Section 2 : Risque de taux d'intérêt
Une fois le risque est identifié, les entreprises
disposent de plusieurs modes de protection contre le risque de taux. On
distingue les méthodes traditionnelles (couverture contractuelle,
adossement et immunisation) et les méthodes qui fond appel aux
marchés financiers.
1. Les méthodes traditionnelles de gestion du
risque de taux
La couverture contre le risque de taux peut tout d'abord
être réalisée contractuellement en prenant en compte les
possibilités de remboursement par anticipation des emprunts ou de
renégociation des taux en cas d'évolution à la baisse des
taux. Une seconde méthode classique de gestion du risque de taux
consiste à procéder à des opérations d'adossement
des emplois aux ressources. Il s'agit par exemple, de faire correspondre
à un emprunt obligataire, des placements de même nature dont les
flux monétaires permettront de compenser les sorties de
trésoreries engendrées par l'emprunt. La variation de valeur
encourue sur la position au passif à la suite d'une baisse des taux sera
ainsi compensée par une variation de valeur équivalente sur la
position à l'actif constituée par le placement.
Enfin, la couverture contre le risque de taux peut
s'opérer également par immunisation. Un placement est dit
immuniser si le taux de rentabilité obtenu à la fin de l'horizon
d'investissement est égal au taux actuariel initialement. Cette notion
est transposable immédiatement au financement. On démontre qu'un
placement est immunisé si sa duration est égale à
l'horizon de placement de l'investisseur.
1.1. Contrats à terme ferme
Le principe de couverture du risque de taux par l'usage des
contrats à terme ferme consiste à compenser les variations de
valeurs subies sur une position au comptant, par les variations de valeur d'une
position de sens contraire, constituée de contrats à terme.
Ainsi, l'endettement représentant une position comptant au passif, une
diminution des taux engendre une perte pour l'entreprise qui se traduit par une
augmentation de la valeur actualisée de la dette. Cette perte peut
être éliminée par la constitution d'une position à
terme symétrique à l'actif, et ce, par l'acquisition de contrats
à terme qui s'apprécient lorsque les taux évoluent
à la baisse. De la sorte, l'accroissement du coût de la dette est
compensé par la plus-value réalisée sur le contrat
à terme.
1.2. Terme à terme
Le terme à terme ou forward-forward résulte d'un
accord entre une banque et une entreprise ayant pour objectif de fixer par
avance le taux d'intérêt d'un placement ou d'un emprunt. C'est une
technique qui permet au trésorier de fixer à l'avance le taux
d'intérêt qui sera appliqué à une opération
future de placement ou d'emprunt. Il implique un mouvement de fonds,
c'est-à-dire un placement ou un emprunt réel auprès d'une
banque.
1.3. Le forward rate agreement
Le contrat de FRA permet de garantir un taux
d'intérêt en dissociant l'opération de couverture du
risque, de l'opération de prêt ou d'emprunt. L'acheteur du contrat
est supposé être emprunteur au taux du contrat et le vendeur
prêteur.
Le FRA est un contrat qui permet de fixer le taux
d'intérêt appliqué à une opération future de
prêt ou d'emprunt. Le taux fixé est un taux de n'importe quelle
maturité jusqu'à un an. C'est un instrument de hors bilan qui
n'engendre pas de mouvements de fonds en dehors du versement du
différentiel de taux. En effet, le contrat porte uniquement sur les taux
d'intérêt, en aucun cas il n'y a prêt ou emprunt effectif
à l'échéance du contrat. Par convention, un
trésorier qui anticipe et craint une hausse des taux (cas d'un
emprunteur) achète un FRA, celui qui anticipe et craint une baisse des
taux vend un FRA.
Avantages et inconvénients du FRA
Avantages du FRA
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Inconvénients du FRA
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Instrument de hors bilan
Produit sur mesure
Facilité de montage
Protection séparée du prêt ou de l'emprunt
(pas d'impact sur les lignes de crédit)
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Le taux d'intérêt est fixé
définitivement
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2. Les méthodes nouvelles de gestion du risque
de taux
2.1. Les contrats swaps
Un swap est un contrat conclu entre deux parties qui
s'engagent à changer une certaine somme d'argent suivant un
échéancier précis. Ces sommes sont calculées de
manière à représenter la différence entre les
cash-flows résultant de deux opérations
financières distinctes. Le swap revient donc à changer les
cash-flows résultant d'une première opération
financière. Les swaps de taux d'intérêt peuvent servir
à spéculer, se protéger contre les variations
défavorables du taux d'intérêt, ou effectuer de
l'arbitrage, et notamment l'arbitrage financier , qui permet aux
entreprises de se financer à un coût net inférieur à
ce qu'elles pourraient obtenir sur le marché financier. Il est
basé sur l'utilisation des forces inhérentes à chaque
firme qui échange, via le swap de taux d'intérêt, son
avantage comparatif.
