Justice transitionnelle au Burkina Faso, originalité ou pis-aller?( Télécharger le fichier original )par Lamoussa Windpingré Pascal ZOMBRE Université de Genève - Certificat en droits de l'homme 2006 |
Section 2 : Les victimesLes victimes des quarante années d'histoire politique tragique s'entendent des personnes physiques qui ont payé de leur vie des violences commises au nom de la République, de leurs familles, mais aussi de l'ensemble des Burkinabé. § 1 - Les victimes et leurs ayants droitLes investigations ont fait ressortir que plus de cent quatre (104) personnes ont perdu la vie par suite directe de coups d'Etat, d'attentats ou d'assassinats, de tortures, de tentatives de coups d'Etat, de bavures policières de lynchage, de guerres, de disparitions ou autres. S'ajoutent à cette liste, les cas de violences à caractère privé, à caractère administratif, à connotation politique (vandalisme et séquestration) qui s'élèvent à cent trente sept (137) victimes. Quoique ce nombre de crimes et de violences soit en deçà des bilans semblables dressés dans certains pays, il n'en demeure pas moins que ce soit des vies humaines qui aient été enlevées injustement. Toute chose contraire aux garanties accordées par les différentes conventions internationales47(*). Les victimes indirectes, appelées ayants droit, sont les descendants et/ou les ascendants. Ce sont ceux qui ont le plus souvent souffert non pas uniquement de la perte d'un des leurs, mais surtout du silence, du manque d'information, de l'impossibilité d'offrir à leur mort une sépulture digne de ce nom et celle de leur rendre justice. § 2 - Le peupleL'un des trois éléments constitutifs de l'Etat est la population. Cette population, en échange de son obéissance au pouvoir en place et de l'impôt dont elle s'acquitte, attend la sécurité et le bien-être socio-économique de la part du gouvernement. Cela n'a pas toujours été le cas au Burkina Faso tout au long des quarante années. Dans son allocution à l'occasion de la journée nationale du pardon, le Président du Faso s'adressait en ces termes aux populations présentes à la cérémonie : « Comme la plupart des peuples du monde, tu as connu bien de vicissitudes et de traumatismes. Comme la plupart des peuples, tu as connu des périodes de paix et de stabilité, des instants de bonheur, des sursauts d'espoir, hélas quelques fois ternis et compromis pour des actes que tu abhorres parce qu'en contradiction avec ton idéal de tolérance et de dialogue dans la construction de ton bonheur. » Le statut de victime a été reconnu au peuple du Burkina Faso qui a souffert des violences de ses fils et filles. Ces actes ont compromis son développement socio-économique, accentuant ainsi son retard sur le développement humain durable48(*). Outre ce retard, il y a que les institutions républicaines garantes du jeu démocratique ont mis du temps avant de se mettre en place. * 47 Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants entrée en vigueur le 26 juin 1987, conformément aux dispositions de l'article 27 (1) ; Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d'emprisonnement, adopté par l'Assemblée générale dans sa résolution 43/173 du 9 décembre 1988 ; Déclaration des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité et aux victimes d'abus de pouvoir, adoptée par l'Assemblée générale dans sa résolution 40/34 du 29 novembre 1985 * 48V. PNUD : Rapport mondial sur le développement humain 2005, la coopération internationale à la croisée des chemins, économica, paris 2005. Ledit rapport classe le Burkina Faso 175/177 sur l'indicateur du développement Humain. |
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