CHAPITRE II : Contraintes et stratégies des
laboratoires de recherche de l'UGB
Cette partie s'intéresse aux contraintes et
stratégies mises en oeuvres par les laboratoires pour produire. Pour ce
qui est des contraintes, notre argumentation se fait en trois temps. D'abord,
nous évoquons les contraintes d'ordre organisationnel, puis celles
relatives aux financements des laboratoires de recherche et enfin les
contraintes logistiques et matérielles. Par rapport à ces
contraintes, les laboratoires développent trois sortes de
stratégies, à savoir les stratégies financières, la
stratégie du moindre coût et de sécurisation des travaux et
enfin celle relative à la diffusion (produits de la recherche) et
à la recherche.
I. Les contraintes
Les résultats de l'enquête révèlent
une kyrielle de contraintes auxquelles sont confrontées les structures
de recherche. Toutefois, trois grandes familles de contraintes peuvent
être retenues :
y' Les contraintes d'ordre organisationnel ; y' Les contraintes
financières ;
y' Et enfin les contraintes logistiques et matérielles
I.1. Les contraintes d'ordre
organisationnel
I.1.1. Au plan interne
L'organisation des laboratoires de recherche de l'UGB, comme
le révèle les résultats de l'enquête, est sous la
responsabilité d'une équipe restreinte. La direction au sein des
laboratoires est réduite au strict minimum, ou mieux, au strict «
nécessaire ». Cette situation rend compte de toute l'opacité
qui entoure l'organisation des structures de recherche et de la gestion
paternaliste des laboratoires de l'UGB. C'est pourquoi, la survie des
laboratoires de l'UGB dépend essentiellement du dynamisme du responsable
qui constitue le pivot de la structure. Ce responsable note ceci : «
dans notre laboratoire, je dirige tout, si je ne suis pas là, le
laboratoire ne fonctionne pas, je suis le seul interlocuteur du
laboratoire ».
La centralisation du pouvoir entre les mains des responsables
affecte incontestablement le fonctionnement et la coordination des
activités du laboratoire en empêchant ainsi la circulation des
informations. En effet, un seul laboratoire a engagé une
secrétaire qui travaille à plein temps dans la structure. Dans
les autres laboratoires, ce sont des étudiants qui assurent les
fonctions de secrétaires.
Par ailleurs, au niveau des membres des expressions comme
« je ne suis pas responsable », « je ne suis qu'un
simple membre sans responsabilité aucune », ou encore «
je ne suis qu'un simple étudiant de DEA » reviennent tout
au long de l'enquête et attestent une fois de plus leur non implication
dans les activités du laboratoire. C'est pourquoi à la question
« avez-vous entrepris une action pour le bon fonctionnement du laboratoire
? », la réponse a été catégorique et fut la
suivante : non. Les raisons avancées pour rendre compte de cette
situation sont les suivantes :
D'aucuns affirment : « nous ne sommes pas trop
impliqué dans la marche du laboratoire », tandis que d'autres
arguent qu' : « il n'existe pas de coordination et de suivi des
activités du laboratoire ». La gestion de l'information, sa
circulation constituent pour certains membres des éléments
justifiant leur non implication dans les activités du laboratoire. Ces
derniers l'expriment ainsi : « c'est le responsable qui dirige tout.
Nous, nous ne sommes même pas informés du planning des
activités du laboratoire. Pire encore, il n'existe pas de support pour
les membres en vue de connaître les objectifs et les activités du
laboratoire. A ce niveau, Il y a un flou total dans lequel baignent les membres
des laboratoires de recherche ».
Sur le plan de la recherche, ces contraintes agissent
négativement sur la dynamique de groupe, sur laquelle repose
essentiellement la production des laboratoires. Ainsi face à cet
environnement peu propice au fonctionnement des structures de recherche et face
à la condition d'exercice du métier de chercheur, les membres des
laboratoires ne sont plus motivés pour participer pleinement aux
activités du laboratoire en général et la recherche en
particulier.
