
professionnelle et à l'apprentissage est placé sous la tutelle
technique du Ministère chargé de la formation professionnelle et
la tutelle financière du Ministère chargé des finances. Il
est doté de la personnalité morale et de l'autonomie
financière. C'est la structure publique chargée de la mise en
oeuvre de la politique gouvernementale en matière de formation
professionnelle et d'apprentissage. Dans ce cadre, le FAFPA a
réalisé un ensemble d'actions et de soutiens adaptés pour
assurer la compétitivité et le développement
économique du Burkina Faso. Ces cibles sont entre autres les centres de
formation professionnelle, les organisations professionnelles. Ces attributions
sont données à l'annexe 4.
2. Les partenaires techniques et
financiers (PTF)
Dans le domaine de la formation professionnelle, le Burkina Faso
bénéficie de l'appui technique et financier de plusieurs Etats.
C'est dans ce cadre que la plupart de ces pays ont des institutions
représentatives sur le territoire national, sous forme de
coopérations. On pourra citer entre autres :
- le bureau de la coopération autrichienne pour le
développement. L'appui de la coopération autrichienne à la
formation professionnelle est à l'origine de la coopération
bilatérale entre les deux pays. Il s'inscrit dans une logique de
création et de développement des capacités des
burkinabè pour une participation responsable et de qualité au
développement du pays. A travers ces différentes interventions,
cet appui vise la professionnalisation de la formation formelle (l'enseignement
technique) et la normalisation de la formation professionnelle non
formelle ;
- la coopération suisse, par le biais du bureau
Swisscontact au Burkina Faso (SCBF), apporte un appui technique et financier
à la formation professionnelle dans le secteur de l'artisanat. La
mission de SCBF est de contribuer à la réduction de la
pauvreté par l'appui d'un système institutionnalisé de
formation professionnelle qui répond aux besoins des artisans et des
jeunes sans emploi en milieux urbain et rural.
Le pays entretient d'autres types de coopérations,
notamment avec la Chine (Taiwan), le Danemark, l'Allemagne. La BAD et la BM
soutiennent également les efforts du pays dans plusieurs domaines dont
la formation professionnelle.
Bien que les sources de financement soient
diversifiées, les interventions des PTF dans le système de
formation professionnelle, posent des préoccupations au rang desquelles
on peut relever14(*):
· le déséquilibre constaté entre
les actions, les mesures concrètes et pratiques à prendre et
l'affirmation forte de la volonté politique de donner la priorité
à la FP ;
· le problème de l'interlocuteur
éclaté à travers une pluralité des
Ministères de tutelle;
· la faible organisation et participation des
organisations professionnelles dans le processus de formation ;
· la faible visibilité de la formation
agricole dans un pays majoritairement agricole;
· les conditionnalités qui touchent quelques
fois à des domaines de souveraineté;
· la confusion des rôles entre les
différents acteurs de gestion des programmes et projets de
développement, y compris dans le domaine de la FP.
Conclusion
Encore embryonnaire, le système actuel de formation
professionnelle non formelle au Burkina Faso est face à de multiples
contraintes. On retiendra, en plus de son faible degré de
réglementation, qu'il est peu structuré. La multiplicité
des tutelles de certains CFP rend difficile leur contrôle. Aussi,
l'inadéquation du profil des formés avec les besoins des
employeurs accentue la faible absorption et réduit
considérablement les chances des apprenants de s'insérer
professionnellement à leur sortie. La raison principale est que les
objectifs pédagogiques restent souvent limités à la seule
obtention de diplômes, l'emploi étant pour sa part
aléatoire. Et la grande dépendance des financements
extérieurs soumet le système aux aléas de la conjoncture
économique internationale. Pour optimiser l'usage de toutes les
ressources financières, la mise en place d'un véritable
mécanisme de gestion financière s'impose.
La formation professionnelle non formelle étant
présentée, nous situerons dans la deuxième partie de notre
travail, la place de celle-ci dans la promotion des ressources humaines
qualifiées.
PARTIE
II: LA PLACE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE NON FORMELLE DANS LA PROMOTION DES
RESSOURCES HUMAINES
Tout pays a besoin de ressources humaines qualifiées
pour assurer son développement socio-économique et partant le
bien-être social de sa population. De là, découle la
position centrale que la formation professionnelle devra occuper dans toute
politique nationale de promotion des ressources humaines. Si les entreprises
tirent profit des qualifications professionnelles de leurs employés, il
paraît logique de porter notre regard sur les apports de ces
qualifications aux individus eux-mêmes.
Dans cette seconde partie de notre étude, il s'agira
particulièrement de situer la place de la formation professionnelle non
formelle dans la promotion des ressources humaines burkinabè. En
d'autres termes, nous analyserons les canaux par lesquels, cette branche
particulière du système national de formation professionnelle,
peut permettre une valorisation des personnes qui en font la demande (chapitre
1).
Au regard des difficultés relevées dans la
première partie de notre travail, il est opportun de contribuer à
l'amélioration de la formation professionnelle non formelle. Cela
consistera à présenter des suggestions qui prennent en compte les
interventions des acteurs publics ou privés en vue de l'essor d'une
formation professionnelle non formelle de qualité conforme aux besoins
de l'économie nationale (chapitre 2).
CHAPITRE I : La contribution de la formation professionnelle
non formelle à la valorisation des ressources humaines
La valorisation des ressources humaines s'entend de leur
qualification à travers l'acquisition de connaissances
théoriques, de compétences professionnelles et du
développement de leur savoir-être et savoir-faire, que la
formation professionnelle peut leur garantir. La formation professionnelle non
formelle ne saura rester en marge de cette transformation qualitative des
individus. Elle ne sera efficace que si elle contribue non seulement à
l'insertion socioprofessionnelle des personnes qui en font la demande, mais
également au processus de socialisation de celles-ci.
Il s'agira pour nous d'analyser successivement la formation
professionnelle non formelle comme un moyen de lutte contre le chômage
(section1) et en tant que véritable outil de socialisation des
ressources humaines (section2).
Section1 : Le rôle de la formation professionnelle non
formelle dans la lutte contre le chômage
Le chômage est un déséquilibre
macro-économique caractérisé par une
supériorité de l'offre de travail venant des travailleurs et des
chômeurs, par rapport à la demande de travail exprimée par
les entreprises.
Au Burkina Faso, le chômage concerne majoritairement la
frange de la population active la plus jeune : le taux de chômage est de
29,4% en milieu urbain pour les 15-24 ans et de 21,4% pour les 25-29
ans.15(*)
L'inadéquation du système d'éducation et
de formation classique avec le marché de l'emploi explique en partie ces
taux élevés. La formation professionnelle non formelle qui forme
à des métiers, apparaît dès lors comme une porte
d'entrée sur le marché de travail aussi bien pour les exclus du
système classique que pour tous ceux qui n'ont jamais été
à l'école et les néo alphabétisés. Pour
notre part, nous envisagerons cette formation comme un moyen de
résorption du chômage et du sous emploi, notamment des personnes
déscolarisées, non scolarisées ou néo
alphabétisées, à travers d'une part le
développement de leur employabilité (paragraphe 1) et sa
contribution au processus de développement socio-économique
national d'autre part (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Le développement de
l'employabilité
Le concept de l'employabilité couvre trois (3)
dimensions16(*) :
- la première est la possibilité de
s'insérer dans une entreprise qui a besoin des compétences
professionnelles ;
- la seconde est liée à la capacité du
formé de créer son propre emploi et ce grâce aux
compétences acquises dans l'apprentissage d'un métier.
