RESUME
Dans le but de contribuer à la promotion du
comportement favorable à la santé au sein de l'habitat en milieu
urbain et étant donnée l'exposition encore mal identifiée,
aux facteurs physiques, biologiques et sociaux et leurs
conséquences sur la santé, nous avons résolu
d'étudier la perception du risque sanitaire dans la commune de
Kamalondo, ville de Lubumbashi en République Démocratique du
Congo.
Notre étude devait évaluer le niveau des
Connaissances, attitudes et les pratiques des habitants face à
l'habitat insalubre.
Nous avons recouru à un échantillonnage
aléatoire systématique, avec comme unité statistique la
parcelle ; leur nombre était déterminé par la formule
de la taille de l'échantillon. Les informations étaient
recueillies par une interview basée sur un questionnaire anonyme et
pré-testé. Le logiciel d'Epi info 2005, version 3.3.2., a servi
pour le traitement et l'analyse des données.
De notre enquête dans les ménages de Kamalondo,
il ressort que :
75% d'habitants sont conscients de la promiscuité
vécue, plus de 75% sont peu préoccupés par le drainage des
eaux, 45% gèrent mal les excrétas, 66% méconnaissent
l'importance de l'air intérieur, 70% utilisent leur latrine comme
douche ; 75,7% ignorent l'impact des bruits sur la vie humaine et 58%
méconnaissent l'existence du comité d'assainissement dans la
commune. Partant, l'habitat de Kamalondo ne réunit que peu de
critères sur ceux requis pour un habitat convenable recommandé
par l'OMS. L'infrastructure urbanistique de base est délabrée, le
logement moins sécurisant et mal assaini pour les occupants; qui
demeurent insuffisamment avertie sur les risques. Or, la lutte contre l'habitat
insalubre est une politique revenant à l'Etat compte tenu des enjeux
qu'elle recouvre en matière de santé publique et de
solidarité nationale.
CHAPITRE I. INTRODUCTION
I.1. DESCRIPTION DE L'ETUDE
I.1.1. Enoncé du problème
Le terme « habitat » désigne l'abri
qui sert à protéger l'homme et le milieu dans lequel il est
implanté. Tout ce qui entoure le logement contribue à la
santé de la famille et de l'individu. L'hygiène de l'habitat a
pour but de maintenir et de promouvoir le bien-être physique, mental et
social des habitants (Munyanga M, 2003).
L'habitat est la conjonction du logement, du foyer, de
l'environnement immédiat et du voisinage. Le rôle de la
santé publique est de fournir les circonstances par lesquelles les gens
peuvent être en bonne santé.
«Un habitat favorable à la santé » est
un habitat qui assure les circonstances nécessaires et suffisantes
à la santé physique, mentale et sociale, à la
sécurité, à l'hygiène, au confort et à
l'intimité. Un habitat favorable à la santé n'est
cependant pas qu'une simple construction : il est plus que le lieu
résidentiel d'un ménage, qui accumulerait tous les
critères et toutes les normes constructives, toutes les connaissances
mobilisées au fil de siècles de construction de logements et
d'aménagement de leurs environnements proches. La déclaration
d'Habitat, Istanbul (1996) définit les caractéristiques d'un
logement convenable, qui sont quasiment conformes à ce que devrait
être un habitat favorable à la santé :
« Vivre dans un logement convenable, ce n'est pas
simplement avoir un toit au-dessus de la tête. Un logement convenable
doit aussi offrir une intimité et une sécurité
satisfaisantes et permettre de jouir de la sécurité d'occupation
; il doit être suffisamment grand, lumineux, chauffé et
aéré, être physiquement accessible, présenter une
structure stable et durable, être équipé des
infrastructures de base telles qu'adduction d'eau, assainissement, collecte des
déchets, se situer dans un environnement de qualité convenable
sur les plans écologique et sanitaire, et, enfin, être à
une distance raisonnable du lieu de travail et des services de base, le tout,
pour un prix abordable. (WHO-EURO, 2004). Shaw (2004) a
montré qu'un habitat non convenable pouvait avoir des effets directs et
indirects sur la santé physique et mentale de ses occupants,
malgré que le bien-être mental est plus difficile à
conceptualiser par rapport au bien-être physique et fait appel à
des notions complexes où s'entremêlent les dimensions sociales,
culturelles et individuelles.
L'insalubrité est définie par la notion de
danger qui associe la dégradation de tout immeuble, bâti ou non,
qu'il soit vacant ou occupé, a des effets négatifs sur la
santé des occupants ou des voisins, et la lutte contre
l'habitat insalubre est une politique régalienne de l'Etat au regard des
enjeux fondamentaux qu'elle recouvre en matière de santé publique
et de solidarité nationale. (Leroy Ph, 2003).
Les risques pour la santé, est une expression
désignant la probabilité d'un événement sanitaire
défavorable ou un facteur qui augmente cette probabilité. Pour
protéger les gens et les aider à se protéger
eux-mêmes, les gouvernements doivent pouvoir évaluer les risques
et choisir les interventions les plus rentables et les plus abordables
financièrement permettant d'éviter leur survenue (Rodgers
A, Vaughan P et al., 2002).
Plus de trois millions d'enfants de moins de cinq ans meurent
chaque année de causes et d'affections liées à
l'environnement. L'environnement compte ainsi parmi les facteurs le plus
souvent à l'origine des décès d'enfants, dont le nombre
dépasse
10 millions par an, et il influe énormément sur
la santé et le bien-être des mères.
