1.2.
Sources juridiques de l'implication des populations dans la gestion des
forêts.
Les premières activités de gestion participative
des forêts au Burkina ont commencé à partir de 1986 avec le
projet « Aménagement et exploitation des forêts
naturelles pour le ravitaillement de la ville de Ouagadougou en bois de
feu » (Projet PNUD/FAO/BKF/85/011).
La participation des populations à l'aménagement
et à la gestion des ressources forestières est garantie par
plusieurs textes juridiques au Burkina Faso. Selon l'article 29 de la
constitution Burkinabè, tout Burkinabè a l'obligation de
participer à la protection, à la défense et à la
promotion de l'environnement dans le cadre de la mise en oeuvre du droit
à un environnement sain. Le code forestier admet le principe de
participation et de responsabilisation effective de la population dans la
conception, l'exécution, le suivi et l'évaluation des
activités forestières, fauniques et halieutiques (article 7,
alinéa 4). L'article 9 de la loi d'orientation n°034/2002/AN du 14
Novembre 2002 relative au pastoralisme au Burkina Faso pose le principe de
participation en invitant les organisations de pasteurs à participer, en
concertation avec l'Etat et les collectivités locales à la
gestion durable des ressources pastorales et à la sauvegarde de
l'environnement. La Politique forestière nationale (PFN) et les Textes
d'orientation de la décentralisation (TOD) font des populations
riveraines, les acteurs directs de l'aménagement forestier en
partenariat avec les propriétaires légaux des forêts
publiques que sont l'Etat et les collectivités territoriales
décentralisées.
1.3.
Revue de la littérature
Les premières recherches scientifiques dans les
forêts naturelles ont commencé en 1963 avec la création du
Centre technique forestier tropical (CTFT). Dès lors, des inventaires
forestiers vont se faire à travers le monde. La FAO et l'UICN publient
tous les deux ans des inventaires sur la situation des forêts dans le
monde. Selon les récentes estimations de la FAO (FAO, 2001 ; FAO,
2003), le taux de déforestation dans le monde continue d'augmenter
à un rythme élevé, en particulier dans les zones
tropicales. Pendant les années 1990, on enregistrait chaque année
0,38% de forêts mondiales reconverties à d'autres utilisations.
La contribution du secteur forestier à
l'économie mondiale et nationale a attiré l'attention de nombreux
chercheurs. Très peu d'études ont concerné la gestion
communautaire des forêts qui est une approche relativement nouvelle.
Cette approche a fait son apparition dès les années 80 suite aux
faibles résultats obtenus avec les modèles de gestion
centralistes. Avec le modèle centraliste, c'est l'Etat qui est le
propriétaire et le garant de la conservation des forêts à
travers les démembrements de l'administration centrale.
L'inefficacité de cette approche de gestion des forêts a conduit
au changement d'approche qui conduit à l'approche impliquant davantage
les populations rurales dans la gestion des ressources forestières
locales. Plusieurs études ont été menées sur la
participation des populations rurales à l'aménagement des
forêts classées.
Selon Briel et al. (1994), l'une des
caractéristiques socio-économiques des Pays en voie de
développement (PVD) est la pauvreté qui peut être
considérée comme cause et conséquence de la
dégradation de l'environnement. Il est difficile de faire participer
tous les utilisateurs du terroir dès le début d'un programme de
conservation de l'environnement. Deux types d'actions sont à
distinguer : les actions à rentabilité
différée et les actions à rentabilité à long
terme. Les actions à rentabilité différée sont les
pépinières privées, les plantations forestières
privées, l'agroforesterie fruitière. Les actions à
rentabilité à long terme sont les cordons pierreux, les
reboisements collectifs, les mises en défens des forêts et la
production de matières organiques (fosse fumière, compostage).
Cependant, le choix des techniques à appliquer dans chaque terroir
dépend non seulement des exigences physiques du terroir mais aussi des
moyens disponibles et mis à la disposition des paysans.
Selon Compaoré (1997), la gestion des forêts par
l'Etat s'est avérée inefficace. L'implication des riverains
serait une alternative à une gestion durable des forêts
classées. L'âge du chef de ménage et la distance qui
sépare sa concession à la forêt ne sont pas des variables
pertinentes pour expliquer les fondements de la dégradation de la
forêt classée de Ziga au Burkina Faso. Cela est probablement
dû, comme lui-même l'a souligné, à la non
répartition de ces facteurs en différentes classes pour mieux
appréhender leurs effets.
