République Algérienne Démocratique
et Populaire
Ministère de L'enseignement Supérieur Et de la
Recherche Scientifique.
Centre Universitaire Dr."Moulay Tahar"-Saida.
Faculté des lettres et des langues
étrangères
Département de Français.
Mémoire de Fin d'Etude de Licence.
Thème:
Identité culturelle dans "Bleu Blanc
Vert"de
Maïssa Bey.
Présenté par:
Sous la Direction de :
v Khaldoun Souad Fatma.
Melle Bengaffour Nawal
v Khaldoun Mohamed Amine.
Promotion 2007/2008
Remerciements
Nous tenons, tout d'abord, à adresser nos plus profonds
et sincères remerciements à notre directrice de recherche
Melle Bengaffour Nawal, qui a dirigé ce travail, pour tous
ses conseils et ses encouragements avisés ainsi que pour ses travaux de
recherche qui nous furent d'une aide précieuse. On lui exprime notre
gratitude pour nous avoir guidés dans ce travail, ménageant son
temps, son savoir, sa patience pour que ce travail arrive à son
terme.
Nos remerciements sont aussi adressés à nos
professeurs Mme Bekaddour Rajia, Melle Bouhdjar Souad,
Melle Sebbar Khadra, Mr Ourdi Brahim, Mr Ould
Said, Mr Maarif, Mr Benbakriti, et Mr Lakhdar
Lazrag.
Nous tenons à remercier également le chef de
département de Français Mr Haddou.
Un grand merci à Madame Chabli Kheira qui nous a
assistés, conseillés, soutenus tout au long de notre cursus.
Merci à vous tous.
Dédicace
A notre père auquel nous tenons la force, la
ténacité et qui a tout sacrifié pour notre
éducation.
A notre mère cet ange de tendresse, de patience et de
générosité, dont la voix résonne encore dans nos
oreilles pour nous
réveiller à l'aube et veiller ainsi au bon
déroulement de nos études.
A la mémoire de nos défunts grands-pères
Khaldoun Khaled et Boubred Lakhdar et grand-mère Belmahi Kheira.
A toutes Les familles : Khaldoun, Boubred, Habibes,
Gourara, Remmas, Arbi Ben Omran, Guenaoui, Bénacef, Benzait, Laouti,
Belmahi et Mohend Amer.
A tous les dirigeants de MCSaida hand ball, MrNouar
Brahim,
Mr Boutaleb, Mr Dahmani, Mr Hadj Fezza et
l'ensemble de l'équipe « Athlètes ».
A tous nos amis.
Introduction :
« La littérature maghrébine
d'expression française est en grande partie cette danse de désir
mortel devant un miroir fabriqué par l'Occident. Miroir qu'on ne cesse
de briser et de reconstituer, pour mieux souligner le simulacre d'un projet de
meurtre qui se retourne le plus souvent en quête d'amour et de
revendication d'une reconnaissance éperdue, toujours
contrite. »
Il existe, en effet, un ensemble de textes qui ont en commun
des procédés du Maghreb, selon divers principes comme, le lieu de
naissance des écrivains, le lieu de dissémination des traditions
orales.
La participation à un imaginaire spécial de
l'Afrique du nord, l'insertion dans une production est une circulation
littéraire centrée au fond du Maghreb.
Nous remarquons, certes, que cette littérature, se
compose de "Maghreb" et de "langue française", deux univers culturels
qui se rencontrent, se confrontent et s'enrichissent. C'est le lieu des
ouvertures, des mentalités et des métissages culturels.
En outre, cette littérature est riche en
quantité et en qualité. C'est une littérature qui a,
désormais, sa place dans le concert littéraire international.
Effectivement, de grands auteurs ont marqué l'histoire littéraire
de cette aire géographique et culturelle, tels que: Mouloud Feraoun,
Kateb Yacine, Mohamed Dib, Taher Benjelloun, Yasmina Khadra et d'autres dont
les oeuvres devenues universelles, objet d'étude et d'analyses
académiques. La littérature maghrébine d'expression
française, dominée par les noms d'hommes, a aussi donné
aux femmes le droit à la parole et l'expression libre afin d'imposer
leurs noms et leurs écritures. Des noms de femmes ont illustré
le patrimoine littéraire de cette région du Maghreb comme: Assia
Djebar, Aicha Belbari, Neziha Rejiba, Maissa Bey, Nina Bouaraoui, Leila
Sebbar, connues et reconnues de par leurs engagement littéraire.
Depuis des siècles, les femmes en Algérie sont
tenues dans le silence ; mensonges et hypocrisie entourent leur condition.
C'est contre cela que Maïssa Bey décide de se battre : son
écriture, du fait même de son existence, incarne la dissidence.
Dissidence, mais également paradoxe par la possibilité de vie et
de mort : l'écriture est en effet Vie, Création et Espoir.
Cependant, les mots sont plus dangereux que les armes ; ils dévoilent ce
que l'on ne doit pas montrer, ils disent ce que l'on veut cacher. Ainsi,
témoigner, dire l'innommable, tel est le but de Maïssa Bey dont
l'écriture est à la fois dissidence et paradoxe.
De son vrai nom Samia Benameur, Maïssa Bey est née
en 1950 à Ksar-el-Boukhari, petit village au sud d'Alger. Elle est
professeur de français dans un lycée de l'Ouest algérien
et mère de quatre enfants. En 1996, Maissa Bey faisait son entrée
dans la littérature algérienne francophone,
avec « Au commencement était la mer »
court roman mêlant le tragique du destin avorté d'une jeune fille.
Publié chez Grasset "Nouvelles d'Algérie"1(*). Elle a été «
une enfant colonisée ». Son père, combattant du FLN, a
été tué durant la guerre. Après des études
au lycée Fromentin d'Alger, puis à l'université,
Maïssa Bey est actuellement professeur de français dans son pays.
Nourrie, imprégnée de culture française, elle écrit
dans cette langue, dont elle déclare qu'il est bien plus réaliste
de la considérer comme un acquis, un bien précieux, et
peut-être même un « butin de guerre ».
Maïssa Bey est un pseudonyme ; « C'est ma
mère qui a pensé à ce prénom qu'elle avait
déjà voulu me donner à la naissance et l'une de nos
grand-mères maternelles portait le nom de Bey»2(*)
C'est donc par des femmes qu'elle a trouvé sa nouvelle
identité, ce qui lui permet aujourd'hui de se dire, de se raconter, de
donner à voir sans être immédiatement reconnue.
« Bleu Blanc Vert »3(*), est un roman semi
-biographique, impliquant un front de vérité
référentielle. Il relate les récits alternés de
deux voix énonciatives "Lilas"et "Ali". En
ce sens, notre corpus d'analyse reprend une anecdote relatée par
"Ali", désigné par l'embrayeur "lui" .Dans les
premières pages, à l'école, les jeunes se voient bannir
l'utilisation du stylo rouge, remplacé par le vert pour éviter de
reproduire sur le papier les couleurs du drapeau français, symbole du
joug colonial. Le peuple algérien est désormais libre de se
construire ou de se détruire. L'anecdote devient le symbole du
règne d'une politique correcte qui prétend opérer le
réformisme des esprits et la gestion des forces politiques.
En racontant l'histoire, la narratrice s'est inspirée
des événements socio-historiques afin de re-produire cette
histoire, dans laquelle, on retrouve deux cultures
représentées selon l'état d'esprit des
deux adolescents "Ali" et "Lila". Ces deux cultures émergent et
procurent au texte son authenticité.
Cette histoire porte, ainsi, deux regards différents
sur ce qui s'est passé en
Algérie depuis 1962, où les algériens
célèbrent, dans une grande liesse populaire,
l'indépendance le 5juillet 1962. L'espace historique "Alger"
devient une capitale culturelle, politique et diplomatique du tiers monde,
ainsi qu'une ville phare du mouvement des non alignés. En octobre 1988,
Alger devenu le théâtre de manifestation réclamant la fin
du système de parti unique: une véritable démocratie
baptisée "Le printemps d'Alger". En 1989, une nouvelle
constitution adoptée met fin au règne du parti unique et
voit la création de plus de cinquante partis politiques, ainsi
qu'une libération officielle de la presse écrite.
La crise des années 1990, guerre civile
algérienne, la ville devient alors jusqu'en 1992 le théâtre
de nombreuses manifestations politiques de toutes tendances. En 1991 une
formation politique dominée par des conservateurs religieux, le FIS
engage un bras de fer politique avec les autorités qui se soldent par
des élections législatives.
Notre préoccupation littéraire vise
différentes problématique, à savoir, comment Maissa Bey a
pu s'imposer en écrivant ce roman « Bleu Blanc
Vert » malgré les années tragiques vécues
par les Algériens?
« Aujourd'hui, écrire, parler, dire
simplement ce que nous vivons, n'est plus une condition nécessaire et
suffisante pour être menacée, combien d'hommes, de femmes et
d'enfants continuent d'être massacrés ? Dans des conditions
horribles, alors qu'ils se pensaient à l'abri, n'ayant jamais
songé à déclarer publiquement leur rejet de
l'intégrisme ? » 4(*)
Nous avons choisi le roman « Bleu Blanc
Vert » parce que Maissa Bey a sa propre vision historique sur
l'Algérie. D'une part, elle est l'une des
romancières attachantes de cette nouvelle génération
d'écrivaines algériennes des années 1990, empruntant les
voies diverses de la narration, de la nouvelle au roman.
D'autre part, elle se singularise par une écriture
offrant des silhouettes et esquisse de multiples facettes de l'Algérie
actuelle avec son style propre et sa pudeur provocatrice. Son écriture
fait partie de la littérature maghrébine d'expression
française : le français sert de langue d'écriture.
Maïssa Bey évoque la construction de
l'Algérie nouvelle, ses forces mais aussi ses errances. Elle nous
présente une Algérie déchirée par le terrorisme que
l'on retrouve dix huit ans après.
Comment vivre dans une société
déchirée entre modernité et traditions ?
