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Perception du risque lié à l'habitat insalubre en milieu urbain

( Télécharger le fichier original )
par Rex BANZA KATSHEKEWA
Université de Lubumbashi - DEA 2007
  

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RESUME

Dans le but de contribuer à la promotion du comportement favorable à la santé au sein de l'habitat en milieu urbain et étant donnée l'exposition encore mal identifiée, aux facteurs physiques, biologiques et sociaux et leurs conséquences sur la santé, nous avons résolu d'étudier la perception du risque sanitaire dans la commune de Kamalondo, ville de Lubumbashi en République Démocratique du Congo.

Notre étude devait évaluer le niveau des Connaissances, attitudes et les pratiques des habitants face à l'habitat insalubre.

Nous avons recouru à un échantillonnage aléatoire systématique, avec comme unité statistique la parcelle ; leur nombre était déterminé par la formule de la taille de l'échantillon. Les informations étaient recueillies par une interview basée sur un questionnaire anonyme et pré-testé. Le logiciel d'Epi info 2005, version 3.3.2., a servi pour le traitement et l'analyse des données.

De notre enquête dans les ménages de Kamalondo, il ressort que :

75% d'habitants sont conscients de la promiscuité vécue, plus de 75% sont peu préoccupés par le drainage des eaux, 45% gèrent mal les excrétas, 66% méconnaissent l'importance de l'air intérieur, 70% utilisent leur latrine comme douche ; 75,7% ignorent l'impact des bruits sur la vie humaine et 58% méconnaissent l'existence du comité d'assainissement dans la commune. Partant, l'habitat de Kamalondo ne réunit que peu de critères sur ceux requis pour un habitat convenable recommandé par l'OMS. L'infrastructure urbanistique de base est délabrée, le logement moins sécurisant et mal assaini  pour les occupants; qui demeurent insuffisamment avertie sur les risques. Or, la lutte contre l'habitat insalubre est une politique revenant à l'Etat compte tenu des enjeux qu'elle recouvre en matière de santé publique et de solidarité nationale. 

CHAPITRE I. INTRODUCTION

I.1. DESCRIPTION DE L'ETUDE

I.1.1. Enoncé du problème

Le terme « habitat » désigne l'abri qui sert à protéger l'homme et le milieu dans lequel il est implanté. Tout ce qui entoure le logement contribue à la santé de la famille et de l'individu. L'hygiène de l'habitat a pour but de maintenir et de promouvoir le bien-être physique, mental et social des habitants (Munyanga M, 2003).

L'habitat est la conjonction du logement, du foyer, de l'environnement immédiat et du voisinage. Le rôle de la santé publique est de fournir les circonstances par lesquelles les gens peuvent être en bonne santé.

«Un habitat favorable à la santé » est un habitat qui assure les circonstances nécessaires et suffisantes à la santé physique, mentale et sociale, à la sécurité, à l'hygiène, au confort et à l'intimité. Un habitat favorable à la santé n'est cependant pas qu'une simple construction : il est plus que le lieu résidentiel d'un ménage, qui accumulerait tous les critères et toutes les normes constructives, toutes les connaissances mobilisées au fil de siècles de construction de logements et d'aménagement de leurs environnements proches. La déclaration d'Habitat, Istanbul (1996) définit les caractéristiques d'un logement convenable, qui sont quasiment conformes à ce que devrait être un habitat favorable à la santé :

« Vivre dans un logement convenable, ce n'est pas simplement avoir un toit au-dessus de la tête. Un logement convenable doit aussi offrir une intimité et une sécurité satisfaisantes et permettre de jouir de la sécurité d'occupation ; il doit être suffisamment grand, lumineux, chauffé et aéré, être physiquement accessible, présenter une structure stable et durable, être équipé des infrastructures de base telles qu'adduction d'eau, assainissement, collecte des déchets, se situer dans un environnement de qualité convenable sur les plans écologique et sanitaire, et, enfin, être à une distance raisonnable du lieu de travail et des services de base, le tout, pour un prix abordable. (WHO-EURO, 2004). Shaw (2004) a montré qu'un habitat non convenable pouvait avoir des effets directs et indirects sur la santé physique et mentale de ses occupants, malgré que le bien-être mental est plus difficile à conceptualiser par rapport au bien-être physique et fait appel à des notions complexes où s'entremêlent les dimensions sociales, culturelles et individuelles.

L'insalubrité est définie par la notion de danger qui associe la dégradation de tout immeuble, bâti ou non, qu'il soit vacant ou occupé, a des effets négatifs sur la santé des occupants ou des voisins, et la lutte contre l'habitat insalubre est une politique régalienne de l'Etat au regard des enjeux fondamentaux qu'elle recouvre en matière de santé publique et de solidarité nationale. (Leroy Ph, 2003).

Les risques pour la santé, est une expression désignant la probabilité d'un événement sanitaire défavorable ou un facteur qui augmente cette probabilité. Pour protéger les gens et les aider à se protéger eux-mêmes, les gouvernements doivent pouvoir évaluer les risques et choisir les interventions les plus rentables et les plus abordables financièrement permettant d'éviter leur survenue (Rodgers A, Vaughan P et al., 2002).

Plus de trois millions d'enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de causes et d'affections liées à l'environnement. L'environnement compte ainsi parmi les facteurs le plus souvent à l'origine des décès d'enfants, dont le nombre dépasse

10 millions par an, et il influe énormément sur la santé et le bien-être des mères.

