Conclusion.
Nous voulons nous résumer en ces
termes : l'unicité-universalité de
la foi chrétienne traditionnelle est aujourd'hui tributaire d'un grand
élargissement dans sa compréhension. Jésus-Christ au
centre de la foi chrétienne fait du christianisme,
non pas « une religion du livre », ni d'une loi
écrite mais plutôt d'une personne, le Christ. Ainsi la
véritable question en théologie oecuménique devient la
question de rapport vertical des Eglises et des communautés
chrétiennes. Autrement dit, oecuménisme devient un
oecuménisme de la réunion des Eglises séparées, de
la recomposition de l'unité idéale autour du mystère de
Jésus-Christ. S'il est vrai que l'Eglise a opté pour la
perspective christocentrique, pour le mystère individuel du salut des
personnes (GS n°22), il est tout aussi vrai que cette perspective peut
s'appliquer lorsqu'il s'agit des traditions religieuses elles-mêmes,
prises comme des réalités historiques.
A ceci près, le sens du
Christ dans le plan divin trouve sa pleine signification
dans le principe d' « auto-communication immanente » de
Dieu où se trouve la lumière du motif de l'incarnation. C'est par
le Christ que l'auto-donation créatrice et réparatrice (acte de
pure gratuité d'amour) de Dieu nous enveloppe, libre de toute succession
de temps dans le plan divin. L'incarnation est donc à percevoir dans une
vision d'adoption où la rédemption cède la place à
la déification. Toutefois, la conscience que nous avons de la
complexité du débat actuel dans la théologie des
religions, montre combien le prix que doit payer la foi chrétienne
traditionnelle dans le mystère de la personne et l'oeuvre de
Jésus-Christ est considérable. Nous pensons en même temps
qu'un christocentrisme ouvert reste possible et ouvre le chemin à une
théologie chrétienne digne de ce nom. Etant donné que dans
le mystère du Christ, Dieu lui-même se tourne vers les hommes en
auto-manifestation et auto-révélation. Le mystère
christique s'actualise partout où Dieu entre dans la vie des hommes.
Bibliographie.
- Anselme de Cantorbéry, Pourquoi Dieu s'est fait
Homme, par René Roques, Cerf, Paris, 2005.
- D'Costa, (G.) Théology and Religious Pluralism:
The Challenge of Other Religions. Oxford, Basil Blackwell, 1986.
- Dupuis, (J.), Jésus-Christ à la rencontre
des religions. Desclée, Paris, 1989 (livre de base).
- Grillmeier, (A.), Le Christ dans la tradition
chrétienne. De l'âge apostolique à Chalcédoine
(451). Paris, Le Cerf, 1973.
- Küng, (H.), Etre chrétien, Paris, Seuil,
1978.
- Paul VI allocution du 3 février 1965 :
Osservatore Romano, 4 fév. 1965. Cité dans Vatican II, les Seize
documents conciliaires, 1967.
- Le dialogue interreligieux dans l'enseignement officiel
de l'Eglise Catholique du Concile Vatican II à Jean Paul II
1963-2005. Documents rassemblés par Mgr. Francesco Gioia. Paris,
Ed. de Solesmes, 2006.
- Rahner, (K.), « Problèmes actuels de
christologie », Ecrits théologiques, Vol. I, Paris,
Desclée de Brouwer, 1958.
- Rahner, (K.), Theological investigations, Vol.
XVI, Seabury, New York, 1979.
- Ratzinger, (J.), Le nouveau peuple de Dieu, Paris,
Aubier-Montaigne, 1971.
- Vatican II. Les seize documents conciliaires.
Préface d'Andreé Naud, Fides, 1967.
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