Structure et efficience bancaire: problématique théorique et validation empirique sur les banques tunisiennes( Télécharger le fichier original )par Lamia Daly FSJEG Jendouba - Mastère 2006 |
II-2 / L'approche de la Nouvelle Organisation Industrielle : ( NOI)L'exposé fondamental de cette approche a été développé en premier lieu par Bresnahan(1982)8(*) et Lau (1982)9(*). Cette théorie est apparue dans un contexte de libéralisme économique et politique. Elle a eu pour ambition de fournir une nouvelle analyse des structures de marchés. L'idée fondamentale de cette théorie est que la concurrence est gouvernée par les conditions d'entrée et de sortie de l'industrie et non pas par le nombre d'entreprises, comme c'est le cas dans le modèle SCP. C'est ainsi qu'un certain nombre de différentes techniques reliées à cette approche ont été utilisées pour mesurer la forme de concurrence et / ou le concept, étroitement lié, de contestabilité. Celles-ci incluent des méthodes paramétriques de comportement fondées sur la théorie des « variations conjecturales » pour estimer le paramètre comportement, et d'autres modèles de variations conjecturales en plus de la statistique de Panzar-Rosse (1987)10(*) ; qui a été utilisée pour mesurer le degré de concurrence dans une industrie quelconque et pour estimer le degré de contestabilité d'un marché. La statistique de Panzar-Rosse peut être employée pour déterminer l'équilibre concurrentiel de longue durée (ou la concurrence parfaite), le monopole (ou les conditions parfaites du cartel) et la concurrence monopolistique (ou l'équilibre de longue durée de Chamberlain (1933). Molyneux et al. (1994)10(*) ont utilisé la statistique de Panzar-Rosse pour évaluer les conditions concurrentielles sur un certain nombre de marchés bancaires européens. Cette large étude a incorporé un certain nombre de variables pour contrôler le risque, le coût et les caractéristiques de taille des établissements considérés. Un échantillon de banques allemandes, françaises, italiennes, espagnoles et britanniques a été considéré pour la période 1986-1989. L'étude a conclu qu'une concurrence monopolistique a régné sur le marché bancaire britannique (un résultat de 0,628 a été estimé pour la statistique H. Des résultats semblables ont été obtenus pour les autres marchés européens. Suominen (1994)11(*) a considéré un modèle de variations conjecturales à deux produits pour mesurer la concurrence dans le secteur bancaire finlandais entre 1986 et 1990. Il a conclu qu'un certain pouvoir de monopole était présent dans la tarification des services bancaires pendant le début des années 1980. Vesala (1995)11(*) a appliqué une approche semblable pour évaluer les niveaux de concurrence entre les banques finlandaises entre 1985 et 1992. Une augmentation substantielle, aux niveaux de la contestabilité dans le secteur bancaire finlandais, était observable au cours de la période de l'échantillon, avec une statistique H montant de 0,182 en 1985 à 0,620 en 1992. Cette augmentation de la contestabilité coïncide avec une nouvelle réglementation très importante du secteur bancaire finlandais en 1986. Bikker et Groeneveld (1998)11(*), ont mesuré la statistique H pour un certain nombre de secteurs bancaires de l'Union Européenne. Cette statistique est estimée d'une part pour toutes les banques de l'UE, et d'autre part pour chaque pays individuellement, pour la période 1989-1996. Un comportement de concurrence monopolistique a été détecté pour la plupart des marchés bancaires européens. Berg et Kim (1998)11(*) ont considéré le comportement oligopolistique des banques norvégiennes entre 1990 et 1992 à la fois dans le secteur de détail et celui des entreprises. En utilisant un modèle de variation conjecturale. Ils trouvent que les banques norvégiennes étudiées ont un pouvoir significatif pour le secteur de détail. En raison des avantages informationnels, elles sont supposées avoir moins de pouvoir du marché sur le secteur des entreprises. Hempell (2002)12(*) a appliqué la méthode de Panzar-Rosse pour estimer le comportement concurrentiel dans le système bancaire allemand. En se basant sur l'estimation de données bancaires sur la période 1993-1998, les hypothèses