- la troisième concerne une plus grande
efficacité et productivité dans l'exercice d'un emploi.
Les deux premières se résument à la
possibilité pour les formés de s'insérer
professionnellement sur le marché de travail et la troisième leur
permettra de participer au développement et à la
pérennisation des entreprises nationales.
A. La possibilité
d'insertion socioprofessionnelle
L'inadéquation entre le système éducatif
classique et le système de production explique en partie le faible
niveau d'employabilité des jeunes diplômés.
L'éloignement de l'enseignement technique du monde de travail rend
encore moins employables les sortants de cet ordre de formation.
A la lumière des enquêtes sur les centres de
formation professionnelle, menées par le programme de renforcement de la
formation professionnelle (PRFP) et l'observatoire national de l'emploi et la
formation (ONEF) en 200817(*) , on peut dire que la formation non formelle
participe bien au développement de l'employabilité des jeunes.
Cela s'explique, en premier lieu, par le fait que la plupart des
filières enseignées sont propres à des métiers
existants déjà sur le marché de travail. En second lieu,
les types de formation mis en oeuvre dans les centres nécessitent le
plus souvent un passage dans une entreprise ou un atelier : la formation
initiale généralement de type résidentiel et par
apprentissage, la formation en alternance, duale et modulaire. La formation
résidentielle est celle qui se déroule dans un centre et pour
laquelle les apprenants quittent leur lieu d'habitation habituelle durant la
période de formation. Elle est pratiquée par les centres de
l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi (ANPE). L'apprentissage est
une formation de longue durée se déroulant pour une part
importante dans une entreprise, mais aussi en complément dans un centre
de formation professionnelle. La formation en alternance, quant à elle,
est un mode de formation dont le principe est d'allier des périodes de
formation dans un centre (formation théorique) à des
périodes d'activités professionnelles (formation pratique).
L'apprenant étant soit inscrit dans un centre à temps complet,
soit employé dans une entreprise.
La formation duale se déroule conjointement dans un
centre et dans une entreprise. L'apprenant passe plus de temps dans
l'entreprise et le reste du temps dans le centre. Dans la formation modulaire,
les contenus sont divisés en unité ou combinés de
façon à former un programme répondant aux besoins des
individus, au développement technique, à l'évolution de
l'emploi. Elle permet une adaptation continue du programme de formation et
concerne tous les métiers.
Ces types de formation sont de nature à favoriser
l'insertion socioprofessionnelle des apprenants car ils sont plus proches du
monde professionnel. Ce rapprochement des milieux de travail est susceptible
d'accroître l'efficacité et la productivité des apprenants.
B. L'accroissement de
l'efficacité et de la productivité
Nous convenons que la formation professionnelle est le
processus d'apprentissage qui permet à un individu d'acquérir le
savoir et le savoir faire (habiletés et compétences)
nécessaires à l'exercice d'un métier ou d'une profession.
Liée au monde du travail, elle contribue à la création
d'identité professionnelle. La formation professionnelle non formelle ne
saurait s'écarter de ces objectifs, d'autant plus qu'elle concerne des
filières nécessitant davantage de pratique que de théorie.
Ces filières de formation sont en rapport direct avec les métiers
développés dans le secteur informel du Burkina Faso. La formation
et le perfectionnement sont vitaux pour les jeunes travailleurs de ce secteur
qui sont, pour la plupart, non alphabétisés ou peu
scolarisés. Le tableau 4 renseigne sur le niveau de recrutement dans les
centres et les établissements d'enseignement technique. Les niveaux de
recrutement sont très faibles dans les centres, alors que dans les
établissements d'enseignement technique, le niveau minimal est le
primaire.
Tableau 4 : les niveaux comparés pendant le
recrutement
Niveau de recrutement
|
Centres de formation professionnelle
|
Etablissement d'enseignement technique
|
Alphabétisé
|
14,4
|
0
|
Non déclaré
|
2
|
0,3
|
Primaire
|
30,8
|
15,2
|
Sans niveau
|
38,5
|
0
|
Secondaire 1er cycle
|
11
|
62,3
|
Secondaire 2nd cycle
|
2,9
|
22,2
|
Supérieur
|
0,4
|
0
|
Total
|
100
|
100
|
Source : ONEF, enquête sur le rendement
externe des centres en 2007
Ce bas niveau de la plupart des acteurs du secteur informel
limite leur capacité à améliorer leurs méthodes de
production et de commercialisation ainsi que la qualité des produits et
services vendus.
Pour acquérir de nouvelles compétences, la
majorité de ces acteurs compte sur la formation sur le «tas»
par apprentissage. La formation sur le «tas» s'adresse à de
nombreux jeunes qui, pour diverses raisons se trouvent exclus du système
scolaire classique et qui de ce fait, y font recours en vue d'une insertion sur
le marché du travail.
Toutefois, ce type d'apprentissage demeure artisanal et
incomplet. De plus, les structures de formation professionnelle formelle sont
coûteuses et leurs enseignements ne sont pas conçus pour des
personnes faiblement alphabétisées à fortiori non
alphabétisées. La formation professionnelle non formelle devient
alors un moyen adéquat pour améliorer la productivité de
ces ressources humaines qui ont leur rôle à jouer dans la
construction socioéconomique du Burkina Faso.
L'employabilité ne saurait être utile que si elle
contribue au développement socio-économique.
Paragraphe 2: Le développement
socio-économique
Pour contribuer efficacement à l'insertion
professionnelle et donc à la réduction du chômage, la
formation professionnelle doit être un puissant facteur de
développement socio-économique. Pour ce faire, elle occupe une
place de choix dans certaines politiques et stratégies de
développement nationales.
Dans la politique nationale de développement du secteur
privé, la formation professionnelle apparaît comme un axe
stratégique pour le renforcement des capacités des entreprises.
Dans ce cadre, la formation vise à assurer la qualification des chefs de
petites et moyennes entreprises (PME) et des artisans en matière de
gestion, d'organisation, de calcul de coût de projet et de connaissance
du marché extérieur. La formation professionnelle non formelle
est une formation accessible aux agents économiques évoluant
essentiellement dans le secteur informel.
L'artisanat, avec plus de neuf cent soixante mille (960.000)
actifs, contribue à près de trente pour cent (30%) par an au
produit intérieur brut (PIB) du Burkina Faso18(*). En plus d'être
un générateur de richesse, il constitue un véritable moyen
de fixation des jeunes et des adultes dans les terroirs. Il participe à
la valorisation des matières et matériaux locaux. C'est l'un des
secteurs économiques où la formation professionnelle par
apprentissage est la plus utilisée. La formation professionnelle non
formelle, mieux adaptée à ce secteur, contribue à
améliorer la stratégie nationale de promotion de celui-ci, en
mettant l'accent sur la formation des patrons artisans et des apprentis.