A travers ce roman « Bleu blanc
vert », l'auteure tente d'y répondre à travers ses
deux héros dont le monologue interne montre une vision intimiste de
l'histoire, celle de l'Algérie et de son passé post colonial. Le
dernier roman de Maïssa Bey est un nouveau témoignage contre
l'oubli des affres du passé algérien. Un plaidoyer sans doute
teinté de subjectivité, celle des femmes algériennes
où Lilas incarne sa fragilité, ses révoltes mais aussi
ses soumissions. Récit historique, politique et social de
l'Algérie des années 1960 à la fin du XXème
siècle, « Bleu Blanc Vert » est aussi une
belle histoire d'amour qui souffle un vent poétique et chaleureux sur
cette rentrée 2006.
"Encore une séquelle de guerre. Tous nos
pères sont des héros. Forcément sublime. On ne nous permet
pas de l'oublier. Chaque commémoration, chaque slogan, chaque discours
nous le rappellent. Nous devons nous montrer dignes du sacrifice de nos
aînés. De ceux qui ont écrit l'histoire. Sang des martyrs
et larmes des mères."5(*)
"Elles me hantent, ces femmes assises, immobiles, sans
projet autre que celui d'être ramenées chez elles par leur mari.
Je ne pense pas que cette pratique existe encore aujourd'hui. Pas même
dans les douars les plus reculés. Mais il y a d'autres attentes. Tout
aussi éprouvantes. Tout aussi humiliantes. D'autres façons
d'aliéner un individu. Et peut-être même au nom de
l'amour."6(*)
Ali est accusé de ne pas aller à la
mosquée ; avocat, il plaide en français ce qui est
interprété comme une trahison. Lilas doit contredire
l'enseignement que reçoit sa fille. Mais ils ne cèdent pas.
Maissa Bey procède à une description par touches de cette
situation socio-politique. Elle semble préférer l'anecdote
symptomatique (les femmes de l'immeuble qui remettent le voile, l'arrêt
des travaux à l'heure de la prière, les regards accusateurs sur
les bouteilles de bière, les graffitis qui appellent à la guerre
sainte) à la description d'événements datés, qui
entrent filtrés dans le texte par des mots menaçants :
« Les émeutes qui secouent le
pays»7(*), « les parades
militaires »8(*), '
« état de siège »9(*).
Dans le premier chapitre intitulé
« étude titrologique », nous analyserons la
symbolique du titre « Bleu Blanc vert ». Nous tacherons de
mettre en relation ces trois couleurs avec l'histoire et en même temps
nous traiterons le rapprochement des deux cultures. Enfin, nous aborderons le
style de l'écriture de Maissa Bey.
I-Etude titrologique :
I.1-La symbolique de « Bleu Blanc
Vert » :
Le titre est une introduction très
abrégée, un énoncé qui sert à
désigner d'une façon plus ou moins claire le contenu d'une
oeuvre. Il est considéré comme un aiment qui doit être
à la fois stimulation et le début de l'assouvissement de la
curiosité du lecteur.
« Un message publicitaire qui doit remplir trois
fonctions élémentaires :
La fonction référentielle : Il doit
informer le lecteur
La fonction conative : Il doit impliquer le
lecteur
La fonction poétique : Il doit susciter
l'attrait et l'admiration du lecteur »10(*)
En outre, le titre et le roman se complètent, l'un
annonce et l'autre explique, il développe cet énoncé
jusqu'à le reproduire en conclusion (le titre), celui-ci mis en
première page, fait parade de son existence unique, son
ipséité, c'est-à-dire qu'il est lui-même et non un
autre, il s'élève au rang de micro texte autosuffisant. Il
engendre et produit son propre symbole permettant de représenter une
information quelconque. Nous déduisons à partir de cela que le
titre à la fois, annonce et dissimule l'esprit du roman11(*).
« Bleu Blanc Vert » est un titre
thématique, qui nous renvoie à une indication sur de l'oeuvre
et nous y oriente. En revanche nous restons perplexes sur le choix de la
narratrice dans l'emploi des trois couleurs « Bleu Blanc
Vert », elle voulait éviter la composition de la
couleur « rouge » avec le
« Bleu » et le « Blanc »
qui symbolise le drapeau colonial « Bleu Blanc
Rouge ».
La narratrice assisterait, dans son jeune âge, à
la guerre, au traumatisme de l'enfance et à la mort de son père
dont l'image reflète un détour de la réalité.
L'écrivaine emprunt ce détour pour
éviter ses barrières en remplaçant la couleur
« Rouge » par le
« Vert »t. Pour le
« Rouge » est universellement
considéré comme le symbole fondamental de la vie, avec sa force
et sa puissance. Il est aussi la couleur du feu et du sang. Cette couleur
serait également l'image des femmes qui ne s'expriment pas librement,
toute leur vie, elles étaient frustrées. Cette partie est noire
orageuse, tension au sein du couple. Ils ont une fille Alya, une enfant unique
désorientée par le monde qui l'entoure : l'école,
l'intégrisme. Heureusement qu'elle est choyée par ses
grand-mères. L'envie de construire une maison, de se construire une vie
nouvelle, mais des difficultés l'empêche de réaliser ce
projet.
« [...] Bleu Blanc Rouge. Les couleurs de la
France. Celles du drapeau français. Il a dit qu'on était libre
maintenant. Libre depuis quatre mois »12(*)
« Jours de soleil, jours où plus rien ne
pèse, jours de bonheur tranquille. Un bonheur si proche qu'on en
perçoit les frémissements, là, sur la surface scintillante
de l'eau, et puis encore, dans la caresse de la brise qui fait naître des
frissons sur ma peau gorgée de soleil »13(*)
On trouve un refoulement qui est un gilet de sauvetage
servant à rejeter ses sentiments dans la poubelle, c'est pour cette
cause, que la narratrice a préféré le
« Vert ». Ce choix de couleur reflète
l'espoir de quitter la ville, de repartir dans la vie. C'est ainsi que les
personnages Lilas et Ali s'offrent un séjour en France, à Paris.
Le film de Jean Luc Godard « À bout de
souffle », n'est pas un hasard, car ce séjour à
Paris symbolise un renouveau, un second souffle dans leur la vie.
« Premier contact avec la France. Paris. Nous
avons l'adresse d'un hôtel près du boulevard Montparnasse rue
Campagne-Première. »14(*)
L'écrivaine a évoqué le
« Blanc » de l'Algérie, qui est un long hommage
aux amis et aux intellectuels morts en Algérie, puisqu' ils portaient
le «Kalam»15(*)
à la main.
En effet, cette couleur symbolise le silence et la parole, le
non-dit et le dit, l'espace blanc entre les signes, ou encore, l'effacement de
la lettre et, aussi, la feuille vierge et la feuille écrite.
« Notre immeuble est peint en blanc mais le
dessous des balcons est bleu. Bleu plus foncé que le ciel. C'est
très beau. Très propre à Alger, il y a beaucoup de
très grands bâtiments tout blancs »16(*).
« [...] Si on écrivait avec un stylo
bleu sur la feuille blanche [...] »17(*).
Ainsi, la couleur « Bleu » est
utilisée par l'écrivaine pour symboliser la connaissance, l'
intelligence, la
loyauté et la sincérité qui se trouvent au sein du couple.
Cette couleur multiple et inspire le calme intérieur et le
détachement mais elle favorise l'imagination. Ainsi, le
« Bleu » y prend le plus souvent dans le roman
une signification négative : « la peur».
« Ma mère ne se met pas au balcon. Elle
ne va pas chez les voisines. Sauf quand quelqu'un meurt. Mon père ne
veut pas qu'elle « fréquente ». Il
répète toujours qu'il a peur des mauvaises fréquentations.
Pour nous aussi. Il dit que c'est dangereux pour l'équilibre de la
famille. »18(*)
« [...] Mais ce n'est pas ma faute. C'est la
croissance. J'ai perdu mon enfance. Il y a plein de choses qui changent quand
on perd son enfance. C'est comme les serpents quand ils changent de peau. Ils
laissent quelque chose derrière eux qui ne leur sert plus à
rien. »19(*).
« [...] Elle m'a dit que je ne devais pas en
parler devant eux. C'est des choses qui ne regardent que les
femmes »20(*).
« Je me demande pourquoi on fait une fête
pour les garçons, et rien pour les filles le jour où elles
deviennent une femme »21(*) .
I.2-Style d'écriture de Maissa Bey :
La narratrice se singularise par une écriture sobre,
créative et aérée au rythme lent. Cette écriture
qui entoure l'essentiel de ce qui doit être dit et le restitue en
quelques mots prononcés avec un rythme poétique.
La narratrice traque les
« non-dits », les contraintes et les hypocrisies
pour entendre le cri de présence au monde. Elle appartient aux auteurs
de la dernière génération de la littérature
maghrébine d'expression française. Cette littérature se
distinguait, selon Charles Bonn, par « un retour au
référent » qui décrit la
réalité algérienne et par l'aspect performatif dominant
dans l'écriture de cette auteure, exprimée dans la
formulation « l'urgence de dire ». C'est un
texte publié sur le site de l'université d'AIX-MARSEILLE
intitulé « dire », publier en 1998 et
consacré à toutes les femmes de son pays que l'on veut
réduire en silence.
L'auteure évoque, d'une voix personnelle puissante, le
caractère double du langage en tant que discours de pouvoir et arme,
bouclier dans une société qui veut confisquer la parole
féminine :
« Ils dansent autour de moi une ronde infernale,
tous ces noms que mon dictionnaire qualifie de communs courage, massacre,
tuerie, boucherie, auxquels, comme pour creuser encore plus profond dans nos
plaies, insoutenable, inhumain, et bien d'autres [...] »22(*)
Même si son entrée en écriture fut
guidée par « l'urgence de porter la parole comme un
flambeau contre la menace de sa confiscation »,
l'écrivaine ne témoigne pas mais crée. Elle accorde
un avantage à l'esthétique et l'exercice de style à la
reproduction.
En effet, Maissa Bey écrit dans l'urgence, met à
nu l'histoire immédiate et révèle des
événements parfois confus afin de briser le silence.
