PARTIE 1
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1
MODELISATION DE LA MACHINE SYNCHRONE A AIMANTS
PERMANENTS (MSAP) ET ETAT DE L'ART DE LA COMMANDE SANS CAPTEUR
I. INTRODUCTION
Comme nous le savons, la machine synchrone ne peut fonctionner
en boucle ouverte, car pour injecter des courants de forme appropriée il
faut connaître la position du rotor : la machine doit
être autopiotée.
Pour cet autopilotage et la commande de la MSAP, la
méthode la plus classique pour réaliser cette tache est
d'utiliser des capteurs, soient optiques, c'est le cas de l'encodeur
incrémental par exemple, ou électromagnétiques à
l'instar du resolver. Ces deux familles de capteurs donnent des
résultats très satisfaisants mais néanmoins elles
présentent nombreux inconvénients qui suscitent la recherche et
le développement de nouvelles techniques de commande sans capteur.
Dans certaines applications l'utilisation des capteurs ne pose
pas de problème bien qu'elle présente quelques
inconvénients. Par contre pour des applications telles que la propulsion
des véhicules électriques ou la propulsion des sous marins par
exemple, suite à des problèmes d'encombrement la méthode
de commande sans capteur s'avère plus efficace.
Dans ce chapitre nous présenterons deux grandes
sections dont la première est consacrée à la
modélisation de MSAP, et la deuxième sur l'état de l'art
de la commande sans capteur de la MSAP.
II. MODELISATION ET COMMANDE DE LA MSAP
1. Introduction
Les principes généraux des commandes
vectorielles des machines synchrones restent identiques à ceux
introduits par les moteurs asynchrones mais avec des spécificités
suivants les technologies utilisées (machines à rotors
bobinés, à pôles lisses ou saillants, à
réluctance variable directe ou inverse, à aimants).
Ces contrôles permettent une amélioration du
temps de réponse et de la qualité du couple mais conduisent
à des commandes relativement complexes comme le cas de la commande
vectorielle des machines alimentées en tension et régulées
en courant sur le référentiel de Park d-q, que nous
utiliserons par la suite.
Après avoir rappeler les
généralités sur les machines synchrones, nous allons
aborder les deux types de modélisations de la MSAP que nous utiliserons
dans les chapitres qui suivent. Le modèle de la machine dans le
référentiel de Park nous sera utile dans la commande vectorielle
à flux orienté. Quant au modèle dans le
référentiel (á,â) il sera utilisé dans la
synthèse des observateurs. C'est sur ce modèle que seront
basées la modélisation et le dimensionnement des observateurs
étudiés.
2. Généralité sur les machines
synchrones
Le terme de machine synchrone regroupe toutes les machines
dont la vitesse de rotation de l'arbre de sortie est égale à la
vitesse de rotation du champ tournant. Pour obtenir un tel fonctionnement, le
champ magnétique rotorique est généré soit par des
aimants, soit par un circuit d'excitation. La position du champ
magnétique rotorique est alors fixe par rapport au rotor, ce qui impose
en fonctionnement normal une vitesse de rotation identique entre le rotor et le
champ tournant statorique.
Cette famille de machine regroupe en fait plusieurs sous
familles, qui vont de l'alternateur de plusieurs centaines de mégawatts
au moteur de quelques watts, en passant par les moteurs pas à pas.
Néanmoins, la structure de toutes ces machines est relativement proche.
Le stator est généralement constitué de trois enroulements
triphasés répartis, tel que les forces électromotrices
générées par la rotation du champ rotorique soient
sinusoïdales où trapézoïdales. Les stators, notamment
en forte puissance, sont identiques à ceux d'une machine asynchrone.
Il existe trois grandes familles de rotor, ayant pour rôle
de générer le champ d'induction rotorique. Les rotors
bobinés à pôles lisses, les rotors bobinés à
pôles saillants ainsi que les rotors à aimants :
2.1. Machines Synchrones à rotors
bobinés
Dans le cas des moteurs à rotors bobinés, le
rotor supporte un bobinage monophasé alimenté par un courant
continu tandis que le stator est équipé d'un bobinage
polyphasé à courant alternatifs. L'obtention d'une valeur de
couple moyen non nulle passe alors par la vérification de la condition
de synchronisme qui impose une égalité stricte entre vitesse du
champ tournant stator et vitesse du champ tournant rotor.