de la collusion parfaite aussi bien que la concurrence parfaite peuvent être rejetées. Aussi, des différences significatives ont été constatées en comparant le comportement concurrentiel des différents établissements bancaires. Les banques de crédits semblent être plus compétitives que les caisses d'épargne et les coopératives bancaires. De même, les caisses d'épargne sont plus compétitives que les coopératives bancaires. Bikker et Haaf (2002)12(*) ont appliqué le même modèle que De Bandt et Davis (2000)12(*); sur 23 pays en utilisant trois sous-échantillons : des banques de petite, moyenne et grande taille. Cette subdivision permet de distinguer le comportement concurrentiel des marchés locaux, nationaux et internationaux. Tout en confirmant les conclusions de De Bandt et Davis (2000). Thierry Buchs et Johan Mathisen (2003)12(*) ont mesuré le degré de la concurrence dans banques ghanéennes durant la période de 1998 jusqu'à 2005 en se basant sur le modèle de Panzar et Rosse (1987). Ils ont aboutit au non-compétitivité du système bancaire ghanéen, même ils ont trouvé un développement de l'inefficience dans ce système. Shaffer (1989)12(*) offre la première application de cette technique en l'appliquant sur deux sous-échantillons de banques américaines. La première s'étalant sur la période 1941-1975 et la deuxième sur la période 1941-1983. Les résultats obtenus rejettent fortement l'existence d'un comportement collusoire ou un comportement monopolistique entre les banques. Ces résultats sont donc cohérents avec l'existence d'une concurrence parfaite. En suivant la même méthode, Shaffer (1993a)12(*) a estimé un modèle de variation conjecturale à un seul produit pour estimer le degré de concurrence dans le secteur bancaire canadien (1965-1989). Elle a montré l'existence d'une concurrence parfaite dans ce secteur. En effet, une large gamme des facteurs a été considérée, prenant en compte la nature et le niveau du comportement oligopolistique, la mesure de la concurrence des prix à travers le temps, et l'analyse de l'interdépendance entre le marché de dépôts et celui des prêts. Les résultats des analyses économétriques de contestabilité du marché sont globalement conformes à l'existence d'une concurrence parfaite. Également, Shaffer (1993b)12(*) à l'aide d'une étude sur 15 pays développés entre 1979 et 1991 conclue que la plupart des marchés de ces pays sont généralement concurrentiels (seulement cinq d'entre eux ont un pouvoir du marché). Uchida et Tsutsui (2002)13(*) ont appliqué presque la même approche que Shaffer (1989, 1993a) sur un ensemble de banques japonaises entre 1974 et 2000 pour examiner comment la concurrence s'est intensifiée pendant le dernier quart du 20ième siècle. Les résultats montrent que la concurrence est devenue très intense entre 1995 et 1997. La limite fondamentale de l'approche du NOI est donc l'absence de réactions des firmes installées à l'entrée de nouveaux concurrents, ce qui exclut les comportements concurrentiels. Mais on assiste de plus en plus à des améliorations de cette approche, pour l'adapter à la théorie financière et bancaire. Pour conclure cette revue, on peut dire que les mutations récentes des systèmes bancaires et financiers ont modifié les règles du jeu. La banque a donc évolué afin de devenir une firme concurrentielle à part entière. De ce fait, les théories récentes de l'économie industrielle s'avèrent très utiles pour la compréhension de l'activité bancaire. Pendant longtemps, la banque a été considérée comme un secteur bénéficiant d'une protection spécifique des pouvoirs publics. Mais, la libéralisation financière et la déréglementation ont particulièrement affecté les marchés bancaires au cours de ces dernières années. L'objectif visé consistait à décentraliser le fonctionnement du système financier et à réduire la place des autorités monétaires dans sa régulation. Ce mouvement a donc sensiblement accru la marge de manoeuvre des institutions financières. Dans ces conditions, les pratiques bancaires ont évolué et la concurrence sur les marchés financiers ne cesse de s'accélérer. On remarque ces dernières années de grands mouvements de restructuration partout dans le monde. Pour obtenir