« Et plus la pression de la
société est forte, plus l'oppression des personnages par cette
société est grande, plus elle envahit l'oeuvre, au risque
même de paraître délibérée, c'est cela la
réalité algérienne aujourd'hui. Le critère de ces
choix est clairement défi : l'écriture doit être une
écriture « de l `urgence » 23(*)
Son intervention portera sur la difficulté de mettre en
mots une scène qu'elle n'a pas vécue mais qui est fondamentale
dans la mémoire et l'imaginaire. Ci-joint un passage de ce texte :
« J'ai longtemps, très longtemps
hésité avant d'écrire, non pas sur la guerre, mais sur ce
qui m'apparaît à moi comme un questionnement fondamental : le
bouleversement profond, total, irrémédiable et
irrémissible que représente une guerre dans la vie de ceux qui la
font, qui la subissent (directement ou indirectement) et qui en portent
à jamais les séquelles, séquelles qui ne s'effacent pas
avec un cessez-le-feu ou des traités ou des accords de paix. J'ai
longtemps hésité parce que je ne voulais pas, qu'à
l'instar de beaucoup d'écrivains de mon pays ou d'ailleurs, mon travail
d'écriture soit centré sur la déploration et/ou la
célébration d'un passé forcément glorieux
élevé au rang de mythe qui détermine tout le devenir des
générations suivantes. Et c'est peut-être plus cela qui m'a
poussée à revenir sur une part de mon histoire que le
désir de ne plus différer le moment de la confrontation. Il y a
aussi bien entendu un cheminement individuel, une quête qui ne peut
aboutir que si l'on prend le temps de rassembler tous les fragments qui
constituent notre propre histoire »
« Besoin de commémoration au sens de "se
souvenir ensemble", d'associer le lecteur au souvenir besoin
d'élucidation, d'évocation d'une histoire qui ne serait pas
falsifiée ou déformée par la mémoire, par la
mémoire des autres, par la mienne aussi. Parce que lorsqu'on veut
convoquer les souvenirs, surtout lorsqu'il s'agit de souvenirs d'enfance, on
s'aperçoit souvent qu'on a tendance à confondre ce que d'autres
nous ont raconté avec ce que nous avons vraiment vécu. La
prégnance des images surajoutées fait souvent obstacle à
la restitution. Et c'est alors qu'intervient l'imaginaire. »24(*)
Ces passages concrétisent les évènements
historiques évoqués dans le roman « Bleu Blanc
Vert ». Ainsi, son écriture, porteuse de données
universelles, demeure révélatrice de sens.
1.3- Ecriture et révélation
féminines :
L'entretien est généralement un
élément de l'épitexte25(*).Or dans l'Algérie Littérature/Action,
il est inclus dans l'espace interne du volume. Il suit l'oeuvre
inédite. Mené, bien sûr, par un membre de l'équipe
éditorial26(*).
Dans cet entretien, publié en 2006, Maissa Bey dit
à propos de son livre :
« Tous ces écrits, inspirés par
des histoires réelles, très souvent des histoires de femme ou
suscitées par des émotions qui traversaient ma vie, à un
moment où à un autre, n'étaient en fait que le lieu, le
seul, dans lequel je pouvais me retrouver, organiser ma vie, celles des autres
aussi, de façon à la rendre supportable, une façon de
canaliser dans un ordonnancement de phases éclatées ou
structurées pour mieux m'en détacher...Etrange expérience
que celle de sortir de l'enfermement par l'écriture et en même
temps de s'enfermer par l'écriture »27(*)
Littérature/Action : Comment
définissez-vous l'écriture féminine? Quelles sont les
marques, l'empreinte de celle-ci?
Maissa Bey :Quand on vit dans une
société bardée d'interdits qui oblige à faire des
concessions aux uns, aux autres, à l'autre, l'écriture
féminine est souvent perçue comme un acte
délibéré de transgression, même si ce que l'on
écrit n'est pas délibérément subversif. Cependant,
je suis sûre qu'aujourd'hui, les femmes qui écrivent
n'écrivent plus dans une perspective de confrontation ou de
transgression. Nous n'en sommes plus là! Il y a d'abord, et
essentiellement, l'acte créateur qui se fait au nom d'un désir
qui est le même que celui de leurs homologues masculins: celui de prendre
la parole, publiquement, et surtout d'assumer cette prise de parole comme un
acte de liberté. Et de fait, on ne peut concevoir l'écriture que
comme le souffle de la liberté, un dépassement de soi et de ses
conditions d'existence. Mais ce n'est pas un objectif en soi. Je pense que pour
bien des femmes, ce besoin est encore bien plus primordial. C'est par
l'écriture qu'elles peuvent lever la chape du déni qui
pèse sur l'individu mais plus encore sur les femmes en tant
qu'être autonome, symboliquement séparé de son groupe.
Ecrire permet d'arracher le droit d'être, simplement d'être. C'est
dans ce sens et pour pasticher une formule célèbre qu'il m'est
souvent arrivé de proférer cette sentence: « J'écris,
donc je suis »!
Littérature/Action : Dans votre
dernier et superbe roman 'Bleu Blanc Vert', on retrouve des détails
saisissants de la mémoire d'Alger, comme le passage des acteurs Anna
Karina et Marcello Mastroianni dans cette ville. L'avez-vous vécu
vous-même?
Maissa Bey : Comment aurais-je pu raconter
ces années sans les avoir vécues moi-même? J'ai voulu
retracer le parcours de toute une génération qui a eu l'immense
privilège (on l'oublie souvent !) de vivre des moments «
historiques ». Depuis la fête de l'indépendance et l'euphorie
qui a littéralement porté pendant plus d'une décennie tout
un peuple trop longtemps asservi, jusqu'à ce que j'appelle la grande
désillusion dont nous n'avons pas vraiment mesuré les points
d'impact. Ce roman a été écrit en réponse à
une question que nous nous sommes posé en 2002, lors de la
célébration des quarante années d'indépendance.
Cette question est la suivante: Qu'avons-nous fait de nos quarante ans? Et
c'est dans ce « nous » que j'ai voulu inscrire l'histoire des deux
personnages principaux. Je pense aussi que si vous vous y êtes reconnu,
comme bon nombre de lecteurs, c'est que vous avez vous-même
partagé ces moments et que vous avez eu l'impression d'entrer dans une
histoire qui aurait pu être la vôtre.
Littérature/Action : Dans ce
roman, vous cassez les tabous aussi bien politiques, sociaux que sexuels,
à travers une fresque du temps qui passe. Quelle est l'importance de la
mémoire dans l'histoire d'un peuple pour vous?
Maissa Bey : C'est peut-être une
fresque, au sens pictural du terme, avec des tableaux en petites touches, un
mélange de fiction et de souvenirs personnels. J'ai écrit ce
livre avec le désir de revenir sur les chemins de mon enfance et plus
loin encore. Revisiter le passé pour éclairer ou tenter
d'éclairer le présent. Avec la difficulté inhérente
à un tel projet et qui m'a accompagnée tout au long de
l'écriture de mon texte: je devais prendre garde en rédigeant
cette chronique de ne pas adopter la posture de celle qui sait. Qui sait ce qui
va advenir, ce que les événements relatés portent en eux?
Il m'a fallu évacuer toutes les tentations d'explication des faits pour
en extraire seulement l'immédiateté et non la portée
mortifère. Il s'agit donc d'un travail de remémoration au sens
premier de restitution par la mémoire de faits passés. Quand
à la mémoire collective, je pense qu'il faut s'en défier
parce qu'il y a souvent occultation, plus ou moins consciente, plus ou moins
instrumentalisée par l'histoire telle que revisitée par les
commémorations qui prennent trop souvent le pas sur la
remémoration justement.
Littérature/Action : lorsque vous
écrivez, partez-vous du réel? Ou bien, avez-vous une idée
d'histoire à raconter qui vous mène ensuite vers une recherche
sur le sujet?
Maissa Bey : Souvent, très souvent, je
ne choisis pas mon sujet. Il s'impose à moi. A partir d'une
réflexion, d'un fait divers ou d'une histoire entendue au hasard d'une
rencontre, d'une conversation. Il y a ensuite une période (parfois
très longue) de maturation. Tout ce que je lis, tout ce que je vois,
tout prend alors sens et alimente ce travail de maturation. Pour
« Bleu Blanc Vert », c'est en centrant le
récit sur un lieu unique, l'immeuble qui, à mon sens, est le
personnage principal de cette chronique que j'ai réussi à
revenir sur les traces de notre histoire. C'est dans cet immeuble situé
à Alger, plus précisément au Ruisseau, et dans lequel j'ai
passé les moments les plus importants de ma vie, enfance et adolescence,
moments où l'on se construit et s'affirme que se déroule toute
l'histoire. Bien entendu, il m'a fallu faire des recherches pour ne pas trahir
le réel, du moins sur le plan de la chronologie des faits historiques
évoqués.28(*)
Effectivement, « Bleu blanc
vert » suscite une réflexion littéraire. Notre
objectif vise à déterminer cette écriture féminine
et mettre en exergue la re-constitution de l'univers romanesque qui n'est que
la représentation symbolique du réel. Ceci nous mènera,
dans un deuxième chapitre, à analyser les différents
personnages qui occupent le roman en commençant par leurs descriptions,
leurs rôles et leurs relations combinatoires.
II-Etude des personnages:
Dans ce roman, on trouve deux personnages qui relatent
leurs quotidiens, la famille, l'environnement, à travers leur regard
d'adolescence puis d'adulte avant de vivre ensemble. Leurs familles
vivent à Alger. Mais les jeunes se rencontrent fatalement,
s'apprécient, puis se fréquentent jusqu'au mariage. L'histoire
s'arrête en 1992 avec leurs déménagements.
Tous deux sont enfants de "moudjahidine", deux enfants
qui vont à l'école. Ils ne se connaissent pas et pourtant ils
habitent dans le même immeuble. 1962, est leur première
année de lycée dans un pays qui vient d'obtenir son
indépendance. Ces personnages vont découvrir de nombreux
changements : l'hymne, le drapeau algériens, l'interdiction d'utiliser,
pour écrire, les couleurs du drapeau français : le
« rouge » devant être remplacé par le
« vert », la suppression de l'histoire de France
enseignée jusque là, la présence des filles à
l'école jusque là réservée aux garçons
...
« Toute histoire est histoire des personnages,
c'est pourquoi leurs analyse est fondamentale, et à mobiliser
nombre de chercheurs »29(*)
Tomacheverski affirme:
« Le personnage est utilisé par
l'écrivain pour faciliter l'intention du lecteur en
représentant un point de convergence dans "l'amoncellement des
motifs", il est lui-même caractérisé par un certain nombre
de motifs »30(*)
La narratrice explore deux
instances discursives "Elle" et "Lui", où le "Je" rapporteur du
discours échangé, entre Lila (elle) et Ali (lui), met en exergue
les relations individuelles qui tissent le récit. Sous cette perspective
relationnelle, le roman brosse une peinture sociopolitique profonde, d'une
lucidité impitoyable. Ainsi le récit tisse et
re-présente alternativement le rôle strict et égal des deux
embrayeurs, mis en miroir ou en opposition, exprimant par ailleurs une
différence du statut social et de l'identité culturelle.