La pollution atmosphérique et la pollution de l'air à l'intérieur des habitations, la contamination de l'eau, l'absence de système d'assainissement, les substances toxiques, les vecteurs de maladie, le rayonnement ultraviolet et la dégradation des écosystèmes, sont autant de facteurs de risque environnementaux pour les enfants et, la plupart du temps, pour leurs mères.

Ainsi : on estime que, chaque année, 1,6 million d'enfants meurent de diarrhée, due principalement à la mauvaise qualité de l'eau et au manque d'assainissement.

La pollution de l'air à l'intérieur des habitations due à l'usage encore très répandu de biocombustibles tue près d'un million d'enfants chaque année, la plupart du temps à la suite d'une infection respiratoire aiguë. Les mères, qui préparent les repas ou se tiennent près du foyer après avoir accouché, sont les plus exposées au risque de maladies respiratoires chroniques.

Le paludisme, de son côté, favorisé par une mégestion et une mauvaise conservation de l'eau, la précarité des logements, la déforestation et l'appauvrissement de la biodiversité, fait chaque année, d'après les estimations, plus d'un million de victimes de moins de cinq ans, principalement en Afrique.

Près de 300 000 enfants meurent chaque année de traumatismes physiques accidentels, qui peuvent être liés aux dangers de l'environnement domestique ou communautaire :

60 000 enfants meurent de noyade, 40 000 dans un incendie, 16 000 d'une chute, 16000 d'une intoxication, 50 000 dans un accident de la route et plus de 100 000 d'autres traumatismes accidentels (OMS, 2002).

Chaque année, 4 milliards environ de cas de diarrhée provoquent 2,2 millions de décès, la plupart chez des enfants de moins de cinq ans, ce qui équivaut à un enfant mourant toutes les 15 secondes ou à 20 gros porteurs s'écrasant chaque jour. Ces décès représentent approximativement 15% de l'ensemble des décès d'enfants de moins de 5 ans dans les pays en développement. Les helminthes intestinaux affectent environ 10% de la population dans les pays en développement. Les parasitoses intestinales peuvent entraîner, selon la gravité de l'infection, une malnutrition, une anémie et un retard de croissance. (Anonyme, 2000)

Plus de 4 millions de personnes meurent chaque année d'infections respiratoires aiguës, lesquelles constituent la principale cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans, et ont été, en 1999, responsables de 7,2 % du nombre total de décès, tous âges confondus. Dans 99 % des cas, ces enfants vivent dans les pays en développement. (Yasmin von Sch et Mulholland C, 2002)

Des symptômes de stress, d'anxiété, d'irritabilité, de dépression, et même des conduites agressives (violence, vandalisme), l'altération des facultés d'attention, à l'école, chez les enfants, peuvent être associées à des mauvaises conditions d'habitat.

Il est également admis aujourd'hui que certaines conditions d'habitat peuvent aggraver les pathologies psychiatriques préexistantes (Evans, 2003).

Le sommeil est essentiel à la vie humaine mais il peut être sévèrement perturbé par le bruit. Les perturbations aiguës du sommeil affectent l'état général de l'individu et, avec une latence propre à chacun, affectent aussi ses performances qualitatives et quantitatives. Plus de 10% des adultes européens souffrent de troubles chroniques du sommeil nécessitant un traitement, et au moins 10% supplémentaires ont des problèmes de sommeil ou des troubles occasionnels la nuit (Billard, 1993 ; Peter et al. 1995; Fischer et al. 2001). Aujourd'hui, plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès à un approvisionnement en eau de qualité et 2,4 milliards ne bénéficient pas de conditions de salubrité correctes. (Yasmin von Sch et Mulholland C, 2002)

Cette situation demeure préoccupante dans ce sens que le risque de générer des problèmes de santé semble ignoré par les populations urbaines qui, jusqu'à ce jour persiste dans les habitudes néfastes et susceptibles d'être la cause du mal-être.

Cependant, la manière dont l'homme perçoit les risques et y réagit est conditionnée par son expérience et par les informations et valeurs émanant de sources telles que la famille, la société et les instances dirigeantes. C'est un apprentissage qui commence dans l'enfance, lorsque l'on apprend aux enfants à ne pas jouer avec le feu, et qui est constamment réactualisé à l'âge adulte. L'individu n'a aucune prise sur certains de ces risques, telles les flambées épidémiques, en revanche, il peut en aggraver ou en atténuer d'autres, comme le tabagisme ou autres pratiques qui nuisent à la santé. L'obligation de réduire les risques autant que possible pour vivre longtemps et en bonne santé incombe à la fois aux individus, à l'ensemble de la population et aux gouvernements (Rodgers A, Vaughan P et al., 2002).

L'insalubrité de l'habitat demeure une préoccupation considérable dans plusieurs villes à travers le monde ; mais le problème semble se poser avec une acuité particulière dans les villes des pays en développement. Les populations concernées par ces conditions semblent indifférentes à ce sujet. En outre, comme partout en République Démocratique du Congo (RDC), la ville de Lubumbashi ne fait pas exception en matière d'insalubrité de l'habitat. Les administrés résistent au changement de comportement face à l'insalubrité de l'habitat et de l'environnement, qu'ils continuent à polluer allégrement et sans gêne, ni inquiétude.

En plus, les ménages considèrent souvent l'amélioration de l'assainissement comme une commodité personnelle accompagnée de bienfaits personnels plutôt que comme une responsabilité publique peut expliquer que le développement de stratégies nationales soit moins perçu comme un impératif politique (anonyme, 2006).

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