3-2 Une mixité renversée
Depuis le début de sa dégradation,
l'extérieur du Palais des Congrès est occupé par des
S.D.F. Du côté de la rue St Nicolas, un banc est très
souvent couvert d'une couverture et non loin de lui se balade son
« propriétaire ».
Du côté de la rue des Carmes, un S.D.F a
installé son lit. Il a élu domicile là et parle de
« sa maison ». Lors d'une conversation avec lui, il a pu me
confier que le Palais des Congrès était le refuge des
pauvres : « Ici on est protégé du vent, de la
pluie, et puis quand on veut pisser, on va derrière, alors je suis
là tout le temps, tout le monde me connaît, ici c'est chez
moi », (Michel, SDF, entretien n°8).
Mais depuis début Avril, sa
« maison » n'est plus accessible. Des plaques de tôle
ont été posées tout autour du Palais, sur lesquelles est
affiché le permis de démolir.
Aussi, l'image de ce bâtiment est doublement
négative du fait de l'esthétique du bâtiment et de sa
fréquentation.
Les Rouennais passent très vite devant le
bâtiment, il est réservé à une population bien
ciblée. Seuls les bancs qui se trouvent devant le palais, face au parvis
de la Cathédrale sont fréquentés par des Rouennais et les
touristes.
Lorsque l'espace Monet Cathédrale aura vu le jour, la
fréquentation de ce lieu sera peut-être
bien différente. Les logements et les boutiques seront
réservés à une population particulière mais
très différente de ceux qui fréquentent les
extérieurs du Palais actuellement.
De par le prix des logements, les types de boutiques qui vont
être à l'intérieur, on s'attend à
passer d'une fréquentation des lieux par des personnes
pauvres à une fréquentation par la population la plus bourgeoise.
L'embourgeoisement du centre-ville connu sous le nom de
gentrification le rendrait selon certains plus dynamique et plus
valorisé.
Que ce soit du côté des habitants ou du
côté des élus, tout le monde partage l'avis selon lequel
l'espace urbain doit être investi par ses habitants. La consultation des
habitants est une pratique démocratique, qui leur permet de participer
activement à la vie de cité.
Depuis la décentralisation des décisions, la
consultation des habitants est de plus en plus sollicitée. Par exemple,
la seule participation des citoyens aux élections municipales
paraît insuffisante aux habitants et par conséquent, la loi de
Démocratie de proximité donne plus de poids à la
Démocratie locale dans les communes de plus de 3 500 habitants.
Le Maire devient en effet un acteur plus important et plus
responsable, par conséquent il peut consulter ses habitants pour le
guider, ce que pouvait difficilement se faire quand toutes les décisions
étaient prises par l'Etat.
1- Le fonctionnement de la démocratie participative
« en théorie »
La démarche de programmation concertée et
participative (PCP) suppose l'existence d'une volonté forte de s'engager
dans un tel processus qui doit se traduire par la présence du Maire
à la tête du comité de pilotage.
La concertation et la participation concernent chacune des
phases de programmation depuis le début jusqu'à la
réalisation du projet (projet/diagnostic/programme/conception/
réalisation). En théorie, la démarche est linéaire,
mais la plupart du temps, les phases s'entremêlent car il faut toujours
avoir en tête les phases qui vont suivre. Par exemple, en pensant au
projet Monet Cathédrale, il aurait fallu anticiper sur les
réactions des habitants.
Tout au long du processus, trois instances vont être
conduites à intervenir. Tout d'abord, l'instance décisionnelle,
c'est-à-dire le groupe de pilotage comprenant les représentants
de la maîtrise d'ouvrage et des différents partenaires publics et
privés, propriétaires et gestionnaires.
Ensuite, on trouve l'instance opérationnelle, qui
comprend l'équipe de programmation et celle de conduite
d'opération.
Et enfin, l'instance de citoyenneté et d'usagers qui
intervient sous trois modalités, à savoir des individus et des
collectifs comme le conseil de quartier, des groupes de travail animés
par des assistants extérieurs à la maîtrise d'ouvrage et
des débats publics organisés à la fin de chaque
étape.
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