En effet, Lilas et Ali ont un rôle essentiel dans
l'organisation textuelle de histoire, ils déterminent les actions,
les subissent, les relient et leurs donnent un sens.
« Nous sommes Arabes, Arabes. Comme ça,
on a bien compris. Et tous frères. Maintenant, on est frère,
Arabes et socialistes » 31(*)
« Ma mère n'a pas osé rire devant
elle. Zohra ne sait pas très parler français, mais avec ma
mère, elle se permet. Parce que ma mère est
instruite »32(*)
« Elle s'appelle Lilas. Avant elle, je n'avais
jamais entendue ce prénom [...]. »33(*)
Ces personnages sont décrits, d'une part, comme le
support de l'action, d'autre part, comme les principaux véhicules aux
articulations thématiques du roman. Selon Barthes, les personnages se
définissent, d'abord, par leurs fonctions, c'est -dire par ce qui
est de l'ordre du "fait "et ce qui fait avancer l'action.
« J'aime surtout son émoi et ses
impatiences lorsque nous sommes seuls, lorsque nous sommes proches. Il dit
que je me pose trop de questions » 34(*)
La narratrice consacre quelques pages à la vie
estudiantine de Ali et Lilas, aux grèves et aux manifestations qui se
sont déroulées à l'époque des années70,
mais surtout, elle a retracé leur parcours individuel.
II.1-Les personnages principaux:
a)-Ali:
L'identité du personnage Ali n'apparaît que
dans la page 18 « j'avais sept ans quand il est sorti de
chez nous »35(*), grand de taille et très maigre
« j'ai du flair parce que je ressemble à un
sloughi »36(*), il aime son
village, « J'aime bien mon village, j'aime beaucoup mes
chèvres. Là-bas, je pouvais sortir, courir,
aller sur la colline pas très loin »37(*), à 13ans (en
1962), il devenait soutien de la famille après le départ du
frère Hamid pour l'Union soviétique.
Ali est un personnage émotif et intense. Une fois
engagé dans une relation, il se jette corps et âme dedans. Rien ne
l'arrête, aucun garde fou. Il consume totalement et désire
quelqu'un d'aussi passionné et acharné. Il est
émancipé et libertin, il croit à la liberté
sexuelle. Il est prêt à tout essayer quand l'envie y est. Il aime
également materner son partenaire.
« Lilas et moi. On peut se voir sans que
paraisse anormal aux yeux de ses frères ou des locataires. Et nous, on
ne peste pas contre l'obscurité dans les escaliers ! Bien au
contraire. Il n'y a que là qu'on peut s'embrasser. S'embrasser vraiment,
et même aller un peu plus loin »38(*)
« [...] J'ai même parlé d'elle à
ma mère [...] j l'aime. »39(*)
b)- Lilas:
A sa naissance, son père l'à prescrit à
l'état civil sous le prénom de Leila (Nuit), et malheureusement
le préposé au guichet, qui est un français, l'a transcrit
autrement, en l'écrivant Lilas (Nom d'une
fleur) « J'aurais du m'appeler Leila »40(*), à 12ans en
1962. Elle découvre la lecture chez la voisine de palier. Le livre
deviendra sa seule consolation. Très jeune elle prend
conscience de la ségrégation et des rapports de domination
entre les hommes et les femmes: « Je me demande pourquoi on
fait une fête pour les garçon (la circoncision), et rien pour les
filles le jour où elles deviennent des femmes. On dirait que c'est
honteux de devenir une femme »41(*).Elle tient un journal intime, des meilleures
notes au lycée. Elle écrit des poèmes à celui
qu'elle ne connaît pas encore, à « celui qui
viendra un jour habiter mes rêves »42(*). Elle écrit un
texte qu'elle retrouve plus tard comme des fleurs séchées
« Comme fleurs séchées entre les pages d'un
livre »43(*)
Lilas joue un rôle important dans cette fiction.
Personnage très romantique, idéaliste, et pourtant elle est
convaincue que l'amour est une souffrance. Elle finit par céder aux
tentations de son partenaire. Lilas est sincère, passionnée,
rêveuse et ne pouvait s'empêcher de tomber amoureuse. Elle est
fantasmez et emballée par les films et les magazines ;
discrète parfois, refusant de parler aux autres de sa vie
secrète et de ses fantaisies sexuelles.
« J'aime Ali. J'aime ses mains posées sur
moi. Jaime l'image qui me donne de moi. C'est une sensation merveilleuse que de
plonger mes yeux dans les siens et de m'épanouir dans son
regard. »44(*)
« Chaque film est suivi d'un débat au
Ciné-pop. J'attends avec impatience la fin de la semaine pour y aller
[...] j'ai beaucoup aimé le de « Le Cuirassé
Potemkine ».Surtout la séquence où les habitants
d'Odessa viennent soutenir les marins du cuirassé. »45(*)
Ces deux héros sont des personnages qui
reçoivent la teinte émotionnelle la plus vive et la plus
marquée.
c)-La vie du couple:
« [...] et mieux encore, de savoir
aimée. Même si je n'arrive pas à savoir ce que je ressens
pour lui. Je ne sais pas si je l'aime. Mais j'aime qu'il
m'aime »46(*).
Ali aime Lilas, il la compare à Anna Karina.
Ils se rencontrent en cachette dans l'escalier de leur immeuble, plus tard
ils se croisent dans l'appartement de Lila. Ils passent le bac ensemble la
même année. Ils se fréquentent à
l'université. Ils ont décidé de se marier. Tous deux
travaillent: lui est un avocat, associé à un ami de
l'université, Lila est psychologue dans un centre de santé. Ali,
de plus en plus, " se fait un nom" alors ils se voient peu. Cependant, Lila
porte en elle le fardeau de générations de femmes, elle veut s'en
défaire mais cela n'est pas du goût de Ali. Les malentendus
commencent .Leur fille Alya comble le fossé qui a commencé
à se creuser entre eux, leur relation se tend : pour
Lila « c'est sûr il n'y a rien d'autre que ma
fille »47(*)
Ali est prisonnier des affaires. Il ressemble, de
plus en plus, à son père, ce que lui dit d'ailleurs Lilas
sans hésitations. Elle lui lâche sa sentence après l'avoir
tournée et retournée dans sa tête.
« Je ne te reconnais plus depuis que tu t'es mis
à ressembler à ton père »48(*)
Puisqu' il y a une différence de culture entre les deux
personnages; le sentiment éprouvé par Lilas, d'être
délaissé par Ali, est le même senti par la mère de
Ali. Donc Lilas dénonce l'injustice faite aux femmes à travers le
père de Ali qui rejette, en toute impunité, une épouse
entièrement dévouée. Ce comportement absurde creuse une
différence entre les deux familles, dont l'une est conservatrice (la
femme est très négligée et méprisée ; qui
n'a pas sa place dans la hiérarchie familiale). Par contre la
deuxième famille émancipée, communique avec son entourage
puisqu'ils lui ont autorisée d'enlever le voile sans aucune
contrainte.
Lilas et Ali s'offrent quelques moments de répit en
septembre 1988. Ils s'envolent à Paris pour quelques jours :
« nous avons décidé d'aller en
France »49(*). Lilas est à la fois
résignée et "espérante" comme chaque
Algérien, tendu vers le bleu du ciel, le vert de l'espoir.
« L'homme est donc une sorte
d'éphémère qui ne revit jamais ce jour unique qui est
toute sa vie », écrit Paul Valéry dans ce passage que
la romancière a mis en exergue.
Lilas et Ali sont de poignants éphémères,
comètes lancées par l'histoire vers ce qu'ils ne peuvent
arrêter, lueurs uniques et fragile « Personne, j'en suis
sûre ne peut assassiner l'espoir »50(*), dit Lilas à la fin du
roman, portée par un élan qui traverse la nuit.
"L'espoir appartient à la vie. C'est la vie
même qui se défend"51(*) Julio
Cortázar
Les personnages secondaires sont nombreux mais entrevus
de manière fugitive : le père arriviste, les deux mamans, les
frères, militaire, sportif ou artiste, les femmes et les enfants de
l'immeuble.
II.2-Personnages secondaires:
a)-Le père de Ali:
Martyre de révolution, il était autoritaire,
courroucer, insolant. D'un caractère tenace avec sa femme et ses
enfants « [...] il ne veut pas qu'on en parle. Ni entre
nous, ni avec les autres »52(*). « Il est trop dur avec nous, trop
dur avec ma mère »53(*). Il a abandonné sa famille, renier ses
racines afin de changer le mode de sa vie " Le jour où mon
père a décidé de nous quitter pour aller vivre avec sa
nouvelle femme" 54(*)
Ce personnage à un rôle très important
dans l'histoire, grâce à lui la fiction évolue. Il
voulait que ses enfants fassent des grandes études pour devenir des
savants, médecin, ou ingénieur, participer à
l'édification de leurs pays pour créer une force intellectuelle
contre le colonialisme « Dés qu'il est sorti de prison,
il a dit: il faut qu'on quitte tout de suite le village. Il veut qu'on
étudie. Il répète toujours qu'on ne peut pas coloniser un
peuple instruit, il a peut être peur que d'autre viennent remplacer les
Français » 55(*)
b)-La mère de Ali:
Une femme analphabète qui vit dans « le
culte du passé » « Ma mère n'a jamais
posé les pieds dans une école »56(*). « [...] quand
on quitté notre village, ma mère a emmené notre meida. Mon
père n'était pas d'accord »57(*)
Confronté aux aléas de la nouvelle ville
urbaine, elle éprouve énormément de difficultés
à s'adapter « Dés fois elle me fait de la peine. Je
me dis qu'elle serait mieux dans le village. Avec ses soeurs, sa mère,
ses racines » 58(*)
Une femme soumise par son mari, elle lui réserve
toujours la grande partie « Mais quand elle sert les repas, il y
a toujours pus de viande et de fruits pour mon père que pour
nous »59(*)
Elle travaille chez les françaises, en qualité
de femme de ménage " Elle allait faire des ménage chez les
Français qui habitaient dans le village"60(*)
c)-La mère de Lilas:
Est un personnage-féminin
important dans cette fiction parce qu'elle est membre actif de famille, c'est
grâce à elle que Lilas à pu nous donner une image de la vie
des femmes de cette époque (post-indépendance). Elle est devenue
veuve, elle a rencontré la voisine d'origine juive qui s'appelle
« Lille » mais aussi « Messaouda ».