Le maintien des jeunes dans les terroirs et le
développement de leur employabilité par la formation
professionnelle, sont implicitement pris en compte dans le processus de
décentralisation. Le code de décentralisation au Burkina Faso,
prévoit le transfert d'un certain nombre de compétences aux
collectivités. Parmi celles-ci, il y a l'éducation, l'emploi, la
formation professionnelle et l'alphabétisation. Cela permettra de
disposer au plan local, de ressources humaines qualifiées, d'exploiter
les compétences sur place et d'endiguer l'exode vers les grandes zones
urbaines. Le tableau 5 donne une idée du nombre des formés des
centres détenteurs du CQP depuis 2006.
Tableau 5 : l'évolution du nombre des admis
à l'examen du CQP de 2006 à 2008
Année
|
Nombre de centres
|
Nombre de métiers
|
Nombre de candidats ayant composé
|
Nombre d'admis
|
Taux d'admission (%)
|
2006
|
3
|
3
|
223
|
165
|
73,99
|
2007
|
3
|
5
|
480
|
382
|
79,58
|
2008
|
5
|
6
|
893
|
652
|
73,01
|
Source : MJE, Direction de la Formation professionnelle
et de l'Apprentissage
On observe particulièrement la progression importante
du nombre d'inscrits qui a augmenté de 50% à la deuxième
session par rapport à la session précédente et de 100%
à la troisième session. Cela traduit l'engouement et l'espoir que
la certification des qualifications acquises dans les centres suscite. La
conséquence à long terme est le développement
économique des zones rurales et partant, la réduction du
chômage et du sous-emploi des burkinabè dans ces zones.
La stratégie de développement rural,
adoptée en 2003, est orientée dans ce sens d'autant plus que son
principe directeur est le développement du capital humain. Elle accorde
une attention particulière au renforcement des capacités des
producteurs ruraux et de leur organisation à travers
l'alphabétisation fonctionnelle, la formation et l'appui conseil.
Ainsi, la formation professionnelle qu'elle soit formelle ou
non formelle, est un levier du développement socio-économique
national et partant, un instrument stratégique pour la réduction
de la pauvreté au Burkina Faso.
Le mécanisme par lequel la formation professionnelle
non formelle peut contribuer à la réduction du chômage,
étant élucidé, il paraît opportun d'analyser la
fonction sociale de cette formation.
Section 2 : La fonction sociale de la formation
professionnelle non formelle
En plus de l'acquisition des compétences
professionnelle qu'elle assure, la formation professionnelle participe d'une
manière générale à la socialisation non seulement
des apprenants, mais également, de celui ou celle qui, confronté
au problème de chômage, a perdu les points de repère qui
définissent son environnement19(*). Ainsi, la socialisation est le fait de
développer les rapports sociaux, de s'adapter et s'intégrer dans
la vie sociale.
La spécificité des apprenants des centres de
formation, liée au faible niveau scolaire de la majorité d'entre
eux, renforce davantage le rôle social de cette formation
professionnelle.
Nous analyserons la fonction sociale de la formation
professionnelle non formelle à travers d'une part ses effets sociaux
(paragraphe 1) et le développement des valeurs de travail et relations
interpersonnelles d'autre part (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Les effets sociaux de la formation
professionnelle
Au delà de ses objectifs d'acquisition de
connaissances, d'habiletés, de compétences, la formation
professionnelle produit un changement de comportement ou d'attitude chez les
apprenants. Elle est un puissant moyen de socialisation et même de
protection sociale.
A. La socialisation des
apprenants
Le processus de socialisation de l'individu par la formation
peut être caractérisé par trois (3) formes20(*)
Premièrement, l'effet de la formation vise à
produire des individus selon un certain modèle. L'objectif de la
formation est dans ce cas, de préparer les apprenants à jouer
certains rôles, à se conformer à des comportements
préétablis. Deuxièmement, l'effet recherché est
d'outiller les apprenants pour qu'ils s'adaptent eux-mêmes, de
façon volontaire, à l'environnement socio-économique. Il
s'agit d'en faire des acteurs responsables de leur propre évolution. Ici
l'accent est mis sur l'autonomie du formé.
Troisièmement, il s'agit d'inviter l'apprenant à
se perfectionner dans le but d'agir sur son environnement et de le transformer.
L'objectif poursuivi étant d'amener l'apprenant à évoluer
lui-même afin de faire progresser le milieu dans lequel il est
inséré. L'accent est particulièrement mis sur les
changements que l'on veut provoquer dans l'environnement
B. Un moyen de protection
sociale
La formation professionnelle non formelle est un moyen
efficace de protection sociale, en particulier contre le travail des enfants.
Le travail des enfants est l'une des préoccupations majeures en
matière de protection de l'enfant en général, et, de son
développement en particulier. Il constitue l'un des plus grands
fléaux dans les pays en voie de développement.
Mené dans huit (8) pays francophones dont le Burkina
Faso, le projet «contribuer à l'abolition du travail
des enfants en Afrique» du programme international pour
l'abolition du travail des enfants (IPEC) a retenu, en plus de
l'éducation, la formation professionnelle et l'apprentissage comme une
alternative au travail précoce et aux pires formes de travail des
enfants. Les résultats obtenus à ce jour, ont permis de confirmer
que la formation professionnelle et l'apprentissage peuvent prévenir et
retirer des pires formes de travail les enfants qui ne sont plus en âge
d'être scolarisés ou sont déscolarisés. Ces enfants
sont, pour la plupart, exclus des voies formelles d'accès à la
formation. Dès lors, la formation professionnelle non formelle et
l'apprentissage sont adaptés aux besoins des enfants non
scolarisés ou déscolarisés, et s'adaptent à leur
âge conformément aux conventions internationales. Les enfants de
moins de 13 ans sont scolarisés dans le système
d'éducation formelle ou non formelle avec des activités ludiques
d'initiation à la technique; les enfants de 13 à 15 ans (16 ans
selon les législations) ont une formation initiale professionnalisante
et les enfants de 15 à 17 ans suivent une formation professionnelle ou
un apprentissage avec un enseignement théorique et pratique de
métier.
Dans la plupart des programmes d'actions, le jeune
formé est soutenu pour trouver un stage, un emploi ou pour créer
sa propre entreprise, et dans la mesure du possible, il reçoit des
outils nécessaires à son installation en fin de formation.
Dans cette perspective de protection sociale, la formation
professionnelle non formelle peut être un moyen d'appui au processus
d'insertion sociale des enfants et des jeunes en difficultés sociale,
familiale, scolaire ou même comportementale.
Les effets sociaux de la formation professionnelle
étant présentés, il est opportun de porter notre analyse
sur les valeurs sociales susceptibles d'être développées
par la formation professionnelle.
Paragraphe 2 : Le développement des valeurs de travail
et des relations interpersonnelles
Une des fonctions essentielles de la formation est la
transformation des comportements au travail. La formation professionnelle
permet le développement de certaines valeurs de travail. Les valeurs de
travail sont des aspirations générales qui orientent les
conduites professionnelles à savoir les conduites d'insertion, de
changement ou d'adaptation21(*). Ces valeurs sont : la réalisation de
soi, le risque, l'autonomie, le climat de travail et le statut
social22(*).
Dans le contexte du Burkina Faso, comment la formation
professionnelle non formelle peut-elle permettre le développement de ces
valeurs chez les apprenants ou les sortants des centres ?