La pollution atmosphérique et la pollution de l'air
à l'intérieur des habitations, la contamination de l'eau,
l'absence de système d'assainissement, les substances toxiques, les
vecteurs de maladie, le rayonnement ultraviolet et la dégradation des
écosystèmes, sont autant de facteurs de risque environnementaux
pour les enfants et, la plupart du temps, pour leurs mères.
Ainsi : on estime que, chaque année, 1,6 million
d'enfants meurent de diarrhée, due principalement à la mauvaise
qualité de l'eau et au manque d'assainissement.
La pollution de l'air à l'intérieur des
habitations due à l'usage encore très répandu de
biocombustibles tue près d'un million d'enfants chaque année, la
plupart du temps à la suite d'une infection respiratoire aiguë. Les
mères, qui préparent les repas ou se tiennent près du
foyer après avoir accouché, sont les plus exposées au
risque de maladies respiratoires chroniques.
Le paludisme, de son côté, favorisé par
une mégestion et une mauvaise conservation de l'eau, la
précarité des logements, la déforestation et
l'appauvrissement de la biodiversité, fait chaque année,
d'après les estimations, plus d'un million de victimes de moins de cinq
ans, principalement en Afrique.
Près de 300 000 enfants meurent chaque année de
traumatismes physiques accidentels, qui peuvent être liés aux
dangers de l'environnement domestique ou communautaire :
60 000 enfants meurent de noyade, 40 000 dans un incendie, 16
000 d'une chute, 16000 d'une intoxication, 50 000 dans un accident de la route
et plus de 100 000 d'autres traumatismes accidentels (OMS,
2002).
Chaque année, 4 milliards environ de cas de
diarrhée provoquent 2,2 millions de décès, la plupart chez
des enfants de moins de cinq ans, ce qui équivaut à un enfant
mourant toutes les 15 secondes ou à 20 gros porteurs s'écrasant
chaque jour. Ces décès représentent approximativement 15%
de l'ensemble des décès d'enfants de moins de 5 ans dans les pays
en développement. Les helminthes intestinaux affectent environ 10% de
la population dans les pays en développement. Les parasitoses
intestinales peuvent entraîner, selon la gravité de l'infection,
une malnutrition, une anémie et un retard de croissance.
(Anonyme, 2000)
Plus de 4 millions de personnes meurent chaque année
d'infections respiratoires aiguës, lesquelles constituent la principale
cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans, et ont
été, en 1999, responsables de 7,2 % du nombre total de
décès, tous âges confondus. Dans 99 % des cas, ces enfants
vivent dans les pays en développement. (Yasmin von Sch et
Mulholland C, 2002)
Des symptômes de stress, d'anxiété,
d'irritabilité, de dépression, et même des conduites
agressives (violence, vandalisme), l'altération des facultés
d'attention, à l'école, chez les enfants, peuvent être
associées à des mauvaises conditions d'habitat.
Il est également admis aujourd'hui que certaines
conditions d'habitat peuvent aggraver les pathologies psychiatriques
préexistantes (Evans, 2003).
Le sommeil est essentiel à la vie humaine mais il peut
être sévèrement perturbé par le bruit. Les
perturbations aiguës du sommeil affectent l'état
général de l'individu et, avec une latence propre à
chacun, affectent aussi ses performances qualitatives et quantitatives. Plus de
10% des adultes européens souffrent de troubles chroniques du sommeil
nécessitant un traitement, et au moins 10% supplémentaires ont
des problèmes de sommeil ou des troubles occasionnels la nuit
(Billard, 1993 ; Peter et al. 1995; Fischer et al. 2001).
Aujourd'hui, plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès
à un approvisionnement en eau de qualité et 2,4 milliards ne
bénéficient pas de conditions de salubrité correctes.
(Yasmin von Sch et Mulholland C, 2002)
Cette situation demeure préoccupante dans ce sens que
le risque de générer des problèmes de santé semble
ignoré par les populations urbaines qui, jusqu'à ce jour persiste
dans les habitudes néfastes et susceptibles d'être la cause du
mal-être.
Cependant, la manière dont l'homme perçoit les
risques et y réagit est conditionnée par son expérience et
par les informations et valeurs émanant de sources telles que la
famille, la société et les instances dirigeantes. C'est un
apprentissage qui commence dans l'enfance, lorsque l'on apprend aux enfants
à ne pas jouer avec le feu, et qui est constamment
réactualisé à l'âge adulte. L'individu n'a aucune
prise sur certains de ces risques, telles les flambées
épidémiques, en revanche, il peut en aggraver ou en
atténuer d'autres, comme le tabagisme ou autres pratiques qui nuisent
à la santé. L'obligation de réduire les risques autant que
possible pour vivre longtemps et en bonne santé incombe à la fois
aux individus, à l'ensemble de la population et aux gouvernements
(Rodgers A, Vaughan P et al., 2002).
L'insalubrité de l'habitat demeure une
préoccupation considérable dans plusieurs villes à travers
le monde ; mais le problème semble se poser avec une acuité
particulière dans les villes des pays en développement. Les
populations concernées par ces conditions semblent indifférentes
à ce sujet. En outre, comme partout en République
Démocratique du Congo (RDC), la ville de Lubumbashi ne fait pas
exception en matière d'insalubrité de l'habitat. Les
administrés résistent au changement de comportement face à
l'insalubrité de l'habitat et de l'environnement, qu'ils continuent
à polluer allégrement et sans gêne, ni inquiétude.
En plus, les ménages considèrent souvent
l'amélioration de l'assainissement comme une commodité
personnelle accompagnée de bienfaits personnels plutôt que comme
une responsabilité publique peut expliquer que le développement
de stratégies nationales soit moins perçu comme un
impératif politique (anonyme, 2006).
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