Afin de s'en parer des contacts glissants (bague balais) comme
pour les machines à courant continu, les machines synchrones à
rotor bobiné font appel, le plus souvent, à une excitatrice (ou
alternateur d'excitation) associée à un redresseur tournant, pour
éliminer tout contact glissant. Cet alternateur auxiliaire dont l'induit
est accouplé à l'arbre de la machine débite dans
l'inducteur, par l'intermédiaire du pont redresseur à diodes
tournant aussi avec l'arbre de la machine.
Le rotor peut être lisses ou saillant, et est
généralement équipé de circuits amortisseurs.
Figure I.1 : Machine à pôles saillants Figure I.2 :
Machine à pôles lisses
2.1.1. Machines Synchrones à rotors bobinés
à pôles lisses
Plutôt adaptées pour des applications à
forte puissance et grande vitesse ; le bobinage est dans ce cas logé
dans des encoches pratiquées dans la masse du rotor et fermées
par des clavettes en acier amagnétique (Figure I.1). Les têtes de
bobines inductrices sont maintenues en place par des frettes en acier
amagnétique. L'entrefer étant d'épaisseur constante, seule
la répartition des encoches et /ou leur remplissage constitue un
paramètre structurel jouant sur la forme d'onde des f.e.m
attendues. Une disposition appropriée permet d'obtenir des
f.e.m sinusoïdales à très faible taux
d'harmoniques.
2.1.2. Machines Synchrones à rotors bobinés
à pôles saillants
Pour les machines à rotors à pôles saillants
(Figure I.2), les bobines inductrices sont montées autour de noyaux
polaires massifs ou feuilletés.
Pour ces machines, le rotor est un électroaimant dont
les pôles sont alternativement nord et sud. Les enroulements sont
alimentés en courant continu, ils sont placés autour des noyaux
polaires. Le nombre de pôles est toujours pair, il varie suivant la
machine. Elles sont utilisées pour des applications qui
nécessitent une simplicité de constitution. Ce type de machine
possède un facteur de puissance relativement faible qui impose un
surdimensionnement des convertisseurs statiques ; ceci est un
inconvénient pour la l'alimentation à fréquence variable.
Pour des application de faible puissance aux environ de quelques kilowatts on
peut s'affranchir de cette faiblesse de ce genre des machines.
2.2. Machines Synchrones à Aimants
Les Machines Synchrones à Aimants présentent
d'énormes avantages et sont de plus en plus utilisées dans les
applications industrielles. Concernant ces machines à aimant, il
existe
deux grandes familles selon la forme géométrique
des aimants (radiale ou tangentielle) et la distribution des bobinages au
stator (sinusoïdale ou trapézoïdale).
Figure I.3 Machine a fem sinusoïdale Figure I.4 :
Machine a fem trapézoïdale
2.3. Machines Synchrones à f.e.m
sinusoïdale
Elles utilisent des aimants d'arc polaire de 120° (Figure
I.3), pour obtenir une induction quasi sinusoïdale, et sont
alimentées en ondes sinusoïdales pures de courant ou de tension
afin d'obtenir un couple uniforme. Les actionneurs correspondant
présentent les propriétés des machines synchrones
classiques à flux sinusoïdal et sont dites sans balais synchrones
(PMSM : Permanent Magnet Synchronous Motors).
2.4. Machines Synchrones à f.e.m
trapézoïdale
Elles utilisent des aimants d'arc polaire de 180° (Figure
I.4) et sont alimentées en étoile par des créneaux de
courant à 120°. Elles présentes les propriétés
des machines à courant continu. Une variante consiste à utiliser
des aimants d'arc polaire de 120° et une alimentation en triangle par des
créneaux de courant de 180°. Les actionneurs correspondants sont
appelés actionneurs à courant continu sans balais (Brushless
Direct Current (BLDC) Motors).
3. Modélisation de la MASP pour la commande
vectorielle
Afin de réaliser la commande vectorielle et ou la
simulation, il est évident de modéliser la machine. La machine
considérée est à p paires de pôles lisses à
aimant. Nous recherchons un modèle simple et adapté à un
traitement numérique.