La réalisation de soi est éprouvée dans
la créativité, la découverte, l'utilisation des ressources
personnelles, l'expression de soi, la persévérance et la
participation active. Durant la formation professionnelle dans les centres, les
apprenants sont amenés à appliquer ce qu'ils ont appris. De cette
façon, ils fabriquent des objets, réparent des machines, des
véhicules etc. Ces phases pratiques sont un moyen d'expression, de
créativité, de découverte et de participation active. Ils
développent ainsi le sens de responsabilité durant leur
apprentissage. Le risque ici, renvoie à la recherche de défis
à relever, à la confrontation à des situations
imprévues ou compétitives, au fait de faire preuve d'audace dans
ses projets. Le souci des apprenants est de recevoir une formation de
qualité permettant leur insertion professionnelle dans la vie active.
Leur désir de réussir est grand. Ils sont alors motivés
à affronter toutes les situations formatives. L'objectif premier de la
formation professionnelle non formelle étant la promotion de l'auto
emploi, la prise de risques s'impose aux sortants qui souhaitent
réaliser des projets personnels ou créer leurs propres emplois.
L'autonomie correspond à la recherche de l'indépendance notamment
économique.
Compte tenu du faible niveau de scolarisation de la plupart
des clients des centres, la formation professionnelle non formelle
s'avère être le seul dispositif de formation qui puisse permettre
leur insertion professionnelle et donc d'échapper au chômage et
à la pauvreté. Le climat de travail, qui correspond à
l'environnement de travail est très important dans l'insertion
professionnelle des sortants des centres. Un climat favorable est celui qui
facilite l'application des connaissances acquises et où les relations
humaines sont présentes. Le statut social est caractérisé
par le fait d'être considéré. Cela n'est possible que si
les quatre (04) valeurs précédentes sont réalisées.
En d'autres termes, la formation professionnelle non formelle permettra :
- de rendre l'apprenant autonome et confiant durant la
formation afin de le préparer au marché du travail;
- de développer son sens des responsabilités
après la formation et de valoriser les comportements positifs tels que
l'écoule, l'ouverture d'esprit et la créativité face aux
difficultés rencontrées pendant leur formation et
éventuellement dans la vie courante;
- de connaître, de comprendre et d'appliquer les
règles d'éthiques exigées par le métier en
apprentissage, en insistant sur le travail bien fait, l'honnêteté
et l'autocritique ;
- de favoriser le travail d'équipe, la qualité
des communications et des relations interpersonnelles en apprentissage et au
travail.
Pour réussir sa contribution à la valorisation
des ressources humaines, la formation professionnelle non formelle devra
être améliorée davantage.
CHAPITRE II : Les suggestions pour une amélioration de
la formation professionnelle non formelle
Le système actuel de formation professionnelle non
formelle fait face à de nombreuses contraintes. C'est pourquoi nous ne
saurions nous contenter de les mettre en évidence sans faire des
suggestions en vue de leur réduction. L'amélioration de la
formation non formelle passe non seulement par le renforcement des rôles
des acteurs publics et privés (section1) mais également par la
mise en oeuvre d'une formation de qualité qui répond aux besoins
de l'économie nationale (section2)
Section 1: Les suggestions à l'endroit des acteurs
Au Burkina Faso, les acteurs de la formation sont
constitués par un ensemble de personnes physiques ou morales qui
participent à la mise en oeuvre de la formation. Ces acteurs peuvent
être distingués en acteurs institutionnels (Ministères et
Coopérations) et en acteurs opérationnels (centres de formation,
organisations professionnelles d'artisans, programmes et projets d'appui
etc.)
Les interventions des différents acteurs, peu
organisées, éloignent à certains moments, le
fonctionnement du système des objectifs souhaités. Il est donc
utile, dans une perspective de contribution à l'amélioration des
interventions des acteurs, de distinguer le rôle du secteur public
(paragraphe 1) de celui du secteur privé (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Le rôle du secteur public
L'Etat demeure le garant du système national de
formation professionnelle. A ce titre, le rôle qui lui incombe en
matière de formation, est vaste et diversifié.
A. Les suggestions
générales
Au regard des contraintes propres aux acteurs publics, nous
préconisons les actions suivantes :
- La mise en place d'un cadre de concertation des
différents acteurs. Si tous les dispositifs participent
à la qualification de la population burkinabè, ils ne peuvent, en
raison de certaines spécificités, être pilotés par
une même structure. Il s'avère donc utile de veiller à la
coordination de leurs interventions. Ce cadre permettra d'harmoniser les
programmes, les contenus et les durées de formations.
- La mise en oeuvre et la vulgarisation d'un
dispositif d'ingénierie de formation et d'ingénierie
pédagogique. La première consiste à la mise en
place de dispositif de formation en vue d'atteindre les objectifs fixés.
Elle passe par l'analyse des besoins, la conception, la réalisation et
l'évaluation, de la formation. Elle permet une optimisation des actions
de formation professionnelle. La seconde vise à développer les
outils didactiques et pédagogiques adaptés à un type
d'apprentissage donné. Ces deux formes d'ingénieries visent
à développer la qualité de la formation initiale et
continue.
Avec le soutien des partenaires techniques et financiers,
l'Etat devra renforcer le contrôle de la qualité de la formation
professionnelle. L'Etat pourra envisager de récompenser des centres
assurant une formation de qualité. En plus des métiers appris,
les programmes de formation doivent concerner l'instruction des apprenants.
B. Les suggestions
spécifiques
Les mesures spécifiques portent sur:
- la réduction de la disparité dans
l'offre de formation. Selon l'enquête du Programme de
Renforcement de la Formation Professionnelle, en août 2008, les
régions du centre et des hauts bassins se repartissent plus de cinquante
pour cent (50%) des centres de formation professionnelle (CFP). Cette
disparité est de nature à encourager l'exode rural des jeunes en
quête de formation ou d'apprentissage d'un métier. Elle rend
inexploitables certaines potentialités économiques par les
habitants. C'est pourquoi, nous pensons que l'Etat devra réduire la
disparité d'offre de formation en ouvrant des CFP dans toutes les
provinces et en encourageant les promoteurs privés dans ce sens.
Dans cette perspective, l'Etat devra prendre en compte les
besoins exprimés par les populations sur la base des
potentialités des différentes régions ou provinces.
- le suivi et l'encadrement des sortants des
CFP. A cet effet, le Ministère de la Jeunesse et de l'emploi
(MJE) avec l'appui des PTF, devra mettre en place un mécanisme
approprié. Le suivi et l'encadrement des sortants des CFP seront
aisés d'autant plus que les jeunes formés seront incités
à s'organiser pour créer des entreprises collectives.
- la vulgarisation de la réglementation de la
formation professionnelle non formelle. Cela permettra de mieux faire
connaître l'encadrement juridique de cette formation. L'observation des
conditions prévues dans le cahier de charges applicables aux centres
privés de formation professionnelle non formelle aura incontestablement
pour conséquence la meilleure organisation et gestion des centres.
D'où l'intérêt de mettre en place une stratégie
d'information des centres privés sur l'existence d'une formation
professionnelle non formelle de qualité, respectueuse du cadre
institutionnel et règlementaire en vigueur.
