B.- Le liquide amniotique.
1.- Définition.
Le liquide amniotique est un liquide clair et transparent, il
devient blanchâtre vers la fin de la grossesse. Son odeur est fade, son
poids spécifique est de 1.007 ; sa réaction est faiblement
alcaline ; le pH est compris entre 6,90 et 7,20 ; son poids atteint
celui du foetus vers le milieu de la grossesse. A terme, son volume varie
entre 500 et 1.000 ml en moyenne. Une quantité supérieure
à 2.000 ml définit l'hydraminios. ( 8)
2.- Composition chimique.
Le liquide amniotique est constitué par de l'eau dans
la proportion de 98,4 à 11,4 %. Le résidu sec se compose de sels
minéraux (0,71 % de chlorures, surtout alcalins) et de substances
organiques (0,25 %).
Les concentrations en ions cl, Na\u-245{ et K\u-245{ varient
avec l'âge de la grossesse. A terme, elles sont les suivantes :
- Na\u-245{ .............................. 120 à 125
mEq/l
- cl .............................. 100 à 104
mEq/l
- K\u-245{ .............................. 4 à 4,5
mEq/l
Le taux du calcium varie entre 72 et 100 mg/l. Celui du
phosphore entre 25 et 45 mg/l.
Le glucose passe de 0,5 g/l au début de la grossesse
à 0,20 g/l près du terme.
Le taux de l'urée passe de 0,22 g/l au début de
la grossesse à 0,33 g/l à la fin.
Celui-ci de la créatinine varie beaucoup et passe de 10
mg/l à la fin du 2ème trimestre à 20 mg/l
à terme.
La bilirubine n'est contenue qu'en faible quantité.
Elle apparaît dès la 12ème semaine, atteint sa
concentration maximum entre 16 et 30 semaines et disparaît après
36 semaines. Elle peut être mise en évidence par
spectrophotométrie.
Les lipides sont de l'ordre de 50 mg par 100 ml. La mesure par
chromatographie de deux d'entre eux, élaborés par le poumon du
foetus, les lécithines (L) et les sphingomyélines (S) a une
application pratique.(8)
Au terme de 36 semaines, les lécithines deviennent
proportionnellement plus importantes que les sphingomyélines. Du rapport
entre ces deux substances, on peut évaluer la maturité pulmonaire
foetale.
Différentes hormones sont également
retrouvées dans le liquide amniotique. Deux semblent
particulièrement intéressantes pour la surveillance du
foetus : l'oestriol et l'hormone chorionique
somatomammotrophique ou hormone placentaire
lactogénique(H.P.L.) .
Le taux de certains de ces constituants représente le
degré de maturité de divers organes du foetus, taux de bilirubine
pour la fonction hépatique, rapport L/S des phospholipides pour la
maturité pulmonaire.
L'alphafoetoprotéine est une glycoprotéine
formée dans le foie foetal et la vésicule ombilicale. Sa
concentration dans le liquide amniotique diminue graduellement à partir
de la 14ème semaine jusqu'au terme. Elle est très
abondante en cas de mort `' in utero'' et surtout lorsque le foetus a
des malformations du système nerveux central avec lésion ouverte
et perte du liquide céphalo-rachidien.
3.- Cytologie.
Le liquide amniotique contient des cellules
épidermiques, desquamées, des poils, de lanugo et des fragments
de matières sébacées qui forment des grumeaux
blanchâtres, également des cellules épithéliales
provenant de l'arbre urinaire foetal, et du vagin lorsque le foetus est de sexe
féminin.
La culture des cellules foetales permet son étude
génétique. On peut ainsi, dès le troisième mois de
la grossesse, établir la caryotype et faire le diagnostic, non seulement
du sexe, mais d'éventuelles anomalies chromosomiques.
4.- Origine.
Elle est essentiellement foetale. Mais le liquide amniotique
est produit par deux autres voies : amniotique et maternelle
a) Origine foetale. Au
début de la grossesse, le liquide amniotique n'est qu'une expansion du
liquide extracellulaire du foetus liée à la
perméabilité de la peau qui disparaît vers 20 semaines.
Plus tard, il provient des sécrétions rénales. Toutefois,
sa composition est différente de celle de l'urine. L'excrétion
urinaire n'entre que pour une part dans la composition du liquide amniotique. A
terme 7 ml/Kg/h sont excrétés par le foetus. Viennent s'y ajouter
au cours du dernier trimestre des sécrétions pulmonaires (300
ml/24 heures)
- 6 -
b) Origine amniotique. Le
liquide amniotique serait aussi sécrété par l'amnios, que
tout l'épithélium participe à cette fonction ou que
celle-ci soit réservée à des cellules
sécrétantes spécialisées. Les études
microscopiques et histochimiques de l'épithélium amniotiques ont
montré des images de sécrétion cellulaire, sans que la
preuve formelle de la sécrétion ait encore été
faite.
Un autre mécanisme a été
évoqué, la transsudation de liquide à partir du sang
foetal contenu dans les vaisseaux villositaires ; pour que cette
transsudation soit possible, il faut que la tension de la veine ombilicale soit
très supérieure à la normale ; aussi ce
mécanisme ne semble-t-il jouer un rôle que dans certains cas
pathologiques.
c) Origine maternelle . La
transsudation de liquide amniotique d'origine maternelle à travers les
membranes ovulaires serait possible. L'injection de colorant dans la
circulation maternelle montre son passage à travers
l'épithélium amniotique
5.- Résorption.
La résorption de liquide amniotique est
expliquée par deux mécanismes :
a) La déglutition du liquide amniotique par le
foetus. Le liquide dégluti est absorbé par l'intestin
parvenu dans le sang foetal, il traverse la barrière placentaire,
emprunte la circulation maternelle et est éliminé par les reins
maternels. On estime à 500 ml la perte de liquide ainsi dégluti
par le foetus en vingt-quatre heures.
b) La réabsorption par
l'épithélium amniotique. Il s'agit d'un processus de
réabsorption active pour certaines substances : l'eau et les
glucides. En somme, on admet en général que le passage de la
circulation maternelle dans le liquide amniotique et, à l'inverse, le
passage du liquide amniotique dans l'organisme maternelle est soit
direct à travers les membranes, soit indirect par
l'intermédiaire du foetus.
Ainsi s'établit, entre la production et la
résorption du liquide, un équilibre qui maintient son volume
sensiblement constant. Son renouvellement s'effectue en 3 heures. Sa
circulation est contrôlée par un mécanisme
régulateur encore mal connu.
6.- Rôle physiologique.
Ce rôle est différent pendant la grossesse et
pendant l'accouchement.
· Pendant la grossesse, le liquide assure
l'hydratation du foetus et lui apporte quotidiennement une certaine
quantité d'eau et de sels minéraux. Il permet le
développement du foetus et ses déplacements. Il facilite
l'accommodation de la présentation. Il réalise l'isolement
thermique du foetus. Il le protège contre les traumatismes
extérieurs, contre les compression du cordon ombilical, contre
l'infection. La cavité amniotique étant close et l'amnios
imperméable aux germes exogènes.
· Pendant l'accouchement , il continue
à protéger contre l'infection et le traumatisme. Il concourt
à la formation de la poche des eaux. Il lubrifie la filière
génitale après la rupture des membranes et facilite les
progrès de la présentation.
|