Etat des lieux de la microfinance et du système bancaire camerounais( Télécharger le fichier original )par Olive Berenice Ngafi Djomo Faculté universitaires catholiques de Mons (belgique) - Master en sciences de gestion option (finance) 2006 |
CHAPITRE IV COUVERTURE DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUNDans ce chapitre, nous présenterons l'intérêt de la microfinance pour le gouvernement camerounais, la réglementation, les principaux acteurs. Nous montrerons également les problèmes rencontrés par les institutions de microfinance et nous proposerons quelques solutions. 4.1 IMPORTANCE DE LA MICROFINANCEPour le gouvernement camerounais, la microfinance apparaît comme l'élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté. L'Etat a d'ailleurs diffusé en avril 2001 une déclaration de politique nationale de la microfinance42(*), ayant pour objectif : - D'améliorer le lien entre les institutions de microfinance ; - De créer et aménager un cadre administratif, juridique et judiciaire propice au développement des Institutions de Micro Finance ; - D'encourager le professionnalisme et la transparence dans la gestion des IMF (institutions de microfinance); - De consolider et étendre le développement harmonieux des IMF sur l'ensemble du territoire; - D'inciter les accords de partenariat entre les projets de développement, les organisations non gouvernementales, les IMF, et le système bancaire ; - De rapprocher les IMF et les organisations socioprofessionnelles des producteurs. Le gouvernement, avec le soutien du Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) a également lancé un projet de consolidation et de développement de la microfinance qui a pour mission de faciliter l'accès aux services financiers de proximité à toutes les catégories défavorisées de la population surtout dans les zones rurales. L'Etat a ainsi créé le Comité National de Microfinance (CNMF), qui est un organe triparti composé de : l'Etat, la profession et les bailleurs de fonds, dans le but de suivre la politique nationale de microfinance. Une enquête réalisée par la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC) en 2000 a montré qu'il existait à peu près 652 IMF (institutions de microfinance) inégalement réparties sur le territoire camerounais et un peu plus de 300 000 clients. En effet, 52% des IMF fonctionnelles étaient implantées en zone urbaine contre 48 % en zone rurale. À cause de l'enclavement de la plupart des zones rurales (manque d'infrastructures routières, d'électricité, de téléphone), il est difficile d'atteindre cette importante couche de la population. Les institutions de microfinance profitent surtout aux populations des grands centres urbains. Au total, le secteur traitait 25,4 milliards de FCFA de crédit, soit 4,3% du total des prêts octroyés par le secteur bancaire, et 35,9 milliards de FCFA d'épargne mobilisée ce qui représentait 6% du total de l'épargne mobilisée par le secteur bancaire. L'importance du secteur reste modeste, des statistiques récentes font défauts, mais ces proportions ont probablement évolué positivement. Sur les 1021 IMF recensées en zone CEMAC en 2000, le Cameroun comptait 64% des IMF avec 67% des dépôts et 86% des encours de crédits. Une récente action gouvernementale visant à assainir le secteur des IMF a mené à l'exclusion de plusieurs centaines d'entre elles essentiellement pour des raisons d'agrément ou de non-respect de la réglementation. Cette action a provoqué un désordre au niveau de la population et a une nouvelle fois ébranlée la confiance des usagers des organismes financiers. En avril 2005, le ministère des finances a recensé un total de 558 IMF dont 379 (68%) représentaient les trois43(*) réseaux les plus importants du pays qui totalisent plus de 60% de l'épargne et plus de 80% des clients. Au Cameroun, les principaux produits offerts par les institutions de microfinance sont : L'épargne, le crédit, les transferts de fonds, les assurances, la vente des chèques de voyage et des devises, et enfin le financement des projets d'intérêts commun. En juin 2004, les acteurs du secteur avaient constaté que: - La répartition géographique des IMF sur le territoire était inégale; - L'expansion de la collecte de l'épargne était remarquable mais la proportion d'octroi de crédit était faible ; - Les ressources des IMF étaient insuffisantes pour financer tout les besoins à court, moyen et long terme de leur clientèle ; - L'accès des IMF à des financements extérieurs était fortement limité ; - Certains acteurs manquaient de professionnalismes ; - Les liens entre les banques et les IMF étaient faibles ; - Les ressources pour le développement des zones défavorisées étaient insuffisantes ; - L'Etat jouait encore un rôle insuffisant dans la promotion du secteur. * 42 Voir annexe IV : déclaration de la politique nationale de microfinance * 43 Les trois réseaux les plus importants sont : les caisses villageoises d'épargne et de crédit autogérées (CVECA), Cameroon Cooperative Union League (CAMCCUL), et MC2 (mutuelle communautaire de croissance). |
|