Avec l'appui des partenaires techniques et financiers, le
Ministère de Jeunesse et de l'Emploi pourra entreprendre la formation
des responsables des centres publics ou privés, aux techniques de
management des organisations.
Le rôle du secteur privé est tout aussi crucial
que celui du secteur public. Il importe donc de l'inclure dans la perspective
de résolution des contraintes liées à la formation
professionnelle.
Paragraphe 2 : Le rôle du secteur privé
Le secteur privé joue un rôle primordial dans le
fonctionnement du système de formation professionnelle non formelle. Les
efforts de ce secteur se mesurent aussi bien dans la création et
l'ouverture des centres de formation que dans l'accueil des apprenants dans les
entreprises privées pour la phase pratique de la formation et dans le
financement de la formation par le biais de la taxe patronale et
d'apprentissage (TPA). Ce rôle doit être renforcé.
Pour réussir leur contribution à l'insertion
socioprofessionnelle des formés, les centres privés de formation
professionnelle non formelle devront inclure dans leurs programmes de
formation, des modules tels que la gestion d'entreprise, l'entreprenariat, la
technique de recherche d'emploi, la législation du travail. Ces modules
auront l'avantage non seulement de stimuler l'esprit d'entreprise chez les
apprenants, mais également, ils leur permettront de connaître
leurs droits et devoirs sur le marché de travail et le fonctionnement de
ce dernier.
Le rôle des organismes de crédits est très
important dans le processus d'insertion professionnelle des formés.
C'est pourquoi, ils devront faciliter davantage l'accès aux
crédits. Pour ce faire, ils pourront, comme le FAIJ, accepter la
garantie morale. Cette dernière consistera pour le jeune demandeur de
prêts, de se faire accompagner par un mentor ou un parrain,
c'est-à-dire une personne bien connue, digne de confiance et dont le
rôle sera de conseiller, suivre le jeune promoteur dans la mise en oeuvre
de son projet et sa gestion.
Le rôle des centres privés de formation
professionnelle non formelle devra aussi être la recherche d'une
formation de qualité. La formation est un service dont il faut assurer
la qualité. Cette question de qualité est aujourd'hui la
préoccupation de tous acteurs sérieux de la formation. Si pour
les clients, la formation professionnelle apparaît comme un
investissement qu'il convient de rentabiliser, pour les centres de formation,
la qualité est un critère de différenciation sur un
marché de plus en plus concurrentiel.
L'évaluation des effets de la formation est une
composante nécessaire de cette recherche de qualité. Il est donc
temps que les responsables des centres développent la culture d'une
évaluation de leurs actions de formation. Dans cette nouvelle dynamique
de la formation, les cabinets d'ingénierie de formation auront un
rôle à jouer car il leur revient, d'apporter des conseils aux
différents centres qui en auront besoin.
Les entreprises privées ont beaucoup à gagner en
participant au processus de formation des ressources humaines. Elles ne doivent
plus rester passives et attendre que le système de formation mette sur
le marché des profils d'employés dont elles n'ont pas
nécessairement besoin. C'est pourquoi, en accord avec les centres de
formation non formelle, les entreprises privées doivent mieux participer
à la recherche d'une formation de qualité, en accueillant
davantage de stagiaires et en proposant aux centres, des filières de
formation et des profils d'employés dont elles auront réellement
besoin. Pour combler en partie la faible collaboration entre les centres et les
entreprises, les responsables de centres privés devront recruter des
formateurs issus des milieux professionnels. Le contact avec ces professionnels
aura l'avantage de permettre aux apprenants de partager les expériences
professionnelles de leurs enseignants et d'être d'avance avisés
sur certaines questions de terrain professionnel. Ce partenariat entre les
entreprises et les centres de formation sera largement abordé dans la
section suivante du présent chapitre.
Section 2: L'amélioration de la qualité de la
formation professionnelle
Le Burkina Faso ne pourra relever le défi du
développement socioéconomique par le biais du capital humain, que
si son système de formation est de qualité et tient compte des
besoins de l'économie nationale. Pour réussir ce pari, il importe
de renforcer la coopération entre les centres et les entreprises
nationales (paragraphe1). Le renforcement de ce partenariat en particulier et
le fonctionnement du système en général passent
nécessairement par le renforcement des ressources humaines,
matérielles et financières (paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Le renforcement de la coopération entre
les centres de formation professionnelle non formelle et les entreprises
nationales
La coopération entre les centres et les entreprises est
un gage du rapprochement des apprenants du monde professionnel. C'est en raison
de ce constat que nous suggérons le renforcement de cette
coopération à plusieurs niveaux.
A. Au niveau de la nature de la
coopération
La participation des entreprises à la création
des filières de formation professionnelle doit être totale. Il
s'avère utile pour les structures de formation de renforcer leurs
rapports avec les milieux professionnels qui contribueront à la
définition des programmes et procédés pédagogiques
en fonction de leurs besoins de formation. La coopération doit
également concerner le perfectionnement des formateurs, sous forme de
stages en entreprise. La dynamique de cette coopération doit prendre en
compte le financement de certains projets des centres par les entreprises
partenaires.
B. Au niveau de la conduite des
formations
Le rôle qu'une entreprise peut jouer dans la mise en
oeuvre d'une formation professionnelle est fort utile. Le centre assure la
formation théorique alors que l'entreprise servira de lieu d'application
des enseignements reçus dans le centre. Les passages dans ces deux lieux
sont complémentaires. Il est donc nécessaire d'instaurer des flux
d'échanges entre les professionnels des entreprises et les formateurs
des centres, dans la détermination des choix pédagogiques des
centres.
C .Au niveau de la conduite des
stages
Les périodes de stages sont des phases très
importantes dans la formation professionnelle des apprenants des centres car
elles correspondent au moment où les apprenants sont en rapport direct
avec le monde du travail. Cependant, s'ils sont mal conduits, les stages
peuvent entraîner des déconvenues.
Le plus souvent, les responsables des centres négocient
avec les entreprises pour le stage des élèves. Il n'existe donc
pas dans ces cas, des conventions libellées sous la forme de contrat de
partenariat liant les deux parties. Les entreprises n'ont, de ce fait, que
l'obligation morale envers les institutions de formation. Le nombre des
élèves en formation augmentant et les possibilités
d'accueil s'amenuisant, les négociations deviennent difficiles. Pour
reduire ces difficultés, nous préconisons la création dans
les centres, d'un poste de chargé des relations formation-entreprise
dont la fonction principale sera de trouver des stages pour les apprenants et
d'analyser les besoins de formation exprimés par les entreprises. Pour
donner un caractère obligatoire au stage, il convient de mettre en place
des conventions sous la forme de contrat de partenariat entre les centres et
les entreprises nationales. Ce contrat définira en fonction des
capacités d'accueil des entreprises, le nombre d'élèves
à recevoir et la durée du stage.
Paragraphe 2 : Le renforcement des ressources
Le fonctionnement de tout système de formation
nécessite principalement la mobilisation de trois (3) types de
ressources dont les emplois sont indissociables : les ressources humaines, les
ressources matérielles et les ressources financières.