John et al. (1999) se proposent dans leur
étude de contribuer à une meilleure compréhension par les
populations, des questions complexes de nature sociale, économique et
environnementale que soulève la déforestation. Pour eux, les
facteurs de la déforestation sont entre autre la pauvreté,
l'appât du gain, la recherche du pouvoir, la croissance
démographique et l'analphabétisme. Les causes indirectes de
déforestation sont les politiques publiques inadéquates, le
désir de s'approprier des terres, les forces du marché à
l'échelle nationale et mondiale, la sous évaluation des
forêts mondiales, les institutions gouvernementales faibles et les
facteurs sociaux. Les causes directes sont les activités
économiques incompatibles avec l'existence des forêts (agriculture
et élevage extensif).
Selon Nguinguiri (1999), le recours au modèle
participatif n'a été envisagé que tout récemment
dans un contexte politique et institutionnel dominé par la
démocratie, la décentralisation, le développement durable
et la remise en cause des modèles centralistes.
Le modèle participatif s'inscrit dans la recherche
d'une solution au problème posé par l'insécurité
des droits fonciers forestiers.
Selon la FAO (2000), les populations locales sont
motivées par l'idée d'avoir un accès relativement libre
à la forêt et ses avantages. L'absence de sécurité
foncière dans le domaine des forêts et des autres ressources
naturelles décourage la communauté à participer à
leur gestion.
Pour Adesina et al.(2000), les hommes ont tendance
à adopter les nouvelles technologies de production que les femmes. Les
variables revenu agricole, niveau d'éducation et l'appartenance à
une association de producteurs influencent positivement la probabilité
d'adoption des nouvelles technologies. Des résultats similaires ont
été trouvés en Côte d'Ivoire (Adesina, 1996) et au
Burkina Faso (Malton, 1994).
Owubah et al. (2001), ont utilisé un logit
simple pour prédire la volonté des ménages à
s'engager dans un programme d'aménagement durable des forêts au
Ghana. Trois critères d'évaluation étaient retenus
à savoir la conservation des forêts naturelles, les plantations
forestières et la préservation des plantes indigènes
à usages multiples. Leurs résultats montrent que l'engagement des
populations est globalement faible. La compensation économique, les
droits d'usages et la sécurité foncière, la
possibilité de transfert de forêt privée,
l'éducation et le nombre de champs par agriculteur sont les variables
explicatives de l'engagement des populations.
Selon Samboré (2001), il est possible d'impliquer les
populations riveraines à la gestion de la forêt classée de
Tissée (Burkina Faso). Il faudrait cependant sensibiliser les
populations locales sur la gestion décentralisée des ressources
naturelles. Les responsables des groupements de gestion forestière
doivent être alphabétisés car la conception des
méthodes locales de gestion repose sur eux.
La JGRC (2001), soutient que le succès de l'application
du zaï au Burkina Faso (Yatenga) et au Niger réside dans
l'amélioration d'une technique locale existante. Pour la
Société japonaise des ressources vertes (JGRC), les savoirs
locaux sont à prendre en compte dans les programmes de conservation de
l'environnement. Les cordons pierreux ont aussi donné des
résultats encourageants au Niger.
Selon le PAGEN (2004), les contraintes rencontrées dans
la gestion du PNKT sont nombreuses. Elles sont essentiellement liées aux
pressions anthropiques, au contexte du milieu naturel, aux aspects
sociologiques, politiques et économiques et à la stratégie
de mise en oeuvre.
Selon l'UICN (2004), les actions ponctuelles initiées
par des personnes extérieures de la localité telles que mettre en
défens, créer des brises vents, élever des haies vives,
fabriquer des foyers améliorés ne sont pas des actions
suffisantes pour lutter contre la déforestation. Il faut une implication
des différents acteurs dans la gestion durable des forêts.
Selon Yelkouni (2004), l'état de dégradation
des forêts est largement amplifié par l'extension des
activités agricoles et pastorales. Dans ses travaux, il démontre
que plus on vieillit, moins on s'investit dans les travaux communautaires. Ce
point de vue est aussi partagé par FAO (2003). Pour Yelkouni, la
principale raison de la participation des ménages à l'entretien
des forêts est l'existence des lieux sacrés dans la forêt.
Saint-Arnaud et al. (2005), ont défini avec
les populations locales de Kitcisakik (Québec, Canada) des
critères et des indicateurs locaux pour l'évaluation et
l'amélioration de scénarios d'aménagement forestier. Les
Anicipapek (habitants de Kitcikik) ont choisi de s'engager dans un projet de
recherche collaboratrice en partenariat avec une équipe de recherche
interuniversitaire et un regroupement de huit compagnies forestières.
Les indicateurs locaux trouvés sont le maintien de la composition
forestière naturelle, la protection des forêts matures, le
contrôle de l'accès au territoire, la protection des habitats
fauniques et le maintien de la diversité arborescente naturelle
après coupe.
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