INTRODUCTION GENERALE
Le souci du lendemain et le dessein de l'avenir sont le propre
de l'homme. En effet, ces deux concepts font naître en chacun de nous, un
besoin naturel de sécurité. Ce besoin naturel conduit l'homme
à inventer et à améliorer sans cesse des moyens originaux
de protection sociale et économique basés en grande partie sur le
principe de la solidarité et de la mutualité.
Au sein des sociétés primitives et antiques, les
hommes ont vite compris les vertus de l'entraide. La solidarité qui nait
de la vie en communauté permet la survie du groupe dans un milieu
hostile soutenu par des fatalités et des évènements
fortuits contre lesquels la volonté de l'homme ne peut rien. Toutefois,
il convient de dire que ces mutualités menèrent aux assurances
à primes, dont les premiers vestiges ont été notés
au milieu du quatorzième siècle. Alors, le principe de
solidarité qui prédominait dans le passé, a
cédé sa place à une forme d'assistance basée sur
l'intérêt de chacune des parties au contrat sous le nom
d'assuré et d'assureur. Dans cet ordre d'idées, Joseph HEMARD, un
écrivain contemporain, définit l'assurance comme «une
opération par laquelle une partie -l'assuré- se fait promettre
moyennant une rémunération -la prime- pour lui ou pour un tiers
en cas de réalisation d'un risque, une prestation par une autre partie
-l'assureur- qui, prenant en charge un ensemble de risques les compense
conformément aux lois de la statistique».
De cette définition, nous relevons d'une part que
plusieurs éléments interviennent dans l'opération
d'assurance. On peut citer principalement le risque, la prime, la prestation de
l'assureur.
Le risque est l'évènement dommageable contre
lequel on cherche à se prémunir (incendie, vol, accident...).
Mais il peut signifier d'autres sens, à savoir l'objet de l'assurance
(habitation, marchandises, navire...) ou encore la catégorie d'assurance
(automobile, risque industriel, risque commercial...). La prime est la
contrepartie financière que l'assuré paie à l'assureur qui
s'engage à le prendre en charge en cas de sinistre. En ce qui concerne
la prestation de l'assureur, elle se résume à l'indemnité
de ce dernier au profit du bénéficiaire, en cas de sinistre dans
les conditions prévues au contrat.
D'autre part, on peut noter que l'objectif visé par la
personne assurée a une connotation économique dans la mesure
où elle cherche une garantie contre un sinistre pour lequel
financièrement, à elle seule, elle ne pourra pas faire face. Par
ailleurs, la cotisation émise par l'assuré permet à la
société d'assurances de respecter
ses engagements échus vis-à-vis des tiers.
L'assurance trouve ainsi une place importante dans l'économie nationale
car elle participe activement au processus du développement
économique. D'ailleurs, c'est dans ce sens que s'insère notre
sujet qui porte sur «Assurance et Economie : cas du
Sénégal».
Ce thème mérite surtout d'être
étudié car elle présente plusieurs intérêts.
D'abord, il permet de mieux cerner l'organisation professionnelle du secteur de
l'assurance en passant par une maitrise de son domaine d'application et une
compréhension de sa genèse. En outre, il révèle les
performances économiques et financières du monde de l'assurance
démontrant ainsi les différents rôles joués par ce
secteur sur la base de données récentes.
Une tendance vers une culture de l'assurance moderne,
l'accès à des données appréciables et
régulières, une stabilité politique et économique
ont conditionné le choix du Sénégal qui demeure un pays
sujet à la curiosité étrangère. En effet, le
Sénégal se situe à l'extrême ouest du continent
africain entre 13°5 et 16°5 de latitude nord. Il est limité au
nord par la République Islamique de Mauritanie et, à l'est, par
le Mali ; au sud par la Guinée Bissau et la République de
Guinée ; à l'ouest par l'Océan Atlantique. La Gambie
située entre les régions de Kaolack et de Ziguinchor forme une
enclave sur le cours inférieur du fleuve du même nom. Le climat
est de type soudanosahélien caractérisé par l'alternance
d'une saison sèche et d'une saison des pluies allant de juin à
octobre (1).
Depuis le début de l'année 2002 correspondant
à la deuxième année du mandat du Président
Abdoulaye WADE, le Sénégal est divisé en 11
régions, 33 départements qui sont à leur tour
divisés en sous-préfectures, communes, villages, et
communautés rurales. La population inégalement répartie
sur le territoire national, se chiffre à 11,4 millions d'habitants
(2) en 2006, avec un produit intérieur brut (PIB) de 4, 683
milliards de francs CFA. Le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG)
reste fixé à 36 460 francs CFA (3)
Cette brève présentation sur le
Sénégal étant close, il est loisible de dire
qu'aujourd'hui, ce pays ouvre bien des perspectives d'avenir dans le secteur de
l'assurance du fait que, chaque année, les compagnies d'assurances qui
s'y sont installées enregistrent des performances. Les
sociétés d'assurances vie sont
1 Cf. "SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE DU SENEGAL,
Edition 2004 et 2005", Direction de la prévision et de la
statistique.
2 Vingt millions d'habitants prévus d'ici
2020.
3 Les données sur le PIB et le SMIG sont celles
de l'année 2006 et proviennent de la Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
pratiquement : SONAM-VIE, AMSA-VIE, AGF-VIE, UASEN-VIE,
ILICO... Les compagnies IARD ou IART (1) sont plus nombreuses avec
AXA, PA, AGF, AMSA, SONAM SA, NSIA, CNART, SOSAR...
Cependant, ne pouvant pas traiter exhaustivement dans ce cadre
restreint, les tenants et aboutissants du sujet, nous avons jugé utile
de parler, d'une façon générale, du secteur de
l'assurance, partie dans laquelle on parlera de l'évolution de
l'assurance et ses principes juridiques sans oublier d'aborder sa
structuration. Cet avant dernier point sera étudié dans le cadre
de la Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurances
(CIMA).
La suite sera consacrée aux performances et aux
rôles de l'assurance dans l'économie nationale du
Sénégal. Cette partie sera accentuée par des
résultats chiffrés recueillis au niveau des
sociétés d'assurances.
En résumé, il semble intéressant de
s'attacher tout d'abord à l'étude des
généralités du secteur de l'assurance (Partie I) puis,
à la place et aux rôles de l'assurance dans la vie active (Partie
II).
1 IARD signifie Incendies Accidents Risques Divers
alors qu'IART désigne Incendie Accidents Risques Transports. Ils ont
pratiquement le même objet social. D'ailleurs, les sociétés
les regroupent pour former des sociétés dommages sous le label
IARDT.
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE SECTEUR
DES ASSURANCES
Expression de la solidarité qui unit les groupes
humains face à l'adversité, la mutualité, sous la forme de
l'entraide, est sans doute aussi ancienne que la société
(1). Dès la plus haute Antiquité, apparaissent de
véritables institutions de secours mutuel entre personnes
exposées à des risques comparables. Dans un passé
récent, cette mutualité fut convertie en véritable
assurance, gérée par un système beaucoup plus formel au
sein duquel les mathématiques ont joué un rôle
primordial.
Ainsi, l'appréhension de cette mutation passe
nécessairement par deux paramètres essentiels : le passé
de l'Assurance (Chapitre I), et l'organisation actuelle du secteur (Chapitre
II).
1 Ici, on fait allusion à la mutualité
comme association non lucrative, et à la société
commerciale qui est apparue très récemment et qui a une cause
différente de celle de son précurseur.
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