Ce prénom signifie « la bien
heureuse », elle parle l'arabe avec l'accent du Sud.
« Madame Lille a pris Maman dans ses
bras »61(*)
« Mais Messaouda n'est pas du tout comme les
Français d'ici. Ceux qui vivent dans l'immeuble »62(*)
d)-Le frère Hamid:
Hamid est l'aîné, ayant un esprit de combat
puisqu'il voulait faire la guerre avec son père.
« Même Hamid veut défendre le
pays. Il a dit à mon père: je pars avec toi »63(*)
« De puis que Hamid a raté son bac,
ils ont mis la pression sur moi. Ma mère, pas trop. Mais mon
père! Il a pris l'échec à digérer. Il était
tellement sonné que Hamid a pu aller s'engager dans l'armée sans
même le prévenir ou lui demander son avis »64(*)
e)-Le père de Lilas:
Martyre et instituteur, il a quatre enfants : Mohamed,
Lilas et les jumeaux : Amine et Samir.
« Il a eu juste le temps d'avoir quatre enfants
avant de mourir dans une embuscade » 65(*)
« Mon père était
absent » 66(*)
II.3-Le niveau de la narration :
Le mode narratif dominant dans notre corpus d'analyse
« Bleu Blanc Vert » est le mode :
diégésis. A travers le roman, la narratrice tisse le fil
conducteur de l'histoire, elle est sujet et objet de son récit,
autrement dit, son instance narrative est en position
intradiégétique car c'est un personnage de l'histoire. C'est avec
elle que l'on vit les évènements racontés, que l'on
découvre les personnages au fur et à mesure de leur
apparition.
Ali et Lilas prennent plus d'importance, puisqu'ils se
chargent de la narration sur la quasi-totalité de l'oeuvre. Nous
assistons, donc, à deux personnages qui se révèlent,
racontent leur vie, et nous font part de leurs sentiments et de leurs
réflexions. La focalisation est donc interne.
« Ce que je retiendrai, moi de cette
année, ce sont les larmes de ma mère. Et surtout mon impuissance
devant ses larmes [...] Je ne l'abandonnerai jamais [...] mon père est
parti.»67(*)
Certainement, dans le roman analysé, la narratrice
glisse d'une instance narrative vers une instance discursive. En ce sens, la
narratrice assume, en plus de la fonction d'organisatrice du récit,
celle de narratrice omnisciente, omniprésente de façons
dominante, parfois de commentatrice des événements.
A chaque fois cette narratrice nous fait découvrir la
personnalité, le rôle et le métier des personnages
(« Ali : avocat. Lilas : psychologue. Hamide :
militaire, Amine : sportif »).
« Elle fait psycho et, moi, je me suis inscrit
en droit [...] son frère va disputer des compétions un peu
partout dans le pays, et même à l'étranger. Il progresse
d'année en année. Il est sélectionné pour les jeux
universitaires maghrébins »68(*)
« [...] Mohamed dit qu'il sera un
médecin »69(*)
Elle nous trace les traits physiques des personnages et
détermine les caractères psychologiques de chaque personnage
afin d'identifier le rôle de chaque personnage dans le roman.
« Elle s'appelle Lilas, elle a dix-sept ans. Un
an de moins que moi. Et des yeux à faire chavirer une flottille de
cuirassés [...] Ses yeux, son sourire, sa voix, sa façon de
marcher. »70(*)
« [...] sa famille était déjà
dans l'immeuble du temps des français. Avant 1962 toujours au
deuxième étage, porte droite... »71(*)
« [...] j'aime bien ses cheveux, très
noirs, et j'aime surtout la mèche un peu trop longue...il ressemble un
peu à Samy Frey, mon acteur préféré. J'aime aussi
la forme de ses sourcils, et la couleur de ses yeux. Marron noisette. Il est
grand de taille mais il teint toujours penché en avant
[...] »72(*)
À travers le récit alterné de ces deux
héros Ali et Lilas. Le « je » est souvent
présent dans le roman car c'est une façon
de se couler dans l'intimité de l'être et par-là même
aller au plus profond de son âme.
Après notre analyse, on constate que les personnages de
ce roman sont d'une caractéristique commune et d'un esprit
révolutionnaire.
Le troisième chapitre
intitulé, « Les repères
identitaires », portera sur l'étude des espaces de la
quête. Ce chapitre concernera également la fusion des deux
cultures. Sur un autre niveau, nous tenterons d'expliquer l'écriture
entre « culture » et
« interculture », nous mettrons en exergue
quelques points sur la mémoire individuelle et collective et enfin, nous
expliquons la notion de l'altérité.
III-Les repères identitaires :
III.1-Les espaces de la quête:
Les évènements se déroulent dans
un seul et unique ancrage référentiel :
« Alger » qualifiée de « capitale de
toutes ses révolutions »73(*). Ainsi dans les rues d'Alger se croisent, presque à
chaque coin de rue, des hommes et des femmes venues d'ailleurs, de toutes
parties du monde, pour trouver refuge dans un pays qu'on nomme le
« phare du Tiers-Monde »74(*).
a)-Alger, espace originel :
« Alger » est une ville de
rencontres, de ruptures et de déchirements qui peu, à peu,
« perd son âme" »75(*). Pourtant,
les deux protagonistes
Ali et Lilas y sont profondément attachés, ce qui permet une
ample évocation, poétique et réaliste qui n'est qu'une
déclaration d'amour à cette « faiseuse et
défaiseuse de rêves" »76(*).
« L'espace est la dimension du vécu,
c'est l'appréhension des lieux où se déploie une
expérience : il n'est pas copie d'un lieu référentiel mais
jonction entre l'espace du monde et l'espace de l'imaginaire du
narrateur » 77(*)
La spatialité présente et décrit
l'environnement romanesque, le cadre de chaque épisode de l'intrigue.
L'action se déplace à l'intérieur de la ville d'Alger
où on distingue deux types de lieux essentiels: « Le
village »et « L'immeuble »
La ville est-elle ici la métonymie de
ressemblance de l'Algérie ?
Alger est une ville de contrastes, où des conditions
vécues se côtoient à chaque coin de la rue, selon Maissa
Bey, car c'est là que bat le coeur du pays et tout ce qui s'y passe fait
écho. D'un autre point de vue, on peut aussi considérer que
l'immeuble, dans lequel habitent Lilas et Ali, est aussi un espace fondamental
de cette histoire.
b)-Le village, un point de repères :
Ainsi, le village est un lieu nodal où
débutent les événements, dont le professeur d'histoire
insiste de ne plus utiliser le stylo rouge.
« [...] à partir d'aujourd'hui, je ne
veux plus voir personne souligner les mots ou les phrases avec
un stylo rouge! Ni sur les cahiers, ni sur les
copies »78(*).
En effet, dans l'école du village, même les
élèves ont participé à la guerre mais avec
leurs propre façon : c'était la guerre des mots ; parce
qu'ils ne résistent pas de chanter et de saluer tous les matins le
drapeau français.
« A l'école du village, on la chantait
tous les matins. En saluant le drapeau français, bien sûr. Mais on
avait, entre nous, changé quelques mots. Par exemple, au lieu de
dire ». « Le jour de gloire est arrivé »,
nous, on disait « La soupe est prête, venez manger »
"79(*)
c)-L'immeuble :
L'immeuble se situe à Alger,
précisément à la Rue Mohamed Belouizdad, Bâtiment
A, composé de douze étages, de couleur blanche. Le dessous du
balcon est bleu."Notre immeuble est peint en blanc, mais le dessous des
balcons est bleu, bleu plus foncé que le ciel"80(*)
Juste avant l'indépendance, l'immeuble
était pratiquement inoccupé, ce qui à créer un
manque de mouvements de personne.
« Dans notre immeuble, il reste encore quelques
appartements inoccupés. Mais ils ont été
entièrement vidés »81(*)
Après l'indépendance du pays, la population
commença à occuper les lieux (les habitants diverse)
et de là, l'ambiance a changé avec les nouveaux
occupants, venons de partout (village, ville) avec des mentalités
différentes et dégradantes, ce qui a causer des divergences
comportementales.
"Il se passe presque tous les jours quelque chose
dans notre immeuble, Je devrais dire presque toutes les heures. Il y a des
disputes, des réconciliations publiques, des fêtes, des deuils,
des emménagements et des déménagements. Un mouvement
perpétuel"p41
" Il y a beaucoup de monde. Des fois, j'ai l'impression
que notre immeuble, c'est comme un grand meuble une commode, avec plein de
tiroir. Et dans chaque tiroir, il y a plein de vies"p41
Beaucoup d'histoires se passent dans l'immeuble, des histoires
qui concernent les femmes, surtout le jour. On dirait un monde où
il n'existe que des femmes, parce que les hommes ne sont jamais à la
maison. Et quand ces femmes ne sortent pas, elles communiquent
autrement.
« Quand les hommes ne sont pas là, elles
se retrouvent. Chez l'une ou chez l'autre. Et de cette façon, elles
savent tout, tout ce qui se passe dans l'immeuble et dans le
quartier »82(*)
« Quand elles ne sortent pas de leur
appartement, elles discutent de balcon à balcon. Des balcons qui
donnent sur la cour antérieure »83(*)
La narratrice choisie une chronologie, au sens
littéraire du mot. Cependant, si certains faits historiques sont
rapportés, d'autres sont à peine évoqués car elle
voulait voir comment les événements ont influencé la vie
des personnages pour rendre compte une réalité quotidienne de
plus en plus oppressante.
Ce roman à deux voix (Ali et Lilas) qui permettent
la traversée de trois décennies de l'histoire algérienne,
ne comporte, curieusement, que très peu de dates. Quelques
événements datés sont mentionnés :
l'été 1962, le Festival panafricain de 1969. Mais la progression
s'effectue surtout par la mention de l'âge des personnages. Par exemple,
les allusions à la "révolution d'octobre" (p.262), qui
s'agit des événements qui se sont déroulés à
Alger et qui ont peu à peu embrasé la plupart des villes du pays.