A. Les ressources humaines
Comme nous l'avons souligné au titre des limites du
système actuel de formation professionnelle non formelle, le
déficit en personnel formateur et d'encadrement, handicape
sérieusement le système. Il est utile de combler ce
déficit quantitatif et ce, de façon qualitative. Pour ce faire,
les actions suivantes nous semblent opportunes :
- La mise en oeuvre de structures adéquates de
formation de formateurs et d'encadreurs pédagogiques. Cela vise à
asseoir un dispositif de formation de personnel d'encadrement et de
maîtres d'apprentissage pour les centres à caractères non
formel. Ces structures pourront également être adaptées
à la formation continue ou au recyclage des personnels formateurs des
centres afin de leur permettre d'acquérir de nouvelles
compétences liées à de nouvelles filières ;
- Il convient aussi de rendre le dispositif de recrutement des
personnels flexible car sa rigidité est susceptible de restreindre le
recrutement de personnel.
B. Les ressources
matérielles
L'absence ou l'insuffisance d'équipements constituent
également un véritable handicap des centres de formation
professionnelle non formelle. La disponibilité du matériel
didactique et technique est très importante pour assurer une formation
de qualité. En plus de salles de cours théoriques, un centre de
formation doit disposer de:
- équipements didactiques qui constituent des moyens
matériels d'aide aux enseignements théoriques et de
démonstration. Il s'agit essentiellement de tableaux muraux, de
rétroprojecteurs, d'ordinateurs, de maquettes de démonstration ;
- équipements techniques comprenant
généralement de gros matériels (machine, appareils divers)
et de petits matériels (outillage);
- matières d'oeuvre qui sont des matières
transformées ou détruites dans le processus de production de
biens consommables. Il s'agit par exemple du bois utilisé dans la
menuiserie du bois pour la confection de tables, de portes.
C. Les ressources
financières
Les ressources financières sont tout aussi importantes
que les deux premières catégories de ressources. La formation des
formateurs et des encadreurs pédagogiques et l'achat
d'équipements occasionnent une mobilisation de ressources
financières.
Dans un pays comme le Burkina Faso, où tous secteurs
sont presque prioritaires, les ressources recueillies au titre de la Taxe
Patronale et d'Apprentissage (TPA) ne sont pas entièrement
affectées à la formation professionnelle. Il est donc
nécessaire de mettre en place un véritable mécanisme de
financement de la formation professionnelle et de l'apprentissage. Ce
mécanisme doit rompre avec l'unicité de caisse. Pour y arriver,
l'Etat pourra mettre en place une structure autonome pour sa gestion, en dehors
du trésor public, et chargée de collecter la TPA puis de la
redistribuer dans le système de formation professionnelle.
Conclusion
Cette seconde partie de notre étude nous aura permis de
situer la place de la formation professionnelle non formelle dans la promotion
des ressources humaines au Burkina Faso. Il convient de retenir que divers
canaux permettent à ce type de formation professionnelle de
répondre à la problématique d'insertion
socioprofessionnelle d'une frange importante de la population,
constituée essentiellement de personnes déscolarisées ou
néo-alphabétisées ou n'ayant jamais été
à l'école.
En effet, la formation professionnelle non formelle peut
participer à la valorisation de ces ressources humaines, si l'on
développe leurs capacités intellectuelles et aptitudes
professionnelles, et si l'on lui assure un rôle social à travers
l'insertion socioprofessionnelle des jeunes en situation sociale difficile et
sans un bon niveau scolarisation.
CONCLUSION GENERALE
La situation économique, très peu favorable
à l'absorption des sortants du système classique de formation et
d'éducation, entraînera encore plus de chômage au niveau de
la frange jeune de la population burkinabè. La faible
employabilité des formés, liée particulièrement
à l'inadéquation entre le système de formation et
d'éducation actuel et le marché de l'emploi, fera que le
chômage des jeunes va continuer à se développer. Le
chômage, couplé à la pauvreté, occasionne une
demande sociale de plus en plus importante de formation professionnelle.
Cependant, les contre-performances de l'enseignement technique, dues en partie
à son éloignement du monde professionnel, ont fait émerger
une nouvelle catégorie de formation professionnelle dite « non
formelle », offerte en majorité par les centres de formation de
l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi (ANPE) et ceux des promoteurs
laïcs ou confessionnels
Aujourd'hui, la formation professionnelle non formelle
apparaît comme le recours privilégié de qualification
professionnelle et donc de valorisation d'une grande partie de la population
active et plus singulièrement des personnes exclues du système
formel de formation et même des personnes sans niveau de qualification.
Elle contribue, à coté de la formation formelle, à la
promotion de ces personnes par le truchement de leur qualification
professionnelle et à leur employabilité. Dès lors, elle
favorise leur insertion socioprofessionnelle et assure leur
épanouissement et bien être social.
Ainsi, notre hypothèse principale selon laquelle la
formation professionnelle non formelle est un moyen de valorisation des
ressources humaines, est avérée. Cet objectif majeur ne saura
être durablement atteint que si les nombreux acquis et expériences
sont capitalisés et les obstacles à l'émergence d'une
formation professionnelle de qualité dégagés.
Notre première hypothèse spécifique, qui
admet l'existence d'acquis et d'expériences au plan institutionnel,
règlementaire et pédagogique, en matière de formation
professionnelle non formelle, est aussi corroborée. Au plan
institutionnel, plusieurs acteurs, notamment les coopérations et tous
les autres partenaires techniques et financiers ont soutenu et continuent
d'appuyer la formation professionnelle en général et la formation
professionnelle non formelle en particulier. Le cahier de charges applicables
aux centres privés non formels traduit un début à
l'encadrement juridique de la formation professionnelle non formelle. Une
application rigoureuse des dispositions du cahier de charges permettra au
Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi (MJE) d'asseoir une organisation
de tous les opérateurs privés de centres, c'est-à-dire les
promoteurs individuels, les associations, les organisations non gouvernementale
(ONG) intervenant dans la formation professionnelle.
La diversification des modes et des types de formation dans
les centres non formels est la preuve d'une certaine expérience du
Burkina Faso en matière de formation professionnelle non formelle. Ces
acquis pédagogiques sont renforcés par l'émergence de
nouvelles filières de formation à travers les treize (13)
régions du pays. En outre, depuis la création du Ministère
de la Jeunesse et de l'Emploi (MJE) en 2006, le système de formation
professionnelle non formelle a connu une avancée considérable
dans la reconnaissance et la valorisation des qualifications professionnelles.
Aujourd'hui, le dispositif de certification professionnelle demeure un acquis
important en matière de formation professionnelle non formelle. Son
impact sera d'autant plus grand que si elle concerne un plus grand nombre de
filières et de centres de formation. Toutefois, sa mise en oeuvre doit
obéir à une certaine rigueur afin d'avoir un dispositif
performant.
Les insuffisances qui minent le système actuel de
formation professionnelle non formelle sont essentiellement d'ordre
institutionnel, organisationnel, pédagogique et financier.
Au plan institutionnel, les limites sont l'insuffisance et la
forte disparité de l'offre de formation à travers tout le pays.