3.1. Expression des flux
Dans le cas général:
Les flux induits par l'inducteur dans les trois phases
statoriques a, b et c s'écriront:
2.ð 2.ð
Ö fa = Ö m.
f(èe) Ö = Ö è
-
fb f e
. ( ) Ö = Ö è +
fc f e
. ( )
m m
3 3
Dans le cas particulier d'une répartition spatiale
sinusoïdale du champ Bf.
2.ð 2.ð
Ö fa =
Öm.cos(èe) m
Ö = Ö è - m
.cos( ) Ö = Ö è +
.cos( )
fb e fc e
3 3
3.1.1. Expression des flux induits sur les enroulements
statoriques.
Pour la phase aa', le flux totalisé Öa
représente la somme de quatre termes:
Flux propre de a sur a : Öaa = Ls.ia .
Flux mutuel de b sur a : Öba = Ms.ib .
Flux mutuel de c sur a : Öca =
Ms.ic.
Flux mutuel de l'inducteur sur a : Öfa
Ö Ö Ö Ö Ö
a = aa +ba +ca +fa = Ls. i a
+Ms(ib +ic)+ Ö fa
En supposant le neutre non relié. (ib +i c = -
ia), cette dernière relation s'écrit:
fa
Ö = - + Ö = + Ö
a s s a fa c a
( ). .
L M i L i
Lc Inductance cyclique d'un enroulement statorique. L
c = L s - M s .
Remarque: Le terme Lc.ia représente le
flux induit dans la phase a par le champ tournant créé par les
trois courants ia, ib et ic.
3.2. Expression des tensions
En convention récepteur la tension sur la phase a
s'écrit:
dÖ di didi
a c fa
d
a b Ö
+ = . + . + . +
L M M
s s s
dt dt dt dt
v R i
a a
= .
dt
En supposant que le neutre soit non relié.
L'équation précédente devient:
v R i L di a
a a c
= . + .
d
+ Ö
d fa
dt
t
avec
e v i d Ö fa fa
d Ö d è e fa
d Ö
= . = . Ù .
p
a a a
= ( = 0 ) =
dt d è dt d è
e e
La tension sur la phase a s'écrit:
v R i L di
= . + . +
a p a a c dt
d Ö fa R i L di
. Ù . = . + . +
ea
a
a c
d è dt
e
Sur les deux autres phases
v R i L di
= . + . +
b p
b b c dt
|
d Ö fb = . + . + b
R i L di
. Ù . e
d è
b
b c dt
e
|
v R i L di
= . + . +
c p
c c c dt
|
d Ö fc = . + . + c
R i L di
. Ù . e
d è
c
c c dt
e
|
Le schéma électrique d'une phase est
représenté à la figure suivante :
Figure I.5 : Schéma monophasé
équivalent
Figure I.6 : Diagramme vectoriel
Nota : Ce schéma n'est valable que pour des Machine
à pôles lisses en Absence de saturation et pour un Neutre non
relié.
3.3. Expression du couple
Si nous raisonnons sur les énergies relatives à la
phase a on a :
di
v i dt R i L i dt e i dt
. . . . . . . .
= + +
2 a
a a a c a a a
dt
Avec :
va . i a .dt :
Energie électrique fournie à la phase.
R . i a : Energie dissipée sous forme de
pertes joules dans la phase.
2
di
L i dt
. . .
a
c a
dt
|
: Energie électromagnétique stockée dans la
phase.
|
ea .i a .dt :
Energie électromagnétique restituée sous forme
d'énergie mécanique. Conversion Electromécanique :
Cemdèm = Pedt
La puissance électromagnétique instantanée
s'écrit:
P e
=ea.ia+eb.ib+ec.ic
d'où le couple électromagnétique
C+ +
p e i e i e i
= =
e a . a b . b c
. c
emÙ Ù
En remplaçant les f.e.m par leurs expressions en
fonction des flux, on obtient:
d d d
Ö Ö Ö
C p i i i
. . .
fa fb fc
=
em a b c
+ +
d è d è d è
e e e
|