Tout a commencé le 5 octobre 1988. Les journalistes étrangers ont
trouvé un raccourci pour le moins simpliste en désignant ces
événements par "émeutes de la semoule", il s'agit
de manifestations très violentes qui ont secoué le pays et qui
ont été réprimées dans le sang. Des milliers de
jeunes sont sortis dans les rues et ont brûlé des édifices
publics, tout ce qui, à leurs yeux symbolisait un état qui ne
pouvait et ne voulait prendre en compte leurs revendications. C'est à la
suite de ces manifestations que le multipartisme été
instauré et la constitution a été
révisée.
Il est évident que l'année de
l'indépendance a vu la naissance d'une nation souveraine qui nous est
encore une année capitale. L'année 1962 marque, pour les
Algériens, le début de tous les possibles. C'est ainsi que les
algériens ont vécu les enjeux incommensurables d'un tel
événement après une longue occupation coloniale. Le
drapeau, découvert à l'occasion des fêtes de
l'indépendance, serait le symbole de la nation, le symbole de
liberté. L'anecdote racontée au début du livre est
révélatrice de l'état d'esprit de ceux qui ont dû
accepter de chanter, à leur coeur et à leur corps
défendant La Marseillaise, et de saluer le drapeau
français pendant les années de la guerre, alors qu'ils ne
pouvaient revendiquer les droits accordés aux Français
d'Algérie.
Entre l'été 1962 où les
Français fuient dans la confusion, laissant leurs appartements vacants,
et l'été 1992, où des Algériens fuient les
violences islamistes, nous constatons que les personnages évoquent
l'"accélération" de l'histoire. En effet, le roman
s'achève en 1992, au début de la décennie tragique qui
confirme cette désillusion. Il s'achève cependant sur une lueur
d'espoir.
« L'espoir appartient à la vie. C'est
la vie même qui se défend. »84(*)
Dans cette superposition temporelle entre le
passé et le future, la narratrice raconte son histoire fictive
tout en gardant les souvenirs de son enfance.
« Plus que la question de la temporalité et
les figures de l'oubli que l'on retrouve dans ces romans, c'est le statut de
l'écriture et la manière dont, pour Blanchot, elle
ouvre un espace dans lequel le temps se métamorphose, qui retiendra
notre attention. En effet Blanchot réfléchit, aussi bien dans ses
propres essais que dans ses analyses littéraires sur Kafka, Proust ou
Mallarmé, sur la façon dont l'écriture oblige le temps
à a prendre la forme de l'espace pour fabriquer un
texte » 85(*)
La narratrice, porte parole de l'écrivaine, raconte les
événements de la première période coloniale et
relate ceux qu'elle a vécus. Ces évènements historiques
succèdent selon une chronologie évènementielle
v Juillet 1830: Début de l'occupation
colonial, p16.
Après la prise d'Alger par l'Armée
française, en 1830, l'administration française commença
à réfléchir aux moyens de renforcer la présence
française et de lui donner une assise. Cela ne pouvait être
réalisé qu'à travers la main mise militairement et
civilement organisée sur une vaste échelle en vue de créer
une base territoriale et administrative et encourageant l'immigration de
colons pour asseoir la base démographique visant à appuyer la
force militaire et faciliter le processus de déstructuration
socio-économique et culturelle de la société
algérienne.
C'est ainsi que dès les premières
années de l'occupation, l'Administration avait entamé une
politique sauvage et étendue l'implantation de colonies pour laquelle
elle mobilisa tous les moyens matériels, humains, militaires et civils.
Parallèlement à la mise en place des infrastructures
indispensables tels que les voies de communication, barrages, canalisations et
la fourniture des aides et la participation à la mise en place des
institutions financières.
Dans cette optique, les dirigeants français se mirent
à rivaliser d'ardeur pour servir la politique de colonisation sans
laquelle ils ne pouvaient pas se stabiliser en Algérie. Sous le
régime militaire, la colonisation s'était distinguée de
celle qui avait prévalu sous le régime civil par certaines
caractéristiques et certaines spécificités liées
à la nature de l'étape historique.
v 1 Novembre 1954: Déclenchement de la
lutte par l'armée de libération national.
Dès
mars
1954, neuf ans après le
massacre de
Sétif, est fondé le
Comité
révolutionnaire d'unité et d'action par les neufs
« chefs historiques du
FLN »86(*), du parti issue de l'
OS,
dont l'objectif est l'indépendance de l'Algérie par la lutte
armée. À l'époque, les partisans de l'indépendance
ne sont qu'un millier et ne possèdent que quelques cartouches de
dynamite et 32 vieux fusils italiens.
Le FLN diffuse une émission radiophonique
invitant le peuple d'Algérie à s'associer dans une lutte
nationale pour la « restauration de l'État
algérien, souverain, démocratique et social, dans le cadre des
principes de l'islam » et de mettre fin à une
colonisation qui dura près d'un siècle et demi.
v 20 Août 1956: Congrès de la
Soummam p16.
Les élections anticipées en France,
donnent une majorité relative au Front républicain (gauche). Le
nouveau président du Conseil,
Guy Mollet est
initialement partisan de l'indépendance, et même de
l'indépendance rapide. Mais la journée, dite des tomates, et la
difficulté d'obtenir une majorité parlementaire sur
l'Algérie modifie sa position vers le triptyque
« cessez-le-feu, élections,
négociations ». La répression contre le FLN et
l'attaque de ses soutiens extérieurs (
crise de Suez)
continuent.
v 19Mars 1962: Accord d'Evian pour le
cessez le feu. p16.
Le cessez-le-feu proclamé le 19 mars par le
Président Charles de Gaulle, l'OAS se retranche dans son bastion de
Bab El-Oued, quartier
d'Alger et tente d'empêcher l'indépendance en multipliant les
meurtres et les attentats, en interdisant aux Pieds-Noirs de
déménager. « Alger » polarise
définitivement entre quartiers européens et musulmans suite
à ce déchaînement de violence. Le but inavoué est de
pousser la masse musulmane excédée à s'en prendre aux
européens afin de faire « basculer »
l'armée. Le 23 mars, l'OAS tire sur des policiers et ouvre le feu sur
des appelés du contingent, tuant sept d'entre eux. Le quartier de
Bab-el-Oued est bloqué par l'armée. La bataille qui s'en suit
donne lieu à une lutte franco-française entre
commandos Delta et
gardes mobiles. Bientôt l'aviation de l'aéronavale pilonne les
bâtiments occupés par l'OAS, tandis que les chars de
l'armée française prennent position dans le quartier en
état de
siège.
Cependant des officiers favorables à l'Algérie
française laissent les commandos Delta de l'OAS fuir le quartier. Les
militaires procèdent ensuite à la fouille du quartier. Les mois
de tension (attentats, meurtres de sympathisants) conduisent à quelques
violences contre les civils.
Le 3 juillet 1962, trois mois après les accords
d'Evian, le Président de Gaulle annonce officiellement, par la voie d'un
télégramme, la reconnaissance d'un nouvel État
indépendant, la
République
algérienne.87(*)
v 5 Juillet 1962: l'Indépendance,
p16.
Le 5 juillet
1962 était le
132e anniversaire de la prise d'Alger les Français ayant
débarqué le
14 juin
1830 sur la plage de Sidi
Ferruj à l'ouest de la ville.
Avant le référendum sur
l'indépendance, et les
accords d'Evian,
qui garantissent les droits et la sécurité des Européens
sous l'exécutif provisoire, l'
OAS
opposée à l'indépendance avait menée un combat qui
l'avait conduit à s'opposer aux forces de l'ordre françaises et
au FLN jusqu'au milieu du mois de juin 196288(*). .
Le 5 juillet 1962, la radio donne l'ordre aux habitants
de reprendre le travail. Mais une énorme foule de manifestants
célèbre l'indépendance.
A la suite des
accords
d'
Evian
(18
mars
1962) qui reconnaissent l'
indépendance
de l'Algérie, Ahmed
Ben
Bella, chef du Front de
libération
nationale (
FLN),
est élu par 159 voix contre 1, premier
président
du Conseil par la nouvelle
Assemblée
nationale algérienne. Il accédera à la
présidence en 1963, mais sera renversé par le
coup
d'Etat de Houari
Boumediene
en 1965 et emprisonné jusqu'en 1980.
v 1963: Ben Belle s'était crié
face a l'invasion marocaine" Hagrouna" p208
Ben Bella s'était écrit face à
l'invasion marocaine : Hagrouna ! Il avait profité
de la faiblesse du peuple algérien pour les humilier. Et le peuple
algérien tout entier, ressentant profondément l'humiliation,
s'était dressé comme un seul homme. Quand l'humiliation se
nourrit du spectacle quotidien des privilèges accordés aux uns et
qu'elle est assortie de vexations quotidiennes infligées aux autres.
« Hogra », ce mot honni, qui veut dire à la
fois injustice et mépris,
v 10 Octobre 1980: le tremblement de terre
(El Asnam), p230.
Après le tremblement de terre du 10 octobre 1980
qui a anéanti « El Asnam », des hommes et des femmes
qui, sortis indemnes, racontaient que, contre toute attente, cette catastrophe
avait eu des conséquences positives sur leur vie. Que cela leur avait
permis de repartir à zéros et surtout de relativiser, de prendre
du recul par rapport à ce qui leur semblait auparavant essentiel.
Le récit crée des relations entre
deux séries temporelles : le temps de l'histoire et le temps de la
narration. Le moment de la narration, dans notre corpus
d'analyse « Bleu Blanc Vert », est ultérieur,
car la narratrice raconte des évènements qui ont eu lieu, ayant
un recours aux souvenirs et à la mémoire collective.
« Nous aurons des enfants. Nous irons ensemble
sous le soleil dans la merveilleuse certitude d'un été qui nous
inonde de sa gloire »89(*)
« Elle en discutait l'autre jour avec l'une de
ses amies qui lui racontait justement qu'elle n'osait en parler avec personne,
pas même à son mari, de peur d'être rejetée ou
d'être considérée comme inapte »90(*).