La gestion de plusieurs centres demeure artisanale du fait de leur faible
organisation administrative et matérielle. Les limites
pédagogiques sont essentiellement liées au faible
développement de certaines filières, notamment
sylo-agropastorales et industrielles, qui sont pourtant vitales dans une
économie principalement agricole. L'absence de subvention publique des
centres privés handicape plusieurs d'entre eux. Face à une
demande sociale de plus en plus forte, les structures d'accueil n'arrivent pas
à satisfaire les besoins de qualifications professionnelles de tous les
demandeurs. Cela nous permet de confirmer la seconde hypothèse
spécifique selon laquelle les obstacles à l'émergence
d'une formation professionnelle non formelle de qualité sont
principalement de type institutionnel, organisationnel, pédagogique et
financier.
L'importance de la formation professionnelle en
général et de la formation professionnelle non formelle en
particulier en tant que levier et moteur de développement
économique et social n'est plus à démontrer. Il convient
dans le contexte du Burkina Faso, de valoriser le capital d'expériences
accumulé grâce aux différents acteurs et partenaires
techniques et financiers. Dans un pays comme le Burkina Faso où de
nombreux jeunes et adultes sont peu alphabétisés et constituent
une population active considérable, la formation professionnelle non
formelle demeure mieux adaptée pour leur qualification professionnelle.
Sa raison d'être s'avère donc incontestable. Son caractère
non formel n'affecte en rien sa capacité de développer une main
d'oeuvre qualifiée et compétente.
Il n'est pas question de concevoir l'enseignement technique et
la formation professionnelle non formelle comme des secteurs concurrentiels.
Ces deux types de formation visent certainement l'insertion
socioprofessionnelle des individus qui s'y réfèrent, bien qu'ils
ne concernent pas toujours les mêmes cibles et filières : le
premier s'intéresse à des jeunes encore dans le système
éducatif alors que le second touche un public plus large et pas
nécessairement dans le système scolaire.
Les défis majeurs qui se posent à ce sous
secteur du système national de formation professionnelle, sont
liés à l'extension de son système de certification et la
valorisation par les sortants des centres, sur le marché de l'emploi,
des titres professionnels qu'ils auront acquis par le biais de la certification
professionnelle.
Compte tenu de la demande sociale croissante et pressante de
la certification des qualifications professionnelles, il devient
impérieux d'être rigoureux dans l'extension du mécanisme de
certification afin de lui garder toute sa crédibilité.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
1. LEVY-LEBOYER Claude, LOUCHE Claude, ROLLAND Jean-Pierre,
Management des personnes (les apports de la psychologie du travail 1),
éditions d'Organisation, Paris ,1ère éd. 2006,
495 P.
2. NOYER Didier, PIVETEAU Jacques, Guide pratique du formateur
: concevoir, animer, évaluer une formation, INSEP CONSULTING, Paris,
9ème éd. 2005, 220 P.
3. PERETTI Jean-Marie, Gestion des ressources humaines,
VUIBERT, Paris, 10ème éd. 2005, 595 P.
4. LEBORTEF Guy, DUPOVEY Paul, VIALLET François,
l'Audit de la formation professionnelle, éditions des Organisations,
1987.
5. LAROUCHE Viateur, Formation et perfectionnement en milieu
organisationnel, Editions JCL inc., Montréal, 1984, 431 P.
6. ROBERT Jocelyne, Jeunes chômeurs et formation
professionnelle, Editions harmattan, 1996. Page 171
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compétences, Editions d'Organisation, Paris, 5ème
éd. 2006, 605 P.
Etudes, Politiques, Enquêtes
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professionnelle (hors centres ANPE), Burkina Faso, août 2008
9. ONEF, Enquête sur le rendement externe des centres de
formation professionnelle, Burkina Faso, 2007
10. ONEF, Recensement des centres de formation
professionnelle, Burkina Faso, mars 2008
11. OUATTARA Souleymane, MIVELAZ Jacques, coopération
autrichienne, Etude sur la formation professionnelle au Burkina Faso,
février 2001
12. OCDE, Prospection économique sur l'Afrique, 2007
13. KANE Boubacar, BAKYONO Ambroise, Rapport de la mission de
pré-formulation du projet de la formation professionnelle
élémentaire, mandaté par le Lux développement,
2003
14. Ministère de l'économie et des finances, le
bilan de mise en oeuvre du CSLP, 2007
15. MJE, le lexique de la formation professionnelle,
décembre 2007
16. Secrétariat général du Gouvernement,
journal officiel N° 302003 du 24 juillet 2003
17. MJE, Politique Nationale de l'Emploi, mars 2008
18. MESSRS, MJE, Politique Nationale d'Enseignement et de
Formation Technique et Professionnels, juin 2008
19. Réforme du système éducatif au
Burkina Faso, mai 2006
Mémoires
20. TAPSOBA Hamado, l'encadrement juridique de l'enseignement
supérieur privé au Burkina Faso, 2005, cote M-A-2005-45 TAP, mars
2005
21. ZONGO Yolande Marie Cécile, la formation
professionnelle comme enjeu de développement des ressources et
d'entreprise : cas de l'ONATEL, cote M-A-2004 ZON, mars 2004
22. ONADJA Blandine épouse OUOBA, la formation
professionnelle et l'emploi au Burkina Faso : cas du centre de formation
professionnelle de Fada, cote M-A-2006-59 OUO, mars 2006
Entretiens réalisés auprès de
:
? LOMPO Bernard, chef de centre
régional de formation professionnelle du centre
? GUERE Boukary Roger, directeur de la
formation professionnelle et de l'apprentissage au MJE
? COULIBALY Jean Martin, chargé de
programme et de la formation professionnelle, Coopération
Autrichienne
? YOMPONI François Xavier, chef du
centre provincial de formation professionnelle de l'ANPE du Kadiogo
? GANOU Gnimby, enseignant vacataire à
l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature
? NANA Firmin, sociologue à l'ONEF
Table des matières
Avertissement................................................................................................I
Dédicace....................................................................................................II
Remerciement...........................................................................................III
Sigles et
Abréviations......................................................................................IV
Liste des
tableaux.......................................................................................V
Sommaire
1
Introduction générale
2
PARTIE I: LA SITUATION DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE NON FORMELLE AU BURKINA FASO
7
Chapitre I : L'encadrement institutionnel et
juridique de la formation professionnelle non formelle
8
Section 1 : Le cadre institutionnel de la
formation professionnelle non formelle
8
PARAGRAPHE 1 : LE DISPOSITIF INSTITUTIONNEL DE LA
FORMATION PROFESSIONNELLE NON FORMELLE DANS LE SECTEUR PUBLIC
8
A. les structures centrales
