§ 2 - Du recensement des
victimes et leurs ayants droit
En Afrique et plus particulièrement au Burkina Faso,
lorsqu'une personne décède, il y a lieu de lui organiser des
obsèques et des funérailles conformément aux rites
prescrits par ses ancêtres ou par sa religion. Il s'agit de permettre
à l'âme du défunt de reposer en paix, en même temps
qu'à sa famille de faire dignement le deuil. En tout état de
cause, la famille doit être au moins informé du lieu de
l'ensevelissement. La non satisfaction de ces exigences socioculturelles et ce,
malgré l'existence d'un l'ensemble de principes pour la protection de
toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention
ou d'emprisonnement adopté par l'Assemblée générale
dans sa résolution 43/173 du 9 décembre 1988, a causé tant
de frustrations, de rancoeurs et d'injustice. Dès lors, il était
important que les familles obtiennent des clarifications aussi bien sur la
situation de leurs disparus ou morts que sur le lieu de sépulture.
A - La situation des personnes disparues
Quinze personnes avaient été concernées
par cette situation. Après les différentes investigations, dix
(10) cas ont pu être clarifiés dont des cas célèbres
comme celui du professeur d'université SESSOUMA Guillaume et de
l'étudiant en 7ème année de médecine
DABO Boukary décédés respectivement en 1989 et en 1990 et
dont les noms ressortent chaque année dans les plates-formes
revendicatives de l'Association Nationale Des Etudiants du Burkina (ANEB) et du
CODMPP. Cinq cas de disparition n'ont pas pu être élucidés
et font toujours l'objet d'investigation.
Il est à noter que la quasi totalité des
disparitions l'ont été courant années 1987- 1998 et
correspondant à la fin de la période des Etats d'exceptions et au
début de l'ère démocratique. Les tombes ont
été localisées principalement dans des régions
à fortes activités militaires. Ce qui laisse penser que ces
disparitions sont du fait de ces derniers et sont politiques.
Ces disparitions constituent des violations de droits
consacrés par l'article 02 de la Constitution du 02 juin 1991 ainsi
qu'il suit : « la protection de la vie, la sûreté
et l'intégrité physique sont garanties. » En outre,
selon l'article 03 de ladite Constitution: « Nul ne peut être
privé de sa liberté s'il n'est poursuivi pour des faits
prévus et punis par la loi. Nul ne peut être arrêté,
gardé, déporté ou exilé qu'en vertu de la
loi. »
B - La localisation et/ou l'identification des
tombes
Trente-deux (32) cas de tombes à localiser et/ou
à identifier ont été recensés par le comité.
Les investigations ont permis de localiser et/ou d'identifier vingt-deux tombes
dans la province du Nahouri, du kadiogo, du Boulkiemdé et du Houet. Deux
tombes ont été localisées au Libéria. La situation
des tombes donne le tableau suivant :
Classifications
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Nombres
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Tombes individuelles localisées et
identifiées
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Huit (08)
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Tombes individuelles localisées mais non
identifiées
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Douze (12)
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Tombes communes à deux (02) localisées et
identifiées
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Deux (02)
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Tombes communes à cinq (05) localisées et
identifiées
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Une (01)
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Tombes communes à six (06) localisées et
identifiées
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Une (01)
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Tombes individuelles non localisées et non
identifiées
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Cinq (05)
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Total
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Source : Rapport général sur la mise en
oeuvre des recommandations de la CRN, Ouagadougou, mai 2001, p.24
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