CONCLUSION
Principalement axée sur la problématique de la
recherche dans les universités africaines à travers
l'identification des contraintes et des stratégies de recherche dans les
laboratoires de recherche de l'UGB, notre travail ne peut se prévaloir
d'une généralisation sur une grande échelle compte tenu de
la spécificité de l'UGB. De nos analyses se dégageait la
question centrale suivante : Quelles sont les contraintes et
stratégies de recherche des laboratoires de l'Université Gaston
Berger de Saint Louis ?
Par rapport à cette question, nous avons construit un
modèle d'analyse par le biais duquel une hypothèse de travail a
été formulée : La faiblesse des ressources
financières, matérielles, informationnelles, culturelles,
psychiques et humaines dont disposent les laboratoires de recherche à
l'UGB, amène les chercheurs à développer des
stratégies de recherche, de financement ou de moindres coûts et de
sécurisation des recherches en vue de faire des productions
scientifiques.
Cette hypothèse de départ n'a pas
été postulée d'entrée de jeu comme absolument
vraie. Elle a été soumise à l'épreuve des faits
comme nous l'exige toute démarche scientifique. Dans cette dynamique,
nous avons ensuite été amené à définir ses
concepts clefs tout en construisant leurs dimensions et leurs indicateurs. La
traduction empirique de tout ce protocole de la recherche s'est
matérialisée d'une part, par une étude diachronique de
l'étude et d'autre part, par une approche descriptive de la zone
d'investigation. Elle a été facilitée par la mise en
oeuvre d'une méthodologie fondée sur un choix rigoureux et
combiné de plusieurs outils de collecte et d'analyse des informations
qui nous ont permis de d'aboutir à un certain nombre de résultats
:
- l'implication de l'administration centrale (Conseil
Scientifique, UFR) est encore très faible pour appuyer et soutenir la
recherche. Au niveau du Conseil Scientifique, nous avons noté une
absence de politique de recherche perceptible à travers un
déficit d'orientation, de contrôle bref d'organisation de la
recherche qui se mène au niveau des laboratoires. De cela, naissent des
rapports faits d'ignorance, d'opacité entre le Conseil Scientifique et
les structures de recherche qui ne lui reconnaissent aucune utilité.
Pour ce qui est des UFR, leur manque d'intérêt pour la recherche
est perceptible à travers la faiblesse ou l'absence de crédit
accordé aux structures de recherche ;
- les laboratoires de recherche de l'UGB sont des structures
qui sont crées de manière« informelle ». En effet, ils
n'ont aucun statut juridique définissant les objectifs du laboratoire,
les différentes activités et les rôles de chacun de ses
membres. C'est ce qui explique que le fonctionnement des structures de
recherche dépend du responsable du laboratoire. Ces dernières
sont ainsi sujettes à une gestion autocratique de la part du responsable
qui a pour corollaire le désintéressement des membres aux
activités du laboratoire qui constituent les ressources humaines sur
lesquelles repose la recherche ;
- les laboratoires de recherche de l'UGB sont confrontés
à un déficit criard en ressources documentaires et logistiques
propices au développement de la recherche.
Néanmoins, face à ces contraintes, les
structures de recherche de l'UGB parviennent tout de même à
produire en mettant en place un certain nombre de stratégies qui
permettent aux structures :
- de faire de la recherche et des publications à
travers la participation à des projets de recherche. Aussi, cela leur
permet de résorber leur déficit logistique, car les projets de
recherche financés par des bailleurs viennent avec le lot
d'équipements nécessaire au bon déroulement de
l'étude ;
- de financer la publication ou d'amoindrir les coûts de
production à travers la cotisation, la consultance entre autres.
En définitive, notre hypothèse de recherche a
résisté à l'épreuve des faits. Ainsi, sans
prétendre à un quelconque messianisme, nous pensons que sa
validation témoigne de :
- l'érection du Conseil Scientifique en une Direction
jouissant d'une autonomie financière et organisationnelle qui
impliquerait davantage les laboratoires de recherche dans ses activités.
Ceci permettrait à l'Université d'avoir son programme de
recherche avec des thématiques précises dans lesquelles les
structures de recherche prendront part (de la conception à
l'exécution) et, partant de là, auront obligation de
résultats ;
- la nécessité pour les UFR d'appuyer
substantiellement la recherche à travers des subventions
octroyées aux structures de recherche et des revues qui existent. Un tel
financement doit être inscrit dans le budget des UFR ;
- la mise sur pied d'une gestion transparente des structures
de recherche qui permettrait l'implication de tous les membres dans le
fonctionnement du laboratoire. Pour cela, il devient impérieux de
définir un cadre juridique organisant le fonctionnement des structures
de recherche vis-à-vis de ces membres mais aussi vis-à- vis de
l'administration centrale (Rectorat, UFR).
Ce travail ouvre également de nombreuses pistes de
recherche qui n'ont pu être explorées dans le cadre de ce
mémoire de maîtrise. En effet, il serait intéressant dans
des recherches ultérieures de mener des études comparatives entre
les pratiques de recherches des universités du Nord et celles du Sud
afin d'en saisir les forces et les faiblesses.
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