2.2.1.6. Quand la
Micro-finance n'est-elle pas un instrument approprié ?
C'est surtout au niveau du crédit que la
Micro-finance montre ses limites. En effet, tel qu'il est
pratiqué aujourd'hui, le Micro-crédit, comme tout crédit
d'ailleurs, doit être remboursé. Il nécessite donc au
niveau de l'emprunteur une bonne capacité de remboursement, aptitude qui
bien entendu s'amoindrit si la personne est très pauvre, sans revenus
fiables pour lui permettre de rembourser un prêt. Octroyer un prêt
à de tels individus risque plutôt d'aggraver leur situation
d'endettement et de pauvreté.
Souvent les gouvernements et les agences de coopération
souhaitent utiliser la Micro-finance comme un outil de résolution de
divers problèmes sociaux. Victimes d'inondations ou d'autres
catastrophes naturelles, réfugiés fuyant les conflits, nouveaux
diplômés de la formation professionnelle,
chômeurs, autant de types d'individus se trouvant dans une
situation de précarité que les gouvernements sont tentés
de vouloir aider par le Micro-crédit depuis que celui-ci a
été « vendu » comme un excellent outil de
réduction de la pauvreté. Les programmes de
Micro-crédit conçus pour ce type de situation fonctionnent
cependant rarement.
Ils enregistrent le plus souvent des taux d'impayés ou
de non remboursement très
élevés. L'utilisation dirigée de la
Micro-finance pour résoudre des défis de développement
dans des situations où la base de la subsistance des populations est
détruite ou très précaire a rarement été un
succès.
Le Micro-crédit se révèle par contre le plus
utile pour ceux qui ont identifié une opportunité
économique et qui sont en situation de faire fructifier cette
opportunité s'ils ont la possibilité de se procurer une petite
somme d'argent au moment où ils en ont besoin. Ainsi, les personnes
pauvres qui travaillent dans des économies stables ou en croissance, qui
ont démontré leur capacité à conduire les
activités proposées dans un esprit d'entreprise et leur
engagement à rembourser leurs dettes, sont les meilleurs candidats pour
le Micro-crédit.
L'univers des clients potentiels s'élargit cependant de
manière exponentielle si l'on prend en compte le concept plus large de
la « Micro-finance ». Par exemple, au niveau de l'épargne ou
de la sécurisation des petites économies, il est encore difficile
aujourd'hui dans beaucoup de pays d'ouvrir un simple compte dans une
institution bancaire faute de remplir toutes les conditions exigées
(carte d'identité, dépôt minimum qui est souvent un maximum
pour les populations pauvres etc.). De plus, les banques n'ont bien souvent de
guichets ou d'agences que dans les capitales ou les villes secondaires
importantes, ce qui donc exclut directement une bonne partie de la population.
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