2.2. Les options
Les options sont de tels instruments. Il s'agit de contrats
qui permettent à l'acheteur, moyennant le versement d'une prime
(premium) au vendeur, d'acheter (ou de vendre) à (ou avant) une date
déterminée (dite date d'échéance de l'option) des
actifs financiers (option sur cash) ou des futures sur de tels actifs
(option sur futures) à un prix fixé à l'avance,
dit prix d'exercice. Si, à la date d'échéance,
l'acquéreur de l'option n'a pas effectué l'opération
à laquelle le contrat passé avec le vendeur lui donne droit, il
abandonne l'option. L'avantage des contrats optionnels par rapport aux contrats
ferme est qu'ils permettent de se protéger contre le risque tout en
ayant la possibilité de profité d'une évolution favorable
des taux. Dans le cas des options sur taux d'intérêt, l'actif
sous-jacent est constitué par un titre d'emprunt. L'acheteur d'une
option d'achat (d'une option de vente), en cas d'exercice acheté (vend)
un emprunt au cours fixé que le vendeur s'engage à livrer
(à recevoir). Ce type d'option permet ainsi de fixer un taux maximum
pour un emprunt ou un taux minimum pour un placement.
2.3. Les Caps, les floors et les collars
Le recours au options dans le but de s'assurer un taux sur une
longue période est délicat du fait que les
échéances maximales sont d'environ un an.
C'est la raison pour laquelle on a vu se développer
d'autres contrats : les caps, les floors et les
collars qui portent sur des échéances pouvant aller
jusqu'à dix ans et représentent des contrats conditionnels
négociés de gré à gré.
2.3.1. Le cap
C'est un contrat établi entre deux parties pour une
duré déterminée. Il mentionne un taux fixe et un montant
qui servent de référence pour évaluer la somme à
verser. A la fin de chaque mois, si le taux du marché, par exemple, le
TMM est supérieur au taux fixe de référence, l'acheteur du
cap reçoit une somme en fonction du différentiel de
taux. A l'inverse, si le TMM est en dessous du taux fixe, il n'y a aucun
versement. L'acquisition d'un cap permet ainsi de garantir un taux
maximum d'emprunt. Le vendeur reçoit en contre partie une somme fixe au
début de chaque année, pendant la durée du contrat.
2.3.2. Les floors
Un floor est une série d'options de prêt
qui sert à se couvrir contre la baisse des taux. Ses principes sont
symétriques à ceux du cap, puisqu'il permet à un
prêteur de se protéger contre une baisse des taux sur une longue
période, tout en ayant l'opportunité de bénéficier
d'une hausse éventuelle. Cet instrument garantit un plancher de
placement. Quand le niveau du taux de placement est supérieur au taux
garanti, l'acheteur d'un floor exerce son option afin de recevoir le
différentiel de taux du vendeur.
2.3.3. Les collars
Le collar (ou tunnel) complète efficacement la
gamme des instruments des marchés de gré à gré en
apportant à la fois le caractère d'assurance du cap et
du floor et une réduction du coût de la prime. Il permet
de garantir une fourchette de taux. C'est un contrat qui permet à sont
acheteur de se garantir une zone de taux d'intérêt,
encadrée par un taux minimum et un taux maximum. L'achat de ce produit
correspond à l'achat d'un cap et à la vente
simultanée d'un floor, ce qui permet de réduire la prime
versée. Sa vente correspond à l'achat d'un floor et la
vente d'un cap. Les deux stratégies permettent d'assurer un
taux d'intérêt compris entre un taux plancher et un taux plafond.
Si le taux s'élève au dessus du taux plancher. C'est pour cette
raison que le prix d'un collar est inférieur à celui
d'un floor. Il varie entre 0,1% et 1% par an selon la maturité
et la largeur du tunnel.
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