« [...] j'ai pu dénouer le fil [...] elle
a dit devant lui qu'elle préférait Ben Belle à tous les
autres chefs de la révolution.91(*)
La vitesse met en relation la durée fictive des
évènements, c'est - à -dire le temps de l'histoire et la
durée de la narration.
« Mon lecteur ne devra donc pas s'étonner
si, dans le cours de cet ouvrage, il trouve certains chapitres très
courts et d'autres tout à fait longs ; certains qui ne comprennent
que le temps d'un seul jour, et d'autres des années !
[...] »92(*)
III.2-La fusion des cultures :
Les confidences de Ali et Lilas ne cessent de se
croiser sous les embrayeurs "il" et "elle" afin de construire la texture de ce
roman. Ces personnages ne se parlent pas, ne confient pas. La communication
entre mère et fille, père et fils, entre frère et soeur,
semble très difficile. Finalement, seules les femmes paraissent libres
de partager entre elles ce qui produit et tisse la trame de leur quotidien.
La narratrice a envisagé ce texte comme une sorte de
journal intime, dans lequel les propos sont rapportés par les
personnages centraux : il s'agit d'un choix d'écriture. Il est vrai
qu'au sein de la famille, elle ne prétend pas faire un travail de
sociologue bien souvent, par tradition, par pudeur ou simplement par
impossibilité d'établir un vrai dialogue. La communication n'est
pas simple. On peut considérer les familles décrites par la
narratrice comme un prototype de la famille algérienne. Il est vrai
aussi que les femmes, dès qu'elles se retrouvent entre elles, font
preuve de connivence immédiate puisqu'elles n'hésitent pas
à s'épancher vers la réalité. Elles ont plus de
facilité à se raconter que les hommes, peut-être justement
parce qu'elles sont trop souvent réduites au silence chez elle.
Les deux mères sont constamment au coeur des
préoccupations quotidiennes des personnages. Cependant, elles sont
représentées comme courageuses. Quand les maris sont
défaillants, traditionnels dans leur rôle face aux fils, les
femmes sont fières quand il s'agit de "faire comme si pour ne pas perdre
la face»93(*), discrètes
face au couple. Et pourtant, Lilas, fille de la Révolution pleine de
promesses d'émancipation, déclare : « Je ne comprends
pas ma mère»94(*).
On peut considérer ces portraits comme des hommages
à ces femmes restées à l'écart du progrès.
Ces femmes sont gardiennes des valeurs traditionnelles. Le roman est un hommage
au courage et à l'abnégation des femmes qui ont apporté
leur contribution à la révolution. Ces mères ont
renoncé à leur vie de femme puisqu'elles n'ont d'autre souci que
d'être présentes, disponibles, et irréprochables en tant
qu'épouses et en tant que femmes. Pour le personnage-féminin
Lilas, l'accès à l'indépendance représente
véritablement une rupture avec le monde ancien. Tout ce qui était
refusé à sa mère, et à toutes les femmes des
générations précédentes, lui est accessible : les
études, le monde extérieur, le dévoilement, et surtout la
possibilité de choisir le sens que l'on veut donner à sa
vie.
Mais Lilas prendra vite conscience que cette liberté est
illusoire, tant la pression de la société est grande. La
narratrice ne croit pas faire preuve de mauvaise foi quand elle dit que les
femmes en portent une grande part de responsabilité, ne serait-ce que
par l'éducation qu'elles donnent à leurs fils.
Avec cette richesse sémantique des deux cultures,
tradition et modernité, la narratrice a pu construire un milieu hostile
et une atmosphère homogène entre les deux héros. Cette
diversification distingue, une culture de l'autre, la tradition
(« Le Haïk, Le Hammam... »), de la
modernité (« le Dévoilement, La liberté de
la femme... »).
111.3-L'écriture entre
« culture » et
« interculture » :
Une
culture peut se
définir par de nombreux niveaux (région, nation, groupe etc.).
Chaque
être humain a
sa propre histoire, sa propre
vie et par conséquent sa
propre «
culture »ou
son appartenance
culturelle.
« Bleu Blanc Vert » est une histoire
d'un couple qui se connaît depuis l'enfance, nourrit par des espoirs et
des doutes. Ce roman devient passionnant quand il se situe dans l'Histoire de
l'Algérie. Questionnement concernant l'héritage de la culture
française, sur l'intégrisme, l'identité,
l\u8217faltérité, la constitution d\u8217fun pays, et le combat
pour la liberté \u8230cetc.
Une culture ne peut
évoluer que grâce au contact avec d'autres cultures, mais ce
contact peut être considéré de différentes
façons. « Bleu blanc vert » révèle un
pari Interculturel.
En effet, dans ce roman, l'Interculturalité suppose
l'existence d'une relation entre les deux héros qui appartiennent aux
différents groupes socio-culturels, C'est un concept plus ample qu'un
simple fait « pluriculturel ».
En conséquence, l'altérité est une
attitude développée en
médiation et
particulièrement développée dans les contextes d'
interculturalité.
D'autant plus que la reconnaissance de l'autre dans sa différence. C'est
une valeur essentielle de la laïcité qui privilégie le
métissage des cultures comme source d'enrichissement intellectuel,
d'évolution et de paix.
« [...] il répète toujours qu'on ne
peut pas coloniser un peuple instruit [..] Il faut qu'on quitte le
village. »95(*)
La rencontre de l'autre en ce qu'il est «
différent », c'est la raison pour laquelle le terme «
altérité » nous semble mieux rendre compte de cette valeur
essentielle. La tolérance ou l'altérité n'ont
évidemment de sens et de portée que dans la différence.
Le phénomène d'altérité repose sur
différentes convictions humaines qui se heurtent, s'entremêlent
et se fusionnent sans que l'être perde sa personnalité, son
identité, ses racines, et sa culture.
« J'ai écrit sur mon carnet. Certainement
à celui qui viendra un jour habiter mes rêves. J'ignore qui il
est, ce qu'il fait en cet instant. Mais je sais qu'il existe. Forcément.
Et qu'il les lira un jour. Je pense très souvent à celui qui sera
mon aimé. Mon seul. Mon unique amour [...] Je sais que je devrais penser
à autre chose. A mes études par exemple. Mais je ne peux pas
m'empêcher de rêver [...] De franchir les frontières et de
m'inventer des vies. »96(*)
« Mais je connais mieux le français.
L'arabe qu'on apprend à l'école n'est pas exactement le
même que celui qu'on parle à la
maison »97(*)
L'écrivaine recherche le mot juste dans son
écriture afin d'exprimer des situations vécues et son ressenti
concernant son pays, sa révolte. On pourrait presque retracer l'Histoire
à partir de ces seuls verbes « Conquérir.
Découvrir. Construire. Fonder. Créer. Façonner. Forger.
Produire. », d'où la re-constitution de l'histoire des
personnages.
D'après notre analyse de l'espace, le contexte est simple:
il s'agit de l'espace référentiel de
« Algérie » et de son histoire. Tous les
évènements historiques évoqués dans
« Bleu Blanc Vert », sont tirés de la
réalité, de vécu : « la guerre
d'Algérie, et la décennie noire »
L'espace algérien est d'abord espace d'origine des
écrivains, le lieu où ils vivent actuellement. Mais l'origine
géographique de l'écrivaine n'est qu'un critère
socio-historique incomplet. Il faut ajouter que de tous les extraits
décrivent l'Algérie comme un référent principal.
Cet espace fonctionne, donc, comme un lien où la représentation
des deux discours permettra d'appréhender leurs rapports divergents ou
semblables au réel.
Conclusion :
« Bleu Blanc Vert » un roman,
où la narratrice recherche les raisons qui l'ont poussée
à développer cette pulsion romanesque qui l'évince vers
elle l'exploration du passé, une exploration intimiste. Ce roman
serait la recherche d'une identité collective, d'un point de
repères qui allie les deux familles, les deux héros (Ali et
Lilas) et les deux cultures.
Que peut-on conclure de ce qui a été
développé dans notre analyse ?
« Bleu Blanc Vert » n'est pas une
chronique ni une étude sociale. C'est une histoire romancée avec
deux regards, l'un masculin et l'autre féminin avec des anecdotes
réelles et inventées
Maïssa Bey, à travers le regard de ces deux jeunes
adultes, continue ainsi d'évoquer l'histoire algérienne depuis
l'indépendance, marquant les années 90. Cette période se
caractérise par l'émergence et le retour des femmes
voilées, la pression sur les hommes pour les obliger à aller
à la mosquée, les slogans hurlés dans la rue à la
gloire de Dieu.
En effet, l'écrivaine met en évidence l'Histoire
et la mémoire collective pour tenter de comprendre le silence et les
conditions imposés aux femmes.
L'écrivaine voulait traduire la rupture avec le monde
de colonialisme dans l'esprit des personnages du roman «Bleu blanc
vert», quand elle revient sur les trente premières
années de l'indépendance de son pays. Ce roman est conçu
comme un témoignage historique, à la manière d'un journal
intime, où la poésie n'est jamais absente. Ainsi, l'oeuvre de
Maïssa Bey révèle son engagement et son parcours
littéraire.
Son roman manifeste une écriture que l'on pourrait
nommer interculturelle, obligeant le lecteur à jongler entre deux
systèmes de références, deux espaces, l'amenant ainsi
à favoriser un univers culturel entre identité et
altérité.
Nous avons mis en évidence l'identité
culturelle des personnages dans ce roman et l'Interculturalité
résultant des différents contacts vécus entre eux. Nous
pensons que la différence entre personnage « être de
papier » et personne « être réelle »
est facile à établir dans un univers romanesque, même si
l'écriture réaliste dans ce roman « Bleu Blanc
Vert » tend à nous faire oublier cette différence
fondamentale.
4 1)-les oeuvres de l'auteure :
& « Nouvelles
d'Algérie », Grasset, 1998, (Grand prix de la Nouvelle de
la Société des gens de lettres).
& « Dire le mode »,
collection Méditerranée-librio, septembre 1998.
& « A contre silence »,
recueil d'entretiens et de textes inédits, Paroles d'Aube, 1999
& « Algérie : 200ans
d'histoire » seghers, janvier 1999.
& « Etoiles d'encre »,
Chèvrefeuille Etoilée, mars2000.
& « Cette fille là »,
roman, l'aube 2001.