8
B. les centres publics de formation
professionnelle non formelle
9
PARAGRAPHE 2 : LE DISPOSITIF INSTITUTIONNEL DE LA
FORMATION PROFESSIONNELLE NON FORMELLE DANS LE SECTEUR PRIVE
9
Section 2: L'encadrement juridique de la
formation professionnelle non formelle
11
PARAGRAPHE 1 : LA RÉGLEMENTATION DE LA
FORMATION PROFESSIONNELLE NON FORMELLE PUBLIQUE
11
A. Les centres de formation professionnelle de
l'ANPE
11
1. Les attributions des centres régionaux
de formation professionnelle
12
2. Les attributions des centres
spécialisés
12
B. Les commissions chargées de la
certification de la formation professionnelle non formelle
12
PARAGRAPHE 2 : LA RÉGLEMENTATION DE LA
FORMATION PROFESSIONNELLE NON FORMELLE DANS LE SECTEUR PRIVÉ
13
A. Le cahier de charges applicables aux centres
privés non formels
13
B. Le cadre législatif de la formation
professionnelle non formelle
14
Chapitre II: Les contraintes du systeme
national de la formation professionnelle non formelle
16
Section 1 : Les contraintes propres aux
acteurs
16
PARAGRAPHE 1 : LES LIMITES PROPRES AU SECTEUR
PUBLIC
16
A. L'absence d'une coordination efficace des
interventions des acteurs
16
B. Le déficit de personnel formateur et
d'encadrement
17
C. La reconnaissance des qualifications
professionnelle
18
PARAGRAPHE 2 : LES LIMITES PROPRES AU SECTEUR
PRIVÉ
20
A. La non maîtrise du marché de la
formation professionnelle
20
B. La faible implication des entreprises
nationales
21
C. La faible coopération des centres
privés avec les entreprises
21
Section 2 : Lesdifficultés
liées à la situation économique nationale et
internationale
22
PARAGRAPHE 1 : LA CAPACITÉ D'ABSORPTION DES
SORTANTS DES CENTRES DE FORMATION
23
A. L'insertion sur le marché du
travail
23
1. Le secteur rural
23
2. Le secteur moderne
24
3. Le secteur informel
24
B. L'auto emploi
24
1. Le niveau des sortants des centres en
entreprenariat
25
2. Les actions initiées en faveur de l'auto
emploi
25
PARAGRAPHE 2 : LE FINANCEMENT DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE NON FORMELLE
26
A. Le financement de la formation professionnelle
par la taxe patronale et d'apprentissage (TPA)
26
B. Les frais de scolarité dans les centre
27
C. Les autres sources de financement de la
formation professionnelle
28
1. Le fonds d'appui à la formation
professionnelle et à l'apprentissage (FAFPA)
29
2. Les partenaires techniques et financiers
(PTF)
29
PARTIE II: LA PLACE DE LA
FORMATIONPROFESSIONNELLE NON FORMELLE DANSLA PROMOTION DES RESSOURCES HUMAINES
31
Chapitre I : La contribution de la formation
professionnelle non formelle à la valorisation des ressources humaines
32
Section1 : Le rôle de la formation
professionnelle non formelle dans la lutte contre le chômage
32
PARAGRAPHE 1 : LE DÉVELOPPEMENT DE
L'EMPLOYABILITÉ
33
A. La possibilité d'insertion
socioprofessionnelle
33
B. L'accroissement de l'efficacité et de la
productivité
34
PARAGRAPHE 2: LE DÉVELOPPEMENT
SOCIO-ÉCONOMIQUE
36
Section 2 : La fonction sociale de la
formation professionnelle non formelle
38
PARAGRAPHE 1 : LES EFFETS SOCIAUX DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE
38
A. La socialisation des apprenants
38
B. Un moyen de protection sociale
39
PARAGRAPHE 2 : LE DÉVELOPPEMENT DES VALEURS
DE TRAVAIL ET DES RELATIONS INTERPERSONNELLES
40
Chapitre II : Les suggestions pour une
amélioration de la formation professionnelle non formelle
42
Section 1: Les suggestions à
l'endroit des acteurs
42
PARAGRAPHE 1 : LE RÔLE DU SECTEUR PUBLIC
42
A. Les suggestions générales
42
B. Les suggestions spécifiques
43
PARAGRAPHE 2 : LE RÔLE DU SECTEUR
PRIVÉ
44
Section 2: L'amélioration de la
qualité de la formation professionnelle
46
PARAGRAPHE 1 : LE RENFORCEMENT DE LA
COOPÉRATION ENTRE LES CENTRES DE FORMATION PROFESSIONNELLE NON FORMELLE
ET LES ENTREPRISES NATIONALES
46
A. Au niveau de la nature de la coopération
46
B. Au niveau de la conduite des formations
47
C .Au niveau de la conduite des stages
47
PARAGRAPHE 2 : LE RENFORCEMENT DES RESSOURCES
47
A. Les ressources humaines
48
B. Les ressources matérielles
48
C. Les ressources financières
49
Conclusion générale
50
Bibliographie
53
Annexes
58
ANNEXES
Annexe 1 : Les
filières ou métiers concernés par la formation
professionnelle non formelle
Annexe 2 : Les attributions de
la Commission Nationale de la Certification et des Programmes de Formation
(CNC-PF)
Annexe 3 : Le cahier de charges
applicables aux centres de formation professionnelle non formelle
Annexe 4 : Les attributions
du Fonds d'Appui à la Formation Professionnelle et à
l'Apprentissage (FAFPA)
* 1 PRFP, état des lieux
des centres de formation professionnelle, août 2009
* 2 Guy le Boterf, Paul DUPOVEY,
François VIALLET, l'Audit de la formation professionnelle,
éditions des Organisations, 1987.
* 3 Définition de
l'UNESCO, citée par le lexique de la formation professionnelle du MJE
* 4 Les arrêtés
numéros 006, 007 et 008, tous provenant du Ministère de la
Jeunesse et de l'Emploi , datés du 13 décembre 2006 et portant
autorisation définitive d'ouverture de centres privés de
formation professionnelle non formelle, ont respectivement autorisé
l'ouverture de douze (12), trois (3), dix sept (17) centres.
* 5 Le MJE, le lexique de la
formation professionnelle, décembre 2007
* 6 PRFP, état de lieux
des centres de formation professionnelle hors ANPE
* 7 ONEF, rapport de recensement
des CFP, mars 2008
* 8 PRFP, état des lieux
des CFP hors ANPE, août 2008
* 9 Le MJE, la PNE
* 10 Idem
* 11 Le MJE, la politique
nationale de l'emploi (PNE), adoptée en mars 2008
* 12 PRFP, état des
lieux des centres de formation professionnelle (hors centres ANPE)
* 13 Journal officiel
N°302003 du 24 juillet 2003
* 14 Boubacar KANE, Ambroise
Bakyono, rapport de la mission de pre-formulation du projet de la formation
professionnelle élémentaire, mandaté par le
Lux-developpement, 2005
* 15 Le bilan de mise en oeuvre
des actions prioritaires du Cadre Stratégique de Lutte contre La
pauvreté (CSLP), le Ministère de l'Economie et des Finances,
2007
* 16 La politique nationale de
l'emploi, le Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi, 15 mai 2008
* 17 Recensement des centres de
formation professionnelle, ONEF, mars 2008 ; Etat des lieux des centres de
formation professionnelle, PRFP, août 2008.
* 18 La Politique Nationale
d'Enseignement et de Formation Techniques et Professionnels, commission
technique, juin 2008.
* 19
Jeunes chômeurs et formation professionnelle, Jocelyne ROBERT,
éditions harmattan, 1996. Page 171
* 20
Guide pratique du formateur, Didier NOYE, Jacques PIVETEAU,
éditions INSEP CONSULTING, octobre 2000.
* 21
Management des personnes, Claude LEVY-LEBOYER, éditions des
organisations, 2006.
* 22
Conclusion de recherches conduites en France, au Québec et en
Italie par Person, Fraccaroli, Corbière, Gelpe en 2004.
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