Enjeux politiques et sociaux d'un changement spatial( Télécharger le fichier original )par Audrey LELONG Université de Rouen - Master 2001 |
4 L'épreuve du classement de l'UNESCOCette harmonie est notamment recherchée depuis que Rouen s'est présentée deux fois au concours de l'UNESCO et qu'elle n'a pas été retenue, entre autre, « pour cause d'une trop grande hétérogénéité architecturale », (P.A Lablaude, Chef des monuments historiques, entretien n°1) : « Tout d'abord, notre dossier manquait un peu de sens au dire des experts. Il ne suffit pas de disposer d'un patrimoine historique exceptionnel, encore faut-il avoir une véritable démarche d'interprétation et d'animation du patrimoine car les concurrents sont désormais très nombreux et la lutte est sévère. Ensuite, les abords du centre historique de notre ville ont été jugés trop peu soignés c'est-à-dire les quais, les boulevards et les entrées de la ville. (...). Enfin, les experts ont trouvé une ville très hétérogène architecturalement. Avoir un patrimoine historique c'est le conserver en ne le dénaturant pas par d'autres architecture », (Propos de P. Albertini, Maire de Rouen, sur le site : www.capidees.net). Les membres de la municipalité acceptent ces remarques qui sont à l'origine de cet échec mais se battent maintenant pour que la ville ait une harmonie architecturale. Cette persévérance pour la reconnaissance voudrait que chaque habitant fasse un effort, il n'est pas libre de choisir ce qu'il aime pour son habitation mais ce qui est bien pour sa ville. Par exemple, les commerçants doivent avoir des enseignes très réglementées et encore plus dans le secteur sauvegardé : En secteur A, l'enseigne perpendiculaire peut dépasser de 0,6 m ou 0,8 m selon la largeur de la rue. En secteur B, elle peut dépasser de 0,8 m, 1 m ou 1,2 m selon la largeur de la rue. L'objectif de ces mesures est de parvenir à une harmonisation de la présentation des enseignes, afin qu'elles participent à l'embellissement de la ville. Un autre exemple tiré de mon stage : un commerçant de la rue du Gros Horloge qui avait fait un soubassement en placoplâtre a été obligé de refaire des travaux pour y mettre de la pierre, qui est plus fidèle à l'environnement. Si ces contraintes existent, c'est pour garder une certaine harmonie, explique l'Architecte des Bâtiments de France. Il ne s'agit pas de contraindre les habitants sur ce qu'ils doivent faire chez eux mais c'est un devoir de conserver l'historicité du lieu, ce qui est le cas pour le projet Monet-Cathédrale. Il s'agit de supprimer la friche du Palais des Congrès, de réaliser un projet architectural contemporain et de qualité tout en respectant les obligations du plan de sauvegarde du centre-historique. L'Architecte des Bâtiments de France et la municipalité se réjouissent donc d'avoir enfin une solution pour redonner vie à ce bâtiment oublié et pour découvrir les vestiges de la façade Romé. Il s'agit d'un des objectifs de la reconquête du centre-ville. Cependant, le projet Monet Cathédrale est très mal compris pour ces raisons de contraintes qui ont pour but de réussir à constituer une ville avec une architecture homogène : « On ne peut rien faire dans cette ville, tout est toujours beaucoup trop réglementé. Et là, on me dit quoi ? Un bâtiment en verre !!! A non mais laissez-moi rire, là on court à la catastrophe. On se fout vraiment de nous ! », (Eric, Commerçant de la rue du Gros Horloge, entretien n°3). En effet, comment les commerçants et habitants du secteur peuvent comprendre une telle différence entre ce qu'on leur impose et ce que la municipalité laisse faire juste à côté de la cathédrale ? C'est d'autant plus incompréhensible que la ville a une architecture trop hétérogène. Rouen a en effet des styles architecturaux très diversifiés et ce phénomène se renforce malgré les critiques de l'Unesco. Des villes comme Reims ou Dresde, classées au patrimoine mondial il y a plusieurs années ont également voulu se moderniser. Mais aujourd'hui, leur suppression des villes classées est effective. L'Unesco, qui s'attache à inscrire les villes au patrimoine mondial, se met aussi un point d'honneur à vérifier si les villes inscrites respectent les critères qu'elle a proposés. Les villes classées qui ne respecteraient pas les critères seront radiées. |
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