une meilleure compréhension de cette évolution de la banque et de l'activité bancaire, les théoriciens se sont penchés sur l'étude de ces phénomènes et de ces mutations et leurs effets sur l'avenir de ces systèmes. Par ailleurs, peu d'études ont traité ce secteur. Au contraire, la littérature portant sur l'analyse de la concurrence bancaire est très riche et il est très intéressant de l'explorer attentivement. En résumé, dans le cadre de la mesure et l'analyse de concurrence bancaire, on remarque dans tous ces travaux une grande diversité de modèles. Certains ont utilisé des variables d'ordre macroéconomique et d'autres ont utilisé soit des variables reliées directement aux fonctions de demande et d'offres bancaires, soit des variables exprimant la profitabilité, la solvabilité, la liquidité et les contraintes réglementaires nationales et internationales. Si on analyse bien toutes ces variables, elles sont un peu d'ordre général, c'est à dire ne reflètent pas les déterminants spécifiques des coûts et des revenus réels des services bancaires sauf quelques études, notamment celle de Suominen (1994) qui a utilisé dans son modèle, les taux d'intérêt des dépôts et des crédits pour approximer ces facteurs, même chose pour Shaffer (1989) et Uchida et Tsutsui (2002) et Haffernan (2002). De même, on remarque à travers ces travaux la popularité de l'utilisation du modèle de Panzar et Rosse (1987). Les stratégies des firmes sont déterminées par les structures du marché dans lequel, elles opèrent. Ainsi, ci *************** l'étude des stratégies délimitées le profil du marché . La banque tunisienne, entant que firme, est assujettie à la même logique et stratégie. Pour étudier son comportement, il convient de première abord de caractériser les **** essentiel de marché dans lequel elle évolue. * 8 Bresnahan, T. F. (1982) «The oligopoly solution is identified,» Economics Letters, vol.10 pp. 87-92 * 9 Lau, Lawrence. J (1982). «On Identifying the Degree of Competitiveness from Industry Price and Output Data.» Economics Letters 10, pp. 93-99. * 14Panzar, John C. and James N. Rosse, 1987, «Testing for `Monopoly' Equilibrium,» The Journal of Industrial Economics, vol. 35, No. 4, pp. 443-456. * 10 Molyneux, P., D. M. Lloyd-Williams, and J. Thornton, (1994) «Competitive conditions in European banking,» Journal of Banking and Finance, vol.18, pp. 445-459. * 16Suominen, M. (1994) «Measuring competition in banking: A two product model,» The Scandinavian Journal of Economics, pp. 95-110. 17Vesala, J. (1995) «Testing for Competition in Banking: behavioural evidence from Finland,» Bank of Finland Studies E:1, Bank of Finland, Helsinki 18 Bikker, J. A. and H. J. Groeneveld, (1998) «Competition and Concentration in the EU banking industry,» DNB Staff Reports, De Nederlandsche Bank NV, no.26, (October). * 11Berg, S. A. and M. Kim, (1998) «Banks as multi-output oligopolies: an empirical evaluation of the retail and corporate banking markets,» Journal of Money, Credit and Banking, vol.30, no.2, (May), pp. 135-153 20 Hempell, Hannah S., 2002, «Testing for Competition Among German Banks,» Deutsche Bundesbank Discussion Paper 04/02. * 21 Bikker, J. A and Haaf. K, (2002) «Competition, concentration and their relationship: An empirical analysis of the banking industry,» Journal of Banking and Finance, pp. 2191-2214. 22 De Bandt. and Davis. E. P, (2000), « Competition, contestability and market structure in European banking setcors on the eve of EMU,» Journal of Banking and Finance, vol 24, pp. 1045-1066. * 23 Thierry Buchs and Johan Mathisen (2003) «Banking Competition and Efficiency in Ghana» 24 Shaffer, S., (1989) «Competition in the US Banking Industry.» Economics Letters 29, pp. 321-323. 25 Shaffer, S., (1993a) «A test of competition in Canadian banking.» Journal of Money Credit and Banking 25 (February), 49-61 * 12 Shaffer, S., (1993b) «Market Conduct and Excess Capacity in Banking: A Cross-Country Comparison,» Working Paper 93-28, Federal Reserve Bank of Philadelphia, Philadelphia * 13 Uchida. H and Tsutsui. Y, (2002) «Has competition in the Japanese banking setcor improved ?,» Working Paper, Osaka University |
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