& « Entendez-vous dans les
montagnes », l4aube et Barzakh ,2002
& « Le journal intime et politique,
Algérie 40ans après ». Avec (Mohamed Kacimi,
Boualem Sansal, Nourredine Saadi, Leila Sebbar), l'Aube et littera 2003
& « Au commencement était la
mer », roman, Marsa, 1996 ; L'Aube, 2003.
& « Les Belles
Etrangères ». Treize écrivains, l'Aube et Barzakh,
2003.
& « L'hombre d'un homme qui marchait au
soleil », réflexions sur Albert Camus, préface de
Catherine Camus, Chèvre-feuille étoilée, 2004.
& « Sous le jasmin de la
nuit », nouvelles, L'Aube et Berzakh, 2004.
& « Surtout ne te retourne
pas », Edition Barzakh, mai2005.
& « Alger 195 » (avec
Benjamin Store, Malek Alloula ; photos d'Etienne Sved), Le Bec en l'air et
Barzakh, 2005.
& « Sahara, mon amour »
(photos Ourida Nekkache), l'Aube, 2005.
& « Bleu Blanc Vert», Edition de
l'Aube, la Tour d'Aigues, septembre 2006.
4 2)-Les ouvrages
théoriques :
& Jean Michel Adam et François Revaz.
« L'analyse des récits ». Editions du Seuil
1996.
& Christiane Chaulet Achour, Amine Bekkat «
clefs pour la lecture des récit ». Edition du Tell
Alger2002.
& Christiane Achour, Simon Rezzoug,
« Introduction à la lecture du littéraire,
Convergences Critiques », Editions du Telle, Alger, Office des
Publications universitaire 1995.
& Roland Barthes « Le degrés
zéro de l'écriture », éditions du Seuil,
France 1953,1972.
& Maurice Blanchot « L'épreuve de
temps », collection Eric Hoppenot. Editions complicité
2006.
& Maurice Blanchot, « L'espace
littéraire », éditions du Seuil, 1955, Paris.
& Charles Bonn, « Le Roman maghrébin
de langue française », Paris, L'Harmattan 1985.
& Genette Gérard, « Figures
II », éditions Seuil, coll. Points, Paris 1969.
& Yves Reuter. « Introduction à
l'analyse du roman ». Sous la Direction de Daniel Bergez. Sur
les presses de S.N.E.L. Rue Vincent. Mai2003.
& Benjamin Stora, « Histoire de la
guerre d'Algérie », édition la Découverte.
1954-1962.
& T Todorov. « Théorie de la
littérature, texte des formations russes »,
édition du seuil, 1966.
4 3)-Interviews :
& Chaque interview est dûment authentifiée par
les initiales Littérature/Action ou par la signature d'un membre de
l'équipe éditorial
& Dans la rubrique L'auteur répond aux questions
d'Algérie Littérature / Action, Nov. 1996, Paris:
Editions.
& Déclaration du général de Gaulle,
JT20h, ORTF, 18 mars 1962 (INA)
4 4)-Les
Dictionnaires :
& Dictionnaire Larousse, Edition Larousse. Paris.1991.
& Dictionnaire Hachette. Paris.2003.
4 5)-Les références
internaugraphiques :
&
http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=53536.
& http://www.fabula.org.
& http://www.limag.com.
& http://
www.loupetiart.org/citation/sigmund-Freud/1486.
&
http://www.evene.fr/celebre/biographie/maissa-bey-17624.php
Table des matières
Introduction.....................................................................................1
Chapitre I : Etude
Titrologique...............................................................7
@ I.1-La symbolique de « Bleu Blanc
Vert »..............................................8
@ I.2-Style d'écriture de Maissa
Bey.....................................................12
@ 1.3-Ecriture et révélation
féminines...................................................14
Chapitre II : Etude des
personnages.......................................................18
@ II.1-Etude des personnages
principaux...............................................21
a)-
Ali..............................................................................................21
b)- Lilas...........................................................................................22
c)- La vie du
couple:............................................................................23
@ II.2-Etude des personnages
secondaires..............................................25
a)-Le père de
Ali.................................................................................25
b)-La mère de
Ali................................................................................25
c)-La mère de
Lilas..............................................................................26
d)-Le frère
Hamid...............................................................................26
e)-Le père de
Lilas...............................................................................27
@ II.3-Niveau de la
narration.............................................................27
Chapitre III : Les repères
identitaires......................................................30
@ III.1-Les espaces de la
quête............................................................31
a)-Alger, espace
originel.......................................................................31
b)-Le village, le point de départ (de
repère).................................................32
c)-L'immeuble....................................................................................32
@ III.2-La fusion des
cultures.............................................................41
@ III.3-L'écriture entre une
« culture » et
« interculture »...........................43
Conclusion.......................................................................................46
Références
Bibliographiques................................................................48
Références
Internaugraphiques ............................................................51
«
Écrire contre la violence du silence, de
l'injustice, de
l'indifférence et de l'oubli ».
«Mon
écriture est un engagement contre tous
les
silences ».
Maïssa Bey
* 1 Tiré de "Cinq romans
algériens" Marsa, France, 1998.
* 2
http://www.fabula.org/actualites/article15442.php
* 3 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », Edition de l'Aube, la Tour
d'Aigues, septembre 2006.
* 4
http://www.evene.fr/celebre/biographie/maissa-bey-17624.php
* 5 Maissa Bey
« Bleu Blanc Vert », p 63.
* 6 Ibid, p 137.
* 7 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p208.
* 8 Ibid, p271.
* 9 Ibid, p276.
* 10 Christiane Achour, Amine
Bekkat « clefs pour la lecture des
récits ». Edition du Tell, Alger2002, p146
* 11 Christiane Achour, Simon
Rezzoug, Introduction à la lecture du littéraire
.Convergences Critiques, Edition du Telle, Alger, Office des Publications
universitaires 1995, pp.29-30.
* 12 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p 13.
* 13 Ibid, p137.
* 14 Ibid, p263.
* 15 Terme, dans la langue
arabe, signifiant «la plume».
* 16 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p 20.
* 17 Ibid, p13.
* 18 Ibid, p 42.
* 19 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p44.
* 20 Ibid, p56
* 21 Ibid, p120.
* 22
http://www.fabula.org/actualites/article15442.php
* 23 N12 et 13 de la revue
Algérie Littérature/Action, page134
* 24
http://www.fabula.org/actualites/article15442.php
* 25 Epitexte : tout
élément para-textuel qui ne se trouve pas matériellement
annexé au texte dans le même volume mais qui circule en quelque
sorte à l'air libre, dans un espace physique et social virtuellement
illimitté. G. Genette cité par Philipe Same. La
périphérie du texte, Fac. Linguistique, Nathan université
page18
* 26 Chaque interview est
dûment authentifiée par les initiales Littérature/Action ou
par la signature d'un membre de l'équipe éditorial
* 27
http://www.fabula.org/actualites/article15442.php
* 28 Dans la rubrique
L'auteur répond aux questions d'Algérie Littérature /
Action, Nov. 1996, Paris: Editions
* 29 Yves Reuter,
introduction à l'analyse du roman, Sous la direction de Daniel
Bergez. Sur les presses de S.N.E.L. Rue Vincent. Mai 2003, p 27
* 30 Théorie de
la littérature, édition du seuil, 1966, texte des
formations russes, traduit par T Todorov.
* 31 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p 53.
* 32 Ibid, p56.
* 33 Ibid, p72.
* 34 Ibid, p96.
* 35 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p18.
* 36 Ibid, p43.
* 37 Ibid, p31.
* 38 Ibid, p90.
* 39 Ibid, p91.
* 40 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p25.
* 41 Ibid, p76.
* 42 Ibid, p35.
* 43 Ibid, p109, 110.
* 44 Ibid, p96.
* 45 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p 68.
* 46 Ibid, p105.
* 47 Ibid, p167.
* 48 Ibid, p 220
* 49 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p248.
* 50 Ibid, p 284.
* 51 Ibid, p 284.
* 52 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p49.
* 53 Ibid, p49.
* 54 Ibid, p103.
* 55 Ibid, p19.
* 56 Ibid, p49.
* 57 Ibid, p47.
* 58 Ibid, p 42.
* 59 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p17.
* 60 Ibid, p49.
* 61 Ibid, p52.
* 62 Ibid, p36.
* 63 Ibid, p62.
* 64 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p76.
* 65 Ibid, p25.
* 66 Ibid, p70.
* 67 Ibid, p101.
* 68 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p92.
* 69 Ibid, p56.
* 70 Ibid, p72.
* 71 Ibid, p 78.
* 72 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p79.
* 73 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p101.
* 74 Ibid, p131.
* 75 Ibid, p185.
* 76 Ibid, p189.
* 77 (Clefs pour la lecture des
récits, convergences critique II, Christiane Achour Amina Bekkat,
édition du tell 2002. page 50).
* 78Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p03.
* 79 Ibid, p14.
* 80 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p20.
* 81 Ibid, p21.
* 82 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p41.
* 83 Ibid, p42.
* 84 Maissa Bey,
« Bleu Blanc Vert », p282.
* 85 L'épreuve de
temps chez Maurice Blanchot, par collection Eric Hoppenot. Edition
complicité 2006, p15
* 86 Les chefs du FLN,
appelés les « historiques », sont :
Hocine Aït
Ahmed,
Ahmed Ben Bella,
Krim. Belkacem,
Mostefa Ben
Boulaïd,
Larbi Ben M'Hidi,
Rabah Bitat,
Mohamed Boudiaf,
Mourad Didouche et
Mohamed Khider.
* 87
Déclaration
du général de Gaulle, JT20h, ORTF, 18 mars 1962 (INA)
* 88 Benjamin Stora,
Histoire de la guerre d'Algérie, éditions la
Découverte.1954-1956, p70
* 89 Maissa Bey, «
Bleu Blanc Vert », p 110.
* 90 Ibid, p129.
* 91 Ibid, p50.
* 92Yves Reuter,
introduction à l'analyse du roman, Sous la direction de Daniel
Bergez. Sur les presses de S.N.E.L. Rue Vincent. Mai 200, p80.
* 93 Maissa Bey, «
Bleu Blanc Vert », p 104.
* 94 Ibid, p66.
* 95 Maissa Bey, «
Bleu Blanc Vert », p 21.
* 96 Maissa Bey, «
Bleu Blanc Vert », p 66.
* 97 Ibid, p155.