En effet, comme le note un membre « le manque de
suivi entraîne parfois de la part du chercheur de délaisser
partiellement ces recherches. Mais s'il se trouve qu'on est dans un laboratoire
ou le directeur est absent ou inaccessible comme c'est notre
cas, on ne peut pas produire mais surtout cela pose le
problème de l'organisation des séminaires ».
Aussi, comme le remarque un autre membre, les
responsabilités sont à situer au niveau des membres. C'est
pourquoi il souligne l'inactivité des membres qui selon lui «
ne proposent pas de projet porteur». Il ajoute que « chaque
membre cherche dans son coin ce qui est en contradiction avec les objectifs du
laboratoire ».
I.1.2. Les laboratoires et leurs relations avec le Conseil
Scientifique du rectorat
Les rapports qu'entretiennent les structures de recherche de
l'UGB et le Conseil Scientifique sont quasi nuls voire inexistants. En effet,
le Conseil Scientifique, comme nous l'avons noté dans la deuxième
partie, est la structure chargée de soutenir, d'organiser et stimuler la
recherche dans l'Université. Dans cette dynamique, pour la
réalisation de ses objectifs, le Conseil Scientifique se trouve dans
l'obligation d'intégrer les laboratoires de recherche dans
l'élaboration de sa politique de recherche. Paradoxalement, les
résultats de l'enquête révèlent un manque
d'intérêt de cette structure pour le fonctionnement des
laboratoires. Mieux, le dialogue est rare entre les laboratoires de recherche
et le Conseil Scientifique. Tour à tour, les responsables ont
exprimé cette situation délétère entre ces deux
entités. A ce propos, un responsable de laboratoire affirme : «
je n 'ai aucun rapport avec le Conseil scientifique. Je n 'ai jamais
été convoqué par cette structure. Je ne suis même
pas au courant de son existence. Par contre l 'UFR prévoit un budget de
500.000FCFA pour les laboratoires et a mis à notre disposition un local
et des outils de travail ».
Un autre responsable de laboratoire exprime sa mise en
quarantaine par le Conseil Scientifique en ces termes : « à
cause d'un conflit interne entre moi et une autorité de
l'Université, on m'a ignoré dans le Conseil Scientifique. Les
réunions se tenaient et je n'y étais pas invité. Chose
tout à fait injuste, parce que comme les autres collègues, je
suis aussi responsable de laboratoire ».
Toujours dans le cadre de la description des rapports entre
les structures de recherche et le Conseil Scientifique, un responsable de
laboratoire souligne : « le Conseil Scientifique a attribué une
seule fois une subvention au laboratoire et ceci c'est
grâce à moi que j'ai pu l'obtenir. Il y a
aucun contrôle de la part du Conseil Scientifique ».
Par contre un autre responsable, dans ses propos, note
l'implication du Rectorat dans ses activités en ces termes : «
chaque fois qu'il y a un projet, l'information est transmise au niveau du
rectorat. La durée du projet, les modalités d'exécution et
les moyens à mobiliser lui sont communiqués. Le Rectorat a mis
à notre disposition des locaux et signe les conventions d'engagement de
nos projets. Quant au Conseil Scientifique, nous avons été une
fois financé par lui et c'était lors de nos premières
activités ».
Le constat général qui se dégage à
travers ces propos des responsables montre l'échec du Conseil
Scientifique dans sa mission d'organisation de la recherche. En effet,
l'article 7 de l'arrêté rectoral portant organisation et
fonctionnement du Conseil Scientifique définit les
responsabilités de cette structure en ces termes : «le Conseil
Scientifique est chargé au sein de l'Université de la
coordination de toutes les activités de recherche et de
l'élaboration d'une politique scientifique pluri annuelle sur la base
d'une programmation scientifique sélective et prioritaire de
l'Université ».
Toutefois, le Président du Conseil Scientifique, pour
sa part souligne l'absence d'un dialogue permanent et organisé avec les
structures de recherche. En outre, il note l'inexistence d'un budget de
fonctionnement. En effet note-t-il : « le Conseil Scientifique
recevait un financement de la BM. Mais il y a de cela deux ans, le donateur a
cessé d'alimenter le fond. » .
|