SECTION II : DEVELOPPEMENT TECHNIQUE DE L'ASSURANCE
Au XIXe et plus encore au XXe siècle, les
progrès économiques et techniques se sont traduits par un
prodigieux développement de l'assurance. Il serait fort difficile
d'établir aujourd'hui, une liste des risques maintenant couverts par
l'assurance,
1 Source : Encyclopédie Encarta 2006.
d'autant plus que cette liste s'allonge chaque jour. On
retiendra simplement que la Révolution Industrielle (I) a eu pour
conséquence le renforcement des techniques de gestion des risques,
notamment par l'élaboration de la statistique (II).
I/ REVOLUTION INDUSTRIELLE
En grande partie, la notion de risque résulte des
progrès scientifiques et techniques car le développement de
l'économie génère ses propres risques. En effet, on note
une accumulation des richesses dans les fabriques, les aéroports et les
marchés, suite aux lourds investissements acquis dans ces milieux. En
outre, pour les besoins de leurs activités, les sociétés
utilisent des matières dangereuses dans le processus de fabrication des
produits commercialisés. De même, le phénomène de
l'industrialisation accroît le nombre et l'importance des risques
liés au travail.
Cette évolution motivera à la fin du XIXe
siècle, la création d'un système d'assurance sociale,
embryon de celui qui existe actuellement dans nos pays. La Prusse sera le
premier pays à instaurer une solidarité interprofessionnelle en
Europe et à rendre l'assurance sociale obligatoire. Le but était
alors de contraindre les salariés les plus défavorisés
à épargner pour leur retraite ou en prévoyance de la
survenance d'un accident lié aux conditions d'exercice de leur
profession. Ce n'est qu'à la fin de la seconde guerre mondiale que sera
généralisé ce système de solidarité et
d'assurance avec la création de la Sécurité Sociale.
Par ailleurs, l'essor du commerce international repose en
partie sur l'existence de l'assurance car les négociateurs et armateurs
acceptent les risques du transport, grâce à la couverture des
assureurs. Cette certitude d'être indemnisé en cas de sinistre, a
finalement rendu possible les voyages les plus lointains.
En conséquence, face à la modernisation et au
développement du commerce ainsi qu'au nombre de plus en plus important
des acteurs à la quête de couvertures, les assureurs ont senti la
nécessité de renforcer les procédés de gestion du
système d'organisation, via les mathématiques.
II/ ELABORATION DES LOIS MATHEMATIQUES
Conformément à la définition de Joseph
HEMARD, le mécanisme de l'assurance s'appuie sur la compensation des
risques : si tous les assurés sont soumis
à un risque, la probabilité de voir celui-ci se
réaliser pour tous les assurés est faible, étant
donné que le risque zéro n'existe pas. L'assureur doit donc
être capable de prévoir, lorsqu'il établit ses polices, les
charges qu'il aura à supporter. Pour cela, il doit se
référer à la loi mathématique, notamment la loi des
grands nombres (1).
Pour les besoins de la cause, PASCAL, à la demande d'un
joueur passionné de cartes, le chevalier de Méré,
découvre les bases du calcul des probabilités et la loi des
grands nombres (La Géométrie du Hasard, 1654). Trois ans plus
tard, le Hollandais Christian HUYGENS retrouve les calculs de PASCAL et fait
paraître, en 1657, le calcul dans les jeux du hasard. À la
même époque, Christiaan HUYGENS, aidé par son frère,
rédige la première table de mortalité, et Jean de WITT,
grand pensionnaire de Hollande, établit le premier calcul des rentes
viagères, dont le coût était jugé arbitraire en
l'absence d'indications statistiques valables sur la durée de la vie
humaine.
Ces travaux sont complétés au XVIIIe
siècle par l'astronome anglais HALLEY et le théologien allemand
NEUMANN qui ont rassemblé de nombreux renseignements sur la
mortalité. Ils sont couronnés à la fin du siècle,
par le Français DEPARCIEUX à partir de l'expérience des
« tontines », du nom du créateur, le banquier napolitain
Lorenzo TONTI (1653). Auteur du premier traité d'actuariat, l'Anglais
Richard PRICE mérite une place particulière. Son ouvrage, qui
aura une influence notable sur le fonctionnement des premières
compagnies d'assurances, démontre notamment la nécessité
de prévoir des « réserves mathématiques ».
De nos jours, ces calculs scientifiques à la
disposition de l'assureur sont effectués par des spécialistes
appelés actuaires. Ces derniers intègrent dans le calcul de la
prime, ou cotisation, les chargements, la prime pure, les taxes au profit de
l'Etat, la marge d'incertitude, le bénéfice, les produits
financiers.
En gros, malgré les transmutations accrues
notées dans le domaine de l'assurance, ce n'est qu'au milieu du XIXe
siècle que la science actuarielle permettra l'extension du domaine
d'application, jusque là limité à l'assurance maritime,
l'assurance incendie et l'assurance vie. Aujourd'hui, le secteur de l'assurance
s'est développé à telle enseigne qu'on dispose d'un
système juridique communautaire approfondi et d'un système
professionnel modernisé.
1 La loi des grands nombres permet d'établir
les lois de survenance des risques et en fonction de la probabilité de
leur survenance et de leur fréquence, de déterminer le montant
des polices d'assurances auquel s'ajoute les frais de gestion de l'assureur.
Alors, il reste valable que la valeur de l'indemnisation varie selon la
fréquence des sinistres et la valeur assurée.
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