e 104 à Paris en 2008: Un projet de transversalité artistique et sociale ?( Télécharger le fichier original )par Elsa Gobert Université Paris III - Master 1 2007 |
c : Les moyens de l'insertionLe 104 offre des sessions de pratiques artistiques, des rencontres, des workshops et des formations professionnelles. Des publics différents se mêleront en théorie: visiteurs de lieux culturels, touristes de passage à Paris, mais aussi professionnels et habitants du quartier qui pourront traverser le lieu qui rejoint la rue Curial à la rue d'Aubervilliers. Avec ce lieu, on dépasse la notion de lieu pluridisciplinaire pour atteindre la notion de lieu multifonctionnel, examinons pour chaque espace du 104, quel public serait susceptible de venir traverser le lieu et peut-être créer un rapport à l'art. Les ateliers d'artistes de toutes nationalités et de toutes disciplines et les spectacles seront présentés dans un programme, disponible sur place à l'accueil et sur le site internet du 104. Les actions artistiques pourraient faire venir des amateurs d'art de toutes la région parisienne : étudiants, professionnels de l'art, simples curieux ; mais aussi des scolaires du quartier ou des villes de proche banlieue. Peut-être également quelques curieux du 19ème arrondissement. Le jardin suspendu, changeant tous les ans par un système d'appel à projet pour des paysagistes et qui sera au début un potager, pourra inciter les gens du quartier à venir se promener, déambuler, ou se reposer. Cependant, rappelons que le site de La Villette, situé également dans le 19ème arrondissement offre plus d'espace vert et des possibilités de jeux de ballons. Les espaces pour les courses de proximité et les restaurants (un restaurant de 300m2 chauffé l'hiver et un café presse avec une terrasse de 150m2 et accessible de l'extérieur) pourraient également attirer la population locale. Une étude a été faite afin de ne pas porter concurrence aux commerces existant déjà dans un secteur proche. Ainsi, ça ne sera pas un commerce représentant un besoin vital pour la population. Le restaurant reste, il me semble, un moyen cohérent d'attirer les habitants voisins du lieu. Les lieux destinés aux salons, congrès, lancements de produit, séminaires d'entreprises, réunions, soirées de gala, cocktails, évènements artistiques (concerts, défilés de mode, foires d'art...) loués aux professionnels et principale source d'auto-financement du 104, attireront, c'est certain, des catégories professionnelles différentes (6000m2 en tout). Seulement les actifs de l'entreprise ont-ils envie, après une journée de travail de rester dans un espace culturel ? Il en est de même pour la pépinière de jeunes entreprises culturelles qui accueillera, pour deux à quatre ans, une dizaine de jeunes sociétés. Ces professionnels pourront par contre s'alimenter dans un des espaces dédiés à la restauration. Les espaces pour les artistes amateurs (500m2) seront loués pour des pratiques artistiques variées à un prix symbolique d'un euro l'heure préférablement à des habitants du quartier. Ils sont aussi un moyen efficace de conquérir la population proche et les jeunes du quartier. La Maison des petits est un espace aménagé pour les enfants de 0 à 5 ans, conçu par la designer Matali Crasset. Dans cet endroit, les parents pourront venir avec leurs enfants. C'est un espace « d'écoute, de parole, de rencontre et de sensibilisation précoce à l'art »19(*). C'est une manière d'attirer un public différent, les parents accompagnés de leurs enfants, ou les mamans qui usuellement ne fréquentent pas les lieux culturels avec leurs enfants en bas-âge. Pour les enfants plus grands, il y aura également une boutique de biens culturels avec une offre spécifique à leur destination. Ajoutons à cela la volonté de créer des échanges avec les écoles et les associations du quartier. Le 104 se mettra par exemple en relation avec une ou plusieurs structures du quartier qui proposent des cours d'alphabétisation et de français langue étrangère. Cela témoigne une volonté d'établir une communication qui se fera dans différentes langues majoritairement parlées et écrites par les communautés des 18ème et 19ème arrondissements dans le but d'offrir aux migrants une ouverture à la culture du pays. Toutes les catégories sociales trouveront en théorie une raison de venir au 104, espace du public. Mais il ne suffit pas de s'inscrire dans un quartier et de mettre en place des moyens cohérents pour faire venir la population locale. Les enquêtes réalisées à La Villette, sur les publics du parc, montrent bien que si les usagers ou les habitués côtoient le lieu, ils ne sont pas forcément au courant des pratiques artistiques du lieu, nous y reviendrons dans la deuxième partie. Il ne suffit pas d'autre par qu'un visiteur traverse le 104 pour qu'il devienne spectateur, il faut qu'il accepte de devenir spectateur et de vivre la rencontre. Peter Brook donne une définition de l'acte théâtral dans L'espace vide « Quelqu'un traverse cet espace vide pendant que quelqu'un d'autre l'observe, et c'est suffisant pour que l'acte théâtral soit amorcé »20(*) mais c'est à condition qu'ils partagent des référents permettant au spectateur de comprendre et ressentir des émotions, il ne faut pas juste traverser le lieu, il faut également observer ce qui s'y passe. Car pour qu'il y ait partage, il faut que le spectateur potentiel accepte la relation. * 19 (page visité le 6 mai). Site du 104. adresse URL : www.104.fr * 20 BROOK, Peter. L'espace vide : Ecrits sur le théâtre. Paris : Editions du Seuil, 1977. 181p. p. 25. |
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