Le Conflit au Darfour( Télécharger le fichier original )par Mawuse Vormawor Université Mohammed V, Soussi, Rabat - Licence 2008 |
2. LA COMPLICITE DU GOUVERNEMENT SOUDANAIS DANS LE CONFLITL'armement des milices par Khartoum au Darfour ne date pas d'aujourd'hui. Dans les années 80, le première ministre de l'époque Sadiq al Mahdi avait pendant la longue guerre civile opposant le gouvernement aux rebelles sudistes menés par John Garang recouru à l'armement des Muraheleen. Ces milices nomades issues de Kofordan armés pour mener une guerre par allié interposé au sud de la frontière Nord-Sud avaient tendance à viser d'avantage les civiles que l'armé rivale. En dehors des Muraheleen, le gouvernement soudanais avait également employé un certain nombre de miliciens recrutés parmi les Sudistes, qui ont tué des civils dans le Sud ou les ont contraint au déplacement. Aujourd'hui au Darfour, la situation n'est guère différente. Les discussions en vue d'une réconciliation entre les groupes rebelles du Darfour et le gouvernement ayant échoué le gouvernement d'Omar el Béchir annonça en mars 2003 qu'il avait décidé de résoudre le conflit par la force. Il s'agit là d'une erreur fatale car les groupes rebelles vont riposter en menant des attaques contre l'aéroport d'El Fasher, cinq appareils militaires et provoquant par la suite la mort d'environ 80 soldats. Le gouvernement ne pouvant pas compter sur l'armée (démoralisé et composé essentiellement des Darfouriens) va faire appel à l'aide des milices nomades du Darfour et les autoriser à agir selon leur propre gré. Les formes actuelles de la crise du Darfour ont d'une certaine manière leur origine dans le trop grand succès qu'a connu cette stratégie de contre-insurrection au Sud-Soudan. Ce sont ces milices plus que les soldats qui ``allaient au feu'' et ce parce que l'armée soudanaise montrait peu d'enthousiasme à se battre. Désormais appelés « janjaweeds » (signifiant des hors-la-loi) par les locaux vont s'acharner sur les populations civiles (des groupes agriculteurs qui ignoraient même souvent pourquoi ils étaient attaqués) au lieu de se battre contre les forces rebelles. Les vols de bétails, le massacre des civiles et les violations massives de droit de l'homme vont au fil des mois prendre de l'ampleur attirant ainsi l'attention de la communauté internationale. Le gouvernement soudanais de peur d'être accusé de génocide nie tout lien avec les janjaweeds (rappelant que le gouvernement avait par le passé nié l'existence même de ces milices) mais les nombreux témoignages recueillis chez les victimes contredisent ceci. Selon les récits des témoins, il semblerait dès lors que le gouvernement soudanais non seulement autorisait les janjaweeds mais cordonnait aussi leurs actions. Selon plusieurs articles et pages éditoriaux, les attaques des janjaweeds étaient souvent précédés par des attaques aériens menés par le gouvernement sous prétexte d'éliminer les forces rebelles ayant refusé de signer l'accord de paix d'Addis-Abeba. Dans certains cas les janjaweeds33(*) étaient souvent accompagnés par l'armé soudanais lors de leurs attaques. Aussi selon certains analystes les milices qui vident de vastes régions du Darfour de ses habitants étaient non seulement armées et soutenues mais aussi payées par le gouvernement soudanais. Cet alliance entre les Janjawids et le pouvoir centrale va être d'avantage affirmé lorsqu'en janvier 2008, Moussa Hilal, l'une de ses chefs a été nommé conseiller du ministre des Affaires fédérales Soudanaise. * 33 Khartoum rejette le terme janjaweeds et emploi d'avantage le terme « mujahedeens » |
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